Dégustation au domaine Weingut Erben von Beulwitz à Mertesdorf (Mosel)

La Ruwer est un petit affluent en rive droite de la Mosel, à quelques kilomètres en aval de Trèves. Son vignoble escarpé est sans doute moins réputé que la Mosel, mais les terroirs schisteux présentent tous les gages de qualité pour donner naissance à de grands vins. Depuis quelques années, nous achetons régulièrement au Weingut Erben von Beulwitz dont les vignes sont sises sur les villages Mertesdorf et Kasel principalement.

C’est Anna Weiss, la fille du propriétaire Herbert Weiss, qui a conduit la dégustation dans un esprit convivial et précis, nous offrant une large palette de types de vins, depuis les « secs » jusqu’au Beerenauslese (notation de 1* à 5*).

Dégustation de Riesling exclusivement.

Trocken 2023 : un vin immédiat, fruité et floral. Une bouche sérieuse, claquant, montrant un bel équilibre entre acidité et amertume. Du velours en finale. Très belle entrée de gamme. *

Kaseler Nies’chen im Steingarten (n° 15) Trocken 2022 : nez vineux sérieux, toujours sur un équilibre floral, plus profond, plus intense, presque « capiteux ». Attaque semi-perlante très agréable, d’abord droite puis s’élargissant en bouche. Trame minérale et grande vinosité pour ce sec très charmeur. **

Kaseler Nies’chen Im Taubenberg, Grosse Gewächs (n° 13) 2021 : superbe aromatique au nez, laissant une impression de velours et de rondeur. En bouche, le vin se livre totalement, charmeur au possible. Finale lieblich, avec une fine grillure et une impression (fausse car c’est un vrai sec à moins de 9 g/l de SR) de velouté. ***

Mertesdorfer Herrenberg, Grosse Gewächs (n° 16) 2021 : nez un peu sur la retenue, malgré tout élégant. Bouche équilibrée, entre puissance et élégante. Manque un peu de caractère à mon gout.

Kaseler Nies’chen Auf den Mauern, Grosse Gewächs (n° 12) 2021 : un grand nez sur l’aromatique, pas du tout variétal. C’est profond et complexe, exotique, citronné, floral. Bouche droite et bien construite, avec de la mâche et une grande empreinte. Finale veloutée, presque soyeuse. Grand potentiel. ****

Kaseler Nies’chen Auf den Mauern, Grosse Gewächs (n° 12) 2019 : le (très) grand frère du précédent. Grande expression au nez, entre agrumes, citron, rôti et miel. Bouche en plein accord, puissante, équilibrée, fraîche et construite. Mâche superbe, presque tannique. Allonge superlative. *****

Feinherb 2022 : douceur et fraîcheur pour ce vin, malheureusement un peu trop marqué par les amers à mon goût.

Kaseler Nies’chen, Kabinett (n° 10), Alte Reben Feinherb 2022 : c’est un vin très élégant, « sweet ». Bouche avec une belle définition, de semi-sucre et demi-corps, mais parfaitement construite. Très jolie finale douce. **

Kaseler Nies’chen (n° 9), Spätlese Feinherb 2018 : impression saline au nez, sur une belle aromatique. Bouche charmeuse, finement sucrée. Petit manque d’acidité ressentie en finale (courte). *

Kaseler Nies’chen (n° 9), Spätlese Feinherb 2017 : un nez original, sur les petits abricots secs et le rôti. Bouche droite et allongée, avec de la mâche et un certain charme. Belle longueur. **(*)

Kaseler Nies’chen, Kabinett (n° 8), Alte Reben 2022 : un nez totalement cristallin, une bouche enveloppante, avec du charme, de la structure et de l’allonge. ***

Kaseler Nies’chen (n° 6), Spätlese Alte Reben 2019 : futur très beau vin. Un nez déjà superbe, avec des notes de truffes qui apparaissent, une touche rôtie salivante. Bouche de caractère, avec de la mâche et de la longueur. A attendre encore quelques années. ****

Kaseler Nies’chen (n° 6), Spätlese Alte Reben 2018 : j’ai trouvé le vin peu expressif et assez court. Il semblerait que la bouteille était ouverte depuis quelques jours. A revoir

Kaseler Nies’chen (n° 4), Auslese*** Alte Reben 2020 : un nez sublime, sur des notes d’agrumes bien murs, toujours un léger rôti élégant. Bouche équilibrée, des amers présents mais déjà bien intégrés, une grande acidité en accord avec la structure. Futur très grand vin. *****

Kaseler Nies’chen, Beerenauslese 2006 : magnifique vieux vin liquoreux. Une synthèse parfaite entre les grains nobles du Layon et les amers / acidités du Petit Manseng. Nez qui truffe, avec des retours mentholés, de sucre candy et de miel. Bouche de méditation, toute en douceur, une acidité qui allonge le vin et se fait à peine sentir, des amers salivants juste dosés. EXCEPTIONNEL

Très grande dégustation. Il nous reste à remercier Anna Weiss pour sa disponibilité, son écoute et ses explications toujours très intéressantes. Nous reviendrons avec plaisir pour une nouvelle dégustation.

