Je
vous propose un bilan de cette année qui s’achève sous la forme d’un best of
non filtré des restaurants et des bouteilles croisés au gré de week-end,
vacances, salons ou visites chez nos amis vignerons. Une sélection toute
personnelle, difficile à rendre synthétique tant nous avons mangé et bu de
belles (et souvent exceptionnelles) choses !
Les restaurants
Une
découverte pour commencer,
en Italie, à Alba dans le Piémont avec le restaurant de l’hôtel i-Castelli dont la
cuisine familiale est à souligner, et surtout accompagnée par une cave de
folie, à prix doux. Valeur sûre de la région.
Valeurs
sûres avec ces adresses
(re)testées et parfois doublement testées sur 2019 : le « Favre d’Anne » à Angers (merci à
Mathilde Favre d’Anne pour ses accueils et sa gentillesse), le « Souper Fin » à Frichemesnil, le
« SaQuaNa » à
Honfleur (où la cuisine de haute volée se conjugue - toujours - avec une carte
des vins attrayante et raisonnable en termes de prix), au « Fil du Zinc » à
Chablis (cuisine de bistrot très élaborée, carte des vins de l’Yonne de folie,
prix d’une incroyable sagesse et accueil décontracté de Fabien Espana que nous saluons)
et le restaurant « Le Saison »
à St Grégoire près de Rennes, qualité égale à la discrétion de l’établissement
(belle carte des vins).
Deux
soirées magiques au restaurant « Autour d’un Cep » à
Angers : accueil superlatif d’Anne Laure en salle, service décontracté,
présence sobre et efficace et une cuisine gastronomique style bistrot (special
thank à toute l’équipe et au chef qui nous ont concocté deux repas de gala). Une véritable pépite
!
Sommet
de l’année atteint
deux fois avec ces week-end maintenant traditionnels du côté de Beaune, à Levernois où nous prenons nos
quartiers deux fois par an, et ce depuis 10 ans cette année. Que dire de
plus : la classe, la décontraction, une pause dans ce monde de brute et
l’impression d’être « à la maison » tant le service et l’accueil sont
au sommet. Discussion pour la première fois avec le chef Philippe Augé, d’une
gentillesse et d’une humilité superlative. En plein accord avec l’esprit
inculqué par les maîtres des lieux, Suzanne et Jean-Louis Bottigliero. Special thank à Nicolas le Sommelier qui
nous déniche des flacons de rêve à chacune de nos visites. Que la fête commence
(… et continue encore longtemps) : 1/ vin qui
présente une robe jaune dorée assez évoluée. Premier nez un peu retenu, mais
qui va s’ouvrir très rapidement. Minéralité et floralité, belle trame acide,
une impression de force tellurique et un habillage aromatique grand. Bouche
complètement fondue, avec du caractère, un côté traçante et une rondeur
avenante. Grande aromatique. Puissance très élégante, avec un retour sur de
magnifiques amers nobles et une sorte de mâche presque tannique. Finale sur des
notes tertiaires type champignons, puissante, avec une acidité enrobée qui
allonge l’ensemble. Je pars sur un chardonnay de noble origine, plutôt style
Grand Cru mais que je ne place pas (Trop « gras » pour les Chablis et
le Corton Charlemagne, et manque évident de recul sur les Montrachets). Il
s’agit d’un vrai faux Grand Cru, puisque c’est un : Meursault,
premier cru les Perrières 2000, domaine Potinet-Ampeau - 2/ blanc dont le nez évoque
des senteurs végétales (type herbe mouillée) et florales (rose fanée),
dégageant une grande fraîcheur. La bouche représente une synthèse presque
parfaite entre gras / opulence et tension / fraîcheur / allonge. Notes
profondes, d’une grande assise terrienne. Allonge superbe qui laisse place à
des notes finement salines, un léger réglissé et un sentiment de corpulence sur
les pierres chaudes. Nous partons sur rien, car en fait, nous n’avons pas
trouvé un vin qui permettrait cette synthèse. Verdict : Batard-Montrachet Grand cru 2014, domaine Paul Pernot - 3/ On part sur un grand rouge présentant une robe rubis
légèrement évoluée, très brillante et déjà salivante. Nez avec un côté animal
justement dosé, comme il faut pour garder ses notes de fruits murs, plutôt
fruits noirs, complétés par des fragrances épicées et une tendre évolution.
