François Bordes est un préhistorien français qui a apporté une contribution majeure à la connaissance du Paléolithique.
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Né en 1919 à Rives dans le Lot-et-Garonne, il fît ses études secondaires et obtint son baccalauréat de philosophie en 1935 à Villeneuve-sur-Lot. Commence ensuite des études universitaires, à la Faculté des Sciences de Bordeaux où il obtint deux certificats de licence (Botanique en 1938 - Géologie en 1940) puis à la Faculté des Sciences de Toulouse avec une licence es-Sciences en 1941 et, complémentairement, deux certificats de chimie (1942) et de minéralogie (1943).
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Volontaire F.F.I., il participe activement à la Résistance à Toulouse puis Belvès (réseau Marsouin-Dordogne) avec lequel il pris part à la libération de Bordeaux.
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Définitivement démobilisé en 1945, il entre comme stagiaire au CNRS (section Géologie) dans le laboratoire du Professeur Raymond Vaufrey. Sous la direction du Professeur Jean Piveteau, il soutient sa thèse de Doctorat d’Etat ès-Sciences en 1951 à la Faculté des Sciences de Paris (Institut de Paléontologie Humaine) sur le sujet : « Les limons quaternaires du bassin de la Seine -Stratigraphie et Archéologie paléolithique », et publiée en 1954 dans les Archives de l'Institut de Paléontologie Humaine. Maître de recherches au CNRS en 1955, il devint successivement Maître de Conférences puis Professeur (1962) à la Faculté des Sciences de Bordeaux et directeur de l’Institut de Préhistoire, devenu depuis Institut du Quaternaire, laboratoire associé au CNRS - aujourd’hui Institut de Préhistoire et de Géologie du Quaternaire, UMR 5808 du CNRS).
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Homme de terrain, soucieux de la protection du patrimoine préhistorique, il fût pendant 20 ans directeur de la Circonscription des Antiquités Préhistoriques d’Aquitaine (les « DRAC » d’aujourd’hui) et membre du Conseil supérieur de la recherche archéologique. Il était membre pour la France de l’Union internationale des Sciences préhistoriques et protohistoriques et vice-président de l’INQUA.
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Naturaliste de formation et expert en taille des roches dires, il utilisa sa compétence mixte pour aborder avec un regard nouveau les problématiques de la Préhistoire moderne. En 1950, il créa une méthode d’étude quantitative des industries lithiques du Paléolithique inférieur et moyen. En particulier, la définition d'une liste fermée de types d'outils a facilité les comparaisons entre industries et a permis de définir et de décrire avec précision un certain nombre de faciès du Moustérien. Cette approche statistique novatrice, connue notamment sous l'appellation de « méthode Bordes », encore largement employée aujourd'hui, lui valut une reconnaissance internationale immédiate. Cette méthode fût d’ailleurs reprise et adaptée par sa femme, Denise de Sonneville-Bordes, pour les industries lithiques du Paléolithique supérieur.
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Il créa par ailleurs la collection des « Publications de l’Institut de Préhistoire de l’université de Bordeaux » et dirigea les « Cahiers du Quaternaires ».
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Il a dirigé des fouilles archéologiques dans de nombreux gisements dans le Sud-Ouest de la France, au Pech de l’Azé, à Combe-Grenal ou à Corbiac.
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Il fût l'un des premiers à expérimenter la taille des roches dures, outil désormais incontournable pour la compréhension des industries préhistoriques.
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Homme de science mais également grand conteur à l’imagination fertile, il publia, sous le pseudonyme de Francis Carsac, de nombreux romans et nouvelles de science-fiction.
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Modeste, il reçut le Prix Edmond-Bastide de l’Académie nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux (1970), la médaille de l’Université d’Helsinki (1973), le Grand Prix de l’Archéologie (1980). Il était membre de l’Académie des Sciences de New York et de l’Australian Institute for Aboriginal Studies de Canberra.
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Homme droit et respecté, il cachait, sous un air bourru, une grande sensibilité et une profonde bonté, une grande capacité de dialogue de ses étudiants et collaborateurs purent apprécier tout au long de leur collaboration. Preuve en est : ces témoignages qui subsistent sur sa dernière demeure.
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F. Bordes repose, au côte de son épouse, Denise de Sonneville-Bordes, dans le petit cimetière de Carsac, en Dordogne, où il avait établi sa résidence secondaire. Son nom a été donné à la station de tram desservant notamment le laboratoire qu'il a fondé sur le campus de l'Université Bordeaux I.
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Quelques (trop rares) références
« Étude comparative des différentes techniques de taille du silex et des roches dures », L'Anthropologie, t. 51, pp. 1-29, (1947)
« Principes d'une méthode d'étude des techniques de débitage et de la typologie du Paléolithique ancien et moyen », L'Anthropologie, t. 54 (1950)
« L'évolution buissonnante des industries en Europe occidentale. Considération théoriques sur le Paléolithique ancien et moyen », L'Anthropologie, t. 54, pp. 393-420, (1950)
« Essai de classification des industries "moustériennes" », Bulletin de la Société Préhistorique Française, t. L, pp. 457-466, (1953)
« Le complexe moustérien : Moustériens, Levalloisien et Tayacien », L'Anthropologie, t. 55, pp. 1-23 (1951) (avec M. Bourgon)
Typologie du Paléolithique ancien et moyen, Delmas, Publications de l'Institut de Préhistoire de l'Université de Bordeaux, Mémoire n° 1 (1961), réédition CNRS 1988 : ISBN 2-87682-005-6
Leçons sur le Paléolithique, CNRS, 3 vol. (1984)
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