A l’occasion d’une quinzaine dans le Jura, quelques vins dégustés et bus.
Arbois,
Chardonnay les Brulées 2013, domaine de Saint Pierre : Nez très minéral, sur une belle tension
acide. Bouche construite sur la longueur et l’acidité. Belle allonge livrant une
finale sur des amers nobles, plutôt grillés. Avec une tarte aux courgettes et
au Roquefort, le vin prend de l’ampleur et de la rondeur, l’aromatique s’en
trouve décuplée. Finale claquante du plus bel effet, sur des amers multipliés. Très Bien
Sancerre,
les Culs de Beaujeu 2009, domaine François Cotat :
Nez léger et frais, finement citronnée, plus sur l’élégance que la corpulence.
Bouche sur une impression de sucres résiduels assez marqués, et plutôt mal
équilibrés par une amertume prégnante et peu agréable. Finale marquée (salinité
concentrée). Bof
Penedès, Mas La
Plana Cabernet Sauvignon 1999, Miguel
Torrès : superbe nez m’évoquant les « vieux » bordeaux de
noble origine : boisé élégant, notes terpéniques et boîte de cèdre, le tout
avec un substrat bien fruité (fruits noirs, kirch). Bouche à l’avenant,
impression de belle douceur, corpulence parfaitement maîtrisée. Maturité ultime
du raisin. Un supplément d'amers
végétaux très salivants (vendanges entières ?) vient étirer une bouche et une
finale sur une aromatique superlative. Comme quoi, le Cabernet Sauvignon peut
faire de beaux vins sans poivron. Excellent (+)
Marsannay, les
Longeroies 2014, Domaine Denis Mortet
:
un grand nez de pinot noble, fruité, nuiton sur des notes évoquant le Gevrey
(fruits noirs, notes de réglisse), une pointe tannique bien présente et qui
donne du caractère, et une impression de végétal noble (ronce). Bouche jeune
certes, mais d’une élégance tirée par une acidité maîtrisée. Volume tannique
avec du relief, sur une base fruitée, de
grande acidité et encore sur un fruit vif. Joli grain tannique, jusqu’à une
finale épurée. Très Bien + (+)
Rully
premier cru Gresilly 2013, domaine Paul et Marie Jacqueson : nez salivant et
très prometteur, floral, corpulent, sur une fine (micro) minéralité (presque
Chablisienne). A l’aération, notes mentholées ultra-fraîches. Bouche tendue,
très tendue. Belle aromatique fine, alliée à une acidité qui laisse un gros
potentiel au vin. Excellent
Sancerre, la
Jouline 2010, domaine du Carrou : Nez citronné, finement
ciselé, laissant une impression complexe, entre gras et anisé. Bouche sur une
belle structure acide, végétal noble, amers salivants, une sorte de « sec
tendre sans sucre ». Finale claquante sur des amers nobles et une acidité redoutablement
équilibrée. Excellent
Saumur
Champigny, clos Moleton 2008, domaine de St Just
:
Un Cabernet Franc bien mur au nez, sur des notes de fruits noirs (cerises), une
impression de fraîcheur, un « grain » tannique déjà présent et, à l’aération,
des notes de gentiane (amers anisés). Belle bouche d’un millésime frais, mais
sans sous-maturité. Tannins souples mais laissant une grande empreinte sur une
finale tenue (et tendue) par de beaux amers (ronce). Excellent +
Chablis
premier cru La Forest 2005, domaine Vincent Dauvissat :
Nez plutôt mutique, sans expression. Bouche (trop) marquée par un triptyque
acidité - amertume - rondeur miellée complètement dissocié (quelques notes
d’élevage en sus). Même l’aération et la remontée en température n’y feront rien.
Bof
Vouvray,
Clos de Venise 2012, domaine de la Taille aux Loups (Jacky Blot) :
superbe nez très floral et frais. Complexité sur des notes de frangipane et de
menthol, évoquant une impression « perlante ». Bouche totalement équilibrée,
entre tension du cépage, minéralité fine et agréable, corpulence presque
tannique et fraîcheur vivifiante. Superbe finale marquante, sur un registre
d’élégance et de puissance maîtrisée, serrée, persistante (très !) et
aromatique. Excellent +
Gewurztraminer
Sélection de Grains Nobles, Grand Cru Zinnkopflé 1994, domaine Rominger :
superbe nez complexe, sur les standards du cépage (rose, raisins secs),
complété par une pointe rôtie (botrytis), une impression aromatique et une
belle allonge. Bouche à l’avenant, excellentissime, volumique et ronde, tendue
par l’acidité, les papilles excitées par une amertume « superlativement » noble.
Finale exceptionnelle, sans lourdeur, vive, longue et aromatique. Mariage
parfait avec des pâtes de fruits du chocolatier Hirsinger. Exceptionnel
Saumur,
Coulée de St Cyr 2010, domaine de St Just (Arnaud Lambert) :
un nez magnifique de chenin justement mur, floral, aromatique, avec ce côté «
Brézé » semi-oxydatif que j’adore. Un soupçon grillé que l’on retrouve en
bouche, qui est à la fois grasse, tendue et complexe. Finale qui serre et
enserre la langue, avec une vibration superlative. Exceptionnel
DOC
Valpolicella, Superiore 2002, Dal forno Romano
:
une aromatique très méridionale, fruits confiturés, amers prégnants plutôt
dissociés, charge tannique et surtout alcoolique too much pour mon palais. Pas
de plaisir possible pour moi.