C’est (déjà !) profond et suave. J’en bave encore à faire le CR. Grande
bouche de pinot noir noble, avec des arômes complexes, fondus, une belle
acidité apportant un soyeux et une suavité exceptionnelle. C’est tannique mais
équilibré, une sorte d’infusion d’épices douces et de réglisse. Accord proche
de l’idéal avec le bœuf « sauvage ». Je pars sur un côte de Nuits
assez évolué, plutôt Vosne ou Chambolle, sur 2006 par exemple. C’est un Volnay, premier cru
Clos de la Bousse d’Or 1999, domaine de la Pousse d’Or
Les
salons
Pour les blancs :
Sancerre,
Mi-chemin 2017, Vincent Gaudry (Magnum) : Le Grand Sancerre.
Tout est présent dans ce vin, sur un triplet tension / fraîcheur / pointe
grasse, l’ensemble déjà bien intégré dessinant une finale saline, d’effet
perlant - Saumur,
chenin du Puy 2015, Frédéric Mabileau : très léger grillé juste
dosé au nez, complété par des amers nobles. Bouche marquante, un peu
exubérante, mais dans le bon sens du terme. Trame effilée par l’acidité,
toujours une pointe grillée et une fraîcheur ultime. Une véritable symphonie de
vibrations - Saumur, clos David 2016, château de
Brézé : chenin sur l’élégance
subtile, un fin vanillé au nez, une tension vivifiante en bouche, l’ensemble
dégageant une folle énergie - Saumur, Clos de la Rue 2016, château de Brézé :
Super David (une sorte de Goliath, quoique …). Tout est magnifié, l’élégance
décuplée, l’empreinte amplifiée, la mâche optimisée - Saumur Brézé 2016,
château de Brézé : derrière l’austérité cistercienne
du vin, se cache une belle matière sur le velours. L’acidité est mûre, la
fraîcheur presque perlante, et l’allonge dessine une empreinte interminable - Vouvray, Clos
de la Bretonnière 2010, Jacky Blot : puissance minérale plutonique, longue et forte empreinte
énergique.
Pour
les rouges : DOCG Barolo, Brunate 2015,
Cerretto : un nez de Grand Cru, avec déjà une impression
de puissance sur une base de fruits très aromatiques. Une bouche superlative,
avec un toucher de tannins cambuléen. Magnifique finale en feu d’artifice - Barolo
DOCG, Ravera 2015, Elvio Cogno : on pourrait presque dire uniquement : un grand nez de Barolo … même
si jeune. Une sorte de pinot noir légèrement et subtilement torréfié. Fraîcheur
florale, notes de tabac et d’épices. Bouche élégante et puissante, une
aromatique piémontaise, des tannins bien nés à laisser tranquillement se
patiner. Puissance sur la finale, une finale - DOCG Barolo, Riserva Lazzarito 2012, Ettore Germano :
un nez bourguignon, sur les fruits noirs, très sérieux, avec une pointe que je
qualifie de « jurassien » (amertume semi-oxydative type savagnin).
Bouche arrondie, suave, salivante, avec une longue et fine acidité. Tannins
encore bien présents, jusqu’à une finale vibrante. Quel régal - Napa
Valley, Georges de Latour 2015, Beaulieu Wineyards : 90 % de Cabernet Sauvignon mais 100 % de plaisir. Le
Premier Grand Cru Classé qu’on attend en France, sans raideur, sans poivron. Si
ce vin est particulièrement puissant et gorgé de soleil, la maîtrise du
vigneron se fait sentir sur ce tout jeune bébé. La perfection presque atteinte
- Bourgueil,
Perrières 2018, domaine de la Butte (sur fût) : un vrai vin de caillou, dans la lignée des
millésimes dégustés récemment chez Jacky ou sur table. Gros énorme potentiel,
sur l’ampleur, la concentration, la structure, mais sans jamais d’excès - Bourgueil,
Mi-pente 2018, domaine de la Butte (sur fût) : du velours au nez, une force tellurique
violente en bouche, une empreinte superlative. Aujourd’hui plus animal que le
Perrières (moins à mon goût aussi), mais qu’il ira loin ce vin - Charmes-Chambertin Grand Cru 2017, domaine Arlaud :
l’alliance parfaite de la puissance et de l’élégance. Un peu « brut »
au premier nez, mais de l’élégance à revendre à l’aération. Tannins superbes,
même s’ils sont encore jeunes et anguleux. Un vin qui glisse vers le plaisir - Chinon,
cuvée Stanislas 2015, Pierre Sourdais : grand nez de Cabernet Franc parfaitement mûr, des fruits noirs, une
pointe d’amers nobles. Bouche complètement en accord, une sorte de synthèse
entre corpulence et élégance. Impression de douceur - Fleurie, les 10 coupées 2015, Cédric Chignard (élevage en fût / vendanges entières) : puissance en bouche, structure sur
l’amertume noble des rafles bien mures, acidité de structure parfaitement
dosée, charge tannique imposante à dompter. Très longue garde à prévoir - IGP Méditerranée, le Grand
Rouge 2016, château Revelette (Syrah, Cabernet
Sauvignon, Grenache et Pinot Noir) : grande classe au nez, avec des fruits
bien mûrs, une pointe d’épices douces et un côté presque floral. Bouche de
belle ampleur, des tannins crémeux bien élevés, une fraîcheur vivifiante et une
grande empreinte jusqu’à la finale vibrante - St Chinian, Sortilège 2016, domaine des
Eminades (Syrah et Grenaches) : élevé
sur des calcaires dolomitiques, ce vin est un aboutissement de l’élégance
alliée à une structure plutôt élégante. Nez fruité expressif, sur des notes
aromatiques et sudistes, pointe d’épices … que l’on retrouve magnifiées en
bouche. Rondeur avenante des Grenaches, aromatique du fruit bien mûr, tannins
esquissant un toucher de bouche à la Mc Enroe, sachant rester frais. Grande
minéralité fine jusqu’à une finale effilée - St Chinian, Vieilles Canailles 2016, domaine
des Eminades : ce 100 % Carignan a un nez de Carignan !
