30 décembre 2019

Un Noël très bourguignon, mais pas que !

Quelques vins dégustés et bus autour de Noël, en famille, et sans prise de notes.

Le 24 décembre au soir, en attendant le père Noël.
Champagne Deutz BSA : belle entrée en matière pour ce champagne classique, oscillant entre tension acide et fin brioché salivant. Très Bien
Corton-Charlemagne Grand Cru 2005, domaine Rapet : un nez largement oblitéré par un côté liégeux ! Quel dommage parce que la bouche, à peine atteinte, nous a délivré un festival de saveurs. Puissance tellurique, minéralité exacerbée, complexité et maturité du millésime. Evolution parfaite, avec toujours une pointe grillée et d’amers nobles. A revoir sur sa petite sœur qui patiente en cave.
Volnay, premier cru Clos des Ducs 1998, domaine du marquis d’Angerville : un pinot à point, sur une belle évolution. Fruits noirs et bien murs, notes réglissées et pointe d’épices douces, tannins avec du relief, un joli grain en bouche. Suavité presque sensuelle. Superbe

Le 25 décembre au midi, on finit les restes … mais on ouvre d’autres bouteilles.
Corton-Charlemagne Grand Cru 2008, domaine Rapet : chardonnay alliant puissance et finesse, sur une base minérale et acide bien définie. Joli grillé complété par de beaux amers salivants. Note vanillée fine. Finale traçante, vibrante, salivante. Excellent
Latricières-Chambertin Grand Cru, 2006, domaine Rossignol-Trapet : un pinot nuiton, sur les fruits noirs plutôt intenses, un réglissé profond très gibracois. Elégante en bouche, suavité, mais avec peut-être un déficit de concentration. Très Bien

Le 26 décembre au midi, on se délocalise en Normandie pour la bonne cause.
Crémant de Loire, 1948, domaine de St Just (Arnaud Lambert) : un crémant trois étoiles, tendu et minéral, mais avec un charme et une sorte de rondeur très avenante. C’est frais, c’est sérieux et c’est plaisant. Très Bien +
Chablis Grand Cru, Château Grenouilles 2008, cave de la Chablisienne : minéralité et puissance, pointe miellée fine sur un substrat « classique » du Chablis : acidité citronnée, aromatique sur la coquille d’huitre, le tout équilibré bien juste enrobé. Grand vin. Excellent +
Nuits Saint Georges, premier cru Clos des Forets St Georges 2005, domaine de l’Arlot : sans doute le vin des fêtes. Une sorte de synthèse parfaite entre un côté nuiton « rustique » et une élégance sensuelle cambuléenne. Du fruit noir, une acidité parfaite quoiqu’encore perfectible sur la garde, des tannins veloutés, une pointe d’amertume très salivante. Longue empreinte finale pour ce vin de beau volume. A boire et à conserver encore sans problème quelques années. Exceptionnel

Petite pause le 27 décembre au soir.
Saumur, clos de la Rue 2011, château de Brézé (Arnaud Lambert) : un chenin encore sur sa jeunesse mais déjà bien évolué. Minéralité et acidité du cépage, puissance du terroir, aromatique qui « brèze » déjà un peu. Volume et légère rondeur. Allonge et élégance. Excellent
Nuits Saint Georges, les Charmottes 2010, domaine Chicotot : petite déception avec ce vin finalement sans trop de volume ni de charme. Equilibre acide et décharné. Notes d’acétate assez prononcée. Un problème de bouteille sans doute car le domaine nous habitue à (beaucoup beaucoup) mieux. A revoir

Réveillon familial du 28 décembre, où l’alliance presque parfaite des mets (quelques spécialités du sud-ouest réalisées « maison ») et des vins.
Chablis, premier cru l’Homme Mort 2013, cave de la Chablisienne : bah, c’est l’homme mort. Le substrat kimméridgien nous étreint, la minéralité nous envahit, la tension nous vivifie. Superbe aromatique équilibrant la minéralité. Accord majeur avec un foie gras de compétition. Excellent ++
Anjou, Authentique 2012, Catherine et Philippe Delesvaux : changement complet de registre (mais pas de plaisir) avec ce chenin évolué, sec mais tendre (mon côté impressionniste), rondeur avenante, acidité redoutable mais complètement intégrée et complexifiée par l’aromatique, bref, un grand chenin qui donne le contre-point parfait à des noix de st jacques et son velouté de panais. Excellent +
Fleurie, cuvée spéciale (vieilles vignes) 2009, domaine Chignard (magnum) : un gamay construit sur la puissance, l’effet millésime y étant sans doute pour quelque chose. Maturité, concentration, fruit intense et longue acidité. Bel accord avec un agneau de 7 heures. On m’avait dit que les 2009 se goutaient bien en ce moment. Essai transformé (merci Oliv). Excellent
Pernand-Vergelesses, premier cru les Vergelesses 2009, domaine Rapet père et fils (magnum) : un cru ressorti (en octobre dernier) par Vincent Rapet pour les fêtes de Noël. Je me suis laissé tenté. Grand bien m’en a pris. Elégance fruité tant au nez qu’en bouche. Douceur suave des tannins, complexité entre fumé et épicé en bouche, sur un vin sérieux quoique de demi-corps. C’est onctueux tant le plaisir est grand. Finale à l’avenant. Le « petit » frère de l’Ile des Vergelesses n’est pas en reste. Bonne pioche (encore une fois) au domaine. Excellent ++

Pour la route avant le retour sur Paris, le 30 décembre au midi.
Chassagne-Montrachet, premier cru Clos du château de la Maltroye 2013, château de la Maltroye : un vin encore jeune, marqué par son millésime (plus j’y pense, et plus je trouve un air de famille entre 2008 et 2013), mais finalement un vin facile et procurant un plaisir simple et immédiat. Tannins rustiques mais de belle facture, un fruité laissant apparaître un grain en bouche, une acidité marquée mais intégrée. Simple et efficace à ce stade. Très Bien +

Maintenant, une pause s’impose avant le 31 !

