31 mai 2020

Retour en Normandie

Premier épisode d’un court retour en Normandie, dans le respect des 100 km imposés jusqu’à lundi prochain …

Avec un duo de poissons : Chablis, premier cru Mont de Milieu 2012, cave de la Chablisienne : vin construit sur la puissance et l’énergie, sur un substrat minéral plutôt fin. Equilibre presque parfait entre maturité et élégance. Un vin qui a la pêche ! Fruits mûrs, ampleur en bouche et fine amertume tendue en finale. A point … et pour quelques années encore. Excellent
Avec des aiguillettes d’agneau : Bourgueil, Racines 2014, Frédéric Mabileau : un cabernet franc qui pinote. Souplesse des tannins, fruité « sérieux », faux demi-corps … qui supporte l’agneau. Droiture « habillée » du cabernet franc, empreinte finale soyeuse, complexifiée par une pointe fumée, un soupçon d’enrobage glycériné sur une trame allongée. Décidemment, j’apprécie de plus en plus ce domaine, et de plus en plus ce millésime. Excellent +

Le lendemain, avec un barbecue familial, des vins de copains et d’amitié étaient de sortie, sans sacrifier ni à la qualité ni au(x) plaisir(s) gustatif(s).

Lirac, le Gourmand 2015, domaine du Joncier (Marine Roussel) : douceur et suavité méditerranéenne en Normandie ! Un fruité gorgé de soleil, une structure « douce », de petits tannins fins qui titillent légèrement les papilles. Verdict : 2 bouteilles ! Très Bien ++
St Romain 2017, Alain Gras : ma dernière expérience avec les rouges de St Romain avait été un peu mitigée. Bien m’en a pris. Un pinot fin et léger au nez, sur une belle définition. Une essence de parfums nobles en bouche, reposée et reposante. Une rondeur avenante, complétée par une acidité déjà totalement intégrée. Confirmation de l’évolution rapide de ce millésime, qui nous permettra d’attendre les 2015, 2016 et 2018. Excellent +
Chinon, cuvée Stanislas 2015, Pierre Sourdais : un vin plus classique dans sa construction. Fruits confits, structure tannique bien présente, acidité de structure en place et droiture du cépage. Très Bien +

Voilà, trois mois sans Normandie, le temps commençait à devenir long : un week-end ensoleillé et souriant se termine. Une semaine de travail se profile.

Bruno

23 mai 2020

Repas de famille (Résistance 20)

Repas familial pour terminer en beauté ce long week-end (et surtout se conditionner pour un retour « physique » au travail.

Apéritif : Moser-Saar-Ruwer, Riesling Auslese, Kaseler Nies’chen « Alte Reben » 2010, Erben von Beulwitz : Par rapport à son ainé d’un an dégusté très récemment, on retrouve une construction assez similaire, marquée par un nez sur une aromatique superlative sur l’ananas et les fruits exotiques, une bouche élégante, équilibrée, une acidité (plus ressentie que le 2009) mais parfaitement en place et en phase avec le sucre. Quelques subtiles différences, qui, à terme, permettront à ce vin de s’exprimer de façon plus pleine encore. Quelques fragrances rôties au nez, associées à une trame déjà très allongée. En bouche, étonnamment, c’est à la fois plus tendue et plus liquoreux. La finale est plus cristalline, plus allongée … avec un retour sur le sucre candy claquant. Une friandise croquante et craquante  aujourd’hui, une grande promesse pour l’avenir. Excellent ++ (potentiel au-delà)

Entrée : Pernand-Vergelesses, premier cru Sous Frétille 2010, domaine Rapet père et fils : passer derrière un tel monstre n’était pas chose aisée, mais ce chardonnay a réussi son pari. Robe jaune pâle évanescente, brillante. Grand nez de chardonnay sur un substrat minéral. C’est droit, tendu, minéral, une sensation de calcaire et de notes iodées (moins marquées que la coquille d’huitre chablisienne toutefois). Pureté cristalline … qui se retrouve dans une bouche non dénuée d’intérêt. Tension acide, pointe grasse qui vient envelopper l’ensemble, aromatique fine et discrète, mais efficace. Finale qui laisse entrevoir une belle amertume, couplée à une sensation « grasse » (enfin, pour un Pernand). Equilibre magistral pour ce premier cru. Excellent +
Avec un carré de porc au four : Saumur-Champigny, Clos Moleton 2011, Arnaud Lambert : un vin carafé deux heures, mais j’aurais sans doute dû l’aérer plus encore. Une robe rouge « jus de cerises noires » … qui est en parfait accord avec les fragrances dominant le nez. Cerises noires bien mûres, complétées par des notes finement épicées et une droiture qui signe un Cabernet franc « cueilli » à point (d’aucun y associerait le poivron mûr, mais pour moi, CF et poivron n’est pas signe de noblesse). Encore aucune trace d’évolution. Bouche sur une acidité marquée, plutôt serrée … mais qui s’harmonise à l’aération. Les tannins se parent alors d’un caparaçon poudré et enrobé. Structure du vin qui vient parfaitement établi un concerto avec le carré de porc. Finale droite, avec peut-être une légère pointe décharnée qui empêche le vin d’approcher les sommets. A attendre sans doute encore quelques années. Excellent
Avec les fromages et le dessert au chocolat, on termine le Maury, 1985, Mas Amiel : toujours cette belle façon de terminer le repas, sur une note à la fois de douceur et de puissance. Duo parfait avec le stilton, presque parfait avec le chocolat. Excellent

Bon, la fin des « vacances » a sonné ! Il va falloir retourner au travail à partir de lundi, sans toutefois abandonner complètement le télétravail.