C’est-à-dire sur un fruit bien mûr, une
sensation de minéral presque « violent », une pointe animal / viandée
/ empyreumatique mesurée. Bouche avec une charge tannique forte et intense,
mais qui sait rester élégante (tannins gras et crémeux). L’acidité est juste là
pour porter le vin, lui apporter de la longueur et de la profondeur - St Nicolas de Bourgueil,
Eclipses n° 11, 2014 : intensité et profondeur du fruit,
élégance de la trame, grande acidité salivante, tannins crémeux, un grain en
bouche superlatif. Immense potentiel - St Nicolas de Bourgueil, Eclipse n°12 2015,
Frédéric Mabileau : s’il
est encore dans sa toute première jeunesse, c’est une promesse pour l’avenir.
Quel jus en bouche - Sancerre « Belle Dame » 2016, domaine Vacheron :
grand pinot à grains fins en bouche. Belle aromatique. Structure et élégance.
Grand vin - Saumur, clos de l’Etoile 2015, château de Brézé : une sorte de Clos Moleton bis. Un fruité sérieux et
intense, des notes fumées et des fragrances d’alcool noble type cognac. Bouche
sur le fruit soyeux complétée par la charge tannique de belle origine. Un poil
au-dessous au Clos Moleton ci-après - Saumur-Champigny, Clos Moleton 2015, domaine
de St Just : Grand Cabernet
franc au nez, du fruit plutôt noir, de la puissance mesurée, de la profondeur
et une pointe d’amertume. En bouche, quel fruit, quel soyeux et quels tannins,
avec du relief et une pointe lactée / crémeuse. Grand vin en devenir.
Pour
les liquoreux et les bulles : Saar-Mosel-Nahe,
Riesling Spätlese, Graacher Josephshöfer 2005, Reichsgraf von Kesselstatt : un Spätlese
d’anthologie. Premier nez rôti évoquant les plus grands liquoreux (type SGN /
Anthologie de Philippe et Catherine Delesvaux), une aromatique profonde,
intense et exceptionnellement salivante. Notes de fruits confits aromatiques.
Bouche complètement à l’avenant, d’une richesse exceptionnelle pour un
spätlese. Une charge de sucres finalement bien placée et bien équilibrée.
Vibration ultime et accord magnifique avec le fruité / sucré des fraises et
l’amertume fine de la rhubarbe - Champagne, Entre ciel
et terre 2012, Françoise Bedel (Pinot Meunier /
Chardonnay / Pinot noir : 30 / 35 / 35 %) : encore plus de vinosité pour ce vin,
sur une trame semi-oxydative et minérale bien marquée. Grand vin de
gastronomie.
Les
visites chez les vignerons
Quelques visites mémorables chez nos amis
vignerons qui nous ont aimablement reçus, avec une disponibilité toujours
vérifiée, une sorte d’amitié s’est tissée chez quelques-uns. Des rencontres
toujours humaines, avec un volet œnologique.