Bruno

23 décembre 2019

Bilan 2019

Je vous propose un bilan de cette année qui s’achève sous la forme d’un best of non filtré des restaurants et des bouteilles croisés au gré de week-end, vacances, salons ou visites chez nos amis vignerons. Une sélection toute personnelle, difficile à rendre synthétique tant nous avons mangé et bu de belles (et souvent exceptionnelles) choses !

Les restaurants
Une découverte pour commencer, en Italie, à Alba dans le Piémont avec le restaurant de l’hôtel i-Castelli dont la cuisine familiale est à souligner, et surtout accompagnée par une cave de folie, à prix doux. Valeur sûre de la région.
Valeurs sûres avec ces adresses (re)testées et parfois doublement testées sur 2019 : le « Favre d’Anne » à Angers (merci à Mathilde Favre d’Anne pour ses accueils et sa gentillesse), le « Souper Fin » à Frichemesnil, le « SaQuaNa » à Honfleur (où la cuisine de haute volée se conjugue - toujours - avec une carte des vins attrayante et raisonnable en termes de prix), au « Fil du Zinc » à Chablis (cuisine de bistrot très élaborée, carte des vins de l’Yonne de folie, prix d’une incroyable sagesse et accueil décontracté de Fabien Espana que nous saluons) et le restaurant « Le Saison » à St Grégoire près de Rennes, qualité égale à la discrétion de l’établissement (belle carte des vins).
Deux soirées magiques au restaurant « Autour d’un Cep » à Angers : accueil superlatif d’Anne Laure en salle, service décontracté, présence sobre et efficace et une cuisine gastronomique style bistrot (special thank à toute l’équipe et au chef qui nous ont concocté deux repas de gala). Une véritable pépite !
Sommet de l’année atteint deux fois avec ces week-end maintenant traditionnels du côté de Beaune, à Levernois où nous prenons nos quartiers deux fois par an, et ce depuis 10 ans cette année. Que dire de plus : la classe, la décontraction, une pause dans ce monde de brute et l’impression d’être « à la maison » tant le service et l’accueil sont au sommet. Discussion pour la première fois avec le chef Philippe Augé, d’une gentillesse et d’une humilité superlative. En plein accord avec l’esprit inculqué par les maîtres des lieux, Suzanne et Jean-Louis Bottigliero. Special thank à Nicolas le Sommelier qui nous déniche des flacons de rêve à chacune de nos visites. Que la fête commence (… et continue encore longtemps) : 1/ vin qui présente une robe jaune dorée assez évoluée. Premier nez un peu retenu, mais qui va s’ouvrir très rapidement. Minéralité et floralité, belle trame acide, une impression de force tellurique et un habillage aromatique grand. Bouche complètement fondue, avec du caractère, un côté traçante et une rondeur avenante. Grande aromatique. Puissance très élégante, avec un retour sur de magnifiques amers nobles et une sorte de mâche presque tannique. Finale sur des notes tertiaires type champignons, puissante, avec une acidité enrobée qui allonge l’ensemble. Je pars sur un chardonnay de noble origine, plutôt style Grand Cru mais que je ne place pas (Trop « gras » pour les Chablis et le Corton Charlemagne, et manque évident de recul sur les Montrachets). Il s’agit d’un vrai faux Grand Cru, puisque c’est un : Meursault, premier cru les Perrières 2000, domaine Potinet-Ampeau - 2/ blanc dont le nez évoque des senteurs végétales (type herbe mouillée) et florales (rose fanée), dégageant une grande fraîcheur. La bouche représente une synthèse presque parfaite entre gras / opulence et tension / fraîcheur / allonge. Notes profondes, d’une grande assise terrienne. Allonge superbe qui laisse place à des notes finement salines, un léger réglissé et un sentiment de corpulence sur les pierres chaudes. Nous partons sur rien, car en fait, nous n’avons pas trouvé un vin qui permettrait cette synthèse. Verdict : Batard-Montrachet Grand cru 2014, domaine Paul Pernot - 3/ On part sur un grand rouge présentant une robe rubis légèrement évoluée, très brillante et déjà salivante. Nez avec un côté animal justement dosé, comme il faut pour garder ses notes de fruits murs, plutôt fruits noirs, complétés par des fragrances épicées et une tendre évolution. C’est (déjà !) profond et suave. J’en bave encore à faire le CR. Grande bouche de pinot noir noble, avec des arômes complexes, fondus, une belle acidité apportant un soyeux et une suavité exceptionnelle. C’est tannique mais équilibré, une sorte d’infusion d’épices douces et de réglisse. Accord proche de l’idéal avec le bœuf « sauvage ». Je pars sur un côte de Nuits assez évolué, plutôt Vosne ou Chambolle, sur 2006 par exemple. C’est un Volnay, premier cru Clos de la Bousse d’Or 1999, domaine de la Pousse d’Or

