12 novembre 2023

Une nuit et un dîner à l'Auberge Pom'Poire (Azay-le-Rideau, 37)

Deuxième visite à l’Auberge Pom’Poire et toujours cette impression de sérénité qui se dégage de cet établissement. Un accueil très amical, proche sans être familier, très professionnel.


Chambres à l’unisson, sur un registre intimiste et apaisant (pour les chambres Prune et Poire). Spacieux et cocooning. Plateau de courtoisie bienvenu. Salle d’eau moderne et bien équipée. Bref, tous les ingrédients sont présents pour une soirée d’exception.


Pour cause d’allergies et une végétarienne, nous avons été guidés vers le menu en 5 services … qui comblera nos attentes comme son grand frère en 7 services testé en février dernier. Même impression de luxe sans ostentation dans la salle de restaurant, entre bois, métal et verre. Une disposition bien espacée des tables pour plus d’intimité, et en route pour un voyage gustatif.


Amuse-bouche


Silure / Lard paysan / Pois / OSeille / Blette / Dashi
Un double duo terre-mer et végétal-animal qui joue avec subtilité sur les saveurs et les textures (et un croquant des légumes encore salivant). Très belle entrée en matière


St Jacques / Huitre / Poireau / Cresson
Cuisson nacrée de la noix, comme il se doit, contre-point entre la saveur de la St Jacques, iodée et aérienne, et celle des poireaux, plus douce et terrienne. Grand plat.


Caille Royale en deux façons : cuisse confite et tronçon / Variation de Courge / Coing / Noix
La cuisson encore une fois parfaite. Cuisse confite telle une gourmandise fondante, respect de la chair tendre et délicate pour le tronçon. Garniture et sauve au diapason. Grand plat gourmand, élégant et savoureux.


Rouget


Desserts : Patate douce / Cardomome / Clémentine - Déclinaison de Pomme / Miel / Fenouil
Fraîcheur et sucrosité minimaliste pour ces desserts digestes. Belles associations, belles saveurs, belles textures. On reste sur une grande fraîcheur pour terminer ce repas


Là encore, tous les plats sont d’un niveau superlatif, tant dans la perception visuelle que dans les associations de saveurs et de textures. On monte crescendo vers les sommets, sans regret du plat précédent. Cerise sur le gâteau, le service est décontracté, à l’écoute et très professionnel.

Pour cette fois, je me suis débarrassé de mes préjugés et laissé guidé par mes impressions, puis par le choix avisé du sommelier qui nous a réservé de belles surprises.


Montlouis, Cuvée Louane, domaine Franck Breton (Brut nature) : d’aucun me souffle « on dirait un champagne ». Pour moi, la première impression m’évoque un Salon dégusté il y a fort longtemps. Un nez majestueux, tendu, minéral, sur des notes fraîches d’agrumes. En bouche, cette minéralité se traduit par un toucher granuleux très calcaire, finement crayeux. De l’énergie et du charme, avec une fine amertume que l’on retrouvera en finale, sur un registre plus claquant. Finale « douce » tendrement glycérinée, sur une allonge superlative. Très Bien ++

Montlouis, la Coulée des Muids 2020, domaine Franck Breton : on ne change pas une équipe qui gagne. Nez intense, profondément minéral, avec une aromatique charmeuse, sur la réglisse et les fruits blancs. Pointe complémentaire fumée, doucement poudrée. Bouche sur un équilibre sec, mais avec une tendresse et une rondeur avenante. Passée la note boisée de l’élevage, j’y retrouve un joli gras salivant, une richesse bien dosée et une fine grillure aromatique. Finale sur la tendresse, le charme, presque « à la bourguignonne ». Avec la Saint Jacques, la fraîcheur prend une dimension supplémentaire, laissant transparaître une structure « chenin » plus typique et plus variétale, sans défaut. Grande révélation que ce domaine. Excellent ++

Bourgueil, Grand Mont 2017, Aurélien Revillot : un nez profond, sur la cerise noire bien mure, une profondeur intéressante. Bouche « douce », fraîche, construite sur une belle acidité. Un vin suave, assez immédiat, à la mode gourmandise type « Pied de la Butte » de Jacky Blot. A l’aération, le vin prend de l’ampleur et de la vinosité. Il commence à presque pinoter. Superbe finale sur l’allonge. Deuxième révélation. Excellent

Vouvray, le 2016 Moelleux, François Pinon : pour accompagner les desserts, ce moelleux présente un nez très exotique, sur les fruits tropicaux, d’une grande fraîcheur. Pointe « pâte de coing » en complément. Notes fumées et de pomme cuite. Bouche sur un équilibre presque demi-sec, plutôt digeste, frais, évoquant la tatin. Fine cristallinité acidulée, arrondie et tendre. Excellent +


Pour terminer la soirée, un Cognac (Fins Bois), Cèdre Blanc extra-old, Fanny Fougerat : aromatique au nez, sur la paraffine, un fin boisé. Belle bouche construite, avec une granulosité élégante. Impression d’alcool bien dosée. Une sorte de « sucrosité » sans lourdeur. Très joli pour un type d’alcool que je n’ai pas l’habitude de déguster.


Après une nuit salvatrice, rien de tel qu’un superbe petit-déjeuner pour repartir du bon pied.


Nous avons tenu promesse d’y revenir … Jamais deux sans trois pour une adresse qui a toutes les chances de rentrer dans notre panthéon personnel.

A très bientôt.


Bruno


Aucun commentaire: