31 octobre 2018

Souvenirs de Bourgogne

Quelques souvenirs en images d’un week-end bourguignon ensoleillé et estival.

Romanée-Conti et autres Grands Crus de Vosne

Pernand-Vergelesses et la colline de Corton

L’Hôpital de Meursault

Saint Romain

Bruno
        

20 octobre 2018

Bonheur et rêves au restaurant gastronomique de l'Hostellerie de Levernois (21)

Il est des habitudes tenaces, d’autant plus que d’années en années, le plaisir est non seulement au rendez-vous mais semble samplifier, un peu comme les vins de Bourgogne. Le diner gastronomique à la table du restaurant de l’Hostellerie de Levernois en est un. Dans l’attente d’une décennie de séjours à célébrer en 2019, le mot d’ordre 2018 était « carte blanche ». Carte blanche orchestrée de main de maître par Nicolas Geoffroy, le chef-sommelier qui nous a concocté, avec la collaboration du chef Philippe Augé, une double surprise : le menu dégustation en 4 plats et un accord mets et vins en complète aveugle.
Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par un couple de « Marchands de bonheur, créateurs et réalisateurs de rêves » comme ils se baptisent, Suzanne et Jean-Louis Bottigliero qui tiennent les lieux depuis près de 15 ans. Mise en musique fluide, service attentif et attentionné, stylé et décontracté, toujours cette impression d’être un peu à la maison.
Mention spéciale pour le challenge de nous surprendre tout en restant classique dans le choix des vins, mais avec un grain d’originalité … pour notre plus grand bonheur.

Commençons par un apéritif, accompagné de ses amuse-bouches avec un Meursault les Cloux, 2016, domaine Dupont-Fahn : un vin de caillou, très minéral, tendu, avec un fin gras qui habille l’ensemble. En bouche, association d’une belle tendresse et d’un léger grillé élégant. Belle entrée en matière. Très Bien

A table !

En guide d’amuse-bouche : Le Risotto Acquerello au Vert, Cuisses de Grenouilles et Escargots de Bourgogne, Crème d’Ail doux

Le Confit de Foie gras de Canard au Cassis, Raviole de Potimarron et pain d’Epices

L’Omble Chevalier bio, (Ecrevisses), Gnocchi, Caviar et Sabayon au vin jaune

Noix de St Jacques, Endivettes, Artichauts et Truffe de Bourgogne

Bœuf charolais piqué au Lard de Colonatta

Les Fromages … et quelques interprétations personnelles !

En pré-dessert : sur le thème glace, chocolat et café

La Sphère Granny Smith et Pomme Tatin

Premier vin
C’est un blanc construit sur la légèreté et la floralité au nez. En bouche, c’est assez gras, entourant une trame minérale saline sur une belle épice douce. Légère grillé perceptible, mais justement dosé. Superbe allonge sur la fraîcheur, une sorte de puissance maîtrisée, avec un retour laissant apparaître des touches fumées. Je pars sur un chardonnay assez jeune, plutôt minéral, sur le caillou, la trame allongée, dans un millésime pas trop mur (j’exclus donc 2015). Verdict : Vin de Pays d’Oc, Les Roques, Roussanne 2015, Jean-Marc Boillot. Quelle forme ! Très Bien +

Deuxième vin
Le vin présente une robe jaune dorée assez évoluée. Premier nez un peu retenu, mais qui va s’ouvrir très rapidement. Minéralité et floralité, belle trame acide, une impression de force tellurique et un habillage aromatique grand. Bouche complètement fondue, avec du caractère, un côté traçante et une rondeur avenante. Grande aromatique. Puissance très élégante, avec un retour sur de magnifiques amers nobles et une sorte de mâche presque tannique. Finale sur des notes tertiaires type champignons, puissante, avec une acidité enrobée qui allonge l’ensemble. Je pars sur un chardonnay de noble origine, plutôt style Grand Cru mais que je ne place pas (Trop « gras » pour les Chablis et le Corton Charlemagne, et manque évident de recul sur les Montrachets). Il s’agit d’un vrai faux Grand Cru, puisque c’est un Meursault, premier cru les Perrières 2000, domaine Potinet-Ampeau. Exceptionnel (au panthéon des bourgognes dégustés en 2018).

