« A la recherche de la fraîcheur »,
ce pourrait être le titre de ce séjour àn Kerlouan, tant la canicule a frappé
la France et la région parisienne en cette fin du mois de juillet.
Si le soleil est au rendez-vous, c’est un
véritable choc des cultures quant à la température, avec une perte de plus de
15 degrés. C’est pourquoi il a fallu se réchauffer de la façon la plus efficace.
Saint Joseph,
Mairlant 2012, François Villard : une robe dorée brillante, un nez frais, aromatique, avec une
impression de fine amertume. Floralité presque capiteuse. Bouche ronde et
puissante, assez sudiste. Amertume sur la réglisse. Finale grasse et minérale
fine. Bel accord avec un roulé bœuf / fromage de chèvre / herbes aromatiques. Très Bien
Savennières
Roche aux Moines 2005, domaine aux Moines (Tessa Laroche) : robe dorée assez évoluée. Nez sur une
grande empreinte minérale schisteuse, une pointe vanillée associée à une
finesse florale, presque mentholée. Bouche puissante, tellurique à souhait,
presque tannique dans sa construction. Minéralité très marquée, sur le schiste,
presque perlante. Finale qui laisse une empreinte superbe, serrée et vibrante. Très Bien +
Côtes du
Jura, les Grands Teppes 2012, Jean-François Ganevat : nez très expressif, sur une réduction
noble à la …, mais pas que ! Tension minérale sur la finesse et
l’élégance. Superbe bouche jurassienne, tendue, tellurique, dégageant une
énergie positive. Vibration caillouteuse serrée, un gras fin et justement dosé
vient enrober l’ensemble. Retour sur une finale fraîche, mentholée, qui claque
agréablement. Excellent ++
IGP Côtes
Catalanes, D18 2013, Olivier Pithon : un nez très aromatique, sudiste mais qui sait rester fin.
Floralité sur le chèvrefeuille et le lys. Bouche assez grasse, avec une fine
réduction. Structure acide allongée, un peu « à la château Simone ».
Finale glycérinée avenante, sur un équilibre sec/sucré salivant. Excellent (+)
Sancerre,
Constellation du Scorpion 2013, Vincent Gaudry : nez vif, sur une floralité énergique,
citronnée, complétée par une pointe vanillée discrète. Très grande bouche, avec
une énergie presque solaire, une acidité de structure bien présente et bien
placée, qui dessine un vin vif et vivifiant. Finale enrobée / miellée, qui
reste fraîche et bien tendue. Longueur saline très avenante, qui laisse un
retour sur des amers fins salivants. Excellent
(+)
Arbois,
Cuvée des docteurs 2014, Lucien Aviet : un nez de chardonnay frais et tendu, une pointe de
« jaune » en sus. Très bel équilibre dessiné en bouche, avec une
attaque qui révèle un léger gras, puis une acidité marquée qui tient le vin.
Relief élégant, sur une aromatique franche. Finale avec une belle salinité, une
amertume fine et une impression « pétillante ». Un vin qui a du
peps ! Retro-olfaction sur la peau de noix, le voile de jaune qui existe
les papilles. Excellent
DO Montilla-Moriles,
Pedro Ximenes, Granda Reserva 1971, Toro Albala :
un nez d’une folle complexité, dans lequel toutes les fragrances peuvent
apparaître. En vrac, le rancio, la figue, le café, le pruneau, … avec une
double impression d’acidité et de fraîcheur ! Liqueur superlative en
bouche, avec une aromatique exceptionnelle de complexité et de plaisir, le tout
étant porté par une grande et belle acidité. Arômes de pruneaux, de raisins
secs et d’amers type « peau de noix » / « caramel brûlé ».
Alliance parfaite de la puissance et de la finesse. Finale salivante, sur un
extrait sec énorme et une acidité aristocratique. Panthéonique-2018
Battle 1
Vin de Pays des
Bouches du Rhône, le Grand Rouge 2007, château Revelette : un nez typé cabernet, sur un fruit
élégant et bien mur. Une belle fraîcheur apportée par la composante Syrah
(épices douces), une pointe d’alcool noble (cognac) en sus. Bouche puissante,
sorte de rondeur adoucie par une trame acide bien dessinée. Salinité et épices
se conjuguent avec bonheur. Finale sur une relative finesse, des tannins soyeux
un peu cisterciens. Très Bien ++
Languedoc Pic St
Loup, Guilhem Gaulcem 2009, Ermitage du Pic St Loup :
nez sudiste, sur les herbes aromatiques séchées, un fruité de belle maturité et
une pointe d’alcool fin. Attaque en bouche très puissante, avec une touche
glycérinée. Tannins veloutés encore bien présents, du volume et une aromatique
marquée. Finale sur une belle sphéricité et de la profondeur. Excellent (+)
Avantage léger au Pic St
Loup
Saumur,
Chenin du Puy 2013, Frédéric Mabileau : superbe nez floral, frais et très complexe, sur la menthe / le
menthol, les fleurs douces, avec une légère impression perlante et une pointe
grasse très avenante. En bouche, le vin se révèle un peu plus linéaire, tendu,
acide et frais. Un léger manque d’aromatique liée à un millésime délicat.
