26 octobre 2013

Un couteau Sauveterre

L'atelier de Sauveterre est situé dans la bourg médiéval de Sauveterre de Rouergue, aux confins de l'Aveyron, du Tarn et du Lot. Le village est bâti sur le modèle des bastides construites aux XIII et XIV° siècles, suivant un plan géométrique dont les rues sont articulées autour d'une place centrale (généralement le lieu où se tenait le marché). Contrairement aux croyances couramment répandues, la fonction défensive n'est pas forcément recherchée, entre autre ici où l'architecture correspond à un centre administratif, juridique, artisanal et commercial asseyant le pouvoir royal (d'ailleurs partagé avec les seigneurs de Castelnau et l'abbaye cistercienne de Bonnecombe).
.
Suite à une série télévisée diffusée en 1998 sur France 2 (« La clé des champs » qui retraçait l'épopée d'une femme qui quitte Paris pour reprendre la coutellerie familiale à Sauveterre de Rouergue), c'est Guy Vialis qui a eu l'idée de reprendre l'activité (médiévale) de coutellerie. Il crée ainsi le « château Laguiole » en 1992 et relance la fabrication du modèle « Sauveterre » qui constituait l'activité principale du village entre les XIII° et XVIII° siècle. Aujourd'hui, trois couteliers assurent une production « locale », « faite main » et « sur mesure », preuve qu'il existe bien d'autres modèles économiques que la sacro-sainte profitabilité de nos élites du Medef.
.
Lame bourbonnaise avec chanfrein, en acier inox 12C27 de 11 cm (20,5 cm ouvert), finition satinée, Mitre en inox, Manche en forme de bec de corbin, en bois de renne rosé.
.
Manche piqueté
.
Guillochage du dos (modèle « Rose »)
.
Une autre vision du guillochage du dos
.
Mouche entièrement ciselée à la main suivant le modèle « Feuille de sauge Gilles » (du nom du créateur), la feuille de sauge étant l'emblème présent sur le blason de la ville
.
Un travail d'orfèvre, sur-mesure puisque j'ai pu choisir sur catalogue à l'atelier le matériau du manche, le piquetage, le type de mouche et de guillochage du dos.
.
Un véritable chef-d'oeuvre où le mot main d'oeuvre prend tout son sens. Un grand merci à l'équipe de l'atelier de Sauveterre pour ce cadeau. Et longue vie d'artisan.
.
.
Bruno

19 octobre 2013

Un week-end chargé (2/2)

