Retour à Nuits St Georges pour finir en
beauté ce week-end bourguignon, et c'est naturellement au domaine Chicotot que
notre véhicule nous mène, un peu comme s'il connaissait la route.
Chez Pascale, Georges et Clément, on ne vient
pas que pour le vin. D'ailleurs, en cave, c'est plutôt discussions, blagues et
choses de la vie qui nous intéressent, toujours dans un esprit de décontraction
qui fait que, finalement, c'est toujours un moment magique, une sorte de
parenthèse dans la vie par trop trépidante.
Merci à toute la famille (même si nous
n'avons pas eu le plaisir de discuter avec Clément cette fois-ci) pour leur
accueil et leur jovialité, car le vin est partage, bonheur et joie.
Commençons
la dégustation par de (trop) rares 2016 sur fûts.
Nous sommes conscients d'être, l'espace d'un
instant, des privilégiés pour pouvoir tremper nos lèvres dans un breuvage d'une
rareté extrême, millésime tourmenté oblige.
Nuits St
Georges, cuvée Velours : fruits très murs, sur le cassis, la
myrtille et les épices. Très belle bouche serrée, caractérisée par une grande droiture
et une fraîcheur très avenante. Grande
promesse
Nuits St
Georges, les Allots : structure plus corpulente, soyeuse, sur
une base fumée. Très beaux tannins, abondants et de caractère. Sera grand
Nuits St
Georges, premier cru en la Rue de Chaux : du gaz certes, mais un
grain au nez, sur le café torréfié, les fruits intenses et très murs. Structure
serrée en bouche, sur une base puissante, massive et … presque féminine ! Belle
acidité marquée. Un potentiel de garde et de plaisir. Excellent
Nuits St
Georges, premier cru les Vaucrains : vin superlatif, soyeux
et élégant malgré sa corpulence. Un synthèse entre l'immédiateté des Allots et
le sérieux des rues de Chaux. Tannins superlatifs. Excellent +
Nuits St
Georges, premier cru les St Georges : réduction grillée au
nez, notes de fruits torréfiés, fruits noirs profonds, tellurique. Peut-être à
un stade moins aimable que les Vaucrains. Très
Bien + (+) aujourd'hui (mais c'est un nourrisson).
Continuons
avec quelques 2015 encore en élevage.
Bourgogne
Coquelicot : joli fruit, belle maturité profonde, potentiel de
garde lié à l'acidité. Un vin simple mais terriblement efficace. A boire entre
copains l'été. Très Bien
Nuits St Georges,
les Allots : charge tannique civilisée, presque crémée. Joli
grain en bouche, du relief sur une base fruitée solide. Très belle finale
claquante, traçante malgré sa trame encore serrée. Excellent (-)
Nuits St
Georges, premier cru en la Rue de Chaux : impression générale de douceur, de grillé noble, de torréfaction.
Bouche superbe, entre soie et velours. J'adore ! Excellent
Nuits St
Georges, premier cru les Pruliers : très parfumé, presque
évanescent sur la poudre de riz. Bouche aromatique, un peu atypique de Nuits,
mais classique du climat. Un côté un peu réglissé sur la finale. Très Bien
Nuits St Georges,
premier cru les Vaucrains : fruits
murs et aromatiques, tannins frais quoiqu'encore anguleux, bouche traçante,
droite, et se terminant sur une finale très soyeuse. Excellent +
Nuits St Georges,
premier cru les St Georges : à
la fois plus de puissance et plus d'élégance, avec une impression poudrée
légère mais salivante. Le grand frère du vin précédent, superbe de complexité,
de fraîcheur et de structure. Exceptionnel
Place
maintenant au millésime 2014 en bouteille, et en vente.
Nuits St Georges,
premier cru les Pruliers : vin
aimable, plutôt en place, se caractérisant par un équilibre structure / acidité
/ tannins. Demi-corps soyeux et salivant. Très
Bien +
Nuits St Georges,
premier cru les Vaucrains : ATTENTION
: grand vin (je me répète parfois). Fruité profond, juste maturité du raisin,
notes réglissées, une pointe de menthol et d'épices, un peu style Roellinger.
La bouche est très belle, en place déjà. Squelette avec une belle allonge, musculature
bien présente, laissant une grosse empreinte en finale, sans jamais fatiguer le
palais. Grillé ultra-persistant. Exceptionnel
Nuits St Georges,
premier cru les St Georges : un
peu opposé mais non dénoué d'intérêt. On bascule ici vers un vin puissant,
viril et masculin. Grosse amertume sur le zan en finale. Potentiel énorme (et
grande garde à prévoir). Le classicisme bourguignon. Excellent (+)
Deux cerises
sur le gâteau …
Nuits, premier
cru en la Rue de Chaux 1995 : évolution
modérée, tant au niveau de la robe que du nez. Notes de cuir, de fourrure et de
feuilles mortes. Bouche tout en toucher, à la Mac Enroe pour les adeptes d'un tennis spectaculaire. des touches
de végétal noble viennent rafraîchir la bouche, et complexifier les fruits à
l'alcool (cerise / kirsch) présents. Tannins polissés qui laissent une belle
mâche. Excellent + (+)
Nuits, premier
cru les Vaucrains 1957 : servi
à l'aveugle, je vais finalement reprendre les notes de juin dernier
pratiquement sans les modifier, tant le vin m'a impressionné par sa jeunesse et
sa fougue, malgré quelques notes d'évolution modérée. La robe est finalement
assez peu évoluée pour un presque sexagénaire. L'évolution sans la révolution
j'allais dire au nez ! C'est-à-dire des notes tertiaires, sur les feuilles
mortes, des touches de roses fanées, de ronce et surtout de menthol … mais sans
ces notes champignonnées qui peuvent parfois déranger. La bouche est éminemment
douce, soyeuse et fondue. C'est droit, séveux et avec un beau caractère aérien.
Un côté kirch est magnifiquement présent. Tannins encore présents, un peu
sucrés, avec une pointe de café. Trame acide encore vivace, tonique en finale,
pour allonger à n'en plus finir le vin. A l'aération, les notes mentholées
s'amplifient pour le plus grand plaisir de nos sens. On touche la substantifique
moelle (François Rabelais). Que dire ? Simplement : merci Pascale.
3
heures passent toujours trop vite en bonne compagnie et c'est avec regret que
nous devons repartir vers Beaune. Heureusement, et pour nous consoler, le
restaurant de l'Hostellerie de Levernois nous attend pour un bouquet final.
Merci
à toute la famille Chicotot pour cette belle parenthèse. RDV pris pour l'an
prochain.
Bruno