Après un
dernier épisode peu glorieux pollué par de sombres esprits, nous voilà
de retour au prieuré St Lazare, ancienne léproserie sise au sein de l’abbaye de
Fontevraud, lieu mythique et mistique, propice à la réflexion et aux nourritures
terrestres.
N-ième
visite des lieux, dont le nouveau Musée d’Art Moderne récemment ouvert, avec
toujours cette même impression de calme, de quiétude et de sérénité. Quelques
photos en guise de mise en bouche …
Le cloître
L’église abbatiale
Quelques colonnes
Les cuisines
Art et cyclade
Après
une halte salvatrice, nous voilà prêts pour un repas, sous le signe de la 41°
lune.
Gustographie :
photographie gustative de notre terroir
Une tuile très
aromatique, alliant un côté croquant, une fine impression crémeuse et une
amertume vivifiante du fromage de chèvre et l’aromatique tendre apportée par le
miel. Toujours juste.
Un rituel
fontevriste : de la soupe et du pain sec
Une soupe
déconstruite, régal pour les yeux et les papilles. Derrière son aspect
graphique et coloré, une soupe de fruits rouges tendrement sucrée, le croquant
du pain (sous forme de miettes) et l’aromatique de la mousse herbacée. Grande
mise en bouche salivante.
Petit pois et moules de
Groix
Une tartelette
croquante, le végétal / tendre (sucré) du petit pois, l’aromatique des herbes
du jardin et le côté acidulé de l’accompagnement. Sans moule pour mes
allergies, mais quel plat !
Champignons de Paris à
Fontevraud
Une nouvelle fois le
plat multi-étoilé !!!! Encore (et toujours) plus abouti que précédemment,
avec un apport subtil de pointes vinaigrées, en complément du côté terrien du
champignon. Croquant, tendre, salivant, doit. Digne d’un ***
Bar de Lorient,
framboise et aillet
Un carpaccio
« épais », agrémenté de fruits rouges (framboises), une sauce
construite sur l’amertume / l’aigreur (dans le bon sens du terme). Association
des textures, entre tendresse du poisson et croquant des navets. Très bon.
Paleron de veau,
rhubarbe et lentin de chèvre
Encore et toujours un
plat construit comme un vin, avec une complexité liée aux associations de
saveurs. Cuisson parfaite, rosée. Accompagnement juste. Sauce savoureuse.
Encore un grand moment de gastronomie.
Pause fontevriste (avant-dessert)
Remise en bouche peu
sucrée, fraîche, miellée. Parfait.
Cerise, verveine et
amande grillée
Graphisme, jeu de
texture, saveurs multiples et fraîcheur. De quoi convertir un bec peu
sucré !
Pour
accompagner ce menu, plusieurs bouteilles au programme …
A
l’apéritif, nous sommes partis sur un Vin de France,
Faustine (100 % Vermentino), 2021, domaine du Conte Abbatucci : un nez
floral très fin, une pointe minérale, un équilibre léger (comparaison n’étant
pas raison, j’ai trouvé un air de famille avec certains Picpoul de noble
origine). Bouche sur un même équilibre, saline, finement réglissée. Belle
aromatique générale, fraîche et élégante. Finale sur une amertume engageante.
Belle entrée en matière. Très Bien
Saumur, cuvée Jurassique
2015, domaine du Pas St Martin : croisé à moults reprises, ce vin ne déçoit
jamais. Nez qui semble étonnement jeune, vif, presque ciselé. Belle complexité.
Bouche sur un équilibre similaire, construite sur la longueur. Attaque « explosive »,
milieu de bouche très suave, avec quelques notes de fruits noirs (myrtilles).
Structure acide bien habillée par un gras intégré, des notes minérales et un
soupçon mentholé. Corpulence sur l’élégance. Une valeur sure ! Excellent
Palette, château Simone,
2018 : une courte
réticence quant à la jeunesse de la bouteille, vite balayée par la dégustation.
Toujours ce nez original et presque inclassable. Une impression de
« fausse oxydation », une sorte d’opulente « légère », des
notes fumées / cendres de cheminée, une pointe truffée !), sur un registre
floral et aromatique. Bouche opulente qui sait rester digeste et buvable.
Tension minérale, acidité et aromatique se marient parfaitement. A l’aération,
et avec le veau, le vin prend un supplément d’opulence, d’élégance et de
floralité. Accord presque parfait. Excellent
+
Nous avons été gâtés par Faustine et Simone !
Pour le dessert, le sommelier nous a conseillé, avec
justesse, un Vin de liqueur, Douceur Carmin, Vincenot et fils : un vin
muté issu du cépage Grolleau récolté en surmaturité, il présente un nez léger,
fruité, élégant et presque aérien. Bouche tannique équilibrée, par une belle acidité.
Amertume salivante. Corpulente qui sait rester buvable et digeste. Si j’osais,
je dirais un mix entre Porto Vintage (pour le fruit profond) et le Tawny (pour
le côté muté, pointe oxydative ménagée). Très bel accord avec le dessert. Très
Bien +
Confirmation cette année de l’excellence
de la table, dans un style cohérent et stable, mais sachant se renouveler, pour
l’assiette de Thibaut Ruggeri. Le plat signature (les champignons) constituent
un must, bien accompagnés par des plats alliant textures, saveurs et couleurs.
Service en très net progrès, décontracté, précis et adapté au lieu. Sommelier à
l’écoute, de bon conseil, pour naviguer dans une carte des vins plus étoffée.
Lieu de méditation qui mérite amplement
le voyage, … d’autant que cette année nous avons pu assister à une mise en
scène / lumière de l’abbaye après le repas (« Les étoiles de
Fontevraud » à venir …).
Bruno