Pour cause d'appartement trop petit, l'ami François nous avait contacté afin d'organiser l'anniversaire de son épousaille, alias "la Comtesse". Notre mission, si nous l'acceptions, fournir le gîte et la table pour une bande de soiffards attirés par le gout du bon vin. En ce jeudi soir, nous voilà donc tous réunis pour une soirée qui s'annonçait d'ores et déjà haute en couleur, vu la tête de l'hôte d'un soir.
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Je lui laisse le soin de préciser l'intitulé exact des plats dégustés ce soir.
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Pour nous ré-hydrater :
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Pinot blanc 1971, Robert Faller : un nez sur le miel et la réglisse, avec un caractère oxydatif mesuré et agréable. Belle acidité en bouche, relativement corpulent. Moyennement complexe. Finale sur la morille et la truffe blanche. J'ai bien aimé.
Riesling 1971, Robert Faller : par rapport au précédent, je l'ai trouvé présentant une assez forte acidité, rendant le vin un peu trop raide à mon gout. Léger rancio.
Graves Grand Cru Classé, château Carbonnieux 1971 : magnifique nez de fraîcheur et de jeunesse, sur les agrumes, le citron, le pamplemousse et une touche de citronnelle vivifiante. Manifestement, la bouche sauvignonne. Complexe grâce à un beau gras, charpenté, complexe et suave. Finale longue, fraîche et tendue, presque salivante. Le blanc sec de la soirée. J'ai beaucoup aimé. EXCELLENT.
Bâtard-Montrachet Grand Cru 1971, Leroy (négoce) : malgré le nom et le renom - presque dithyrambe - encore un bourgogne oxydé et mort ! Il faut sans doute savoir ne pas prêter (ou vendre) son nom pour n'importe quoi (ou à n'importe qui). Passons ...
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Beaune Clos des Avaux 1971, Hospices de Beaune : un nez assez puissant, presque viandé comme certaines vieilles Côtes Roties. La bouche est à la fois puissante et fruitée, sur le cassis essentiellement. On y retrouve ces notes animales. Ça 'grenache', avec un côté un peu sucreux presque fatiguant. Un accessit pour ce vin.
Corton Grand Cru 1971, domaine Rapet : Dès le premier nez, on retrouve ce nez de pinot, qui balance entre fruits rouges et noirs. Notes légères de café torréfié à l'aération. En bouche, c'est la complexité et l'équilibre qui dominent. Fraîcheur, droiture, longueur, acidité intégrée, tannins polis, fruité épicé. Ultra-persistant, sur un registre toujours délicat et droit. Le rouge de la soirée. Sans doute supérieur au 1985 dégusté ICI (et en ayant encore sous la pédale). EXCELLENT.
Mazis-Chambertin Grand Cru 1971, Marquis de Villeranges : un nez profond dans sa rusticité terrienne. En bouche, le vin est droit, presque cistercien. Droiture et puissance, un joli grain en bouche, de la rusticité agréable et un beau fruité intense (myrtille). Très belle finale tout en plénitude. Un vin plutôt sur la finesse et la grâce, malgré sa structure tannique. J'ai beaucoup aimé.
Musigny Grand Cru 1971, domaine Comte Georges de Vogüé : un premier nez très déconcertant, évoquant le métal brossé et surchauffé. A l'aération, on retrouve un caractère plus fruité, profond et soyeux. En bouche, le vin apparaît sur un équilibre entre la finesse et une structure relativement imposante. Soyeux et réglissé. Finale relativement courte et sur une amertume un peu (trop !) prononcée. Je l'ai trouvé agréable mais cependant décevant compte-tenu de l'étiquette.
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Moulis en Médoc, château Poujeaux 1971 : un vin plutôt sur la finesse et l'élégance des tannins. Bien fait, gentil, ... mais sans éclat particulier.
Pauillac Grand Cru Classé, château Pichon Lalande 1971 : le nez est d'abord plein de promesses, sur les fleurs fanées. Malheureusement, la bouche m'est apparue aqueuse, sans grande distinction.
Pauillac Grand Cru Classé, château Mouton Rothschild 1971 : dès la première impression, il se dégage de ce vin une race et une profondeur intense. En bouche, le vin est sur un registre de droiture et de fraîcheur. Joli réglissé sur une acidité tenant le vin.Très long. Cependant, il manque le je-ne-sais-quoi pour en faire un Grand vin. J'ai bien aimé (mais une relative déception devant l'étiquette).
St Estèphe Grand Cru Classé, château Cos d'Estournel 1971 : un joli nez résiné est perceptible derrière cette satanée note de TCA. Une ultime tentative en bouche confirme cette première impression. Bouchonnée ou déviante. Sans commentaire !
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Pomerol "Grand Cru", château La Fleur-Pétrus 1971 : un nez très profond, ultra-puissant, sur la truffe, les fruits rouges et des notes secondaires peu développées (pour son âge). La bouche est totalement fondue, tannique mais policée, ronde, grasse et onctueuse. Finale soyeuse et possédant une belle mâche (presque encore astringent !). EXCELLENT.
Champagne Perrier-Jouët 1971 : ultra-oxydé et à peine perlant. Je passe.
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Coteaux de l'Aubance, La Morinière 2008, château de Bois Brinçon : pas pris de notes et pas de souvenir.
Riesling Kabinett, Scharzhofberger 2008, Egon Müller : un nez magnifique, légèrement perlant, sur le pamplemousse et les fleurs blanches. La bouche m'est apparue courte, relativement acide. Sans doute trop jeune aujourd'hui (aurait certainement nécessité un carafage). A revoir.
Riesling Beerenauslese, Ürziger Würzgarten 1971, Jos. Christoffel Jr. : un nez qui m'évoque la mine et la rognure de crayon, les agrumes confits et des notes pétrolées. Très aromatique et complexe. A l'aération, superbes fragrances d'amandes amères et de menthol. La bouche est clairement sur les amandes amères et les fruits exotiques. Elle présente un équilibre magnifique entre l'acidité et les sucres résiduels. EXCELLENT. LE VIN DE LA SOIREE TOUTES CATEGORIES CONFONDUES.
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Voilà, après une courte nuit de sommeil et un après-midi de lavage de verreSSSSSS, il nous reste à remercier l'ami François pour ce partage de quelques bouteilles magiques. Encore une très belle soirée, entre sérieux et grosse marade pour le débouchage de ces 'vieux' vieux (oui François, nos tiges sont trop courtes pour les bouchons imbibés ...).
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Gwenola, rendez-vous pour tes 50 ans avec, c'est promis, quelques vins jaunes à déguster (un avant-gout avait été tenté en fin de soirée, avec un simple "savagnin", mais sans succès !).
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Bruno