29 novembre 2009

L'empire contre-attaque

ou le second épisode du Salon des Vignerons Indépendants ...
.
Vendredi soir, en pleine dégustation, coup de fil impromptu d'un ami. Et je m'entends une réponse un peu sèche. La nuit (et la douche du matin) portant conseil, appel très matinal pour m'excuser de ma conduite un peu cavalière. Cinq minutes de discussion et me voilà prêt pour une seconde séance (de rattrapage) au SVI en bonne compagnie.
.
Fidèle à mon inorganisation du WE, pas de bloc, donc pas de notes. Je vais essayer de retranscrire de mémoire quelques impressions prises sur le vif.
.
Les bulles.
Chez Agrapart, les champagnes sont caractérisés par un dosage minimaliste et une très très forte minéralité (qui tutoye parfois une acidité de structure très présente). Pas mon style mais je comprends que certains puissent aimer cette force obscure.
Chez Pierre Montcuit, je suis à la recherche de Maître Yoda. Un champagne dégusté au Restaurant (ICI). Seul souvenir, une étiquette argentée, maigre indice dans la galaxie des champagnes. Nous commençons par un "Hugues de Coulmet Brut" passe-partout. Puis un "Pierre Montcuit Delos" assez vif, frais et sur des notes briochées très légères. Je retrouve là mon graal perdu. Pour finir, un "Grand Cru millésimé 2002" très murs, élégant, complexe et minéral en final, sans aspérité. Une très belle gamme.
.
Les vins tranquiles.
Retour au Domaine aux Moines où nous poursuivons la verticale commencée la veille. Un 1992 très miellé, sur la cire, avec une belle acidité / minéralité. Un 1999 plus sur des notes de fraîcheur mentholée, toujours cette minéralité  sous-jacente. Un 2004 déjà bien constitué, encore sur des notes florales et fruitées. Une gamme cohérente, avec des vins qui, malgré les spécificités de chaque millésime, montre une belle série évolutive.
Chez Jo Landron, un Gros Plant 2008 très croquant, peut-être un peu court. Une belle série de Muscadets (domaine de la Louvetrie) qui va crescendo, jusqu'à un Haute-Tradition 2007 associant très avantageusement la vivacité du cépage et une belle structure qui en fait un vin de gastronomie et de semi-garde (Le Fief du Breil 2008 m'a paru, malgré sa densité, assez peu causant).
Chez Marc Deschamps, autant j'ai trouvé son Pouilly Sur Loire 2008 (cépage Chasselas) un peu décharné, autant le 2007 gouté le soir même m'a procuré un plaisir croquant, frais et gourmand. Une série de Pouilly-Fumé couronnée par un "Vieilles Vignes" d'une belle facture citronnée.
Chez Dupasquier, un Jacquère 2008 sur la fraîcheur, la gourmandise et une pointe de salinité très agréable, un Altesse 2007 plus sur les agrumes et avec une structure plus dense, un Marestel 2006 de toute beauté malgré sa jeunesse, alliant fraicheur d'agrumes, notes de boisée légères et salinité agréable (très légère perceptionn de sucres résiduels). Par contre, je suis passé complètement à côté du Chardonnay !
.
Les douceurs.
A la Tour Blanche, le Sauternes 2007 est parti pour quelques années, avec de belles notes de Botrytis, une pointe d'amertume et une ampleur exceptionnelle. Le Sauternes 2002 est déjà un peu plus évolué, avec une puissance maîtrisée et une élégance superlative. Excellent (les secs du domaine ne m'ont par contre par impressionné, par leur acidité trop marquée et leur caractère trop linéaire).
Au domaine Cady, si le Layon "de base" 2008 m'a paru un peu simple et monolithique, j'ai beaucoup apprécié le côté liquoreux sans lourdeur et avec une belle fraîcheur en bouche du Coteaux du Layon St Aubin  "Les Varennes 2008". Le Chaume 2008 est plus marqué par une acidité qui vient au détriment de la sucrosité. Les SGN sont de belle facture, même si on peut percevoir ça et là une très légère lourdeur (par rapport aux SGN de Philippe Delesvaux par exemple).
.
J'ai pleinement conscience du caractère partiel de mes impressions, compte tenu du fait que je n'ai pas pris de notes pendant toute cette journée. Indulgence est demandée au lecteur. Merci.
.
.
Bruno

