31 mai 2019

L'auberge de la Caillère à Candé sur Beuvron (41)

Fin de notre périple ligérien ce samedi soir à l’Auberge de la Caillère, située à Candé sur Beuvron, à deux pas de Blois, de Chambord et de Chaumont-sur-Loire, un lieu stratégique pour quelque balade future.

Esprit résolument campagnard pour cette véritable auberge, sise dans un parc arboré où il fait bon flâner lors des premières chaleurs de mai. Chambres bien équipées, à la décoration mêlant avec justesse modernité et rusticité, et, cerise sur le gâteau, avec un accès direct au parc et ses nombreux salons de jardin. Une véritable invitation au farniente.

Place ensuite au repas. Pour cause d’allergie aux crustacés et fruits de mer, notre choix s’est porté sur le menu « Saveur » :
En guise d’amuse-bouche (non photographiés), j’ai beaucoup apprécié les cônes croustillants à l’espuma de chèvre frais et tartare de saumon fumé maison et l’œuf panacotta, fêves de tonka et émulsion de betteraves au vnaigre balsamique, une association réussie entre le terrien de la betterave et la délicatesse de la panacotta. Une très belle mise en bouche.

Foie gras de canard mi-cuit / chutney abricot et safran du Val de Loire / gelée verveine / pistaches

Demi-homard de Bretagne rôti au « Karri Goss » / artichaut / mousseline de persil / sauce cardinal

Poisson de pêche française / légumes de printemps « Jardin d’Eric Roy » / fumet légèrement citronné

Plateau de fromages

Fraises Gariguette de notre région / basilic / meringue à la liqueur de fraise / sorbet fraise balsamique noire / soupe de fraises au Cheverny

Pour accompagner le repas, nous avons bu :
Montlouis sur Loire, la Negrette 2017, domaine du Rocher des Violettes (Xavier Weisskopf) : sans prise de notes, un vin qui est apparu d’abord fermé mais qui, avec l’aération et le temps, s’est révélé un bon compagnon à la fois du Foie Gras et du Poisson. Nez plutôt opulent et fruité, une sorte de gras sur une trame acide et tendue. Bouche à l’avenant, plutôt bien structurée, tension. Très Bien +

En conclusion, très belle adresse idéalement située dans le Loir-et-Cher, constituant une base arrière au calme pour quelques visites de châteaux. Prestations de bon niveau, en accord avec les tarifs plutôt raisonnables.
Deux petits bémols toutefois : 1/ le service au restaurant est un peu trop rapide et surtout laisse une impression de stress et de manque de sérénité - 2/ la carte des vins comportent quelques erreurs, notamment sur les millésimes servis (dans notre cas : un 2017 servi en lieu et place d’un 2015, ce qui a sans doute changer pas mal de choses dans l’accord mets et vins). C’est dommage parce que l’assiette est vraiment de très haut niveau. Nous en garderons un très beau souvenir.

Bruno

Au fil de la Loire

Au fil de la Loire, un arrêt à Trèves :

L’église romane de Trèves : l’église Saint Aubin de Trèves a été construite à partir de 1106. Le clocher a été ajouté au XIII° siècle. Au XV° siècle, les murs latéraux sont renforcés et la nef couverte d’un berceau en charpente. L’église a été restaurée au milieu du XIX° siècle.
L’intérieur de l’église a gardé son aspect primitif. Les murs de la nef unique sont décorés de grandes arcades à cintres brisés reposant sur des colonnes. À la croisée du transept, une belle voûte sur trompe amorce une tour carrée surmontée d’une toiture en pavillon. La base du clocher, face à l’entrée à droite, est ornée d’un grand arc plein cintre à la manière poitevine. L’église contient un baptistère en porphyre orné de quatre masques en saillie, dont un à figure humaine. Près de la croisée, se trouve l’ancien tabernacle, lanterne en pierre blanche de style gothique flamboyant de la fin du XV° siècle. Au fond du transept droit, sous une arcade, se trouve le tombeau de Robert le Maçon, seigneur de Trèves et chancelier du roi Charles VII, qui mourut le 2 janvier 1443.
La façade, très simple, est ornée de trois arcs entre deux contreforts d’angle. Sous l’arcade centrale, la porte en plein cintre est décorée de petites dents de scie. Les murs présentent de grandes arcades en cintre brisé qui semblent avoir été ouvertes au XII° siècle (pour donner peut-être accès à de grandes galeries latérales détruites aujourd’hui). On peut voir encore la trace des petites fenêtres du XI° siècle, celles que l’on voit datent du XIX° siècle. Le clocher-tour est sobre et massif, couronné d’une flèche de pierre de tuffeau du XV° siècle cantonnée de quatre lanternons.

