5 août 2018

La Bretagne, ça vous gagne !

« A la recherche de la fraîcheur », ce pourrait être le titre de ce séjour àn Kerlouan, tant la canicule a frappé la France et la région parisienne en cette fin du mois de juillet.
Si le soleil est au rendez-vous, c’est un véritable choc des cultures quant à la température, avec une perte de plus de 15 degrés. C’est pourquoi il a fallu se réchauffer de la façon la plus efficace.

Saint Joseph, Mairlant 2012, François Villard : une robe dorée brillante, un nez frais, aromatique, avec une impression de fine amertume. Floralité presque capiteuse. Bouche ronde et puissante, assez sudiste. Amertume sur la réglisse. Finale grasse et minérale fine. Bel accord avec un roulé bœuf / fromage de chèvre / herbes aromatiques. Très Bien
Savennières Roche aux Moines 2005, domaine aux Moines (Tessa Laroche) : robe dorée assez évoluée. Nez sur une grande empreinte minérale schisteuse, une pointe vanillée associée à une finesse florale, presque mentholée. Bouche puissante, tellurique à souhait, presque tannique dans sa construction. Minéralité très marquée, sur le schiste, presque perlante. Finale qui laisse une empreinte superbe, serrée et vibrante. Très Bien +
Côtes du Jura, les Grands Teppes 2012, Jean-François Ganevat : nez très expressif, sur une réduction noble à la …, mais pas que ! Tension minérale sur la finesse et l’élégance. Superbe bouche jurassienne, tendue, tellurique, dégageant une énergie positive. Vibration caillouteuse serrée, un gras fin et justement dosé vient enrober l’ensemble. Retour sur une finale fraîche, mentholée, qui claque agréablement. Excellent ++
IGP Côtes Catalanes, D18 2013, Olivier Pithon : un nez très aromatique, sudiste mais qui sait rester fin. Floralité sur le chèvrefeuille et le lys. Bouche assez grasse, avec une fine réduction. Structure acide allongée, un peu « à la château Simone ». Finale glycérinée avenante, sur un équilibre sec/sucré salivant. Excellent (+)

Sancerre, Constellation du Scorpion 2013, Vincent Gaudry : nez vif, sur une floralité énergique, citronnée, complétée par une pointe vanillée discrète. Très grande bouche, avec une énergie presque solaire, une acidité de structure bien présente et bien placée, qui dessine un vin vif et vivifiant. Finale enrobée / miellée, qui reste fraîche et bien tendue. Longueur saline très avenante, qui laisse un retour sur des amers fins salivants. Excellent (+)
Arbois, Cuvée des docteurs 2014, Lucien Aviet : un nez de chardonnay frais et tendu, une pointe de « jaune » en sus. Très bel équilibre dessiné en bouche, avec une attaque qui révèle un léger gras, puis une acidité marquée qui tient le vin. Relief élégant, sur une aromatique franche. Finale avec une belle salinité, une amertume fine et une impression « pétillante ». Un vin qui a du peps ! Retro-olfaction sur la peau de noix, le voile de jaune qui existe les papilles. Excellent
DO Montilla-Moriles, Pedro Ximenes, Granda Reserva 1971, Toro Albala : un nez d’une folle complexité, dans lequel toutes les fragrances peuvent apparaître. En vrac, le rancio, la figue, le café, le pruneau, … avec une double impression d’acidité et de fraîcheur ! Liqueur superlative en bouche, avec une aromatique exceptionnelle de complexité et de plaisir, le tout étant porté par une grande et belle acidité. Arômes de pruneaux, de raisins secs et d’amers type « peau de noix » / « caramel brûlé ». Alliance parfaite de la puissance et de la finesse. Finale salivante, sur un extrait sec énorme et une acidité aristocratique. Panthéonique-2018

Battle 1
Vin de Pays des Bouches du Rhône, le Grand Rouge 2007, château Revelette : un nez typé cabernet, sur un fruit élégant et bien mur. Une belle fraîcheur apportée par la composante Syrah (épices douces), une pointe d’alcool noble (cognac) en sus. Bouche puissante, sorte de rondeur adoucie par une trame acide bien dessinée. Salinité et épices se conjuguent avec bonheur. Finale sur une relative finesse, des tannins soyeux un peu cisterciens. Très Bien ++
Languedoc Pic St Loup, Guilhem Gaulcem 2009, Ermitage du Pic St Loup : nez sudiste, sur les herbes aromatiques séchées, un fruité de belle maturité et une pointe d’alcool fin. Attaque en bouche très puissante, avec une touche glycérinée. Tannins veloutés encore bien présents, du volume et une aromatique marquée. Finale sur une belle sphéricité et de la profondeur. Excellent (+)
Avantage léger au Pic St Loup