Les salons
Quelques belles rencontres viniques dans des salons maintenant classiques tels que le « Papilles et Pupilles », le salon St Jean à Angers, le salon des Vins de Loire (et son frère la Levée de la Loire / Demeter), le salon Nebbiolo, le salon Biodyvin et, sans doute pour la dernière fois, le Grand Tasting.
Pour les blancs : Sancerre, Mi-chemin 2017, Vincent Gaudry (Magnum) : Le Grand Sancerre. Tout est présent dans ce vin, sur un triplet tension / fraîcheur / pointe grasse, l’ensemble déjà bien intégré dessinant une finale saline, d’effet perlant - Saumur, chenin du Puy 2015, Frédéric Mabileau : très léger grillé juste dosé au nez, complété par des amers nobles. Bouche marquante, un peu exubérante, mais dans le bon sens du terme. Trame effilée par l’acidité, toujours une pointe grillée et une fraîcheur ultime. Une véritable symphonie de vibrations - Saumur, clos David 2016, château de Brézé : chenin sur l’élégance subtile, un fin vanillé au nez, une tension vivifiante en bouche, l’ensemble dégageant une folle énergie - Saumur, Clos de la Rue 2016, château de Brézé : Super David (une sorte de Goliath, quoique …). Tout est magnifié, l’élégance décuplée, l’empreinte amplifiée, la mâche optimisée - Saumur Brézé 2016, château de Brézé : derrière l’austérité cistercienne du vin, se cache une belle matière sur le velours. L’acidité est mûre, la fraîcheur presque perlante, et l’allonge dessine une empreinte interminable - Vouvray, Clos de la Bretonnière 2010, Jacky Blot : puissance minérale plutonique, longue et forte empreinte énergique.
Pour les rouges : DOCG Barolo, Brunate 2015, Cerretto : un nez de Grand Cru, avec déjà une impression de puissance sur une base de fruits très aromatiques. Une bouche superlative, avec un toucher de tannins cambuléen. Magnifique finale en feu d’artifice - Barolo DOCG, Ravera 2015, Elvio Cogno : on pourrait presque dire uniquement : un grand nez de Barolo … même si jeune. Une sorte de pinot noir légèrement et subtilement torréfié. Fraîcheur florale, notes de tabac et d’épices. Bouche élégante et puissante, une aromatique piémontaise, des tannins bien nés à laisser tranquillement se patiner. Puissance sur la finale, une finale - DOCG Barolo, Riserva Lazzarito 2012, Ettore Germano : un nez bourguignon, sur les fruits noirs, très sérieux, avec une pointe que je qualifie de « jurassien » (amertume semi-oxydative type savagnin). Bouche arrondie, suave, salivante, avec une longue et fine acidité. Tannins encore bien présents, jusqu’à une finale vibrante. Quel régal - Napa Valley, Georges de Latour 2015, Beaulieu Wineyards : 90 % de Cabernet Sauvignon mais 100 % de plaisir. Le Premier Grand Cru Classé qu’on attend en France, sans raideur, sans poivron. Si ce vin est particulièrement puissant et gorgé de soleil, la maîtrise du vigneron se fait sentir sur ce tout jeune bébé. La perfection presque atteinte - Bourgueil, Perrières 2018, domaine de la Butte (sur fût) : un vrai vin de caillou, dans la lignée des millésimes dégustés récemment chez Jacky ou sur table. Gros énorme potentiel, sur l’ampleur, la concentration, la structure, mais sans jamais d’excès - Bourgueil, Mi-pente 2018, domaine de la Butte (sur fût) : du velours au nez, une force tellurique violente en bouche, une empreinte superlative. Aujourd’hui plus animal que le Perrières (moins à mon goût aussi), mais qu’il ira loin ce vin - Charmes-Chambertin Grand Cru 2017, domaine Arlaud : l’alliance parfaite de la puissance et de l’élégance. Un peu « brut » au premier nez, mais de l’élégance à revendre à l’aération. Tannins superbes, même s’ils sont encore jeunes et anguleux. Un vin qui glisse vers le plaisir - Chinon, cuvée Stanislas 2015, Pierre Sourdais : grand nez de Cabernet Franc parfaitement mûr, des fruits noirs, une pointe d’amers nobles. Bouche complètement en accord, une sorte de synthèse entre corpulence et élégance. Impression de douceur - Fleurie, les 10 coupées 2015, Cédric Chignard (élevage en fût / vendanges entières) : puissance en bouche, structure sur l’amertume noble des rafles bien mures, acidité de structure parfaitement dosée, charge tannique imposante à dompter. Très longue garde à prévoir - IGP Méditerranée, le Grand Rouge 2016, château Revelette (Syrah, Cabernet Sauvignon, Grenache et Pinot Noir) : grande classe au nez, avec des fruits bien mûrs, une pointe d’épices douces et un côté presque floral. Bouche de belle ampleur, des tannins crémeux bien élevés, une fraîcheur vivifiante et une grande empreinte jusqu’à la finale vibrante - St Chinian, Sortilège 2016, domaine des Eminades (Syrah et Grenaches) : élevé sur des calcaires dolomitiques, ce vin est un aboutissement de l’élégance alliée à une structure plutôt élégante. Nez fruité expressif, sur des notes aromatiques et sudistes, pointe d’épices … que l’on retrouve magnifiées en bouche. Rondeur avenante des Grenaches, aromatique du fruit bien mûr, tannins esquissant un toucher de bouche à la Mc Enroe, sachant rester frais. Grande minéralité fine jusqu’à une finale effilée - St Chinian, Vieilles Canailles 2016, domaine des Eminades : ce 100 % Carignan a un nez de Carignan ! C’est-à-dire sur un fruit  bien mûr, une sensation de minéral presque « violent », une pointe animal / viandée / empyreumatique mesurée. Bouche avec une charge tannique forte et intense, mais qui sait rester élégante (tannins gras et crémeux). L’acidité est juste là pour porter le vin, lui apporter de la longueur et de la profondeur - St Nicolas de Bourgueil, Eclipses n° 11, 2014 : intensité et profondeur du fruit, élégance de la trame, grande acidité salivante, tannins crémeux, un grain en bouche superlatif. Immense potentiel - St Nicolas de Bourgueil, Eclipse n°12 2015, Frédéric Mabileau : s’il est encore dans sa toute première jeunesse, c’est une promesse pour l’avenir. Quel jus en bouche - Sancerre « Belle Dame » 2016, domaine Vacheron : grand pinot à grains fins en bouche. Belle aromatique. Structure et élégance. Grand vin - Saumur, clos de l’Etoile 2015, château de Brézé : une sorte de Clos Moleton bis. Un fruité sérieux et intense, des notes fumées et des fragrances d’alcool noble type cognac. Bouche sur le fruit soyeux complétée par la charge tannique de belle origine. Un poil au-dessous au Clos Moleton ci-après - Saumur-Champigny, Clos Moleton 2015, domaine de St Just : Grand Cabernet franc au nez, du fruit plutôt noir, de la puissance mesurée, de la profondeur et une pointe d’amertume. En bouche, quel fruit, quel soyeux et quels tannins, avec du relief et une pointe lactée / crémeuse. Grand vin en devenir.
Pour les liquoreux et les bulles : Saar-Mosel-Nahe, Riesling Spätlese, Graacher Josephshöfer 2005, Reichsgraf von Kesselstatt : un Spätlese d’anthologie. Premier nez rôti évoquant les plus grands liquoreux (type SGN / Anthologie de Philippe et Catherine Delesvaux), une aromatique profonde, intense et exceptionnellement salivante. Notes de fruits confits aromatiques. Bouche complètement à l’avenant, d’une richesse exceptionnelle pour un spätlese. Une charge de sucres finalement bien placée et bien équilibrée. Vibration ultime et accord magnifique avec le fruité / sucré des fraises et l’amertume fine de la rhubarbe - Champagne, Entre ciel et terre 2012, Françoise Bedel (Pinot Meunier / Chardonnay / Pinot noir : 30 / 35 / 35 %) : encore plus de vinosité pour ce vin, sur une trame semi-oxydative et minérale bien marquée. Grand vin de gastronomie.

