29 janvier 2022

Repas au restaurant "La Maison d'à Côté" (**) à Montlivault (41)

Dernière étape de ce week-end, certes raccourci, mais de toute beauté. Alléché par quelques reportages sur des blogs amis, l’envie nous titillait d’aller tester la cuisine de Christophe Hay, dans son établissement « La Maison d’à Côté » situé à Montlivault, tout près de Blois.

Arrivée en toute fin d’après-midi, je classe l’Hôtel dans une catégorie « casual chic », sans fioriture, mais avec une décoration simple, sobre et efficace. L’idéal pour une étape gastronomique d’une nuit, nous permettant de ne pas reprendre notre véhicule après le repas. Nous sommes installés dans le salon, qui présente l’avantage d’une impression de cocooning et d’entre-soi, une seule autre table de 2 personnes partageait l’espace.

Très bel accueil, professionnel, précis mais décontracté. Le chef vient en personne s’enquérir de nos envies, et nous partons sur un menu en six services :


Amuse-bouche ...


BLACK BASS, poire de terre, pourpier, baie de Sancho du jardin


FOIE GRAS DE VILLERMAIN, betterave cuite au sel, lamier


TRUFFE DE MONT-PRES-CHAMBORD, endive, gouda de Tours, orge perlé


SILURE POCHE, bulbe de capucine, agastache


BICHE DU DOMAINE DE CHAMBORD, cerfeuil tubéreux, graines de chanvre


Avant dessert


POMME PATTE DE LOUP, comme une tatin, sarrasin de Sologne en pralin


Post-dessert


Une très belle assiette, de la vaisselle élégante et originale, des associations de saveurs au cordeau, le plaisir de la redécouverte du goût des produits, par un dosage minimaliste du sel (et du sucre pour les desserts) et des sauces légères mais gouteuses, un jeu entre les textures des différents constituants des plats. Cuisine très originale, de très haut niveau.

Service à l’avenant, avec une partie de la brigade impliquée dans le service et la présentation des plats, une façon de rappeler que la cuisine est un travail d’équipe. Sommelier à l’écoute et de bon conseil, même si la tendance actuelle est de servir les vins blancs un peu trop chambrés à mon goût.


Pour accompagner le repas, nous avons choisi :

Saumur, 2016, domaine du Collier (Caroline et Antoine Foucault) : un nez minéral ciselé, sur la pierre à fusil, avec des notes grasses plutôt fines. Aromatique sur un côté floral frais, complémenté par quelques touches de fruits jaunes. Bouche à l’avenant, révélant un joli gras et un toucher (grain en bouche) presque tannique. Impression tellurique et puissante. Finale sur une longue et grande élégance. Avec le foie gras, le vin prend un peu un côté « chardonnay », avec le développement d’une fine salinité salivante. Excellent

Pouilly-Fuissé, 2016, Jules Desjourneys : autant le dire tout de suite, je suis passé un peu (beaucoup) à côté de ce vin, sans doute la faute à une température de service trop élevée. Au nez, j’y ressens des notes d’élevage, sur la vanille, un gras opulent un peu caricatural. Bouche avec une belle acidité, une trame élégante … mais vite rattrapée par la vanille. Quelques notes de cailloux chauds apparaissent, mais le vin manque cruellement à mon goût, de définition et de finesse. A revoir

Saumur, les Arboises 2017, Romain Guiberteau : magnifique cabernet franc. Un nez sur le fruit éclatant, ciselé, une impression de trame acide. Notes de fruits noirs, pointe réglissée. Bouche droite, traçante, avec une belle acidité. Des tannins élégants, subtils, presque crémeux. Du caractère. Finale sur une minéralité tout en précision. Accord majeur avec la biche. Excellent +


En conclusion, une adresse étonnante, de très grande qualité, avec une recherche dans la construction des plats, entre graphisme, (mélange de) textures et goût retrouvé des produits. Il n’est pas exclu que ce premier épisode soit suivi d’un deuxième !


Bruno


Dégustation chez Jacky Blot à Husseau (37)

Après deux ans d’attente pour les causes que nous connaissons tous, nous revoilà en ce samedi après-midi au domaine de la Butte, pour une dégustation et un moment de partage et de convivialité avec Jacky Blot. Une nouvelle fois, nous ne pouvons que louer la disponibilité et la gentillesse de Jacky qui nous fait, toujours, le plaisir de goûter l’ensemble de sa gamme, parfois même sur des millésimes anciens.

En route donc pour un tour de Touraine vinique !