27 novembre 2009

Mon Salon des Vignerons Indépendants

Visite éclair cet après-midi au Salon des Vignerons Indépendants pour refaire le stock de quelques appellations françaises trop méconnues.
.
Domaine aux Moines à Savennières (49) :
Un Savennières sec 2008 de folie. Le nez "pète" les agrumes (orange / mandarine), avec une très légère impression moelleuse. En bouche, le vin est extrêmement complexe et déjà bien en place : attaque demi-ronde sans molesse. Belle acidité qui structure et tient le vin. Finale conforme au nez, très agréable, fraîche, minérale avec une belle rémanence fruitée. EXCELLENT (aujourd'hui et avec un très beau potentiel de garde)
Savennières, cuvée Les Nonnes 2007 (moelleux) : un nez qui me rappelle certains Aubance (ananas confit). En bouche, vin de demi-corps, de sucrosité légère et très fruité (toujours sur l'ananas). Belle astringence noble qui rend le vin "pêchu". Pas forcément une bête de concours mais certainement un vin de gastronomie (nous avons évoqué un filet mignon au miel et/ou à la crème par exemple). Miam Miam pour son côté "social à table"
Savennières, cuvée Les Abbesses 2007 (liquoreux) : un nez plus rôti que le précédent, plus "terrien", un vrai chenin liquoreux. En bouche, une très belle liqueur, glycérinée, sucrée à souhait, mais toujours avec cette minéralité schisteuse qui tient le vin et l'empêche d'être "mou". EXCELLENT (en dégustation pure - Sans doute un peu plus compliquée à marier à table)
.
Domaine du Joncier à Lirac (30) :
Lirac Le Gourmand 2008 : un vin simple, gouleyant, fruité (fruits rouges) et floral (violette). Un légère pointe de sécheresse en finale. BIEN
Lirac Le Classique 2007 : nez déjà plus vineux, marqué par une touche d'épices. En bouche, équilibre entre fruits et tannins, sur un registre corpulent et épicé. BIEN+++
Lirac Les Muses 2007 : un nez plus "méridional" (pruneaux, olives, épices) qui sait rester frais. Bouche très veloutée malgré une charge tannique imposante. Belle finale tendue. TRES BIEN
.
Château de Bois Brinçon à Blaison Gohier (49) :
Cabernet d'Anjou 2008 (Rosé demi-sec) : Ca pête le fruit, aussi bien au nez qu'en bouche. Structure légère et fraîche. Un vrai vin d'été
Coteaux de l'Aubance 2008 : Un nez très expressif, sur l'ananas sucré. En bouche, la sucrosité est peu marquée et sans doute masquée par une belle acidité de structure. Beaux amers. TRES BIEN
Coteaux du Layon 2007 : Plus de sucrosité en bouche mais moins de complexité. Un vin relativement simple (et monolithique).
Coteaux du Layon Faye 2006 : un nez plus exotique (mangue, pamplemousse, fruits blancs). Une bouche équilibrée, entre sucres, acidité, moelleux et rôti (léger). Fraicheur en finale. BIEN+++
Coteaux du Layon, SGN 2003 : On retrouve globalement une structure proche du vin précédent, avec toutefois un supplément de profondeur, de liqueur, de rôti noble (abricot). Très belle finale, longue, fraîche, presque mentholée, sans lourdeur et possédant une belle tension. EXCELLENT
.
.
Bruno