Chez Jacky Blot : Vouvray, Clos de la Bretonnière 2005 : même un peu sur la retenue, ce vin présente une belle
définition et un beau volume. Poudre de craie, notes qui « brèzent »,
trame acide et solaire bien en place, bien équilibrée, qui se poursuit jusqu’à
une finale laissant une marque superlative, avec un retour de peps et d’énergie
type « bonbon menthos » - Vouvray, Clos de Venise 2002 : montre, après un nez
« acétate » lié sans doute à une réduction passagère, une structure
douce et veloutée, une bouche sur le silex, notée de gras et d’opulence pour
juste habiller comme il faut ce substrat calcaire. Là encore, l’empreinte est
superlative, tant en volume, en largeur qu’en longueur - Bourgueil, les Perrières 2014 :
de la soie et un côté crémeux au nez. Grande bouche, élégante, équilibrée,
comme les 2014 de noble origine. L’aromatique est superlative, avec une
empreinte sur l’allonge. On ne parle pas des tannins ? C’est qu’ils sont
déjà bien placés dans la structure.
Chez Arnaud Lambert : Saumur, Clos David 2017 : première claque ! une synthèse (presque)
parfaite entre la floralité et une vinosité minérale au nez. Grand équilibre en
bouche, avec un élevage encore perceptible, mais qui vient juste accompagner le
vin. Energie, élégance et corpulence en bouche. De la tension, du volume, avec
une impression de mâche (presque « tannique »). Finale étonnamment fraîche,
sur des notes mentholées - Saumur, Coulée de St Cyr 2015 (terroir
d’argiles) : un air de famille avec les Perrières, mais quel grand
frère ! La deuxième claque ! Une alliance / une synergie entre gras
et tension. Grande bouche bien structurée, avec un élevage qui accompagne le
vin. Une sorte d’opulence sans ses défauts (mollesse, manque de profondeur). Le
temps fera son œuvre - Saumur, Clos du Tue-Loup 2016 (terroir de sables limoneux) : troisième
claque ! une grande élégance au nez, avec un fruité profond et suave. La
bouche possède de très beaux tannins, dessinant un joli grain et laissant une
empreinte veloutée - Saumur Champigny, Montée des Roches 2017 : on
est ici encore un cran au-dessus. Fruité très sérieux, avec une vinosité au nez
déjà superlative. Grande bouche de Cabernet Franc, mûre, sans défaut ou
faiblesse. C’est sérieux même si une garde de quelques années est à prévoir
(voir obligatoire). Tannins sur un équilibre sur le fil - Saumur, Clos de l’Etoile 2014 :
Grand Immense nez de Cabernet qui pinote !!! Pointe kirschée du
plus bel effet. Grande élégance des fragrances. Bouche sur un équilibre de
Grand Cru, déjà un peu fondue. Des tannins nobles, soyeux à souhait. Une
composante végétale noble, dégageant déjà une sensation d’amers bien
construits, qui viennent allonger le vin, apporter une vibration complémentaire
et titiller nos papilles. COUP DE CŒUR
Chez Pascale,
Georges et Clément Chicotot : Une trilogie d’anthologie, avec un Nuits Saint
Georges, premier cru les Vaucrains 2019 : un jus séveux, un fruit bien structuré,
une alliance parfaite entre tannins, fraîcheur et longueur, un Nuits Saint
Georges, premier cru les Vaucrains 2018 : une élégance superlative, douce et tendre,
notes mentholées nobles, grandiose, et enfin un Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains
2017 : je
reprendrai mon commentaire de juin dernier tellement ce vin m’a séduit : un grand cru ultime, telle pourrait être sa
devise. Tannins poudrés, longueur en bouche, acidité intégrée, aromatique à la
fois fruitée et terrienne. Dire qu’il n’a pas 2 ans. Puissance sur la finesse
ou finesse sur la puissance ??? (et il faut ajouter un
« digestif » avec ce Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 1969 : une aromatique exotique
sur le premier nez, typé alcools et cétones terpéniques (camphre). Puis
lentement, doucement, avec l’aération, les feuilles mortes apparaissent sur un
substrat laissant entrevoir les fruits. Quelques effluves mentholés du plus bel
effet. En bouche, la première impression est la douceur (l’acidité ne semble
pas si importante), mais le vin est toujours droit et sans mollesse. Belle
empreinte tout au long de la dégustation, jusqu’à une finale réglissée douce.
Avec l’aération, le vin (re)prend du volume et de l’ampleur, de la profondeur
aussi. Le nez de grand pinot se révèle, sur les feuilles mortes, les fleurs
fanées, le fruit à l’alcool … La bouche est soyeuse, suave, sans aspérité. De
la tension aussi avec l’acidité qui montre le bout de son nez. Empreinte
sensuelle sur la persistance. Un vin pour la méditation). Merci à vous de votre
accueil, de votre amitié et de votre sens du partage. Vivement la
prochaine !