Saumur, Chenin du Puy 2013, Frédéric Mabileau : superbe nez floral, frais et très complexe, sur la menthe / le menthol, les fleurs douces, avec une légère impression perlante et une pointe grasse très avenante. En bouche, le vin se révèle un peu plus linéaire, tendu, acide et frais. Un léger manque d’aromatique liée à un millésime délicat. Finale sur une floralité fine. Très Bien
Meursault, premier cru Perrières 2006, domaine Pierre Morey : nez très fin, sur une élégance superlative, floral avec une pointe noisetée, laissant déjà une impression presque caillouteuse. Une bouche qui claque, d’ne élégance subtile, avec une minéralité marquée et d’un beau volume. Grande acidité de structure qui génère une fraîcheur mentholée (particulièrement lors du grumage du vin). Une bouche à l’opposé des Meursault gras et opulents. Allonge superlative sur la pierre chaude / le silex. Prend (encore) de la profondeur à l’aération, avec une complexité et un équilibre magistral. Excellent ++
Moulin à Vent, Clos du Tremblay 2005, Paul Janin : nez fermé, plutôt muet et sur des notes acidulées. Confirmation avec une bouche monolithique, sur un acidulé manquant clairement de volume et d’aromatique. Pas de profondeur pour une finale presque « aigrelette ». Après deux jours d’aération sur un fond de bouteille, pas d’évolution / amélioration. Moyen

Chablis, grand cru Preuses 2008, la Chablisienne : superbe nez chablisien, sur la coquille d’huitres, une pointe citronnée et une impression minérale fine. Notes fraîches de menthe / anis sur un substrat salin fin. Puissance maîtrisée en bouche, complexe et équilibrée entre tension minérale et léger enrobage. Beau volume avec un relief ayant du caractère. Finale après du peps, un zeste miellé au réchauffement. Excellent +(+)
Côtes du Jura 2012, domaine Macle : nez sur un oxydatif élégant, presque « ménagé », noix et curry. Bouche charnu, douce, dégageant une impression à la fois glycérinée (sèche) et de « faux-sucré ». Enrobage parfait des papilles, complété par une belle tension sans mollesse. Grande minéralité qui ressort en finale, sur une sorte de salinité gourmande (empreinte magique après une nuit d’aération). Accord parfait avec un Comté de 24 mois : le « jaune » s’intègre encore plus précisément, laissant une fraîcheur superlative en finale, synthèse entre des notes oxydatives et un côté mentholé allongeant le vin. Exceptionnel
Vosne Romanée, premier cru les Brulées 2004, domaine René Engel : robe sur une évolution modérée, encore rubis à peine teintée de notes tuilées. Nez de pinot sur un équilibre tertiaire, sur un triplet fruits infusés, végétal noble et feuilles mortes séchées. Bouche tout en soie, fraîche, un distillat de saveurs florales fines. Le fruit est encore bien présent, sublimé à la fois par l’acidité toujours ciselée et les fragrances empyreumatiques. Puissance très maîtrisée, un grain tannique fin. Finale laissant une empreinte douce, mais d’une persistance ultime. Exceptionnel

Battle 2
DOCG Barbaresco, Pajoré 2006, Sottimano : nez fruité un peu fermé à ce stade. Fine aromatique sur un équilibre élégant. Belle bouche assez corpulente, avec des tannins veloutés encore un peu anguleux. Fraîcheur mentholée à l’aération. Bouche un peu austère, plus cistercienne que pinotant. Jeune aujourd’hui. Très Bien
DOC Rioja, Gran Reserva 904 2005, La Rioja Alta S.A. : très grand nez fruité, profond, sur une corpulence bien mesurée. Notes résinées et de cédrat, laissant une impression de fraîcheur. Elégance superlative en bouche, avec une acidité redoutable totalement intégrée. Tannins soyeux. Développement en bouche sur une sorte de sphéricité avenante, étirée. Vibration en finale presque « crémeuse », avec une touche épicée et des notes de feuilles mortes. Excellent +(+)
Avantage net au Rioja
Après deux jours d’aération, le Barbaresco a pris de la profondeur et du volume, l’aromatique s’est développée, mais les tannins restent encore un peu anguleux. Le Rioja conserve ses caractères soyeux, avec un supplément de finesse et d’élégance. L’écart s’est resserré, mais reste toujours en faveur du vin espagnol.

Sauternes, château la Tour Blanche 2007 : joli nez sur le botrytis, rôti, grillé, réglissé, frais. Charge liquoreuse abondante en bouche, équilibrée par une acidité encore bien perceptible. Beaux amers nobles. Finale presque saline. Bel accord avec une tarte aux courgettes et au Roquefort, puis avec un plateau de pâtes persillées. Impression générale sur la finesse et sur une grosse charge liquoreuse. Peut encore vieillir tranquillement quelques années. Excellent
Tokaji Aszú 2001, 5 Puttonyos, Disznôko : une aromatique superlative au nez, sur une base complexe rôti / botrytis / amertume fine / agrumes. Attaque en bouche fine, presque « sèche » (le contraire de sucré), vite équilibrée par le doublet acide / sucre en complète synergie. Milieu de bouche marquée par de beaux amers fins, serrées et très salivants. Grande et belle vibration. Extrême longueur sur une finale étirée par une fine aromatique acidulée. Aucune sensation de lourdeur sucrée. Excellent +(+)

