Qui dit Jura dit Arbois ; et qui dit Arbois
dit Jeunet ! Je sais, la rime n’est
pas très riche, mais fort d’une première expérience avec Jean-Paul Jeunet, la
tentation était grande de « tester » la cuisine de Steven Naessens
qui a repris les rênes de la maison depuis 2 ans maintenant.
Le changement dans la continuité et l’expression
d’un modernisme nature(l) sont les mots qui nous viennent à l’esprit lorsque
nous pénétrons dans le restaurant : « La simplicité est l’ultime
sophistication » comme le suggère habilement le site de la maison (Leonard
de Vinci).
Après une rapide discussion, nous optons pour
le Menu « Point d’Equilibre » parfaitement dosé pour un déjeuner
estival :
Fera et Thym de Montagne
Fenouils
Confits et Crème de Yaourt Fumée
Cuisson nacrée parfaite du poisson,
assaisonnements millimétrés pour une complexité et une explosion des saveurs
Escargot et Chou Rave
Pousses
d’Epinard et Vinaigrette de Viande à la Réglisse
Superbe plat jouant sur un double registre
tellurique et fin
Lotillon et Gingembre
Céleri
Rave à l’Huile de Citron, Lard Cul Noir et Persil
Un terre-mer de haute voltige, relevé
(s’il le fallait !) par l’association gingembre / céleri / citron
Pigeon et Carotte Blanche
Cresson
de Fontaine de Simian Cuit et Cru
Quelle viande (goût, puissance, légère
acidité noble), quelle cuisson rosée, quelles saveurs ! Ce pigeon-là ira très
loin
Les Affinés à Souhait du Pays Comtois
et de France
L’assiette suffit à elle-même
Sur
une Madeleine aux Myrtilles
Même en n’étant pas particulièrement
un bec sucré, ce dessert est une parfaite façon à terminer un repas dont la
constance dans l’excellence est le maître-mot !
Pour
accompagner le repas, nous avons bénéficié des conseils très avisés du
sommelier, alliés à une connaissance fine et pointue de sa carte et des plats
proposés. Voilà en substance le consensus sur lequel nous sommes arrivés :
En
apéritif, un Côtes du Jura, Chardonnay
2014, domaine de la Pinte : un vin fruité (sur les fruits
jaunes), une belle maturité de raisin, un côté floral et tendu et une fine
acidité minérale très élégante. Belle entrée en matière. Très Bien +
Avec la Fera et le Lotillon,
un Côtes du
Jura, En Rolion 2011 (Savagnin ouillé), les Dolomies (Céline et Steve GORMALLY) : nez fumé, sur
une aromatique presque « sucrée » (c’est un vrai sec évidemment), avec une
belle acidité. Nez naturel (nature) du plus bel effet, sans défaut, avec des
notes d’épices douces et une salinité salivante. Magnifique empreinte en
finale, avec des amers nobles superlatifs, une tension salivante et un « faux-enrobage
» qui tapisse les papilles. Excellent +
Avec les Escargots et le plateau de
fromages, un Côtes du Jura, La Mailloche 2007, Stéphane Tissot
: un chardonnay typique mais pas que ! Un grillé noble, une pointe jurassienne
(jurassique !) fine et minérale sur le caillou. Mon impression : « ça
meursaulte ! » avec un complément d’acidité et sans doute moins de gras. Remontée
sur la réglisse et le champignon avec le plat, complexité sur des notes de
cognac et de fine acidité. Excellent ++
Avec le pigeon,
un vin servi à l’aveugle : nez sur un gros fruit assez acidulé, une impression «
nature », un côté glycériné que je retrouve parfois sur le Grenache. Léger
perlant qui confirme le vin nature. En bouche, grande et belle acidité
gouleyante, pouvant évoquer le Gamay. Peu de tannins. Rondeur qui se développe
à l’aération. Accord presque parfait avec le pigeon et sa chair fine /
puissante. Les uns pensent à un Beaujolais, je pars sur un Grenache construit
sur la gourmandise, évidemment, il s’agit d’un Côtes du Jura, Trousseau 2015, domaine de la
Loue ! Bien joué. Excellent
++
Avec le dessert,
un Vin de
Paille 2010, domaine Morel : nez sur les raisins secs, une pointe
muscatée et un rôti évoquant des amers type rhubarbe. Bouche de sucrosité
élégante, avec un enrobé léger. Finale allongée sur la peau de noix. Excellent
En
conclusion, confirmation d’une succession revendiquée (en particulier dans les
amuse-bouche) et pleinement réussie, accueil cordial, service précis et
décontracté, assiettes de très haut niveau et un sommelier au sommet de son art
(« malgré » son jeune âge !).
Grande
adresse à un prix raisonnable, en particulier pour la carte des vins, qui sait
allier tradition et modernité. Steven Naessens s’inscrit totalement dans la
lignée Arboisienne. Un avenir éclatant est d’ores et déjà tracé.
Quelques photos de l'ambiance pour terminer.
Bruno
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