Au domaine de
l’Arlot : une « dilogie » au domaine où l’accueil et
la disponibilité d’Adeline Piette font partie de l’ADN du domaine, et avec deux
vins sublimes : un Vosne-Romanée, premier cru les Suchots 2017 : quel nez aérien, sur un velours plus Arlot que
Forêts ! Fruits rouges bien mûrs. Bouche en accord sur un équilibre dominé
par les fruits rouges, mais pas que. Complément de tannins veloutés, une
acidité millimétrée, de l’allonge et un côté herbacé encore perceptible mais
déjà superbe. Un régal … suivi d’un fond de Romanée Saint Vivant Grand Cru 2005 : une robe rubis concentrée avec
à peine une trace d’évolution. Nez de grand (très grand) vieux pinot,
maintenant sur le sous-bois, les feuilles mortes et, avec une légère aération,
de fruits noirs réglissés. Bouche tenue par une acidité noble sur une charge
tannique imposante mais restant en « support » à notre plaisir. C’est
musclé mais avec un grain réglissé de facture exceptionnelle. Longue, très
longue persistante pour un vin d’ANTHOLOGIE
En
Italie, dans le Piémont : au gré d’une semaine de vacances et de
quelques dégustations. DOCG Barolo, Bricco delle
Viole 2015, Vajra (vieilles
vignes de 80 ans ; 38 mois d’élevage en foudre de chêne) : robe assez
claire. Très grande élégance au nez, avec une aromatique réglissée, un fruité
type alcool noble et une pointe de fraîcheur « venteuse ». Bouche
construite sur la finesse et l’élégance, un véritable Chambolle ! Notes
fumées et réglissées, avec de petits tannins veloutés qui ne demandent qu’à
être (encore plus) soyeux avec l’âge. Retour sur une finale longue et
grandement fraîche. DOCG Barolo, Vigna Rionda 2012, Massolino (4 ans
d’élevage en foudre ; 2 ans en bouteille) : une robe rouge ocre
légère et fine. Nez complexe alliant fruité et évolution sur une sorte de trame
droite. Réglisse et fruits à l’alcool. Bouche tout en rondeur sur une trame
acide épicée. Du fruit, de la structure, une charge tannique imposante mais
déjà prometteuse. Angulosité crémeuse des tannins. Très grande finale
marquante, sur la fraîcheur. Longue garde à prévoir. DOCG Barbaresco, Vanotu 2014, Pelissero (22
mois d’élevage en barrique) : Robe profonde et sombre. Ultra-grande
finesse au nez, avec une combinaison entre fruité, aromatique et douceur.
Bouche de grand cru, avec des petits tannins fins et délicats, une acidité et
une fraîcheur laissant une empreinte superlative. Finale immense de granulosité
veloutée, presque soyeuse. Cerise sur le gâteau, un accueil
« personnalisé » et familial chez Pelissero. Où comment la philosophie
du domaine transparaît dans la qualité des vins et de l’accueil.
Le « Best-of des
vins 2019 »
Chablis, Grand Cru
Valmur 2000, Jean-Paul et Benoit Droin : un vin d’une puissance tellurique,
dégageant une impression presque tannique. Mais derrière cette première marque,
le vin semble aujourd’hui accompli, dans une phase tertiaire établie. Grand nez
de chardonnay septentrional, douceur élégante et enrobante, mais sans ce miel
parfois caricatural que l’on trouve sur les vieux Chablis, trame acide toujours
présente qui accompagne parfaitement l’aromatique, opulence mesurée, un grain
en bouche, de la mâche, surtout en présence du fromage et de la truffe. Nous sommes
restés longtemps sur ce verre, tant il fût beau et reposant. Une forme de
zénitude nous étreint à cet instant.
Chevallier Montrachet
Grand Cru 2004, domaine Leflaive :
un nez sur la puissance et l’élégance superlative. Le grillé du Meursault se
retrouve, mais avec une dimension supplémentaire. Bouche complètement à
l’avenant. Acidité redoutablement maîtrisée, tout en élégance. Complexité, avec
une intégration et un équilibre entre la richesse / la puissance du Chevallier
et la noblesse du Montrachet. Une grande claque : le vin de la soirée (Merci
Oliv).
Côtes du Jura (Savagnin), Les Chalasses Marnes Bleues
2011, Jean-François Ganevat : dès le
premier coup de nez, on décèle un grand vin. Nez qui présente une fine
« semi-oxydation », j’aurai tendance à dire qu’il
« brèze », associé à un vanillé aromatique et une amertume sur le
réglisse. L’ensemble brosse déjà l’esquisse d’une intense empreinte. La bouche
est « savagnin », acidité vive et tendue, mais complètement intégrée
et domptée par une musculature à peine enrobée, magique. Fine acidité qui se
termine par des amers tapissant. Finale qui présente un côté acidulé fondu dans
le muscle du vin. Complexité folle qui voit l’apparition de notes fumées
laissant une trace presque tannique avec le velouté de topinambours. Une sorte
de concerto pour moelleux et sec !