Bruno

21 mai 2020

Retrouvailles (Résistance 19)

En ce jeudi de l’Ascension un peu particulier, pas totalement libéré mais plus complètement confiné, il était temps de reprendre nos bonnes habitudes, à savoir partager la table et de belles bouteilles.
Après deux mois de confinement, enterrement de la vie d’ermite en lieu et place d’un séjour en Allemagne. L’attente fût longue, mais le résultat en valait la chandelle. L’amitié résiste bien aux vicissitudes de la vie.

Avec une entrée apéritive, composés d’un feuilleté au pesto, d’une verrine fromage de chèvre, citron et herbes aromatiques et d’une tomate cerise / burrata :
Un Palette, château Simone 2003 : belle robe dorée brillante, déjà bien évoluée. Le nez est superbe, sur une aromatique très prononcée, des nuances grasses et une pointe perlante salino-minérale. Bouche construite sur une grande énergie, équilibre sur le sec glycériné, notes poudrées de bel effet. Rondeur dans l’allonge. Avec l’aération, la remontée en température et le fromage citronné, apparition de notes fumée et grillées, dignes d’un grand chardonnay. Finale sur l’allonge, la douceur aromatique et une impression gras / sec salivant. Seule une évolution peut être un peu marquée et une longueur un peu courte empêche ce vin de tutoyer les sommets. Une occasion à 5 €, ça valait le coup (merci Stéphane 😉 : deux bouteilles, deux réussites) . Excellent ++

Avec une pierrade « bœuf et veau », deux rouges ont été servis.
Un Lirac, le Gourmand 2015, domaine du Joncier (Marine Roussel) : si je voulais plagier l’étiquette, je dirais simplement « Une maison de famille, un après-midi de fin d’été, un rayon de soleil doré et doux illumine la lngue table de la cuisine. Un grand pot généreusement rempli de fruits roses rouges. Impatiente gourmandise ». Et on ne serait pas loin de la vérité. Des amis, des retrouvailles, la convivialité de la table et du vin, un jour de chaleur printanier ! Robe rouge profonde, rubis éclatant. Nez en rondeur, sur les fruits rouges, bien mûrs, croquants et acidulés. Bouche à l’avenant, gourmande, cachant une fine épice douce, une belle rondeur et un charme grenachien. L’acidité bien présente indique un potentiel de vieillissement non négligeable. Fine mâche des tannins, qui viennent caresser les papilles. Je n’aime pas trop parler d’argent, mais pour moins de 15 €, c’est un cadeau. Très Bien ++
Un Chinon, cuvée Stanislas 2010, domaine Pierre Sourdais : un nez typique de cabernet franc mature, sur les fruits noirs, une pointe d’épices, un côté droit et déjà quelques notes d’évolution. Bouche droite et énergique, avec de la structure et de la mâche. Douceur épicée, une empreinte veloutée. L’alliance de la puissance et de l’élégance. Encore quelques années de garde possible compte-tenue de la vigueur de la trame acide. Excellent

Plateau de fromages en deux temps : première mi-temps classiques et seconde mi-temps avec des pâtes persillées.
Pour accompagner la première mi-temps, un Puligny-Montrachet, premier cru les Folatières 2008, domaine Paul Pernot : la quintessence du grand chardonnay ! Robe étonnamment jaune fluo, sans traces aucune d’évolution. Magnifique nez de chardonnay, avec un superbe grillé fin (qui n’est pas une réduction puisque ne disparaissant pas à l’aération), des amers vibrants et des notes d’amandes presque douces. Bouche construite sur une belle acidité, tellurique, énergique, presque plutonique. C’est serré mais très expressif. Puissance salivante … qui se poursuit dans une finale sublime de persistance, dernier claquement de plaisir avant le repos. Exceptionnel
Pour la seconde mi-temps (et le dessert sur base chocolat noir), un Maury, 1985, Mas Amiel : poursuite de lexcellence avec ce maury « oxydatif ». Une robe rouge évoluée, avec quelques notes orangées, encore profonde et concentrée. Nez de « tawny », sur le jus de pruneaux, dégageant une impression de confit … sans être confituré. Bouche puissance, tendue par une tension acide saline, une grande aromatique et un fondu presque doux. Une main de velours dans un gant de fer, ou le contraire ! Finale interminable, sur une aromatique décuplée, complexe, sur le pruneau et la noix notamment. Enrobage parfait des papilles. Jen frétille encore. Exceptionnel

Nous avons réussi à conjurer le sort, tout en gardant les distances de sécurité (mais je ne vous dis pas que le rire nétait pas au rendez-vous, ... comme toujours). On attend la suite du déconfinement avec impatience.

Bruno