Finale sur une floralité fine. Très Bien
Meursault,
premier cru Perrières 2006, domaine Pierre Morey :
nez très fin, sur une élégance superlative, floral avec une pointe noisetée,
laissant déjà une impression presque caillouteuse. Une bouche qui claque, d’ne
élégance subtile, avec une minéralité marquée et d’un beau volume. Grande
acidité de structure qui génère une fraîcheur mentholée (particulièrement lors
du grumage du vin). Une bouche à l’opposé des Meursault gras et opulents.
Allonge superlative sur la pierre chaude / le silex. Prend (encore) de la
profondeur à l’aération, avec une complexité et un équilibre magistral. Excellent ++
Moulin à Vent,
Clos du Tremblay 2005, Paul Janin : nez fermé, plutôt
muet et sur des notes acidulées. Confirmation avec une bouche monolithique, sur
un acidulé manquant clairement de volume et d’aromatique. Pas de profondeur
pour une finale presque « aigrelette ». Après deux jours d’aération
sur un fond de bouteille, pas d’évolution / amélioration. Moyen
Chablis,
grand cru Preuses 2008, la Chablisienne : superbe nez
chablisien, sur la coquille d’huitres, une pointe citronnée et une impression
minérale fine. Notes fraîches de menthe / anis sur un substrat salin fin.
Puissance maîtrisée en bouche, complexe et équilibrée entre tension minérale et
léger enrobage. Beau volume avec un relief ayant du caractère. Finale après du
peps, un zeste miellé au réchauffement. Excellent
+(+)
Côtes du
Jura 2012, domaine Macle : nez sur un oxydatif élégant,
presque « ménagé », noix et curry. Bouche charnu, douce, dégageant
une impression à la fois glycérinée (sèche) et de « faux-sucré ».
Enrobage parfait des papilles, complété par une belle tension sans mollesse.
Grande minéralité qui ressort en finale, sur une sorte de salinité gourmande
(empreinte magique après une nuit d’aération). Accord parfait avec un Comté de
24 mois : le « jaune » s’intègre encore plus précisément,
laissant une fraîcheur superlative en finale, synthèse entre des notes
oxydatives et un côté mentholé allongeant le vin. Exceptionnel
Vosne Romanée,
premier cru les Brulées 2004, domaine René Engel :
robe sur une évolution modérée, encore rubis à peine teintée de notes tuilées.
Nez de pinot sur un équilibre tertiaire, sur un triplet fruits infusés, végétal
noble et feuilles mortes séchées. Bouche tout en soie, fraîche, un distillat de
saveurs florales fines. Le fruit est encore bien présent, sublimé à la fois par
l’acidité toujours ciselée et les fragrances empyreumatiques. Puissance très
maîtrisée, un grain tannique fin. Finale laissant une empreinte douce, mais
d’une persistance ultime. Exceptionnel
Battle 2
DOCG Barbaresco,
Pajoré 2006, Sottimano : nez fruité un peu fermé à ce
stade. Fine aromatique sur un équilibre élégant. Belle bouche assez corpulente,
avec des tannins veloutés encore un peu anguleux. Fraîcheur mentholée à
l’aération. Bouche un peu austère, plus cistercienne que pinotant. Jeune aujourd’hui.
Très Bien
DOC Rioja, Gran
Reserva 904 2005, La Rioja Alta S.A. : très grand nez
fruité, profond, sur une corpulence bien mesurée. Notes résinées et de cédrat,
laissant une impression de fraîcheur. Elégance superlative en bouche, avec une
acidité redoutable totalement intégrée. Tannins soyeux. Développement en bouche
sur une sorte de sphéricité avenante, étirée. Vibration en finale presque
« crémeuse », avec une touche épicée et des notes de feuilles mortes.
Excellent +(+)
Avantage net au Rioja
Après
deux jours d’aération, le Barbaresco a pris de la profondeur et du volume,
l’aromatique s’est développée, mais les tannins restent encore un peu anguleux.
Le Rioja conserve ses caractères soyeux, avec un supplément de finesse et
d’élégance. L’écart s’est resserré, mais reste toujours en faveur du vin
espagnol.
Sauternes,
château la Tour Blanche 2007 : joli nez sur le
botrytis, rôti, grillé, réglissé, frais. Charge liquoreuse abondante en bouche,
équilibrée par une acidité encore bien perceptible. Beaux amers nobles. Finale
presque saline. Bel accord avec une tarte aux courgettes et au Roquefort, puis
avec un plateau de pâtes persillées. Impression générale sur la finesse et sur
une grosse charge liquoreuse. Peut encore vieillir tranquillement quelques
années. Excellent
Tokaji Aszú
2001, 5 Puttonyos, Disznôko : une aromatique superlative au
nez, sur une base complexe rôti / botrytis / amertume fine / agrumes. Attaque
en bouche fine, presque « sèche » (le contraire de sucré), vite
équilibrée par le doublet acide / sucre en complète synergie. Milieu de bouche
marquée par de beaux amers fins, serrées et très salivants. Grande et belle
vibration. Extrême longueur sur une finale étirée par une fine aromatique
acidulée. Aucune sensation de lourdeur sucrée. Excellent +(+)
Saumur, clos
de la Rue 2011, château de Brézé : un superbe nez de
chenin, tendu, floral, avec une impression de profondeur et de gras (enrobé)
justement équilibré. Sensation de maturité et de plénitude. Bouche à l’avenant.