Les visites chez les vignerons
Quelques visites mémorables chez nos amis vignerons qui nous ont aimablement reçus, avec une disponibilité toujours vérifiée, une sorte d’amitié s’est tissée chez quelques-uns. Des rencontres toujours humaines, avec un volet œnologique.
Chez Jacky Blot : Vouvray, Clos de la Bretonnière 2005 : même un peu sur la retenue, ce vin présente une belle définition et un beau volume. Poudre de craie, notes qui « brèzent », trame acide et solaire bien en place, bien équilibrée, qui se poursuit jusqu’à une finale laissant une marque superlative, avec un retour de peps et d’énergie type « bonbon menthos » - Vouvray, Clos de Venise 2002 : montre, après un nez « acétate » lié sans doute à une réduction passagère, une structure douce et veloutée, une bouche sur le silex, notée de gras et d’opulence pour juste habiller comme il faut ce substrat calcaire. Là encore, l’empreinte est superlative, tant en volume, en largeur qu’en longueur - Bourgueil, les Perrières 2014 : de la soie et un côté crémeux au nez. Grande bouche, élégante, équilibrée, comme les 2014 de noble origine. L’aromatique est superlative, avec une empreinte sur l’allonge. On ne parle pas des tannins ? C’est qu’ils sont déjà bien placés dans la structure.

Chez Arnaud Lambert : Saumur, Clos David 2017 : première claque ! une synthèse (presque) parfaite entre la floralité et une vinosité minérale au nez. Grand équilibre en bouche, avec un élevage encore perceptible, mais qui vient juste accompagner le vin. Energie, élégance et corpulence en bouche. De la tension, du volume, avec une impression de mâche (presque « tannique »). Finale étonnamment fraîche, sur des notes mentholées - Saumur, Coulée de St Cyr 2015 (terroir d’argiles) : un air de famille avec les Perrières, mais quel grand frère ! La deuxième claque ! Une alliance / une synergie entre gras et tension. Grande bouche bien structurée, avec un élevage qui accompagne le vin. Une sorte d’opulence sans ses défauts (mollesse, manque de profondeur). Le temps fera son œuvre - Saumur, Clos du Tue-Loup 2016 (terroir de sables limoneux) : troisième claque ! une grande élégance au nez, avec un fruité profond et suave. La bouche possède de très beaux tannins, dessinant un joli grain et laissant une empreinte veloutée - Saumur Champigny, Montée des Roches 2017 : on est ici encore un cran au-dessus. Fruité très sérieux, avec une vinosité au nez déjà superlative. Grande bouche de Cabernet Franc, mûre, sans défaut ou faiblesse. C’est sérieux même si une garde de quelques années est à prévoir (voir obligatoire). Tannins sur un équilibre sur le fil - Saumur, Clos de l’Etoile 2014 : Grand Immense nez de Cabernet qui pinote !!! Pointe kirschée du plus bel effet. Grande élégance des fragrances. Bouche sur un équilibre de Grand Cru, déjà un peu fondue. Des tannins nobles, soyeux à souhait. Une composante végétale noble, dégageant déjà une sensation d’amers bien construits, qui viennent allonger le vin, apporter une vibration complémentaire et titiller nos papilles. COUP DE CŒUR

Chez Pascale, Georges et Clément Chicotot : Une trilogie d’anthologie, avec un Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2019 : un jus séveux, un fruit bien structuré, une alliance parfaite entre tannins, fraîcheur et longueur, un Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2018 : une élégance superlative, douce et tendre, notes mentholées nobles, grandiose, et enfin un Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2017 : je reprendrai mon commentaire de juin dernier tellement ce vin m’a séduit : un grand cru ultime, telle pourrait être sa devise. Tannins poudrés, longueur en bouche, acidité intégrée, aromatique à la fois fruitée et terrienne. Dire qu’il n’a pas 2 ans. Puissance sur la finesse ou finesse sur la puissance ??? (et il faut ajouter un « digestif » avec ce Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 1969 : une aromatique exotique sur le premier nez, typé alcools et cétones terpéniques (camphre). Puis lentement, doucement, avec l’aération, les feuilles mortes apparaissent sur un substrat laissant entrevoir les fruits. Quelques effluves mentholés du plus bel effet. En bouche, la première impression est la douceur (l’acidité ne semble pas si importante), mais le vin est toujours droit et sans mollesse. Belle empreinte tout au long de la dégustation, jusqu’à une finale réglissée douce. Avec l’aération, le vin (re)prend du volume et de l’ampleur, de la profondeur aussi. Le nez de grand pinot se révèle, sur les feuilles mortes, les fleurs fanées, le fruit à l’alcool … La bouche est soyeuse, suave, sans aspérité. De la tension aussi avec l’acidité qui montre le bout de son nez. Empreinte sensuelle sur la persistance. Un vin pour la méditation). Merci à vous de votre accueil, de votre amitié et de votre sens du partage. Vivement la prochaine !