En prime, nous avons dégusté à table les Auslese Kaseler Nies’chen sur les millésimes 2004 très élégant et fin, 2005 plutôt puissant et frais, 2007 intermédiaire entre les deux et 2018 plein de promesses, même si un peu plus « léger ».

Bruno

Une dégustation sur le pouce au domaine Thanisch à Lieser (Mosel)

Copyright (C) : Weingut Thanisch à Lieser

Par le hasard d’une bouteille goûtée au restaurant, et dont l’effet « waouh » restera longtemps dans nos mémoires, nous voilà donc à Lieser, face à notre hôtel Weisser Bär de Mulheim, pour une dégustation certes rapide et à l’improviste, mais très agréable. Quelques impressions sans prise de note.

Lieserer Rosenlay Riesling Kabinett 2023 : un nez sur la fraîcheur, des notes fruitées et florales, d’une extrême élégance. Bouche sur un bel équilibre demi-sucre assez riche, plutôt proche d’un Spätlese. C’est facile à boire, bien construit et très plaisant. Une sorte d’entrée de gamme d’un grand vigneron. Très Bien

Lieserer Niederberg Helden Riesling Spätlese 2023 : on passe largement un palier, voir deux. Nez profond, légèrement grillé et cristallin à la fois. Bouche très vineuse, riche et élégante. Notes aromatiques sur les agrumes, toujours accompagnée par une impression cristalline. Longue finale marquante, fraîche et mentholée. Excellent

Lieserer Niederberg Helden Riesling Auslese 2023 : Un Auslese encore plus construit, des notes grillées et rôties en complément de son petit frère. Un grand vin de gastronomie en devenir. Excellent +

Lieserer Niederberg Helden Riesling Berenauslese 2023 : Le sucre dans ce qu’il a de meilleur. Malgré sa concentration, le vin joue sur un registre élégant, aromatique et exotique. Un vin de méditation pour un soir d’été, à la fraîche. Excellent ++

Lieserer Niederberg Helden Riesling Auslese 2001 : Bel exercice pour tester l’évolution du vin. Cet auslese est devenu (encore plus) complexe, arrondi, rôti avec une intégration d’amers nobles très salivant. Empreinte superlative. Dans la fleur de l’âge. Exceptionnel

Parfois, le hasard fait bien les choses. Je retiendrai de cette dégustation une gamme extrêmement cohérente, construite sur l’élégance et la fraîcheur, sans concession à la partie aromatique du vin. Grande révélation … à prix très très doux.

Nous reviendrons lors d’un prochain passage en Mosel.

Bruno

Week-end de transition

Après une disette très passagère, nous nous sommes rattrapés ce week-end, avec quelques bouteilles, et des fortunes diverses :

Mosel-Saar-Ruwer, Riesling Kabinett, Rotschiefer 2012, van Volxem : un superbe nez sur la poire williams, avec une pointe saline légèrement perlante, fraîche, énergique et qui apporte du peps. Fine sensation « douce », veloutée. A l’aération, des notes pétrolées apparaissent, complétées par des composantes plus capiteuses. Attaque en bouche vive, douce et saline, sur une grande complexité et un équilibre magistral. Un joli gras fruité se mêle avec des notes florales plus consistantes. L’ensemble est tenu par une grosse acidité intégrée. De l’énergie qui vient tapisser les papilles. Finale à l’avenant, sur des touches salines, des amers fins et une impression de mâche. Sensuel et charmeur sur un registre frais. Excellent ++

Saumur, Chenin du Puy 2015, domaine Frédéric Mabileau : on retrouve la construction classique de ce cru, avec un nez minéral fin, tendu, ciselé et allongé. Des notes florales fines et douces apparaissent, complétées par une sensation grasse très légère. Bouche équilibrée, sur une structure acide et une assise très chenin, avec une fine salinité, un soupçon fumé et des notes grasses qui apportent une corpulence supplémentaire. Sans doute un peu fermé en l’état toutefois. Finale fumée fraîche, avec un joli potentiel de vieillissement.

Le soir, après une aération, on retrouve cet équilibre général, en plus épanoui et plus exacerbé. Ouverture du vin, gras et rondeur, sans conséquence sur l’aspect traçant et frais. Aromatique nettement développée. Finale avec plus de caractère, sur des amers bien présents, de bel effet, et qui claquent. Excellent

IGP Collines Rhodaniennes, Syrah de Seyssuel, L’Ame Sœur 2013, domaine Stéphane Ogier : un vin acheté après un salon « pro » au cours duquel on nous fait gouter le millésime 2014 et on vous livre un 2013 en vous expliquant que c’est pareil (ce n’est pas un coup d’essai puisque les Côte du Py de Jean-Marc Burgaud avaient subi le même sort, mais j’étais resté ferme sur le millésime) … Marketing commercial parisien par des commerçantes, à l’attention … certainement pas des vrais amateurs ! Bref, un joli nez profond, sur la violette, les fruits noirs et dégageant une impression de maturité. En bouche, c’est bien construit, avec des tannins de caractère, un fruité assez profond (fruits noirs), mais avec un manque évident de complexité. Rien à voir avec le 2014 dégusté (de mémoire). Bref, une expérience à vite oublier (de toute façon, elles se sont ré-orientées vers des salons avec « plus d’espaces et plus d’intimité « dans lesquels seuls les vrais professionnels sont désormais invités. Bien +

 

Bruno