15 novembre 2009

Le long de la vallée de la Loire

Un double cadeau offert pour nos 25 ans de mariage fût l'occasion d'une petite visite dans la vallée de la Loire, entre la partie extrème-occidentale de l'Indre et Loire et les confins du Perche.
.
Première halte extrêmement sympathique en chambre (et table) d'hôtes à l'Hostellerie de Savigné sur Lathan (Site Internet ICI), village fortifié par la famille Du Bellay au XVI° siècle. Cuisine familiale extrêmement goutue, axée sur les terroirs régionaux : rillettes tourangelles, Sainte Maure (fromage de chèvre), Sauvignon de Touraine et Bourgueil. Au menu de ce dîner pris en commun dans la grande salle à manger : salade de rillons poellés, sandre au beurre d'oseille et son flan de pommes de terre, courgettes et potimarrons, et tarte à la poire.
.
Le samedi, quelques étapes marquantes de notre voyage entrepris par le chemin des écoliers, entre Langeais et La Ville aux Clercs :
.
En pleine forêt de Chinon, près de St Benoit la forêt, les restes de l'abbaye bénédictine Notre Dame de Turpenay, fondée en 1127 par Foulques le Jeune, comte d'Anjou. Subsistent aujourd'hui le Logis Abbatial et l'hôtellerie du XV° siècle, ainsi qu'un ensemble de portes du XVII° siècle.
.
C'est à l'époque carolingienne, que le clan germanique des Poppo s'établit sur le piton rocheux du "Mons Poppo" (devenu ensuite par déformation Montpoupon). Au Moyen-Age, la place hautement stratégique, entre Loches (aux mains du terrible Foulques de Nerra) et Montrichard (qui appartenait à son ennemi juré, Eudes, comte de Blois), fût le théâtre de sanglants affrontements. Laissé à l'abandon après la guerre de Cent Ans, le château fut reconstruit à partir de 1460 par les seigneurs de Prie et de Buzançais qui le transformèrent en une demeure de style Renaissance. A partir du milieu du XVII° siècle, les bâtiments se délabrèrent et furent restaurés à partir de 1763 par le Marquis de Tristan. A la Révolution, seule la chapelle fut détruite. En 1840, Mr de Farville, son nouveau propriétaire, fit construire les communs tels qu'ils existent encore aujourd'hui. Enfin en 1857 Jean-Baptiste de la Motte Saint Pierre, arrière grand père de l'actuelle propriétaire, acheta le château. La famille fit des travaux extérieurs (fin XIX° siècle) et intérieur (1920) afin de redonner à Montpoupon l'aspect Renaissance qu'il présente aujourd'hui.
.
L'Abbaye d'Aiguevive, à 5 km au S-E de Montrichard, a été fondée en 1147 par Garlet, Gouverneur de Montrichard. De nombreuses donations en firent une Abbaye très riche. A la Révolution elle fut vendue comme Bien National, ce qui explique son état actuel.
.
Le site archéologique des "Maselles" à Thésée-la-romaine regroupe les vestiges de l'antique cité gallo-romaine de Tascacia. À la fois traversée par le Cher et située sur une voie terrestre reliant Tours à Bourges, la position privilégiée de ce bourg lui permit de prospérer, en facilitant le commerce de céramiques dont il était un grand producteur du I° au III° siècle de notre ère (l'indice le plus manifeste de son importance est que le site figure sur la plus ancienne carte actuellement connue du monde romain, sur la voie Tours -Bourges). Les bâtiments du II° siècle (7,40 m en élévation), construits dans un calcaire local, sont dans un état de conservation remarquable. Liés à une activité économique florissante, ils ont pu servir de relais, d'entrepôt, de bourse du commerce, voire même de tribunal administratif et commercial.
Thésée est également connu pour de très bons producteurs de Sauvignons de Touraine (ICI).
.
On ne présente plus Chambord ... mais je ne résiste pas à vous proposer le texte de présentation que l'on trouve sur le site officiel du château (ICI) :
Pour comprendre Chambord il faut se laisser gagner par l’exaltation et la démesure de François Ier, tout juste âgé de 25 ans, qui veut donner au monde le témoignage spectaculaire de ses deux passions : la chasse et l’architecture. Pour en prendre toute la mesure vous devez vous abandonner progressivement à la découverte d’un lieu unique construit au début de la Renaissance. Tout d’abord franchir un mur de 32 kilomètres de long, pénétrer dans une forêt dense et giboyeuse, et découvrir en son cœur un joyau architectural intact. Ensuite il faut se laisser écraser par son gigantisme, en dehors de toute échelle humaine, et vous faire surprendre par cette alchimie des formes et des structures où rien n’est laissé au hasard. Chambord est bien plus qu’un château : c’est une architecture d’exception, une prouesse technique, un colosse de pierres… tout simplement le rêve du jeune roi François.
La suite ICI
.
Quelques photos de Chambord pour la route ...
.
Le château depuis l'extérieur de l'enceinte
.
La tourelle qui surplombe ...
.
le grand escalier central (à double révolution)
.
Le même, vu de l'intérieur
(on comprend bien ici l'expression "puit de lumière")
.
L'esacalier de l'aile royale
.
Sur la route de notre seconde halte, un détour par les bords de Loire, où l'on pût admirer tour à tour
.
les animaux dans leur mileu naturel
.
une lumière bleutée vers l'orient
.
un contre-jour vers l'occident
.
Le Manoir de la Forêt se situe sur la commune de la Ville aux Clercs (site Internet ICI). Ancien relais de chasse du XIX° siècle, il nous offre une halte paisible et gourmande au coeur de la forêt vendômoise. Adhérent de la chaîne "Châteaux et Hôtels", il propose des repas gastronomiques traditionnels dans une ambiance (chambres et salle de restaurant cosi).
.
Le vin de la soirée : Châteauneuf du Pape, château la Gardine 2003 : nez qui dégage une impression d'opulence, sur des notes d'olives noires et de garrigue. En bouche, un bel équilibre entre la charpente, les tannins et une belle acidité. Olives noires (encore), minéralité fumée (type pierre à fusil) et tannins élégants quoiqu'imposants. Le côté compoté du millésime est à peine perceptible. Le vin termine sur une note moelleuse très agréable. Bel persistance et bel accord avec le gibier (rôti de chevreuil, pomme purée et sa sauce aux baies). TRES BIEN.
.
Après une nuit salvatrice bien méritée, retour ensuite sur Paris.
.
Un grand merci à nos généreux donateurs qui nous ont offert un (bon) pretexte à de belles découvertes.
.
.
Bruno