Au domaine de l’Arlot : une « dilogie » au domaine où l’accueil et la disponibilité d’Adeline Piette font partie de l’ADN du domaine, et avec deux vins sublimes : un Vosne-Romanée, premier cru les Suchots 2017 : quel nez aérien, sur un velours plus Arlot que Forêts ! Fruits rouges bien mûrs. Bouche en accord sur un équilibre dominé par les fruits rouges, mais pas que. Complément de tannins veloutés, une acidité millimétrée, de l’allonge et un côté herbacé encore perceptible mais déjà superbe. Un régal … suivi d’un fond de Romanée Saint Vivant Grand Cru 2005 : une robe rubis concentrée avec à peine une trace d’évolution. Nez de grand (très grand) vieux pinot, maintenant sur le sous-bois, les feuilles mortes et, avec une légère aération, de fruits noirs réglissés. Bouche tenue par une acidité noble sur une charge tannique imposante mais restant en « support » à notre plaisir. C’est musclé mais avec un grain réglissé de facture exceptionnelle. Longue, très longue persistante pour un vin d’ANTHOLOGIE
En Italie, dans le Piémont : au gré d’une semaine de vacances et de quelques dégustations. DOCG Barolo, Bricco delle Viole 2015, Vajra (vieilles vignes de 80 ans ; 38 mois d’élevage en foudre de chêne) : robe assez claire. Très grande élégance au nez, avec une aromatique réglissée, un fruité type alcool noble et une pointe de fraîcheur « venteuse ». Bouche construite sur la finesse et l’élégance, un véritable Chambolle ! Notes fumées et réglissées, avec de petits tannins veloutés qui ne demandent qu’à être (encore plus) soyeux avec l’âge. Retour sur une finale longue et grandement fraîche. DOCG Barolo, Vigna Rionda 2012, Massolino (4 ans d’élevage en foudre ; 2 ans en bouteille) : une robe rouge ocre légère et fine. Nez complexe alliant fruité et évolution sur une sorte de trame droite. Réglisse et fruits à l’alcool. Bouche tout en rondeur sur une trame acide épicée. Du fruit, de la structure, une charge tannique imposante mais déjà prometteuse. Angulosité crémeuse des tannins. Très grande finale marquante, sur la fraîcheur. Longue garde à prévoir. DOCG Barbaresco, Vanotu 2014, Pelissero (22 mois d’élevage en barrique) : Robe profonde et sombre. Ultra-grande finesse au nez, avec une combinaison entre fruité, aromatique et douceur. Bouche de grand cru, avec des petits tannins fins et délicats, une acidité et une fraîcheur laissant une empreinte superlative. Finale immense de granulosité veloutée, presque soyeuse. Cerise sur le gâteau, un accueil « personnalisé » et familial chez Pelissero. Où comment la philosophie du domaine transparaît dans la qualité des vins et de l’accueil.