Troisième vin
On part sur un grand rouge présentant une robe rubis légèrement évoluée, très brillante et déjà salivante. Nez avec un côté animal justement dosé, comme il faut pour garder ses notes de fruits murs, plutôt fruits noirs, complétés par des fragrances épicées et une tendre évolution. C’est (déjà !) profond et suave. J’en bave encore à faire le CR. Grande bouche de pinot noir noble, avec des arômes complexes, fondus, une belle acidité apportant un soyeux et une suavité exceptionelles. C’est tannique mais équilibré, une sorte d’infusion d’épices douces et de réglisse. Accord proche de l’idéal avec le bœuf « sauvage ». Je pars sur un côte de Nuits assez évolué, plutôt Vosne ou Chambolle, sur 2006 par exemple. C’est un Volnay, premier cru Clos de la Bousse d’Ord 1999, domaine de la Pousse d’Or. Le frère « jumeau » du précédent : Exceptionnel (au panthéon des bourgognes dégustés en 2018). Volnay un vin féminin ? Tu parles !).

Petit supplément
Avec le dessert, pas de surprise puisque nous partons sur un Maury 20 ans, domaine du Mas Amiel : un nez très confit, sudiste, sur les figues séchées, une impression solaire sans lourdeur. Bouche un peu rancio, avec une trame acide assez vive, mais l’accord avec la pomme l’a sans doute un peu desservi. Bouche aromatique et fruitée mais très concentrée, figues, peau de noix, avec un oxydatif ménagé élégant. En fin de bouche, le vin se transforme et laisse paraître des notes sur la réduction, un côté tannique marqué et un grain d’élevage encore présent. Très Bien +

Que dire en conclusion ? Encore une fois l’excellence est là, sans ostentation, avec un professionnalisme sans cesse renouvelé. Tout est parfait, depuis l’accueil à l’Hôtel du Parc jusqu’au restaurant étoilé. Merci à toutes les équipes pour ces moments d’exception qui se renouvellent chaque année.
C’est donc vrai, nous sommes chez un Marchand de bonheur, un créateur et réalisateur de rêves.
Vivement notre prochaine visite en Juin 2019 pour fêter une décennie de séjours à Levernois !

Bruno

Dégustation au domaine Alain Gras à St Romain (21)


Dernière dégustation du week-end, sous le signe de la franche rigolade en compagnie de quatre jeunes parisiens en goguette ! C’est une fois de plus Arthur le fils qui nous reçoit et dirige la dégustation avec le professionnalisme d’un « vieux briscard », du haut de ses 18 ans.

Le St Romain blanc 2017 présente un nez assez opulent, sur une belle trame d’amers nobles salivants. Bouche tendue, toujours sur un substrat amer bien marqué et de grande origine, associant une tension minérale et un gras très avenant. Finale qui claque. Très Bien +
L'Auxey Duresses blanc 2017 possède un nez plus vineux, sur la puissance, avec une aromatique « ronde » plus développée. Bouche sur le caillou, tellurique, énergique et puissante. Finale sur la peau de noix, associée à un gras typé Meursault glycériné. Persistance superlative. Excellent
Le Meursault 2017 possède un nez plus fermé, plutôt sur la finesse/ La bouche est tendue, mais on perçoit une sorte d’opulence ronde qui rappelle le Meursault. Finale enveloppante, ronde, sur un triplet noix / noisettes / toasté. A attendre d’urgence. Potentiellement Excellent +
Le St Romain rouge 2016 est une gourmandise fruité, sur la cerise et des notes fumées au nez. Belle bouche fraîche, tendre, acidulée et équilibrée. Finale vive qui claque sur les papilles. Grand vin de copains. Très Bien ++
L'Auxey Duresses rouge VV 2016 présente un fruité très vineux au nez. La bouche est structurée sur une acidité de bon aloi. Allonge et empreinte sur la profondeur. Fine amertume qui dessine une finale sapide. Excellent (+)

Encore une fois, la (courte) gamme des vins d’Alain Gras nous a conquis, sur des appellations peu médiatisées à tort. Un domaine toujours de très haut niveau, et qui sait, pour notre plus grand plaisir, rester sage au niveau des tarifs. Nous y reviendrons.

Bruno

19 octobre 2018

Dégustation au domaine Chicotot à Nuits Saint Georges (21)


Crédit photographique © : domaine Chicotot

Bouquet final avant la fin, explosion de sensations et atteinte du nirvana, voilà comment on pourrait qualifier cette descente en cave au domaine Chicotot.
Bien plus qu’une dégustation puisque nous avons partagé 3 heures d’amitié et de discussion autour de vins encore en cours d’élevage ou tout juste sortis de la fermentation alcoolique. Donc des notes succinctes et des appréciations résumées.

