Après deux années de rupture liée à la crise CoVid et à l’annulation des salons, nous revoilà donc en ce début 2023 à Angers, pour le traditionnel Salon des Vins de Loire. Loin des guerres picrocholine du début des années 2000, où la « concurrence » semblait être le maître mot entre les différentes entités (Demeter, Levée de la Loire, Salon « officiel » et autres « Off »), l’ensemble était groupé en un seul et même lieu, au Parc des Expositions d’Angers. Nous profitons de l’occasion pour remercier Rouge Granit pour l’accréditation presse.
On notera toutefois que, contrairement aux années précédentes, une seule salle était dévolue au salon, ce qui eut pour conséquence de réduire très (trop) nettement les espaces de circulation, la taille des stand de dégustation (expliquant par exemple l’absence de certaines « locomotives » du vignoble) et surtout le bruit assourdissant et l’affluence à partir de midi. Bref, une impression mitigée qui demanderait à être améliorer l’an prochain.
Place maintenant aux dégustations, dans l’ordre chronologique, et avec des notes plus synthétiques compte tenu des conditions.
Domaine Frédéric Mabileau
Confirmation de l’excellence du domaine, avec une gamme de rouge complète. Qualité en constante amélioration. Accueil éminemment sympathique.
Anjou, chenin des Rouillères 2022 : aromatique très exotique, tension et gras bien associés, de la mâche, une finale sur une fine amertume.
José : un rosé pâle, un vin frais et gouleyant, avec une (fausse) impression de quelques sucres résiduels. Très gras sachant rester frais.
Groleau : une corbeille de fruits rouges, gouleyant et de demi-corps. Vin d’été et de copains par excellence.
Pineau d’Aunis : typique du cépage, avec une fine épice anisée. Un vin léger sur un bel équilibre.
St Nicolas de Bourgueil, les Rouillères 2021 : un fruité acidulé au nez, sur la cerise rouge. C’est droit, d’une belle maturité. Tension en bouche avec un petit grain tannique de bel effet.
Foxtrot / Romeo / Echo / Delta (FRED) : un très joli vin, avec du corps, une extraction bien dosée, de la profondeur. Bouche suave, avec du caractère. Pointe fumée en finale. (+)
Bourgueil, les Racines 2020 : une trame assez tannique, de belle maturité et de belle construction. Aujourd’hui très jeune. RDV dans quelques années.
St Nicolas de Bourgueil, Coutures 2020 : un vin vineux très bien construit, sérieux, sur les fruits noirs. Charge tannique imposante et surtout déjà bien équilibrée par l’acidité de structure. Ira très loin. ++
St Nicolas de Bourgueil, Eclipse n°13, 2017 : un cran supplémentaire dans la « douceur » et l’élégance. Vin sensuel, avec du charme. Grande mâche en bouche, sur un équilibre entre tannins déjà crémeux, corpulence et acidité. Sur les traces des millésimes 2014 et 2015. +++
Domaine Arnaud Lambert
Qualité et profondeur des blancs, structure et droiture des rouges. Accueil toujours décontracté d’Arnaud et de l’ensemble de l’équipe.
Saumur, clos du Midi 2022 : gourmandise exotique, grasse, suave et sur une belle acidité.
Saumur, les Perrières 2021 : de la tension, sur une assise minérale. Bouche sérieuse et gourmande, pointe poudrée et finale claquante. +
Saumur, clos David 2020 : cristallin, fumé, avec une grande et fraîche empreinte en bouche. Un David moins boisé qu’à l’accoutumée. Belle vibration. ++
Saumur, clos de la Rue 2019 : un peu muet au nez pour moi. Bouche ultra-élégante, sur une aromatique fine et une finale fumée. ++
Saumur Brézé 2019 : un nez sur une aromatique mentholée (aneth) et anisée. Pointe poudrée déjà salivante. Bouche à l’avenant, ciselée, avec du gras, un côté salin, dégageant une impression veloutée. Superbe ! +++
Saumur, coulée de St Cyr 2020 : rondeur au nez, de l’élevage en bouche. Un vin tonique, à l’acidité bien présente. +(+)
Pour se refaire la bouche, le « 1948 » constitue une bulle douce, avec une fine amertume.
Saumur, clos Mazurique 2021 : sur la réduction, on décèle du fruit et de la rondeur. Sympathique.
Saumur-Champigny, les Terres Rouges 2021 : là aussi, une pointe de réduction est perceptible. Toutefois, le vin se révèle mieux, gouleyant et sérieux à la fois, un petit grain tannique qui va bien. (+)
Saumur, clos du Tue-Loup 2020 : un vin bien placé, assis, profond, avec des tannins ciselés. Finale suave avec du charme, une pointe d’amertume en complément. +
Saumur-Champigny, la Montée des Roches 2020 : un Cabernet Franc de belle maturité, avec une corpulence élégante, des tannins fins … et toujours une fine amertume sur l’allonge. +(+)
Saumur, clos de l’Etoile 2019 : nez dense sur les fruits noirs, avec une aromatique marquée et de beaux amers. Bouche veloutée, laissant une empreinte encore anguleuse, mais prometteuse. ++
Saumur-Champigny, Clos Moleton 2019 : le même style de vin avec plus de profondeur, une mâche impressionnante mais élégante, et une longueur laissant une impression de fraîcheur. ++(+)
Domaine du Closel / château des Vaults
Les hasards de la vie nous ont fait retrouver Anne-Laure qui officiait auparavant au restaurant « Autour d’un Cep ». Une découverte que ces Savennières très « aimables » et une confirmation que cet accueil d’Anne-Laure.