Le « Best-of des vins 2019 »
Chablis, Grand Cru Valmur 2000, Jean-Paul et Benoit Droin : un vin d’une puissance tellurique, dégageant une impression presque tannique. Mais derrière cette première marque, le vin semble aujourd’hui accompli, dans une phase tertiaire établie. Grand nez de chardonnay septentrional, douceur élégante et enrobante, mais sans ce miel parfois caricatural que l’on trouve sur les vieux Chablis, trame acide toujours présente qui accompagne parfaitement l’aromatique, opulence mesurée, un grain en bouche, de la mâche, surtout en présence du fromage et de la truffe. Nous sommes restés longtemps sur ce verre, tant il fût beau et reposant. Une forme de zénitude nous étreint à cet instant.
Chevallier Montrachet Grand Cru 2004, domaine Leflaive : un nez sur la puissance et l’élégance superlative. Le grillé du Meursault se retrouve, mais avec une dimension supplémentaire. Bouche complètement à l’avenant. Acidité redoutablement maîtrisée, tout en élégance. Complexité, avec une intégration et un équilibre entre la richesse / la puissance du Chevallier et la noblesse du Montrachet. Une grande claque : le vin de la soirée (Merci Oliv).
Côtes du Jura (Savagnin), Les Chalasses Marnes Bleues 2011, Jean-François Ganevat : dès le premier coup de nez, on décèle un grand vin. Nez qui  présente une fine « semi-oxydation », j’aurai tendance à dire qu’il « brèze », associé à un vanillé aromatique et une amertume sur le réglisse. L’ensemble brosse déjà l’esquisse d’une intense empreinte. La bouche est « savagnin », acidité vive et tendue, mais complètement intégrée et domptée par une musculature à peine enrobée, magique. Fine acidité qui se termine par des amers tapissant. Finale qui présente un côté acidulé fondu dans le muscle du vin. Complexité folle qui voit l’apparition de notes fumées laissant une trace presque tannique avec le velouté de topinambours. Une sorte de concerto pour moelleux et sec !
Montlouis, Rémus Plus 2012, domaine de la Taille aux Loups (Jacky Blot) : nez cristallin, ciselé, mentholé, avec un retour / une deuxième vague sur un grillé léger et salivant. Du diamant ! Bouche avec une grande tension minérale, une acidité redoutable mais équilibrée, qui dégage une sensation d’énergie tellurique profonde. L’aromatique est toujours présente, elle vient enrober et habiller le vin avec un gras qui arrive en deuxième rideau. Finale qui reprend l’ensemble, finement ciselée, pointe saline, retour sur la menthe poivrée.
Riesling, Grand Cru Sommerberg 2012, Paul Blanck : un nez assez exotique, sur les agrumes, la rose et une sorte de touche tendre. Les notes pétrolées sont très légères, presque florales. Bouche structurée autour d’une belle acidité, avec une complexité aromatique, une tendresse et un festival d’amers nobles. Finale étirée, sur l’élégance minérale quoique « riche ». Claquant en laissant une grande empreinte, une énergie tellurique folle. GRAND VIN.
Rully, premier cru Grésigny vieilles vignes 2015, Vincent Dureuil-Janthial : grand nez fin et complexe, grillé, fumé, avec une amertume salivante. Première impression de complexité et de puissance, sur l’élégance. Bouche serrée sur une grande et belle amertume, un gras aromatique salivant, une puissance des amers nobles. Longueur superlative en bouche, avec une pointe saline qui anime les débats.
Saumur, Chenin du Puy 2011, Frédéric Mabileau : superbe nez de chenin floral, frais, impression de gras et des fragrances aromatiques déjà salivantes (menthe / menthol). Ca « brèze » légèrement. En bouche, le substrat minéral et acide du terroir et du cépage est complété par un léger grillé salivant, une amertume noble et une fraîcheur vivifiante. La puissance est là, mais totalement maîtrisée. Finale qui enrobe le palais tout en restant fraîche, élégante et tendue. Empreinte superlative, avec un dernier retour sur une pointe fumée et un gras salivant.
Saumur, clos David 2010, château de Brézé : un chenin cristallin au nez, sur le caillou, complété par une fine aromatique élégance et des notes grasses mesurées. Bouche équilibrée entre un gras / une opulence et la trame minérale intense et puissante. Superbe acidité mentholée. Finale claquante, avec une salinité qui possède du volume et un petit train presque tannique.
Saumur, Coulée de St Cyr 2010, domaine de St Just (Arnaud Lambert) : appréciant particulièrement les vins d’Arnaud, j’avoue qu’en regardant la bouteille, j’ai eu un doute. Le vin n’était-il pas un peu (trop) vieux, eu égard au cru et à la jeunesse de l’expérience d’Arnaud en 2010 ? Flagrant démenti avec une bouteille qui flirte avec l’exceptionnel. Robe jaune pâle d’un bel éclat, sans aucune trace d’évolution. Robe jaune dorée, une légère pointe d’évolution. Nez de chenin plutôt aromatique, fleurs blanches, pâte de coing, fragrances fumées, l’ensemble sur une base solidement minérale. Bouche avec un jus d’anthologie, presque tannique. Tension et gras se conjuguent parfaitement, minéralité et aromatique se complètent. C’est énergique et tellurique, sans opulence mais avec assurance. Un grain salivant … et un côté charmeur presque bourguignon, avec ces notes grillées fines, cette amertume vibrante et cette douce rondeur presque tannique, l’ensemble se prolongeant jusqu’à une (très) grande finale. Mes papilles en sont encore tout en émoi (et quel accord avec les noix de st jacques juste snackées !).
Savennières-Roche-aux-Moines, cuvée les Moines 2010, domaine de la Roche aux Moines : robe dorée assez évoluée, concentrée et brillante. Un nez de chenin bien mûr, sur des notes florales très fraîches, très profondes et intenses. Puissance minérale schisteuse et d’une énergie tellurique folle, des notes de menthe / menthol presque acidulés et « perlantes » viennent compléter cette première impression déjà superlative. Bouche serrée, concentrée et corpulente, sur une assise plutonique bien présente. Pointe semi-oxydative ménagée et surtout bien dimensionnée. Aromatique sur la floralité, le gras et une opulence de bon aloi. Acidité redoutable…ment bien dosée et maîtrisée. Vibration presque tannique sur une finale prégnante. Un concerto de Rachmaninov avec les Saint Jacques juste snackées.
Vouvray, clos de Venise 2012, domaine de la Taille aux Loups (Jacky Blot) : nez cristallin ciselé, une minéralité exacerbée sur des notes de fraîcheur intense. Aromatique sur le menthol et la verveine. Pointe perlante fine. Bouche énorme et impressionnante, presque grasse. Substrat tendu équilibré par le gras et l’aromatique. Belle acidité vive du chenin. Finale dégageant une énergie folle, une superbe empreinte sur la longueur. Confirmation de l’excellence du vin en ce moment.
DOCG Barbaresco, Bricco Asili 1995, Ceretto : robe rouge sombre très intense et profonde, avec une légère évolution. Très grand nez sur un équilibre tertiaire, avec un « fruité bourguignon » toujours présent, des notes fraîches typées aneth / herbe fraîche coupée. Une pointe rustique en complément, plus Gevrey que Chambolle. Immense bouche construite sur une acidité superlative, habillée par une aromatique fraîche (aneth toujours), des tannins possédant un grain exceptionnel. Finale étirée sur la fraîcheur, avec une longue rétro-olfaction réglissée. Après un peu plus d’aération, une pointe d’épices apparaît, et un supplément de mâche se fait sentir. Reste également une fine amertume finale.