6 novembre 2009

Champagne !

Hier soir, pour célébrer la réception du fameux "papier rose", signe désormais officiel que Mademoiselle peut conduire en toute légalité, nous avons ouvert :
.
Champagne Henriot, cuvée souveraine : un BSA sur la finesse. Robe jaunâtre très brillante, sans évolution. Premier nez assez perlant qui, après aération laisse entrevoir une belle finesse minérale, frais, crayeux, légèrement vanillé, avec quelques touches agrumineuses. En bouche, attaque franche et légèrement acide, mais sans être dérangeante. Une structure en demi-corps, très minérale mais sans agressivité ni sécheresse. Franchise et équilibre. Belle finale sur des notes de noisettes. BIEN++
.
.
Bruno

1 novembre 2009

Un week-end ordinaire

Repos des sens ce week-end, avec au programme, farniente et cocooning. Pour ne pas perdre l'entraînement, deux vins au programme.
.
Chassagne-Montrachet, Premier Cru Clos de la Maltroye, 2004, château de la Maltroye (servi sur un bar roti, huiles et cumbavas, à la manière d'Olivier Roellinger) : une robe encore jeune, dorée avec de beaux reflets verdâtres. Un nez élégant et grillé, révélant tour à tour des notes vanillées, des fragrances de noisettes grillées et un côté minéral / salin assez marqué. En bouche, le vin se révèle par une charpente bien marquée, une minéralité profonde alliée à une floralité légère (plus typé Puligny que Chassagne sur l'attaque en bouche). Complexité et équilibre. Belle persistance assez intense, florale presque grasse, sur des amers très agréables et presque salins (à l'instar des Saint Aubin de Marc Colin), titillant les papilles. Acidité maîtrisée qui tient / soutient / maintient le vin. Très gourmand. TRES BIEN (sera sans doute meilleur d'ici 2 à 3 ans).
Graves, Château Villa Bel Air 2004 : une robe relativement dense, sombre et sans trâces d'évolution. Au nez, impression de raideur et de verdeur (?), sur le poivron. En bouche, un vin pas très complexe, moyennement corpulent. Arômes poivronnés relativement verts puis, après aération, des notes torréfiées enveloppantes. Finale fraîche, légèrement raide et assez longue. Un vin sans doute marqué par le millésime (j'ai pourtant souvenir d'un 1997 - année exceptionnelle pour les bordelais - mais quelle année n'est pas exceptionnelle en Bordeaux ? - relativement bien fait, mûr, sans verdeur, d'une garde certes courte à moyenne, mais procurant bien du plaisir après 6 / 7 ans). BIEN (sans doute à revoir dans un an ou deux).
.
.
Bruno