Quelques bulles pour débuter

Triple Zéro (millésime 2019 non revendiqué) : très belle aromatique au nez, sur un équilibre sec. On y décèle des notes des caramel, de réglisse et de fruits bien mûrs. C’est déjà salivant. En bouche le chenin offre une belle tension, le terroir une assise minérale et le vigneron un esprit gourmand. Finale serrée, avec des notes typiques (le fameux vin qui « brèze ») et une rémanence intense sur les papilles. Excellent

Triple Zéro Rosé (millésime 2017 non revendiqué) : ce vin de gamay présente un nez cristallin, pur, net, droit. Une fine acidité sur l’aromatique complète l’ensemble. Bouche sur des notes de fruits rouges, « acidulée », festive. Légère amertume perceptible sur la finale. Bien +

Brut Tradition : d’abord plus discret au nez … puis s’ouvre sur une aromatique de fête. C’est gras, très vineux. Notes d’amandes amères, avec une belle acidité citronnée. Peut-être un peu court sur la finale. Très Bien


Les blancs de la Taille aux Loups

Montlouis, Remus 2019 : nez floral, tendu, avec du gras. Bouche sur le même registre, intense, sphérique sans molesse, immédiate. Un vin de copains avec une pointe réglissée sur la finale. Bien +

Montlouis, Clos Michet 2019 : un peu fermé pour commencer. Assez vineux au nez, sur une aromatique montrant une opulence mesurée. Joli gras en bouche, pointe « Brézé ». Finale fumée, sur une amertume salivante. Très Bien +

Montlouis, Clos de Mosny 2019 : malgré une pointe semi-perlante, le vin est apparu sous une belle impression. Du peps au nez, une minéralité aromatique bien définie. Bouche superbe, puissante, vineuse, avec une pointe d’élevage noble et bien mesuré. Gras et tendu, sur une grande fraîcheur. Longueur et empreinte en finale. Excellent +

Montlouis, les Hauts de Husseau 2019 : un nez ouvert, vivant, convivial. Un gras réglissé au nez. Une bouche tonique, dont l’acidité est intégrée et complexifiée par le gras, des notes fumées sur la finale, une amertume tapissante. C’est certes jeune, mais déjà très beau. Excellent +

Vouvray, Clos de la Bretonnière 2019 : la synthèse (parfaite ?) entre immédiateté et opulence, entre fougue d’un « village » et retenue du grand cru. C’est élégant, puissant, construit sur une assise minérale calcaire, une acidité ciselée au millimètre, une empreinte imposante, une finale serrée pleine de promesse. GRAND VIN. Exceptionnel

Montlouis, Clos Michet 2014 : finesse au nez sur une petite évolution. Gras et onctueux en bouche, avec toujours de la tension. Aromatique sur la réglissé. Du volume et de la longueur. Excellent

Montlouis, les Hauts de Husseau 2015 : très grande élégance, mentholée, pointe grasse, soupçon poudré au nez. Bouche très jeune, tendue, sans molesse ou lourdeur. Minéralité au contraire cise+lée. Finale très généreuse. Il sera difficile de l’attendre. Excellent +

Vouvray, Clos de Venise 2010 : je pleure de joie … et de plaisir ! Aromatique terpénique douce, complexité au nez, notes fumées fines et fraiches. Bouche à l’avenant. C’est enveloppé, c’est soyeux, c’est tendu. Un grand vin qui reste en bouche une éternité. GRAND VIN A POINT (et pour encore quelques années). Exceptionnel


Des blancs servis à l’aveugle

Montlouis, Remus 2009 : à l’aveugle, sans y connaître ni la parcelle ni le millésime. C’est fin au nez, c’est aromatique et c’est élégant. Synthèse de rondeur et de tension. Du peps qui me rappelle les bonbons « menthos ». Très Bien +

Montlouis, Remus + (Hauts de Husseau maintenant) 2008 : millésime froid mais très beau vin. Nez floral, miellé, avec une amertume « sèche ». Bouche grasse, avec un grain / un toucher velouté, toujours sur une trame minérale. Belle allonge. Excellent +

Vouvray, Clos de la Bretonnière 2008 : un nez qui pétrole, avec des touches de truffe blanche bien présentes. Bouche avec du tonus, complexe, sur une base acide ciselé et précise. Un équilibre sur le fil. Quel plaisir. Exceptionnel

Montlouis, Remus + (Hauts de Husseau) 2002 : servi en demi-bouteille ! un vin qui truffe, un gras en bouche pénétrant, une longueur qui persiste, une puissance bien établie. Finale étonnante, sur le poivre vert et une amertume qui titille encore plus les papilles. On tutoie la perfection. Excellent ++


Quelques rouges pour la route …

Bourgueil, Pied de la Butte 2020 : gourmandise de fruits murs, sur la cerise. Immédiat, tannins évanescents. Pointe d’amertume. Le vin de BBQ, sans autre ambition. Bien ++

Bourgueil, Haut de la Butte 2020 : changement de registre pour ce vin, avec un nez sérieux et vineux, sur un équilibre fruité toutefois. On est sur les fruits noirs d’une juste maturité. En bouche, joli grain tannique, jeune, avec une amertume à fondre. Beau potentiel. Très Bien +

Bourgueil, Perrières 2019 : du velours au nez, toujours sur les fruits noirs, et une maturité maîtrisée. C’est puissant en bouche, avec un toucher encore plus soyeux, plus complexe et plus défini. Amers nobles superbes. Longueur et empreinte sur la finale qui s’étire. Excellent ++

Bourgueil, Mi-Pente 2018 : le vin semble doux, filant en bouche, soyeux. L’amertume finale est un peu marquée, mais l’élégance domine ce vin. Sans doute à mon goût un cran au-dessous du précédent, mais on pinaille ! Excellent +


Voilà, il nous faut une nouvelle fois remercier Jacky qui, année après année, reste le même : la passion du vin, la passion du partage et l’humilité. A l’année prochaine.


Bruno