Quelques photos ...

Le château de Trèves : le donjon de Trèves, datant du XV° siècle, est le seul vestige restant du château de Trèves construit au XI° siècle par Foulque Nerra. Il fût détruit à la fin du XI° siècle, puis reconstruit au XI° siècle par Foulque IV le Réchin puis au XV° siècle par Robert le Maçon dont le gisant est conservé dans l’église toute proche.

Quelques photos ...

Bruno

Visite chez Catherine et Philippe Deslevaux (Saint Aubin de Luigné, 49)


Petite visite matinale chez Catherine et Philippe Delesvaux, pour une révision de nos classiques angevins, en blanc, en rouge et en sucrettes.
C’est Philippe qui nous reçoit malgré une toux tenace. Nous l’en remercions d’autant plus.

En route pour une dégustation toujours ponctuée d’échanges et d’humanités.
Anjou, le Roc 2016 (cabernet franc) : un nez très fruits murs, avec une intensité qui peut évoquer son cousin sauvignon. Bouche typique, bien droite, saline, presque perlante. Un vin avec de la mâche qui se termine sur une finale fraîche et de beaux amers vibrants. Très Bien +
Anjou, Montée de l’Epine 2015 (cabernet sauvignon) : un nez plus animal, peut-être un peu sur la réduction. Très belle structure (en devenir) en bouche, de la soie, avec une finesse des tannins très sensuelle. Grande (belle) amertume finale qui demande à se fondre. Un grand potentiel pour l’avenir. Excellent (+)
Anjou, Feuille d’Or 2018 : floralité veloutée au nez, une impression (fausse) de sucre. Bouche très avenante, sèche mais douce, une belle rondeur gourmande. Finale avec du peps. Très Bien
Anjou, Franc de Pied 2015 : quelle floralité mentholée au nez, complétée par une belle et élégante aromatique. Bouche très jeune encore, mais déjà sensuelle, avec du gras, de la tension, un toucher immense. Excellent +
Anjou, Franc de Pied 2017 : un équilibre sec-tendre du plus bel effet, qui ne sacrifie rien à la tension minérale, la pâte du terroir et des vignerons ! Un ressenti sec alors que la charge en sucre penche analytiquement vers un demi-sec. Equilibre magistral en bouche, rétro-olfaction d’une grande fraîcheur. Immense potentiel. Excellent ++
Coteaux du Layon, Passerillé 2018 : un petit bonbon sur la douceur et la légèreté. Très Bien
Coteaux du Layon, les Clos 2016 : un nez presque rôti (il pourrait être déclaré en « SGN »), avec une aromatique et une complexité superbe. Douceur bien construite en bouche, presque de la liqueur de raisin. Amertume élégante sur le caramel « cuit ». Excellent
Coteaux du Layon, SGN 2015 : un « grand » clos. Tout est multiplié malgré la prime jeunesse du vin. Finesse, corpulence, sucre « perlant ». Excellent +
Coteaux du Layon, SGN 2011 : très grand nez sur le Botrytis. Rôti. Ananas. Peau d’amendes vertes. Amers nobles. Un cognac sucré en bouche, avec de la fraîcheur et une trame acide en arrière-plan. Pointe mentholée en finale. On approche du nirvana. Excellent +(+)
Coteaux du Layon, SGN 2010 : changement complet de registre ici. Nez sur les fruits secs et la figue gorgée de soleil. Pointe de noix verte. Grosse structure de SGN avec toujours ces notes de figues en bouche. Plus de puissance que son cadet de un an, mais moins prêt aujourd’hui. Excellent + (Potentiellement plus encore)
Coteaux du Layon, Anthologie de Grains Nobles 2010 : la quintessence du chenin sucré. Miellé mais pas mielleux. Amers nobles mais pas astringence triviale. Un côté presque jurassien mais pas Jurassique. Anthologique

Nous remercions encore une fois Philippe pour sa disponibilité et cette parenthèse amicale, dans un contexte où les vins sont toujours au top. Nous reviendrons en Layon tant qu’il restera des Delesvaux …

Bruno

30 mai 2019

Retour au Favre d'Anne (Angers, 49)

Retour au « Favre d’Anne » pour cette seconde soirée angevine, avec toujours la même envie au départ, et le même plaisir à l’arrivée. Le cadre, l’accueil de Madame Favre d’Anne, le calme et la sérénité qui se dégagent, l’assiette bien sur et la carte des vins toujours intéressante à des prix doux.
C’est la même équipe qu’en février dernier, signe d’une stabilité autour du chef et de son épouse. En route pour « l’Envolée des Saveurs ».