Montlouis, Rémus Plus 2012, domaine de la Taille aux
Loups (Jacky Blot) :
nez cristallin, ciselé, mentholé, avec un retour / une deuxième vague sur un
grillé léger et salivant. Du diamant ! Bouche avec une grande tension
minérale, une acidité redoutable mais équilibrée, qui dégage une sensation
d’énergie tellurique profonde. L’aromatique est toujours présente, elle vient
enrober et habiller le vin avec un gras qui arrive en deuxième rideau. Finale
qui reprend l’ensemble, finement ciselée, pointe saline, retour sur la menthe
poivrée.
Riesling, Grand Cru
Sommerberg 2012, Paul Blanck : un nez assez exotique, sur les agrumes, la rose et une
sorte de touche tendre. Les notes pétrolées sont très légères, presque
florales. Bouche structurée autour d’une belle acidité, avec une complexité
aromatique, une tendresse et un festival d’amers nobles. Finale étirée, sur
l’élégance minérale quoique « riche ». Claquant en laissant une
grande empreinte, une énergie tellurique folle. GRAND VIN.
Rully, premier cru
Grésigny vieilles vignes 2015, Vincent Dureuil-Janthial : grand nez fin et complexe, grillé,
fumé, avec une amertume salivante. Première impression de complexité et de
puissance, sur l’élégance. Bouche serrée sur une grande et belle amertume, un
gras aromatique salivant, une puissance des amers nobles. Longueur superlative
en bouche, avec une pointe saline qui anime les débats.
Saumur, Chenin du Puy
2011, Frédéric Mabileau : superbe nez de chenin floral, frais, impression de gras et
des fragrances aromatiques déjà salivantes (menthe / menthol). Ca
« brèze » légèrement. En bouche, le substrat minéral et acide du
terroir et du cépage est complété par un léger grillé salivant, une amertume
noble et une fraîcheur vivifiante. La puissance est là, mais totalement
maîtrisée. Finale qui enrobe le palais tout en restant fraîche, élégante et
tendue. Empreinte superlative, avec un dernier retour sur une pointe fumée et
un gras salivant.
Saumur, clos David 2010, château de Brézé : un chenin cristallin au nez, sur le caillou,
complété par une fine aromatique élégance et des notes grasses mesurées. Bouche
équilibrée entre un gras / une opulence et la trame minérale intense et
puissante. Superbe acidité mentholée. Finale claquante, avec une salinité qui
possède du volume et un petit train presque tannique.
Saumur, Coulée de St Cyr 2010, domaine de St Just (Arnaud
Lambert) : appréciant particulièrement
les vins d’Arnaud, j’avoue qu’en regardant la bouteille, j’ai eu un doute. Le
vin n’était-il pas un peu (trop) vieux, eu égard au cru et à la jeunesse de
l’expérience d’Arnaud en 2010 ? Flagrant démenti avec une bouteille qui
flirte avec l’exceptionnel. Robe jaune pâle d’un bel éclat, sans aucune trace
d’évolution. Robe jaune dorée, une légère pointe d’évolution. Nez de chenin
plutôt aromatique, fleurs blanches, pâte de coing, fragrances fumées,
l’ensemble sur une base solidement minérale. Bouche avec un jus d’anthologie,
presque tannique. Tension et gras se conjuguent parfaitement, minéralité et
aromatique se complètent. C’est énergique et tellurique, sans opulence mais
avec assurance. Un grain salivant … et un côté charmeur presque bourguignon,
avec ces notes grillées fines, cette amertume vibrante et cette douce rondeur
presque tannique, l’ensemble se prolongeant jusqu’à une (très) grande finale.
Mes papilles en sont encore tout en émoi (et quel accord avec les noix de st
jacques juste snackées !).
Savennières-Roche-aux-Moines,
cuvée les Moines 2010, domaine de la Roche aux Moines : robe dorée assez évoluée,
concentrée et brillante. Un nez de chenin bien mûr, sur des notes florales très
fraîches, très profondes et intenses. Puissance minérale schisteuse et d’une
énergie tellurique folle, des notes de menthe / menthol presque acidulés et
« perlantes » viennent compléter cette première impression déjà
superlative. Bouche serrée, concentrée et corpulente, sur une assise plutonique
bien présente. Pointe semi-oxydative ménagée et surtout bien dimensionnée.