Deuxième soir de week-end, deuxième invitation et deuxième salve de belles bouteilles. Là encore, aucun prise de notes car l'objectif n'était point là, juste de partager des amitiés, naissantes ou confirmées.
.
En apéritif, un duo de vins allemands. Un Riesling Auslese ***, Ürziger Würzgarten 1997, Karl Erbes : magnifique nez sur les agrumes confits, très aromatique, exotique et intense. La bouche est complètement à l'avenant, avec un supplément de profondeur, d'élégance et une belle épice douce. Gros volume en bouche, mais traçant au possible. L'acidité, sans doute analytiquement très élevée, est parfaitement intégrée. Un seul mot : Magnifique
En face, le Riesling Auslese ***, Erdener Treppchen 2001 de Jos Jos Christoffel semble manquer de volume, même si la trame acide permet au vin de tenir la distance. C'est beaucoup plus fin, citronné, tendu, mais moins corpulent. Finale vibrante très élégante. Très Bien
.
Avec une entrée composée de poissons fumés (saumon, thon, truite de mer et wahou), deux blancs secs. Un Meursault, premier cru les Perrières 1992, Miche Bouzereau : joli chardonnay sur une base minérale, peut-être en phase déclinante. La minéralité l'emporte nettement sur le gras "typique" du Meursault, peut-être un peu trop en finale qui paraît décharnée et amère. Bien +++
A côté, le Graves (Pessac-Léognan ?), château Laville Haut-Brion 1983 est beaucoup mieux structuré, à la fois large et long, l'acidité et l'amertume en parfaite harmonie. Le vin est très fringant, pamplemousse rose et miel. Très belle définition. Excellent
.
Avec un boeuf bourguignon, nous avons dégusté trois vins provenant du même village de Gevrey Chambertin.
Le Gevrey village 2005 d'Alain Jeanniard est simple mais bien fait, sur une belle maturité du raisin, un joli fruité tant au nez qu'en bouche. Les tannins sont encore présents, mais donnent du relief et de la personnalité au vin. Le grain est magnifique. Très Bien++
Le Gevrey, premier cru Petite Chapelle 2006 de Rossignol-Trapet se caractérise par un bouchon sentant la poussière, le vieux grenier (d'aucun y ont décelé un problème de bouchon / liège). Pas moi au premier abord. Fruit nuiton sur le cassis et la rusticité. A l'aération toutefois, ce côté liège / bouchon / vieux grenier semble réapparaître, et se renforcer. En bouche, le vin est relativement léger, mais il confirme un défaut de bouteille.
Le Gevrey, premier cru Petite Chapelle 2001 de Dugat-Py présente une robe intense, presque noire. Une forte réduction au nez, finalement pas désagréable, sur des notes de poudre de riz et de patchouli. Dès l'aération, on retrouve un nez de pinot, profond et suave, sur les fruits rouges bien murs. La bouche est construite sur un bel équilibre, corpulent, épicé et possédant un toucher de bouche assez viril. Encore une légère sensation d'élevage en finale, sans toutefois masquer son côté fin et élégant. Notes réglissées amères de très bon aloi. Excellent
.
Pour la beauté des yeux, le plateau de fromages, avec 4 Comté (suivant leur temps d'affinage : 10, 18, 24 et 36 mois), 2 mimolettes (une jeune et une ancienne) et quelques autres ...
.
Champagne Grand Cru, Clos des Goisses 1997, Philipponnat : étonnamment  j'ai été un peu déçu de ce vin, principalement à cause d'une impression de trop forte acidité. Je lui ai malgré tout apprécié son miellé, sa puissance et sa très grand persistance en bouche. Bien +++
.
Avec le dessert, un excellentissime millefeuilles, très grand Condrieu moelleux, les Ayguets 1999, domaine Cuilleron : un nez magnifique, sur la violette et les épices douces, très pénétrant, muscaté et (presque) capiteux. En bouche, le vin est tendu et droit, parfaitement enrobé par les sucres, une pointe de rôti noble. Magnifique compromis entre rondeur et tension. Et dire que j'entends souvent que le Viognier manque d'allonge et d'acidité. Grosse liqueur empreinte d'une buvabilité exceptionnelle. Excellent ++
Le Sauternes, château Filhot, 1990 qui l'accompagnait est, sur un registre complètement différent, fruits exotiques et miel au nez, complétés par un botrytis très élégant. La bouche est éminemment puissante, ronde, équilibrée, et se terminant par des amers rafraichissants (écorce d'orange / fruits de la passion). Très Bien ++
.
Pour se refaire la bouche, festival de deux malts, un Knockando 1989 (21 ans d'âge) sur un équilibre plutôt puissant et intense, des notes épicées et boisées d'une part, et un Glenmorandie, Quinta Ruban plus rond, plus aromatique ... mais également plus puissant et persistant (soyeux) d'autre part. Ma préférence toute personnelle pour le second. Excellente façon de terminer la soirée !
.
Un grand merci à nos hôtes d'un soir et RDV très prochainement pour une revanche dans le 9-2 !
.
Place au repos des zygomatiques et de l'appareil digestif maintenant.
.
.
Bruno

18 octobre 2013

Un week-end chargé (1/2)

Première salve d'un week-end chargé, mais pour la bonne cause, en essayant d'oublier les mesquineries de l'âme humaine. Nous voilà de nouveau réunis entre amis, pour partager des moments de convivialité et préparer également les modalités d'un futur (proche) voyage du côté de St Bonnet le Froid ...
.
Donc, voilà quelques impressions prises sur le vif, sans notes, étiquettes cachées, ce qui explique quelques-uns de mes errements !
.
En apéritif, un Riesling Spätlese, Piersporter Goldtröpfchen 2003, Reinhold Haart : un premier nez sur la fraîcheur et les agrumes oranges. A l'aération, les notes pétrolées apparaissent, laissant une impression veloutée. En bouche, le vin est docile, à la fois rond et velouté. Belle maturité, sur le sucre équilibré par une acidité intégrée. Vin de demi-corps, encore jeune. Très belle finale, sur des amers agréables et vivifiants, une touche de zan en sus. Excellent
.
Avec une entrée de noix de St Jacques aux agrumes, un Saint Joseph blanc 2006, domaine Pierre Gaillard : un nez qui m'évoque le chardonnay (!), avec un supplément de corpulence. Léger manque d'aromaticité. En bouche, le vin est sphérique, un peu monocorde, mais surtout caractérisé par une (trop grande) amertume en finale. Bien
.
Avec un turbot crémé, purée aux graines de moutarde, un Puligny-Montrachet, premier cru les Combettes 2000, domaine Jacques Prieur : nez très aromatique et puissant, avec un léger grillé associé à des touches mentholées. C'est déjà gras et relativement rond. En bouche,le vin se révèle à la fois tendu, aromatique et rond. Il remplit la bouche, avec une impression de gras / beurré, sans concéder toutefois une belle amertume. Si je n'avais pas dégusté un St Joseph juste avant, j'aurais placé ce cru en Rhône nord ! Là à la découverte de l'étiquette, nous sommes bien en Bourgogne. Finale très persistante. Excellent
.
Avec le dessert, un Coteaux du Layon Beaulieu, "Anclaie", château pierre Bise 1996 : une robe ambrée, plus orangée que jaune, très profonde. Un nez relativement sec dans sa construction, sur le miel, les fruits secs et un très léger rôti. La bouche confirme une certaine évolution du vin. C'est plutôt bon, certes pas d'une folle complexité, fruits confits, mais d'une belle longueur. Très Bien
.
Voilà, les derniers détails sont maintenant réglés. Ne reste plus qu'à se mettre au régime (temporairement) avant un prochain repas qui s'annonce déjà, comment dire, hors norme.
.
.
Bruno