Menu l’Envolée des saveurs
 
Amuse-bouche sous la forme d’une Gouline déstructurée et revisitée

Langoustines Bretonnes - Royale de Foie Gras - Agrumes
(Carpaccio de champignons pour l’allergique que je suis)

Barbue rôtie - Fenouil confit - Cassis et Guignolet d’Anjou

100 % végétal

Filet de Bœuf - Artichaut Salicornes - Anguille fumée de Loire

Un détour par Manigod : quelques fromages de « ma Savoie natale »,

et mon interprétation toute personnelle (quel Bleu de Termignon !)

Les Douceurs Angevines …
Le galet de Loire création 2019

Je redirais en substance ce que j’ai écrit en février dernier. Magnifiques assiettes, tous les plats montrent une maîtrise totale de la cuisson des produits de la mer (et de la terre), les accompagnements sont redoutablement bons, subtils et efficaces, les sauces légères et parfaitement dosées.
La Gouline déstructurée est une introduction gustative redoutable.
Le croquant et le goût du carpaccio de champignons, associé au gras et à la finesse du Foie constitue un must.
La sauce « Cassis / Guignolet » du poisson est audacieuse, mais le résultat est sublime (et complétée justement par les notes de fenouil confit).
Superbe pièce de bœuf, dans un esprit « Terre-Mer » avec l’anguille fumée, ses petits légumes et une sauce soyeuse.
Plateau de fromages bien construit, avec encore un magnifique Bleu de Termignon vieilli à la perfection, crémeux, sec et avec de beaux amers.
Originalité du dessert, sur la légèreté et les saveurs (quel avant-dessert sur la base dune tarte à la fraise revisitée), pour finir en douceur ce magnifique repas.

Côté vins, nous avons choisi :

A l’apéritif, servi à l’aveugle, Jasnières, Chant de vigne  Brézé 2015, , Christine de Mianville : au premier coup de nez, on reconnaît le cépage chenin, sur un équilibre plutôt floral et fin. La bouche est tendue sur une base minérale élégante et fine,, un côté sec mais sans être « strident ». Un vin sec, pas très gras mais aimable, avec un côté caillou chaud de belle facture. Finale superbement saline, presque grasse en rétro-olfaction, avec une pointe mentholée salivante. Excellent

Saumur, cuvée Jurassique 2015, domaine du Pas Saint Martin : (sans photo) un premier nez plutôt sur un équilibre de rondeur, avec un fruité intense, une grande aromatique qui présente un côté presque jurassien (une fausse semi-oxydation qui tend le vin dans le bon sens du terme). Notes calcaires fines. En bouche, le vin est construit sur une minéralité très profonde et marquée, du caillou qui pourrait, par certains côtés, faire penser à un Chablis (le côté « Homme Mort » sans la coquille d’huitres …). Le tout est habillé par un gras élégant, un mentholé fin, une finesse caillouteuse … qui se retrouve jusque dans la finale alliant corpulence et finesse. Très jeune mais d’un potentiel de plaisir immense. Excellent +

Avec le bœuf, un verre de Crozes-Hermitage, Cap Nord 2015, Laurent Combier : robe rouge sombre et profonde. Un nez à la fois très fruité et profond, des fruits noirs presque nuitons, une pointe d’épices fines, juste ce qu’il faut, avec un ensemble qui paraît déjà complexe et surtout pas monolithique comme beaucoup de Syrah. Grande bouche sur l’épice douce. La structure tannique est fraîche et vive, de belle qualité, avec une légère « rondeur » suave. Une Syrah qui possède du volume et du caractère. Très Bien +

Confirmation de la qualité gustative des assiettes, notamment pour la précision des cuissons et les accompagnement encore plus justes (l’audace - réussie - de la sauce Cassis / Guignolet avec le poisson). Le service est toujours aussi précis et décontracté !
Un grand merci à Madame Favre d’Anne pour l’apéritif offert et la découverte d’un nouveau domaine / d’une nouvelle appellation.
Vivement le salon des Vins de Loire millésime 2020 et ses avant-premières !

Bruno