Aromatique sur la floralité, le gras et une opulence de bon aloi. Acidité
redoutable…ment bien dosée et maîtrisée. Vibration presque tannique sur une
finale prégnante. Un concerto de Rachmaninov avec les Saint Jacques juste
snackées.
Vouvray, clos de Venise 2012, domaine de la Taille aux
Loups (Jacky Blot) :
nez cristallin ciselé, une minéralité exacerbée sur des notes de fraîcheur
intense. Aromatique sur le menthol et la verveine. Pointe perlante fine. Bouche
énorme et impressionnante, presque grasse. Substrat tendu équilibré par le gras
et l’aromatique. Belle acidité vive du chenin. Finale dégageant une énergie
folle, une superbe empreinte sur la longueur. Confirmation de l’excellence du
vin en ce moment.
DOCG Barbaresco, Bricco Asili 1995, Ceretto : robe rouge sombre très intense et
profonde, avec une légère évolution. Très grand nez sur un équilibre tertiaire,
avec un « fruité bourguignon » toujours présent, des notes fraîches
typées aneth / herbe fraîche coupée. Une pointe rustique en complément, plus
Gevrey que Chambolle. Immense bouche construite sur une acidité superlative,
habillée par une aromatique fraîche (aneth toujours), des tannins possédant un
grain exceptionnel. Finale étirée sur la fraîcheur, avec une longue
rétro-olfaction réglissée. Après un peu plus d’aération, une pointe d’épices
apparaît, et un supplément de mâche se fait sentir. Reste également une fine
amertume finale.
DOCG Barbaresco, Pajoré 2005, Sottimano : nez évolué sur les fruits confits, une impression tannique presque
crémeuse, une pointe réglissée en complément. Bouche cistercienne sur
l’élégance, complétée par une pointe d’astringence salivante bien venue.
Tannins encore jeunes. Un vin qui a un côté « Barolo » sur la
finesse. Grande empreinte en finale, avec une sensation d’élégance et
d’allonge. UN GRAND VIN encore jeune.
DOCG Barolo, Brunate 1995, Bricco Rocche, Ceretto : Robe
brun-orangé peu évoluée, de densité légère. Nez complètement fondu, sur un
équilibre confit, une rondeur douce complétée par une pointe animale, un côté
réglissé et des notes de fruits à l’alcool. La bouche est droite et soyeuse,
avec une longue acidité qui supporte une puissance maîtrisée et apporte une
belle vivacité sur la fraîcheur. Un vin dans la plénitude de l’âge, tel un
vieux Bourgogne mais avec un supplément de structure et d’aromatique. Les
tannins sont complètement fondus, mais garde un certain relief, un véritable
grain exceptionnel en bouche. Longueur superlative, douce, énergique, fraîche
et aromatique. Dernier retour sur la cerise fumée, le kirsch et une impression
de plénitude.
DOC Douro, Roquette et
Cazes 2014, Quinta do Crasto :
le festival continue avec ce vin qui présente un nez intense sur les fruits
noirs, une aromatique sudiste sans lourdeur et qui sait rester fraîche,
profonde et élégante. Pointe d’amers nobles / de notes végétales de bel effet. Malgré la jeunesse,
la bouche est diablement séduisante, tout en velours. Un jus séveux, des
tannins nobles, un fruité intense et bien mûr, sur une assise charpentée. Amers
nobles déjà bien intégrés, et qui participent à la définition d’un grain en
bouche velouté. Finale complètement à l’avenant, avec une trame tannique
complétée par un fruit et une épice de noble origine. Allonge exceptionnelle et
bien droite.
Chitry, Vau du Puits 2015,
Olivier Morin : avec l’adoubement de Fabien Espana,
ce choix s’est révélé gagnant, et plus que judicieux. Un nez immédiat, gourmand
et déjà gouleyant, sur la griotte noire bien juteuse, des fragrances fumées
élégantes, une pointe de grain tannique fin. Bouche qui pourrait paraître fine
et acidulée, mais ce vin est un « faux maigre ». Le fruité est soyeux,
les tannins sont veloutés, l’ensemble étant porté par une acidité presque
épicée. En fin de bouche, on décèle une empreinte saline très vineuse, avec de
la mâche, un glycériné velouté et une vraie gourmandise. Revenons à cette
première impression de légèreté, vite démentie par un accord particulièrement
réussie avec la chair tendre et finalement assez musclée du canard. Le concerto
était parfait ! Petite appellation, mais (encore une fois) un grand
plaisir à la clé.
Nuits-Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2008, domaine Chicotot : une robe légère, peu intense, sur un rouge
tirant vers l’orangé. Premier nez sur la douceur, fruits noirs infusés, notes
de fleurs fanées, et toujours cette touche torréfiée / de moka marqueur du cru.