DOCG Barbaresco, Pajoré 2005, Sottimano : nez évolué sur les fruits confits, une impression tannique presque crémeuse, une pointe réglissée en complément. Bouche cistercienne sur l’élégance, complétée par une pointe d’astringence salivante bien venue. Tannins encore jeunes. Un vin qui a un côté « Barolo » sur la finesse. Grande empreinte en finale, avec une sensation d’élégance et d’allonge. UN GRAND VIN encore jeune.
DOCG Barolo, Brunate 1995, Bricco Rocche, Ceretto : Robe brun-orangé peu évoluée, de densité légère. Nez complètement fondu, sur un équilibre confit, une rondeur douce complétée par une pointe animale, un côté réglissé et des notes de fruits à l’alcool. La bouche est droite et soyeuse, avec une longue acidité qui supporte une puissance maîtrisée et apporte une belle vivacité sur la fraîcheur. Un vin dans la plénitude de l’âge, tel un vieux Bourgogne mais avec un supplément de structure et d’aromatique. Les tannins sont complètement fondus, mais garde un certain relief, un véritable grain exceptionnel en bouche. Longueur superlative, douce, énergique, fraîche et aromatique. Dernier retour sur la cerise fumée, le kirsch et une impression de plénitude.
DOC Douro, Roquette et Cazes 2014, Quinta do Crasto : le festival continue avec ce vin qui présente un nez intense sur les fruits noirs, une aromatique sudiste sans lourdeur et qui sait rester fraîche, profonde et élégante. Pointe d’amers nobles / de notes  végétales de bel effet. Malgré la jeunesse, la bouche est diablement séduisante, tout en velours. Un jus séveux, des tannins nobles, un fruité intense et bien mûr, sur une assise charpentée. Amers nobles déjà bien intégrés, et qui participent à la définition d’un grain en bouche velouté. Finale complètement à l’avenant, avec une trame tannique complétée par un fruit et une épice de noble origine. Allonge exceptionnelle et bien droite.
Chitry, Vau du Puits 2015, Olivier Morin : avec l’adoubement de Fabien Espana, ce choix s’est révélé gagnant, et plus que judicieux. Un nez immédiat, gourmand et déjà gouleyant, sur la griotte noire bien juteuse, des fragrances fumées élégantes, une pointe de grain tannique fin. Bouche qui pourrait paraître fine et acidulée, mais ce vin est un « faux maigre ». Le fruité est soyeux, les tannins sont veloutés, l’ensemble étant porté par une acidité presque épicée. En fin de bouche, on décèle une empreinte saline très vineuse, avec de la mâche, un glycériné velouté et une vraie gourmandise. Revenons à cette première impression de légèreté, vite démentie par un accord particulièrement réussie avec la chair tendre et finalement assez musclée du canard. Le concerto était parfait ! Petite appellation, mais (encore une fois) un grand plaisir à la clé.
Nuits-Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2008, domaine Chicotot : une robe légère, peu intense, sur un rouge tirant vers l’orangé. Premier nez sur la douceur, fruits noirs infusés, notes de fleurs fanées, et toujours cette touche torréfiée / de moka marqueur du cru. A l’aération, le fruit ressort, plus acidulé, avec une impression d’alcool noble, typé kirsch. En bouche, tout est douceur, onctuosité et soyeux. Le vin « semble » léger, les tannins totalement fondus, l’acidité parfaitement intégrée et l’aromatique juste dosée pour accompagner l’ensemble. Le grain torréfié est toujours présent, essentiellement sur une finale à laquelle il apporte un côté salivant et persistant. Vin cistercien, presque intellectuel … mais un intellectuel qui dégage une sorte de perfection et de plaisir avec ce triplet douceur / onctuosité / soyeux. Pas loin de l’Exceptionnel ! (on a beaucoup entendu et lu sur les 2008 acides, déchargés et sans âme. Ce Vaucrains en est le contre-exemple typique).
Nuits Saint Georges, premier cru Clos de l’Arlot 2011, domaine de l’Arlot : grand pinot mûr au nez, avec un joli fruité fin, presque évanescent. Quelques notes animales complémentaires apportent un supplément de caractère. Bouche suave dans la construction, très sérieuse et sur un équilibre soyeux. Une sorte de « faux maigre » en quelque sorte. Les tannins, encore parfois un peu jeunes, sont d’une finesse extrême. Ils dessinent une lecture des terroirs de Nuits sur l’élégance, mais avec toujours ce petit grain salivant. Un contre-point presque parfait avec le Black Angus, d’une tendresse et d’une cuisson précise. Avec l’aération (nous avons tranquillement fini la bouteille après le plat, et avant la suite), le petit grain tannique se renforce dans le bon sens du terme, puis quelques notes animales gentilles apparaissent. Les tannins deviennent crémeux, sans occulter une finale sur la finesse, la fraîcheur et l’élégance.
Sancerre, Charlouise 2012, Vincent Pinard : un nez qui pinote clairement, sur des notes de fruits noirs bien murs. Grande empreinte amplifiée par des notes herbacées nobles, complétées par une pointe fumée douce. Bouche à l’avenant, sur une grande acidité. Elle m’évoque les grands Bourgogne nés du côté de Chambolle. Toujours du fruit (noir), de la cerise, mais une acidité qui donne le « la ». Finale soyeuse avec un côté un peu nebbiolo. Tannins d’une grande classe, presque crémeux. De la puissance et de la structure pour une fraîcheur et une finesse exceptionnelle.
Coteaux du Layon, Anthologie de Grains Nobles 2010 : la quintessence du chenin sucré. Miellé mais pas mielleux. Amers nobles mais pas astringence triviale. Un côté presque jurassien mais pas Jurassique.
Pacherenc du Vic Bilh, cuvée Brumaire 2007, château Bouscassé : un grand, très grand nez sur la truffe blanche, des notes terpéniques très aromatiques. En bouche, c’est une grande liqueur élégante et puissante. Truffes, épices douces, touches salines se fondent dans un équilibre magistral. L’acidité et le sucre sont totalement intégrés. De la soie en finale, sur des notes de caramel puis de torréfaction. Amertume superlative en rétro-olfaction, en sus d’une liqueur douce sur l’ananas chaud.
Sainte Croix du Mont, château la Rame, cuvée Prestige 1989 : un nez botrytisé avec des fragrances d’encaustique élégantes, une sensation rôtie bien marquée. Belle bouche construite sur une amertume noble salivante. La sucrosité de cette liqueur est exactement mesurée. Finale complexe, sur la peau de noix, les amers nobles et un gras glycériné du plus bel effet. Empreinte superlative en retour, presque torréfiée.
Islay Single Malt, Kilchoman, Machir Bay qui présente un nez tourbé de folie, complété par une sensation d’élégance et de douceur. Bouche puissante, enrobée, faisant la part belle à la tourbe, sans sacrifier à l’élégance. Rétro-olfaction sublime. Malgré la charge d’alcool, l’impression générale est la douceur et l’apaisement. Avec l’aération et la raréfaction du liquide, des notes de tabac blond - un marqueur patent pour moi - se développent, pour finir sur une complexité entre (fausse) sucrosité et suavité. Deuxième breuvage de contemplation. Nous sommes gâtés.

