Aujourd'hui, se tenait le salon "Rhône en Seine - des vignerons en Capitale" dans les salons du palace parisien (j'y reviendrai) le Georges V.
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Arrivés pratiquement à l'ouverture, nous avons adopté une méthodologie de dégustation très rigoureuse : les blancs dans un premier temps, les rouges dans un second temps - le Rhône Nord avant le Rhône sud. Pour des raisons évidentes de clarté de mon discours, j'ai groupé par vigneron / domaine / château mes impressions de dégustation.
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Mon système de notation pour cette journée s'étage, dans le sens croissant du plaisir ressenti, de 2 B-B à 5 B-B (le maintenant fameux Bobosse et Bobosse ...).
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Lirac blanc 2011 : robe jaune dorée déjà assez évoluée. Nez légèrement grillé, une note "semi-oxydative" en sus. Bouche fraîche, étirée, avec une fausse sensation de sucre. 3B-B
Côte du Rhône, l'O 2011 (100 % grenache) : nouvelle cuvée sur un fruit croquant, une belle acidité gourmande. Un vin simple mais vraiment très agréable. 4B-B
Lirac, le Gourmand 2010 : nez très fruits rouges (cerises), une pointe d'épices douces. Belle structure en bouche, avec une très légère sucrosité. Finale salivante, sur un registre à la fois frais et corpulent. 4B-B
Lirac, le Classique 2010 (Grenache, Syrah, Mourvèdre) : un vin sur un équilibre assez puissant, sans masquer le côté fruité. Malgré une légère fermeture en bouche, les tannins apparaissent déjà très doux. 4B-B
Lirac, les Muses 2010 (80 % de Mourvèdre / 20 % de Syrah) : un must, doux, enrobé, soyeux, aromatique et équilibré. Belle association entre l'astringence / amertume noble du Mourvèdre et la douceur de la Syrah. 5B-B
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Vacqueyras blanc 2011 : un vin très rond, sphérique, gras, avec de beaux amers en finale. Beau potentiel visible mais sans doute servi un peu chaud. 3B-B
Vacqueyras, Floureto 2010 : belle structure fruitée. Une bouche un peu acide, mais qui tient le vin sur sa longueur. Amers agréables. Léger manque de définition. 3B-B
Vacqueyras, Lopy 2010 : un nez un peu fermé. Une bouche sur un équilibre de fraîcheur. Jolis tannins réglissés. Finale fraîche, franche, élégante et élancée. 3/4B-B
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Gigondas, clos des Tourelles 2010 : un peu rustique sur la construction, mais une bouche suave, sur des tannins lactés frais. Belle granulosité associée à une sensation de rondeur avenante. 3/4B-B
Châteauneuf du Pape, château de Beaucastel 2010 : un vin séveux, presque crémeux, sur une base minérale caillouteuse. Finale sudiste, sur la garrigue, le thym et l'olive. 4B-B
Châteauneuf du Pape, château de Beaucastel 2000 : premier nez très giboyeux. Bouche polissée, peut-être limite décharnée. Acidité viandée. Pinote légèrement. Finale réglissée. 3/4B-B
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Châteauneuf du Pape Blanc, Boisrenard 2010 : nez d'abord discret, qui s'ouvre ensuite sur une belle floralité aromatique. Bouche complexe, à la fois puissante et élégante. Magnifique finale salivante, sur une base minérale. Très très long. 5B-B
Châteauneuf du Pape rouge, domaine de Beaurenard 2010 : fraîcheur au nez, sur un registre sudiste. La bouche est salivante et saline. Beau fruité et très beaux amers en finale. 4B-B
Châteauneuf du Pape rouge, Boisrenard 2010 : même type de construction que le précédent vin, avec cependant un supplément de vinosité. C'est presque explosif en bouche, très soyeux en finale. Magnifique (déjà) et très gros potentiel. 5B-B
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Châteauneuf du Pape blanc 2011 (les 6 cépages blancs du C9P - élevage sans bois - pas de malo) : Très aromatique au nez. Bouche complexe, sphérique, aromatique, possédant une belle acidité et une amertume noble (Bourboulenc). Gras en finale, sur une construction sudiste droite et sans mollesse. 3/4B-B
Châteauneuf du Pape 2010 : magnifique nez sur les fruits intenses, avec un supplément de fraîcheur presque saline. La bouche est à l'avenant, très élégante, fraîche, qui claque sur la langue. Finale saline, avec un joli retour sur l'aromaticité. 5B-B
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Crozes Hermitage blanc 2011 : sur un registre de fraîcheur, élancé et très floral. Finale enveloppée et élancée. 3B-B
Crozes Hermitage 2010 : clairement boisé, tant au nez qu'en bouche. Manque de maturité du raisin ou élevage trop appuyé. A revoir
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Domaine du Tunnel (Stéphane Robert) à Cornas.