Grande attaque serrée en bouche, avec une acidité claquante mais jamais
stridente, amers superlatifs, salinité avenante, équilibrée là encore par
l’acidité et une sorte de gras. Finale en pleine continuité avec la bouche,
tendue, grasse, aromatique et « polyphonique ». Excellent ++
Mosel,
Riesling auslese, « Alte Reben », Kaseler Nies’chen 2006, Erben von
Beulwitz : sans prise de notes, un vin qui possède une
belle et grande liqueur, une fraicheur « perlante » mentholée, une
aromatique fine et une longue persistance en bouche. Excellent +(+)
Pouilly
Fumé, Pur Sang 2005, Didier Dagueneau : nez peu expressif,
réduit / fermé ? Notes citronnées légères, complétées par un végétal (en
fermentaire) peu avenant et des fragrances très prononcées sur le miel. Grosse
amertume en bouche, totalement dissociée. Un peu strident, déséquilibré … et
écœurant par le miel toujours trop présent. Déviance aromatique en fin de
bouche, sur le « piqué » / « bouchon coulant ». Moyen (Quand même, à plus de 50 € la
bouteille en 2010 - j’imagine le prix aujourd’hui ! - c’est fort de
café !).
Jurançon,
Quintessence du Petit Manseng 2006, domaine Cauhapé :
magnifique robe dorée, vieil or. Très grand nez typique du botrytis, avec une
sensation liquoreuse rôtie, une impression
d’acidité qui apporte déjà une vivacité salivante. Fragrances minérales
d’une élégance superlative. Bouche avec une attaque serrée, dégageant une
énergie énorme. Acidité saline « perlante », fraîcheur superlative,
avec une intégration parfaite de l’acidité et de la liqueur. Floralité sur la
pêche poêlée. Finale à la fois effilée et large, avec une puissance domptée et
équilibrée. Rôti superlatif, avec un retour sur la truffe / la morille. Panthéonique-2018
Chablis,
grand cru Grenouille 2006, J.B. et B. Droin : robe jaune
pâle sans trace d’évolution. Nez sur une construction chablisienne plutôt
cistercienne, complétée par une fine aromatique, une intégration entre la
minéralité et un léger gras. Bouche assez grasse, révélant une amertume
marquée, sans doute pas totalement en place. Finesse minérale, manquant un peu
d’aromatique et de complexité. Belle persistance finale.
Battle 3
Puligny-Montrachet,
premier cru le Cailleret 2007, Michel Bouzereau :
premier nez sur une réduction élégante et noble, qui s’estompe rapidement pour
laisser place à une impression de puissance sur une base d’amers nobles (peau
de pistache). En bouche, délicatesse et corpulence, avec une sorte de
sphéricité avenante, laissant une impression de persistance effilée et presque
grasse. Excellent +(+)
Corton
Charlemagne, grand cru 2000, domaine Bonneau du Martray :
un premier nez un peu mutique, mais qui va vite s’ouvrir. Elégance / finesse
ultime, sur une base de minéralité cristalline. Un côté chablisien cistercien,
avec un supplément de profondeur et d’aromatique. Une bouche qui envoie,
serrée, presque tannique, salivante à souhait. Allonge qui s’effile doucement
jusqu’à une finale possédant une finesse extrême. Avec la température, la
rondeur, la salinité et la minéralité acquièrent une dimension supplémentaire,
la bouche s’ouvre davantage, tout en conservant l’élégance du grand cru. Excellent ++
Deux vins, deux styles que
j’apprécie, pour un plaisir presque similaire. Aujourd’hui, très léger avantage
au Charlemagne
Maintenant,
il faut (presque) reprendre un régime normal.
Bruno
2 commentaires:
Bonjour,
Merci pour cette belle dégustation bretonne et surtout pour la dégustation de la Quintessence du petit manseng du domaine Cauhapé. Je suis en tout point d'accord avec vous sur la dégustation par contre je me permet de faire une correction. Nous ne travaillons pas à Jurançon avec le Botrytis puisque les Manseng y sont très peu sensible. C'est la passerillage sur pied qui confère cette concentration à nos vins. Par ce long et lent dessèchement les raisins se concentrent, se flétrissent et apportent ainsi à nos vins ces arômes si particuliers.
Sincères salutations.
Pierre Simonet
Effectivement, les cépages du Jurançon sont peu sensibles au Botrytis. D'où un abus de langage entre "ressenti" et "traduction analytique".
Merci de cette précision.
Bruno
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