Riesling
Auslese**, Ürziger Würzgarten 2002, Karl Erbes :
que dire, c’est un Karl Erbes ! Une valeur sure. Nez aromatique, sur les fruits
exotiques, l’ananas, un côté frais / mentholé avec une pointe semi-perlante.
Bouche sur un équilibre magistral, une acidité ciselée complètement intégrée,
une liqueur fraîche, une aromatique grasse et tendue, sans lourdeur, un effet
presque perlant vivifiant. Finale vibrante, longue. Excellent + (+) avec un potentiel énorme
Chassagne-Montrachet
premier cru la Romanée 2007, château de la Maltroye :
énorme déception avec ce vin, situé au (presque) firmament du domaine. Nez
plutôt mutique, poudré sur le talc, une impression d’allonge acide un peu
décharnée. En bouche, peu de choses à découvrir, si ce une forte amertume
réglissée, amertume complètement dissociée, et qui devient stridente en finale.
Encore un Bourgogne blanc vraiment pas au niveau (et pour plus de 50 € la
bouteille, la pilule a du mal à passer). Décevant
au possible
Coteaux du
Languedoc Pic St Loup, cuvée Simon 2007, Clos Marie :
nez très sudiste, sur un équilibre de fruits bien murs, bouche manquant un peu
de définition. Pas de défaut mais pas non plus de grande qualité pour mon
palais. Je préfère nettement les vins de l’Ermitage du Pic St Loup dans cette
appellation. Bien
Chassagne-Montrachet
premier cru Morgeot 2009, domaine Ramonet : grand nez de
chardonnay, complexe et qui n’aura de cesse d’évoluer avec l’aération. Acidité
poudrée et amandes douces, puis amers nobles sur le réglissé, une pointe
végétale fraîche enfin. Bouche cristalline dans sa construction, complétée par
une corpulence et une rondeur du plus bel effet, une acidité totalement
intégrée et une allonge sur une base de zan (amertume signe des grands blancs).
Finale claquante, superbe d’élégance, avec une sorte de douceur d’une
persistance superlative. Excellent + (+)
Condrieu,
Coteau de Vernon 2005, domaine Georges Vernay : au premier nez,
une impression de vin du Jura ! Oxydation, certes ménagée, mais oxydation !
Derrière cette déviation, le vin reste malgré tout buvable : la puissance, la
corpulence et l’exubérance du cépage en pâtissent nettement. Aromatique plus
limitée sur un équilibre très tendu, limite acide. Première mauvaise expérience
avec ce domaine et ce vin. A revoir
Arbois,
Cuvée des docteurs (Melon à queue rouge) 2014, caveau de Bacchus (Lucien Aviet
et fils) : très joli nez, à la fois minéral, floral et
jurassien, sur un équilibre de chardonnay classique. Bouche avec une belle
allonge, acidité juste, enrobage aromatique élégant, une pointe de réduction en
sus. Finale d’une belle persistance. Vin jeune, tendu, d’un potentiel de garde
très important. Très Bien +
Arbois,
cuvée Tradition 1993, domaine Rolet P&F : nez superlatif, épices
douces, curry, impression de douceur / de velouté qui marque déjà l’esprit (et
les papilles), une pointe de fraîcheur mentholé en supplément. Si l’attaque en
bouche est sans doute en retrait (léger manque de complexité), la suite est une
véritable symphonie de saveurs, particulièrement sur la longueur. Douceur
velouté, amertume intégrée, acidité fine et sensation de noix râpée sur la
durée. Je crois que je viens d’achever mon coming-out ! Excellent + (+)
Bandol 2004, la
Bégude : nez sudiste, sur une grosse trame fruitée mûre, une
pointe d’amertume en complément qui apporte une note aérienne fraîche et
élégante. Bouche très élégante, sur de beaux amers élégants, équilibrant une
puissance / corpulence bien développée. Trame acide fine, qui laisse une allonge
bien marquée. Un vin pour amateur de puissance mais qui sait rester accessible
aux palais délicats. Excellent
Jurançon,
Noblesse du temps 2010, domaine de Cauhapé : nez très
évocateur déjà, sur des fragrances de fruits secs, d’épices douces et de passerillage.
Bouche magnifique de complexité, une liqueur puissante et élégance, une
sucrosité parfaitement intégrée à une acidité presque saline, une fraîcheur
mentholée et une longueur superlative. C’est proprement magique (et un accord
avec un vieux Comté 24 mois d’anthologie. Excellent
+ (+)
St Joseph, cuvée
du Papy 2007, domaine de Monteillet (Stéphane Montez) :
syrah classique au nez, floralité capiteuse, épice assez marquée et notes de
sucrosité présente. En bouche, légère déception avec une impression de manque
de définition. C’est certes bon mais l’acidité importante n’est pas (encore ?)
totalement intégrée à la puissance et à la maturité du raisin. Déséquilibre à
gommer dans l’avenir (?). Très Bien
Sauternes
premier cru classé, château Lafaury-Peyraguey 1989 :
Très grosse liqueur, sur des notes caramélisées, rôties, complexes. Sensation
de rondeur élégante, amplifiée par une acidité intégrée. Superbe persistance
sur une finale qui possède un grain presque tannique. Excellent ++
Pouilly-Fumé,
Silex 2007, domaine Didier Dagueneau : Nez citronné, (trop)
monolithique, sans caractère particulier. Bouche longiligne, manquant
cruellement d’aromatique (et de tout !). Sans
intérêt (vu le prix …)
Semaine
prochaine, c’est direction Côte d'Or (Châtillonnais) pour régime !
Bruno
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