rien de tel qu'un réveillon tranquille en famille. Pour l'occasion, petits plats dans les grands, inauguration de notre service de couteaux de table "Thiers" et quelques belles associations entre mets et vins.
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Pour commencer doucement, un très beau Champagne Deutz, BSA, floral, tendrement brioché et beurré, la bouche assez ronde sans lourdeur, une belle acidité et une persistance très appétissante. Très belle entrée en matière.
Servi sur un foie gras au sel, ce Chassagne-Montrachet, premier cru Clos du Château de la Maltroye 2004 du château de la Maltroye m'a surpris par son côté presque 'Puligny'. Je m'explique. Nez assez floral, fin et frais, associé à une première impression minérale intense, sapide et salivante. En bouche, magnifique structure, presque tannique, une sensation de faux-gras, un grillé très élégant, une puissance minérale profonde et opulente. Excellent et très bel accord avec le foie gras.
Sur une poularde de Bresse, sa garniture de morilles et sauce au vin jaune, ce cru L'Etoile 2004 du domaine Baud et fils se caractérise par un nez sur la retenue, évoquant les noisettes et un certain "gout de jaune" (malgré un cépage Chardonnay quasi-exclusif). La bouche est très droite, un peu vanillée, avec une impression d'oxydation ménagée (noix ?). Pour mon gout personnel, un peu trop typé 'Jura' pour que je puisse l'apprécier à sa juste valeur.
Avec les fromages, une fois n'est pas coutume, j'ai choisi un Saint Estèphe Cru Bourgeois, château les Ormes de Pez 2000. Robe foncée très intense, sans signe d'évolution. Un nez riche, sur le poivron mur et le cassis. Bouche structurée, tannins fins, boisé élégant et légèrement épicé. Belle longueur. Un vin très bien fait, sans artifice ni maquillage, mais qui manque d'un petit je-ne-sais-quoi pour provoquer une grand émotion. Bien +++.
Riesling Spätlese, Bernkasteler Doktor 1995, Dr. Thanisch : servi sur des macarons de Pierre Hermé, ce vin révèle une robe très claire, à peine marquée par l'âge. Un nez typique du cépage, sur les essences naphtées, accompagnées de notes d'agrumes fraîches. Forte impression de minéralité intense. En bouche, le vin joue sur un registre d'équilibre, entre forte acidité de structure, sucres résiduels et beau fruité sur les agrumes. Accord judicieux avec les macarons, particulièrement avec les macarons aux truffes (un véritable combat entre ces notes pétrolées d'origines différentes qui nous ont offert un très beau "ton sur ton") ! Excellent.
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Après une courte nuit, un second menu de gala :
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Saint Jacques poellées, purée de patates douces,
sauce crémeuse à l'huile de truffe
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Ris de veau braisé sur son lit de poireaux, sauce au pineau des Charentes
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Pour accompagner ce premier repas de 2011, un grand classique de la maison que ce Savennières Roche aux Moines 1999, domaine aux Moines / Dames Laroche : robe dorée intense, presque ocre. Un nez de fraîcheur, de puissance minérale et de fleurs mellifères. La bouche est suave, fraîche et structurée. La minéralité du cru est agréablement présente, sur des notes schisteuses. Finale sur l'onctuosité et un glycériné toujours frais. Très beau vin.
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Avec les fromages, un Chambolle-Musigny, premier cru Derrière la Grange 2002, domaine Louis Rémy étonnant de puissance et de complexité. Un nez sur les fruits noirs et le cassis, une légère note d'évolution se traduit par des fragrances de pruneaux et de réglisse. La bouche est très riche, plus proche d'un Gevrey Chambertin que d'un Chambolle Musigny. Bel équilibre général entre tannins fins, acidité et fruité. Magnifique persistance en bouche. Excellent.
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Ce soir enfin, pour 'finir' les restes, et surtout se réhydrater après de telles émotions, fin de la trilogie avec un Riesling, Grand Cru Eichberg 2005 du domaine Paul Ginglinger assez opulent, sur un registre plutôt mur, qui pétrole déjà, et laisse une belle impression de droiture. Bien ++. Puis un Saint Joseph 2006 du domaine Philippe Faury toujours aussi fringuant, nez explosif sur les fruits rouges, une pointe cassissée, un côté à la fois floral et épicé. Une bouche élégante, finement tannique, une impression de faux-gras, toujours sur un registre droit, gourmand et velouté. Excellent. Enfin, pour finir les macarons au chocolat, un Maury, cuvée Prestige 15 ans d'âge du Mas Amiel. Robe sombre, tirant sur le café. Grosse liqueur. Nez sur les pruneaux et les fruits confits, une pointe d'oxydation ménagée. Bouche de demi-corps, enveloppante, encore boisée. Un léger bémol toutefois quant à la persistance. Bien +.
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Voilà, l'année 2011 semble débuter sous de bons auspices.
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En espérant que la décennie à venir nous permettra de nouvelles découvertes et d'aussi nombreuses rencontres, parmi les passionnés, grands malades, vignerons et, au grès des hasards de la vie, à tous ces inconnus qui me lisent ici, dans les pays francophones limitrophes, par delà l'Atlantique ou même sur de lointains continents.
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Je vous souhaite à toutes et à tous une très grande et très belle année 2011.
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Bruno