Grande année 2020 à toutes et à tous, année qui sera un peu particulière avec un changement de décennie et la promesse d’une retraite qui approche. Continuons le combat !

RDV l’année prochaine pour de nouvelles dégustations.

Bruno

15 décembre 2019

Roots !

Week-end de transition avant les fêtes avec une envie de retourner aux origines, avec ces vins « de la première heure », puisque fréquentant les domaines depuis plus de 10 ans, voire 15 ans pour certains. Au gré des plats (poisson, st jacques et pintade), une sélection de 2 blancs et d’un rouge.

Riesling Grand Cru Pfersigberg 2007, domaine Paul Ginglinger : robe dorée légèrement évoluée. Premier nez très expressif, sur le pétrole, les agrumes jaunes (citron), avec un côté opulent / exotique / mûr. Bouche de demi-corps, bâtie sur une belle acidité, fraîche. Notes d’agrumes (citrons / pamplemousses), un côté « enrobé » mais sans sucre, une sorte de tendresse gourmande. Un vin classique de la région. Finale fraîche, manquant peut-être un peu de longueur (effet millésime ?). Très Bien
Pernand-Vergelesses, premier cru Ile des Vergelesses 2008, domaine Rapet père et fils : une robe rubis claire, peut intense et présentant quelques traces évolutives. Nez de pinot beaunois, avec des fragrances de petits fruits rouges presque acidulés, une composante « kirsch » et un fond fumé caractéristique du cru. Bouche un peu marquée par le millésime, acidulée mais ne manquant pas de charme. Tannins de belle facture, bien polissés par la garde, laissant une impression veloutée sur la langue. Un grain de caractère croquant, et une acidité de structure. Aromatique sur les fruits rouges, une pointe glycérinée et une fraîcheur en complément. Finale sur l’élégance. Très Bien +
Saumur, Coulée de St Cyr 2010, domaine de St Just (Arnaud Lambert) : appréciant particulièrement les vins d’Arnaud, j’avoue qu’en regardant la bouteille, j’ai eu un doute. Le vin n’était-il pas un peu (trop) vieux, eu égard au cru et à la jeunesse de l’expérience d’Arnaud en 2010 ? Flagrant démenti avec une bouteille qui flirte avec l’exceptionnel. Robe jaune pâle d’un bel éclat, sans aucune trace d’évolution. Robe jaune dorée, une légère pointe d’évolution. Nez de chenin plutôt aromatique, fleurs blanches, pâte de coing, fragrances fumées, l’ensemble sur une base solidement minérale. Bouche avec un jus d’anthologie, presque tannique. Tension et gras se conjuguent parfaitement, minéralité et aromatique se complètent. C’est énergique et tellurique, sans opulence mais avec assurance. Un grain salivant … et un côté charmeur presque bourguignon, avec ces notes grillées fines, cette amertume vibrante et cette douce rondeur presque tannique, l’ensemble se prolongeant jusqu’à une (très) grande finale. Mes papilles en sont encore tout en émoi. Tutoye l’exceptionnel (et quel accord avec les noix de st jacques juste snackées !

C’est bien de revenir de temps en temps aux classiques.

Bruno

8 décembre 2019

Un week-end très Chitry et très 2015

Week-end de transition entre l’enchaînement des salons fin novembre / début décembre et les fêtes qui approchent à grand pas. Retour donc à une espèce de fondamentaux du vin, à savoir une « petite » appellation, un vigneron qui fait bon - et qui nous réserve toujours un accueil des plus conviviaux - et une année très prometteuse. Dans l’ordre de dégustation sur ces deux jours.

Chitry, cuvée Vau du Puy 2015, Olivier Morin : toujours ce nez sur l’immédiateté du fruit gourmand, plus précisément la griotte noire bien juteuse. Notes complémentaires et subtiles sur le fumé, une pointe végétale noble, une sorte d’amertume / de rafles bien dosée. Bouche très énergique, j’allais presque dire nerveuse. C’est gouleyant, facile à boire, mais derrière cette simple description se cache un vin sérieux, des tannins soyeux, une acidité sur les épices qui tend le vin, une fine amertume douce. Fin de bouche qui claque, presque saline, une allonge avec de la mâche, une vraie sensation de grain en bouche. Gourmandise, plaisir immédiat, vinosité, tout est présent dans cette bouteille. Excellent (et un rapport « Qualité / Prix » exceptionnel : 12 € la bouteille …)
Chitry, cuvée Olympe 2015, Olivier Morin : robe jaune pale, très légère évolution. Nez complexe, sur une sensation minérale fine, saline, presque chablisienne. Pointe « douce » vanillée, impression de poudré calcaire et d’amandes douces. Promesse salivante. Bouche tendue, droite, de belle énergie. Grande acidité granuleuse (une sorte de faux perlant). Grain tannique allié à une rondeur avenante, sans concession avec la longueur. Longue empreinte finale, sur l’acidité vivifiante et un joli gras qui complexifie nos impressions. L’élevage est, à ce stade, encore légèrement présent, mais sans ostentation ; il augment simplement l’effet « gras » et « opulent » de la finale. Rétro-olfaction et longueur sur le retour d’une pointe grillée et d’amers nobles. Grand vin. Excellent +

Confirmation (une nouvelle fois) de l’excellence de l’adresse. Une adresse incontournable dans le Chablisien, pour une prochaine visite qui s’esquisse.

Bruno