Saumur, clos de la Rue 2011, château de Brézé : un superbe nez de chenin, tendu, floral, avec une impression de profondeur et de gras (enrobé) justement équilibré. Sensation de maturité et de plénitude. Bouche à l’avenant. Grande attaque serrée en bouche, avec une acidité claquante mais jamais stridente, amers superlatifs, salinité avenante, équilibrée là encore par l’acidité et une sorte de gras. Finale en pleine continuité avec la bouche, tendue, grasse, aromatique et « polyphonique ». Excellent ++
Mosel, Riesling auslese, « Alte Reben », Kaseler Nies’chen 2006, Erben von Beulwitz : sans prise de notes, un vin qui possède une belle et grande liqueur, une fraicheur « perlante » mentholée, une aromatique fine et une longue persistance en bouche. Excellent +(+)
Pouilly Fumé, Pur Sang 2005, Didier Dagueneau : nez peu expressif, réduit / fermé ? Notes citronnées légères, complétées par un végétal (en fermentaire) peu avenant et des fragrances très prononcées sur le miel. Grosse amertume en bouche, totalement dissociée. Un peu strident, déséquilibré … et écœurant par le miel toujours trop présent. Déviance aromatique en fin de bouche, sur le « piqué » / « bouchon coulant ». Moyen (Quand même, à plus de 50 € la bouteille en 2010 - j’imagine le prix aujourd’hui ! - c’est fort de café !).

Jurançon, Quintessence du Petit Manseng 2006, domaine Cauhapé : magnifique robe dorée, vieil or. Très grand nez typique du botrytis, avec une sensation liquoreuse rôtie, une impression  d’acidité qui apporte déjà une vivacité salivante. Fragrances minérales d’une élégance superlative. Bouche avec une attaque serrée, dégageant une énergie énorme. Acidité saline « perlante », fraîcheur superlative, avec une intégration parfaite de l’acidité et de la liqueur. Floralité sur la pêche poêlée. Finale à la fois effilée et large, avec une puissance domptée et équilibrée. Rôti superlatif, avec un retour sur la truffe / la morille. Panthéonique-2018
Chablis, grand cru Grenouille 2006, J.B. et B. Droin : robe jaune pâle sans trace d’évolution. Nez sur une construction chablisienne plutôt cistercienne, complétée par une fine aromatique, une intégration entre la minéralité et un léger gras. Bouche assez grasse, révélant une amertume marquée, sans doute pas totalement en place. Finesse minérale, manquant un peu d’aromatique et de complexité. Belle persistance finale.

Battle 3
Puligny-Montrachet, premier cru le Cailleret 2007, Michel Bouzereau : premier nez sur une réduction élégante et noble, qui s’estompe rapidement pour laisser place à une impression de puissance sur une base d’amers nobles (peau de pistache). En bouche, délicatesse et corpulence, avec une sorte de sphéricité avenante, laissant une impression de persistance effilée et presque grasse. Excellent +(+)
Corton Charlemagne, grand cru 2000, domaine Bonneau du Martray : un premier nez un peu mutique, mais qui va vite s’ouvrir. Elégance / finesse ultime, sur une base de minéralité cristalline. Un côté chablisien cistercien, avec un supplément de profondeur et d’aromatique. Une bouche qui envoie, serrée, presque tannique, salivante à souhait. Allonge qui s’effile doucement jusqu’à une finale possédant une finesse extrême. Avec la température, la rondeur, la salinité et la minéralité acquièrent une dimension supplémentaire, la bouche s’ouvre davantage, tout en conservant l’élégance du grand cru. Excellent ++
Deux vins, deux styles que j’apprécie, pour un plaisir presque similaire. Aujourd’hui, très léger avantage au Charlemagne

Maintenant, il faut (presque) reprendre un régime normal.

Bruno

2 commentaires:

pierre simonet a dit…

Bonjour,
Merci pour cette belle dégustation bretonne et surtout pour la dégustation de la Quintessence du petit manseng du domaine Cauhapé. Je suis en tout point d'accord avec vous sur la dégustation par contre je me permet de faire une correction. Nous ne travaillons pas à Jurançon avec le Botrytis puisque les Manseng y sont très peu sensible. C'est la passerillage sur pied qui confère cette concentration à nos vins. Par ce long et lent dessèchement les raisins se concentrent, se flétrissent et apportent ainsi à nos vins ces arômes si particuliers.

Sincères salutations.

Pierre Simonet

Bruno Bosselin a dit…

Effectivement, les cépages du Jurançon sont peu sensibles au Botrytis. D'où un abus de langage entre "ressenti" et "traduction analytique".
Merci de cette précision.

Bruno