Débutons par les 2018.
Nuits Saint Georges, les Charmottes 2018 : vinosité et fruité dense. Un véritable jus de fruit en bouche.
Nuits Saint Georges, aux Allots 2018 : densité, maturité et de la mâche en bouche.
Nuits Saint Georges, les Plantes au Baron 2018 : concentration et puissance sur une base mature.
Une série de « villages » qui tutoye les premiers !
Nuits Saint Georges, premier cru les Pruliers 2018 : soyeux et grains lacté des tannins. Une gourmandise.
Nuits Saint Georges, premier cru aux Thorey 2018 : association réussie de la puissance, de l’élégance et d’un côté soyeux des tannins.
Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2018 : la classe (épisode 1), avec des tannins magnifiques portés par une acidité gage d’un vieillissement tranquille. Laissons le temps au temps.
Nuits Saint Georges, premier cru les Saint Georges 2018 : Souvent, mon cœur penche vers les Vaucrains, tant la différence avec les St Georges n’est qu’effet du gout personnel. En 2018, il existe une véritable marche, que dis-je, un escalier entre les deux premiers crus les plus réputés de Nuits. GRANDS SAINT GEORGES. Puissance ultime sans négliger l’élégance et la finesse. Des tannins de fer dans une main de velours.

Continuons avec quelques 2017.
Bourgogne, Côte d’Or 2017 : fraîcheur, sérieux sans se prendre au sérieux. Un vin de copains presque « gouleyant ».
Nuits Saint Georges, aux Allots 2017 : soyeux malgré un grain plus rustique des tannins.
Nuits Saint Georges, premier cru les Rues de Chaux 2017 : toujours ces senteurs de café et de torréfaction, floralité et légèreté mais pas de creux ni de manque. Une parfaite alliance entre muscle et grâce.
Nuits Saint Georges, premier cru aux Thorey 2017 : du fruit, de la puissance et toujours de l’élégance.
Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2017 : c’est corpulent, c’est torréfié, sur une base tannique bien construite. Difficile encore de laisser vieillir sereinement un vin déjà si « prêt » à boire …
Nuits Saint Georges, premier cru les Saint Georges 2017 : comme en 2017, le statut de « vrai faux Grand Cru » s’applique totalement à ce climat. Légère sucrosité élégante, tannins superlatifs, acidité redoutablement affutée. LA GRANDE CLASSE. La hiérarchie est établie, et bien établie !

Quelques 2016 pour la forme.
Bourgogne, Pinot Noir 2016 : un vin de copains, simple, bien fait (mais qu’il est difficile de passer derrière un « monstre »).
Ladoix 2016 : le creux de la dégustation. A revoir car impossible de l’analyser.
Beaune Lulune 2016 : un vin de caillou, minéral, avec une belle maturité.
Nuits Saint Georges, aux Allots 2016 : floralité, vinosité et belle maturité du raisin.
Nuits Saint Georges, premier cru aux Thorey 2016 : grand fruit, du velours en bouche, de la réglisse.

Cerise sur le gâteau avec un vin mystère, sans étiquette, et dont la couche de moisissure traduit un certain âge … A l’ouverture, une robe diaphane encore vaillante, d’une belle brillante et tirant vers des teintes orangées. Le nez est magnifique, sur les champignons de Paris de noble origine, un peu comme ce plat dégusté en juin dernier à Fontevraud. Après une relative longue aération (30 minutes), ces notes tertiaires s’estompent peu à peu au profit de touches tendrement fruitées, plus fruits rouges que noirs. J’y décèle pêle mêle des fragrances d’alcool de cerise, de kirch, des épices douces, le tabac blond, une sorte d’infusion de tilleul, … La bouche est étonnamment alerte et jeune quoique fondue. Feuilles mortes, fruité intense et acidité bien présente dessinent une complexité magnifiée. Finale tendrement et subtilement veloutée, presque « sucrée ». Un moment de grâce nous a parcouru l’espace d’un instant ! A mettre directement au panthéon des grands bourgognes et au firmament de mes sensations viniques. Merci à Lucien, le grand-père de Georges Chicotot pour cette belle ouvrage. Il s’agissait d’un Nuits Saint Georges, premier cru 1923, issu des climats « Rue de Chaux » et « Pruliers ».
Mais que vais-je bien pouvoir boire après une telle merveille ?

Finale grandiose, c’est déjà Noël !!!!!
Un immense merci à toute la famille Chicotot pour ces instants toujours magiques, qui se reproduisent pour notre plus grand plaisir tous les ans depuis maintenant plus de 15 ans.

Bruno