Cornas 2010 : grosse maturité au nez, très axée sur les fruits noirs. Même impression de puissance en bouche. C'est corpulent, avec une belle réserve d'acidité. Finale très équilibrée, saline et avenante. 4B-B
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St Péray Harmonie 2011 (100 % marsanne) : élégance au nez, gras et opulent en bouche. Finale salivante, sur de beaux amers nobles. 3/4B-B
St Péray Fleur de Crussol 2010 (16 mois d'élevage) : un nez complexe, légèrement grillé, toujours très floral. La bouche est vineuse. Gros fond et gros potentiel. Finale très saline. 5B-B
Cornas, les Chailles 2010 : nez sur la finesse, une pointe de salinité toujours présente. La bouche est très fruits confits sans lourdeur, fruits murs en fait. Registre de fraîcheur. Astringence noble à polir. Belle salinité en finale. 4B-B
Cornas, VV 2010 : plus de profondeur au nez, plus d'intensité des fragrances et des arômes. Si l'élevage est encore nettement perceptible, le fruité, la salinité et le potentiel sont présents. Sans doute moins en place aujourd'hui. 3B-B
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Saint Joseph blanc ? c'est un nez poudré, une bouche grasse et relativement molle qui caractérisent ce vin. A revoir
Saint Joseph, Clos de Cuminaille 2010 : nez de fruits noirs très murs. La bouche est raccord, très mure, glycérinée, ronde, également un peu molle. Finale peut-être un peu rêche. 2B-B
Côte Rôtie, Rose Pourpre 2010 : très profond au nez, avec une sensation de granulosité avenante. Bouche magnifique, très corpulente mais distinguée. Pas d'excès. Fraîcheur et belle tension en finale. 4/5B-B
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St Péray 2011 : floralité exubérante, bouche tendue, fraîche, légère et saline en finale. 3B-B
Condrieu, le Grand Vallon 2011 : un peu d'élevage au nez. Belle aromaticité en bouche, sur les fruits exotiques, la fraîcheur et le gras sans mollesse. Très très persistant. 4B-B
St Joseph, les Reflets 2010 : élevage au nez mais gros potentiel fruité (cerises mures). La bouche est charnue, croquante, sérieuse. Du fruit, de la maturité et de l'équilibre. Finale traçante malgré une astringence qui reste à polir définitivement. 5B-B
Côte Rôtie, Gallet blanc 2010 : un nez encore plus vineux, plus fruité et plus mur. Légère réduction qui n'altère pas cette sensation de profondeur et de sève. La bouche est certes très jeune, mais quelle maturité, quelle précision du fruit (fruits noirs surtout) et quelle noblesse dans les tannins encore bien marqués. Enorme potentiel. 5B-B
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Château Grillet à St Michel sur Rhône et Vérin.
2010 : très jeune dans sa structure mais un nez complexe, à la fois floral et fruité, presque sur les oranges amères. La bouche est grasse et structurée, étirée sur de magnifiques amers salivant. Finale également saline. 5B-B
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Côte Rôtie, Barbarine 2010 : un nez très typé syrah, violette et épices. Quelques perceptions déjà salines et minérales. Développement du fruit à l'aération. La bouche est corpulente et élégante, sur un registre légèrement boisé. Frais et long, sur une finale sur la cerise. 4B-B
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Conclusion : une très belle dégustation où pratiquement l'ensemble des vins s'est montré sous un beau jour. Quelques confirmations et quelques agréables surprises, en particulier sur les rouges toujours assez salin aujourd'hui. Un millésime 2010 qui se présente très beau aujourd'hui.
Mes domaines "coup de cœur" : le domaine du Joncier, le domaine de Beaurenard, le Clos des Papes, château Grillet et François Villard.
Mes vins "coup de cœur" : en blanc, Châteauneuf du Pape Boisrenard 2010, St Peray Fleur de Crussol 2010 d'Alain Vogé et château Grillet 2010 - en rouge, Lirac les Muses 2010 du domaine du Joncier, Châteauneuf du Pape Boisrenard 2010, Clos des Papes 2010, St Joseph les Reflets 2010 de François Villard et Côte Rôtie Gallet Blanc 2010 de François Villard.
Mes déceptions : château de Beaucastel, Alain Graillot, Pierre Gaillard et, dans une moindre mesure, le Sang des Cailloux.
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Dernière remarque enfin quant au service dispensé dans ce palace parisien (remarquez, c'était la première fois que je rentrais dans ce genre d'établissement). Il est fortement désagréable d'être systématiquement bousculé par les serveurs qui officiaient, tant pour le remplacement des crachoirs que pour le buffet du midi. Enfin, dans les toilettes, les traditionnels essuie-mains en serviettes (que l'on trouve dans n'importe quel restaurant juste supérieur à la moyenne) ne sont en fait que des intissés. Un détail assez peu digne d'un palace !
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Bruno