A l’aération, le fruit ressort, plus acidulé, avec une impression d’alcool
noble, typé kirsch. En bouche, tout est douceur, onctuosité et soyeux. Le vin
« semble » léger, les tannins totalement fondus, l’acidité
parfaitement intégrée et l’aromatique juste dosée pour accompagner l’ensemble.
Le grain torréfié est toujours présent, essentiellement sur une finale à
laquelle il apporte un côté salivant et persistant. Vin cistercien, presque
intellectuel … mais un intellectuel qui dégage une sorte de perfection et de
plaisir avec ce triplet douceur / onctuosité / soyeux. Pas loin de l’Exceptionnel ! (on a beaucoup
entendu et lu sur les 2008 acides, déchargés et sans âme. Ce Vaucrains en est
le contre-exemple typique).
Nuits Saint Georges, premier cru Clos de l’Arlot 2011, domaine de l’Arlot : grand pinot mûr au nez, avec un joli fruité
fin, presque évanescent. Quelques notes animales complémentaires apportent un
supplément de caractère. Bouche suave dans la construction, très sérieuse et
sur un équilibre soyeux. Une sorte de « faux maigre » en quelque
sorte. Les tannins, encore parfois un peu jeunes, sont d’une finesse extrême.
Ils dessinent une lecture des terroirs de Nuits sur l’élégance, mais avec
toujours ce petit grain salivant. Un contre-point presque parfait avec le Black
Angus, d’une tendresse et d’une cuisson précise. Avec l’aération (nous avons
tranquillement fini la bouteille après le plat, et avant la suite), le petit
grain tannique se renforce dans le bon sens du terme, puis quelques notes
animales gentilles apparaissent. Les tannins deviennent crémeux, sans occulter
une finale sur la finesse, la fraîcheur et l’élégance.
Sancerre, Charlouise 2012,
Vincent Pinard :
un nez qui pinote clairement, sur des notes de fruits noirs bien murs. Grande
empreinte amplifiée par des notes herbacées nobles, complétées par une pointe
fumée douce. Bouche à l’avenant, sur une grande acidité. Elle m’évoque les
grands Bourgogne nés du côté de Chambolle. Toujours du fruit (noir), de la
cerise, mais une acidité qui donne le « la ». Finale soyeuse avec un
côté un peu nebbiolo. Tannins d’une grande classe, presque crémeux. De la
puissance et de la structure pour une fraîcheur et une finesse exceptionnelle.
Coteaux du Layon,
Anthologie de Grains Nobles 2010 :
la quintessence du chenin sucré. Miellé mais pas mielleux. Amers nobles mais
pas astringence triviale. Un côté presque jurassien mais pas Jurassique.
Pacherenc du Vic Bilh, cuvée Brumaire 2007, château
Bouscassé : un grand, très grand nez sur
la truffe blanche, des notes terpéniques très aromatiques. En bouche, c’est une
grande liqueur élégante et puissante. Truffes, épices douces, touches salines
se fondent dans un équilibre magistral. L’acidité et le sucre sont totalement
intégrés. De la soie en finale, sur des notes de caramel puis de torréfaction.
Amertume superlative en rétro-olfaction, en sus d’une liqueur douce sur
l’ananas chaud.
Sainte Croix du Mont,
château la Rame, cuvée Prestige 1989 :
un nez botrytisé avec des fragrances d’encaustique élégantes, une sensation
rôtie bien marquée. Belle bouche construite sur une amertume noble salivante.
La sucrosité de cette liqueur est exactement mesurée. Finale complexe, sur la
peau de noix, les amers nobles et un gras glycériné du plus bel effet.
Empreinte superlative en retour, presque torréfiée.
Islay Single Malt, Kilchoman, Machir
Bay qui présente un
nez tourbé de folie, complété par une sensation d’élégance et de douceur.
Bouche puissante, enrobée, faisant la part belle à la tourbe, sans sacrifier à
l’élégance. Rétro-olfaction sublime. Malgré la charge d’alcool, l’impression
générale est la douceur et l’apaisement. Avec l’aération et la raréfaction du
liquide, des notes de tabac blond - un marqueur patent pour moi - se
développent, pour finir sur une complexité entre (fausse) sucrosité et suavité.
Deuxième breuvage de contemplation. Nous sommes gâtés.
Grande
année 2020 à toutes et à tous, année qui sera un peu particulière avec un
changement de décennie et la promesse d’une retraite qui approche. Continuons
le combat !
RDV
l’année prochaine pour de nouvelles dégustations.
Bruno