Cela faisait
un certain temps que nous ne nous étions pas vu, la faute à des confinements à
répétition, une fin de carrière un peu bousculée et un déménagement en
province.
Cette anomalie
ne pouvait pas durer. C’est donc toujours avec le prétexte de partager de
belles (parfois moins belles) bouteilles que le Conseil National du Gunthard
Club s’est délocalisé en Normandie ce samedi soir.
Comme à
l’habitude, nous avons vite repris nos réflexes et la franche gondolade était
au rendez-vous, autour de bons petits plats maison et de quelques bouteilles
triées sur le volet.
Pour une fois,
je vais m’appuyer sur les écrits de l’ami Oliv (n’ayant pas pris de notes) pour
donner mes quelques impressions de la soirée. En avant :
Les
bouteilles
Foie gras, magret de canard
Champagne Inflorescence, Brut, Blanc de Noirs, La Parcelle (Base 2004,
dégorgement avril 2011) : Robe jaune paille. Nez très précis qui
s'ouvre sur de fines notes fumées et de pain grillé. L’aération ramène de
superbes senteurs de fleurs blanches, sur l'aubépine, le jasmin. Bouche
structurée, vineuse et pourtant élégante et déliée, sur un équilibre
remarquable à la densité portée par une acidité parfaitement mûre. Ajoutez une
bulle fine de toute grande classe et vous obtenez un vin délicieux, à la fois
plein et fin. Finale longue et d'une grande évidence. Très beau vin.
Pour
moi, le Champagne Inflorescence brut, Blanc de Noirs, la Parcelle 2004 (dégorgé
en 2011) est très vineux, assez ample mais floral et présentant une vivacité
classieuse. Très fine bulle avec une pointe d'évolution salivante. Excellent
Saint Jacques, saumon gravlax, tsatsiki
Domaine Paul Pillot, Chassagne-Montrachet 1er cru Les Caillerets,
2010 : Robe jaune paille. Nez monolithique, sur le beurré, le
beurré et rien d'autre que le beurré. Bouche linéaire, sur un marquage de bois
lactique pénible car sans aucune autre expression aromatique. L'acidité est
agréable, pointue mais l'équilibre du vin est marqué par des amers de bois peu
nobles totalement dissociés. Finale serrée et amère, encore et toujours sur ces
goûts beurrés écœurants. Un vin... chiant !
Pour
moi, le Chassagne-Montrachet, premier cru les Caillerets 2010, Paul Pillot
est caricatural : du beurre, du beurre et du beurre. Pointe vanillée légère. En
bouche, électro-encéphalogramme plat. Aucun intérêt
Domaine de la Taille aux Loups, Vouvray, Clos de la Bretonnière, 2012 : Robe jaune paille. Nez étonnant, sur une expression
minérale, un léger caoutchouteux grillé. Puis vient la pomme reinette, un
floral verveine jasmin très agréable. L'ensemble a sûrement dû paraître assez
boisé en jeunesse mais à 10 ans d'âge et après la motte liquide du Chassagne,
force est de constater que l'évolution est très réussie. Confirmation en bouche
avec une belle structure dense, ample et tendue à la fois pour un vin plein de
fond mais aussi de rythme. Belle finale avec de l'allonge et une concentration
certaine qui doit pouvoir encore gagner en harmonie et en fondu. Très bien.
Pour
moi, le Vouvray, Clos de la Bretonniere 2012, domaine de la Taille aux Loups est
ultra-élégant, complexe, minéralité salivante. C'est dense en bouche,
aromatique, complexe avec une structure habillée par un joli gras. Superbe avec
les St Jacques.