Vin de France, Rosalia (rosé) : un rosé issu de cabernet franc et de cabernet sauvignon sur la douceur, l’impression veloutée (sans sucre) et un côté gouleyant. Vin de copain.
Savennières, la Jalousie 2019 : issu de jeunes vignes, ce vin est construit sur la fraîcheur, un côté acidulé / pamplemousse facile à boire.
Savennières, les Caillardières 2020 : élégance légèrement enrobée, sur une assise minérale / schisteuse perceptible mais totalement maîtrisée. Pointe fumée en finale. Frais. +(+)
Savennières, clos du Papillon 2020 : le nez correspondant au « grand cru » du précédent, avec tous les constituants plus aboutis, plus profonds et plus concentrés. Minéralité intense qui dégage un beau grain. Finale avec du caractère. ++
Savennières, clos du Papillon 2005 : grand vin de chenin, à point, avec une fine évolution oxydative, accompagnée de sa trame acide toujours vivante et d’un habillage gras élégant. Douceur en bouche, qui se termine par une finale pouvant évoquer les grands vins jaunes, sur un registre typé ligérien. +++
Domaine du Pas Saint Martin
Alléché par un 2015 dégusté la veille au soir, nous avons reçu confirmation de la qualité du cru Jurassique, sur 4 millésimes différents. Belle adresse.
Saumur blanc, la Pierre Frite 2022 : un chenin acidulé, frais et aérien. Equilibre entre acidité et gras en bouche. Vin presque immédiat. +
Anjou blanc, le Vent dans les Saules 2022 : rondeur au nez, bouche de demi-corps, ciselée, retour final sur une amertume un peu marquée.
Saumur blanc, cuvée Jurassique 2020 : élevage qui accompagne doucement le vin. Bouche suave, avec de la mâche, un côté finement poudré et une finale fumée. ++
Saumur blanc, cuvée Jurassique 2016 : légère évolution au nez. Bouche très droite et tendue, laissant une belle empreinte sur la finale. Un peu jeune aujourd’hui. +(+)
Saumur blanc, cuvée Jurassique 2017 : élégance ciselée au nez, aromatique fine, quelques notes grasses. Bouche avec une grosse empreinte, salivante, sur le gras et la tension. Superbe. ++(+)
Pierre Sourdais
On y revient toujours avec plaisir, pour gouter sa gamme de chinon bien élevé. Petit bémol cette année, sans doute à cause du bruit et de l’affluence, qui nous ont empêché une dégustation sereine. Il faudra y revenir.
Vin de France, les Cornuelles : un blanc de cabernet franc sur la rondeur et la douceur. Belle allonge, longue empreinte et un caractère original. +(+)
Chinon, les Rosiers 2021 : du jus, du fruit rouge et une buvabilité maximale. Vin de barbecue. Très agréable.
Chinon, cuvée Tradition 2021 : un fruit sur la réduction, une tannicité un peu rustique. Fraîcheur.
Chinon, cuvée Tradition 2020 : sous la réduction, de la structure et du tannin. Longue garde à prévoir.
Chinon, cuvée Stanislas 2019 : vineux sur une base de fruits noirs. Tannins abondants, déjà partiellement assagis. Belle matière qui doit se fondre. +
Chinon, cuvée Stanislas 2018 : plus de rondeur. Bouche arrondie, sphérique, suave. Fraîcheur avec un effet « turbo » en finale. +(+)
Chinon, les Boulais 2016 : grosse corpulence maîtrisée, charge tannique imposante … et imposant une garde longue. Elégant sous sa fausse rusticité. ++
Domaine des Huards
On avait croisé un très beau « romorantin » il y a quelque temps. Il était tentant de gouter la gamme. Las, la foule, l’accueil et le bruit nous ont un peu refroidi. A revoir sous d’autres conditions.
Cour-Cheverny, Romo 2019 : un vin frais, citronné et léger, mais sérieux et immédiat.
Cour-Cheverny, François 1er 2019 : rondeur avec une pointe oxydative. Bouche ronde et acide, sur une belle complexité. (+)
Cheverny, Pure 20xx ( ?) : un assemblage sauvignon / chardonnay où le premier cépage prend nettement le dessus !
Cheverny, la Haute Pinglerie 20xx ( ?) : pas compris ce vin !
Crémant de Loire, Amiral : bulle grasse, ronde et fraîche. Impression de résiduels bien que l’analytique confirme l’absence de sucres.
Crémant de Loire, Initia : tension plus serrée. Toujours frais.
Cour-Cheverny, Eugène Magloire 20xx : je retrouve le romorantin dégusté à Cheverny. Pointe semi-oxydative du plus bel effet, floralité salivante, gras et tension. Belle aromatique générale. +
Un bilan qui, au premier abord, pourrait paraître mitigé, compte-tenu que toutes les conditions d’une dégustation sereine n’étaient pas réunies. Toutefois, la courte fenêtre entre l’ouverture et 12h00 nous a permis de confirmer nos adresses habituelles. Mention spéciale aux verres Riedel de belle facture et rendant grâce aux vins dégustés.
Rendez-vous l’année prochaine !
Bruno
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