12 octobre 2013

Vin de pays, vous avez dit vin de pays ?

Ou devrais-je dire « IGP », car grâce à l'Europe de Bruxelles qui fait la pluie et (très rarement) le beau temps, la dénomination « vin de pays » a été remplacée depuis quelques années sur nos étiquettes de vin, sans gommer dans l'imaginaire populaire cette notion « bas de gamme » qui collait à cette dénomation.
.
Ce soir, parce que c'est le week-end et pour fêter un anniversaire, j'avais décidé d'accompagner un rôti de boeuf et sa polenta grillée par un IGP des Collines Rhôdaniennes Syrah, l'Art Zélé 2011 du domaine Faury. Bien m'en a pris !
.
IGP des Collines Rhôdaniennes Syrah, l'Art Zélé 2011, domaine Faury (carafé deux heures) : une robe sombre, profonde, presque noire. Un premier nez assez sauvage et animal, puis, le fruit intense, profond et bien mûr domine (fruits rouges et noirs) domine. Une pointe d'épices et un côté floral presque capiteux (violette). La bouche est très bien construite, ronde et montrant une belle souplesse (réglissé), mais avec du corps et de l'allonge. Fruits mûrs, légère sucrosité équilibrée par une acidité bien présente, ce qui confère au vin suavité et grande fraîcheur. Finale très allongée, sur la violette et le poivre blanc. Une véritable « petite » Côte Rôtie, même si la corpulence est plus tenue ici que sur l'appellation proprement dite ! Excellent (la preuve, la bouteille a à peine survécu au repas).
.
.
Bruno

4 octobre 2013

Une soirée très Pernand / Rapet

Profitant d'un déplacement professionnel sur Metz en fin de semaine, j'ai décidé de prolonger mon séjour en Lorraine, en alliant l'utile à l'agréable, c'est à dire passer une bonne soirée entre amis, et autour de belles bouteilles.
.
Et l'essai a été transformé !
.
Donc, en apéritif, nous avons commencé par un Pernand-Vergelesses, Devant les clous 2009, domaine Rapet : une robe jaune pâle. Un premier nez très grillé, dénotant un élevage encore présent, des notes d'amandes, une pointe d'agrumes (citron / mandarine) et déjà un côté minéral (crayeux) visible. La bouche est complexe, étirée par une belle acidité, elle-même compensée par un gras / beurré très avenant. Un vin qui allie à la fois une certaine gourmandise et une belle vinosité. Le côté grillé / réduit / boisé est présent, mais sans fausse note. Un village d'un excellent rapport qualité prix. Excellent
.
Pour accompagner un boeuf de noble origine, un Pernand-Vergelesses, Premier Cru Ile des Vergelesses 2009, domaine Rapet : une robe rouge rubis finalement pas si dense que le millésime pourrait laisse penser. Un premier nez magnifique, qui "pête" le fruit rouge bien mûr (cerises). A l'aération, une pointe fumée et minérale vient compléter cette première impression. En bouche, grosse surprise car le vin est ... très élégant, fin, frais et buvable (torchable !). Structure presque de demi-corps, révélant un pinot élégant et mûr. Les tannins encore un peu accrocheur sont là pour nous rappeler la jeunesse du vin. Finale qui possède un toucher de bouche, une granulosité rustique salivante et fort agréable. Dieu que c'est (déjà) très bon. Excellent +++ (et demain, magnifique).
.
Et comme nous ne sommes pas sectaires, un Muscat de Beaumes de Venise, cuvée Hommage, domaine des Bernardins avec le dessert : une robe cuivrée brillante magnifique. Un nez confit de figues (principalement), de pruneaux et d'agrumes secs. La bouche est équilibrée malgré une grosse sucrosité. Les figues sont toujours présentes, et apportent un grain en bouche, complétées par des notes de noix vertes de bon aloi. C'est très riche. Très Bien +++
.
.
Bruno