Filet mignon en croûte, gratin dauphinois aux cèpes
Domaine
Michel Lafarge, Volnay 1er cru Clos des Chênes, 2002 : Bouchon
parfait. Robe tuilée claire. Nez affreux, sur la croûte de reblochon fermier,
le vieux cuir humide, des notes de colle scotch. Bouche raide et un peu
décharnée, aux tanins secs et à l'acidité vive mais surtout à l'aromatique
d'étable impossible à dépasser. Finale stridente et grimaçante. ED
Pour
moi, le Volnay, premier cru Clos des Chênes 2002, domaine Michel Lafarge est
complètement passé, entre vieux fromage, champignon pourri et colle UHU. Rien
en bouche, si ce n'est une raideur, une impression décharnée et des tannins
secs. Sans intérêt
Domaine
Robert Arnoux, Echezeaux, 2006 : Robe soutenue, sur un grenat violacé avec très peu d’évolution. Nez
complexe au bouquet épicé, d'une puissance et expression encore jeune, sur un
boisé assez marqué, compromis de fruits noirs, de poivre gris et de léger
goudron. Bouche à l’avenant, sur un boisé marqué mais d'une belle concentration
et impact, à l'aromatique très épicée et au volume plein de fond. L'ensemble
est riche mais très agréable par sa densité et sa présence sur le palais. Finale
sur de beaux tannins gras et une forme de vinosité encore toute jeune. Un style
un peu musclé peut-être mais qui m'a encore semblé doté d'un potentiel certain.
Très bien.
Pour
moi, l’Echezeaux, Grand Cru 2006, domaine Robert Arnoux est construit sur
la puissance et la corpulence, avec une belle corbeille de fruits, un réglissé
/ glycériné qui demande encore de la garde et une vinosité à domestiquer. Très
beau vin avec un potentiel de garde certain*. Très Bien + pour un vin
qui n'est pas forcément mon classique en Pinot Noir.
Pâtes pressées et persillées
Château Lafaurie-Peyragey, Sauternes, 2009 : Robe
scintillante, bouton d’or. Nez sur l'ananas rôti, les fruits jaunes, avec une
petite pointe « vernis ». Bouche agréable, sur le miel, toujours
l'ananas, avec une sucrosité assez présente mais pas collante. Finale un peu
jeune et brute, assez rapidement saturante quand même. A attendre.
Pour
moi, le Sauternes, premier Grand Cru Classé, château Lafaurie-Peyraguey 2009
se présente sur un équilibre fin, joli rôti fumé, pointe aromatique sur le
miel et les fruits cuits. Belle sucrosité. Très Bien ++
Poire au sirop de cassis
Taylor's,
Porto Vintage, 2007 : Robe profonde sans noirceur, sur un grenat
pourpre chatoyant. Nez élégant, gourmand, très précis, sur les fruits noirs
épicés et sans perception chaleureuse. Bouche puissante encore, sur une très
belle structure à la sucrosité souple et agréable, sur des sensations corsées
et un volume accéléré par des tanins énergiques encore. Finale classieuse et
d'une grande tenue, avec un chouette goût de reviens-y. Très bien+ et
superbe potentiel.
Pour moi, le Porto,
Vintage 2007, Taylor's est grandissime et m'a réconcilié avec les vintages.
Il a su concilier la puissance et la virilité avec une sorte d'élégance, de fraîcheur
et de fruité dense, profond et intense. Fine sucrosité élégante. Belle
tanicité. Excellent +
La
veille, en guise d’échauffement, un Ladoix 2021,
domaine Georges Chicotot : un nez croquant,
fruité, avec une belle impression de structure. Bouche immédiate, vineuse,
classique avec de fins tannins arrondis. Un vin de copains sur un registre
sérieux. Excellent
Le
lendemain midi, pour les « non déserteurs », nous avons bu :
Un
Chassagne-Montrachet, premier cru les Caillerets
2013, domaine Marc Colin : structure, puissance, élégance, salinité
et notes fumées / amers nobles pour une belle allonge et une grande finale.
Décidemment, Marc Colin fait bon ! Excellent +
Un
Chambolle-Musigny, premier cru les Sentiers 2013,
domaine Anne et Hervé Sigaut : un pinot noir musclé, sur les fruits
noirs, réglisse fine, tannins assez doux. Bel accord avec un rôti de bœuf cuit
à la perfection (du coup, on a dû attendre pour manger ...). Très Bien +
Une bien belle
soirée amicale … à renouveler d’urgence. Il va sans dire que le bureau
politique national a été renouvelé à l’unanimité des participants.
Bruno