Fin d’une semaine « difficile »
avec plusieurs salons programmés, dont ce Grand Tasting de Paris qui a bien
changé depuis son origine. Plateau finalement sans peu d’importance, tant la
part des domaines et maisons de Bordeaux, de Bourgogne (négoce) et de Champagne
y a pris une part plus que prépondérante. Heureusement, les quelques adresses
incontournables de l’étranger ont sauvé les apparences. Si 2018 avait été
annonciateur d’une amélioration avec une accréditation presse obtenue
facilement, il a fallu faire preuve de beaucoup de diplomatie pour obtenir le
précieux sésame cette année, jusqu’à aller faire de la publicité sur ce blog
pour l’agence de pub en charge de l’événement. Le monde à l’envers quoi !
Par pudeur, je ne parlerai pas de
l’organisation toujours aussi approximative (arrivé à 9h45 pour une ouverture à
10h15, il faut faire la queue pour entrer, pour le vestiaire (passé de 1 à 2 €)
puis pour le verre … Début des dégustations pas avant 10h45 !!!
Bref, on est passé clairement du salon
d’amateurs et de passionnés à un salon de bobos sortis tout droit des grandes
écoles (et à l’affût de créer une startup vite rentabilisée).
Passons maintenant aux choses sérieuses, dans
l’ordre des visites.
Domaine de
la Taille aux Loups / domaine de la Butte
L’esprit du vin existe toujours. Nous l’avons rencontré chez Jacky Blot
où toutes les équipes présentes sont disponibles, souriantes et à notre écoute.
Pour ne rien gâcher, les gammes sont toujours au top.
Montlouis-sur-Loire,
Triple Zéro : une bulle sèche, tendre, sur une belle
douceur aromatique. Un chenin qui fait des bulles. Très belle mise en bouche. Très Bien
Montlouis-sur-Loire,
Remus 2016 : riche, gras et avec une aromatique presque méridionale. C’est beau, de
garde mais déjà prêt pour un plaisir immédiat. Très Bien
Montlouis-sur-Loire,
Clos de Mosny 2017 : finesse, élégance et structure. Fraîcheur mentholée qui dégage de
belles vibrations. Longueur très intéressante. Très Bien +
Montlouis-sur-Loire,
les Hauts de Husseau 2017 : un vin clairement plus tendu, plus minéral. Grande allonge sur
l’énergie et l’équilibre. Excellent
Montlouis-sur-Loire,
Clos de Mosny 2012 : trame allongée, sur l’élégance. Bouche structurée et tellurique.
Finale très sapide sur une grande et noble aromatique. Excellent +
Vouvray, Clos
de la Bretonnière 2010 : puissance minérale plutonique, longue et forte empreinte énergique. Exceptionnel
Montlouis-sur-Loire,
Rémus Plus 2008 : un vin que je n’ai pas compris. Rondeur et grillé mais finalement m’a
semblé en retrait (mais il était difficile de passer après la Bretonnière). A revoir
Vouvray,
Clos de Venise 2007 : complexité équilibrée entre la trame acide / minérale tendue et
l’habillage de gras et d’aromatique. Notes de rondeur et de grillé en
supplément. Longue rémanence. Excellent
Montlouis-sur-Loire,
Triple Zéro 2008 : un élevage long qui apporte des
notes semi-oxydatives du plus bel effet. Grillure noble, peau d’amandes amères
et amertume « douce » en finale. Un côté Jura exceptionnel. Excellent +
Bourgueil, Pied
de la Butte 2018 : un jus de cerises bien mûres, des
tannins lactés … pour un vin de copains très gouleyant. Très Bien
Bourgueil, Haut
de la Butte 2017 : fruits rouges et noirs sur un
registre plus vineux. Des tannins frais, une acidité bien dosée pour une future
grande bouche. Très Bien ++
Bourgueil,
Perrières 2015 : le vin de cailloux, avec un grain
tannique superlatif, un toucher élégant et « rustique » à ce stade.
Longue garde à prévoir. Excellent (+)
Bourgueil,
mi-Pente 2014 : le vin se présente comme un cousin pas trop éloigné du précédent.
Moins de puissance minérale caillouteuse, plus de finesse dans les tannins, qui
dégagent une impression de fraîcheur ultime. Excellent +
Domaine Chignard
On avait connu le domaine du temps de Michel et des tous débuts de
Cédric. Force est de constater que le passage de génération a été réussi, avec
une gamme complète, du « simple » beaujolais gouleyant au grand vin
de garde à la bourguignonne.
Beaujolais-Villages
2016 :
du grain au nez, une bouche sérieuse très fraîche, des tannins fins. Belle
entrée en gamme. Très Bien
Fleurie, les
Moriers 2018 : robe plus sombre et plus rouge. Un
côté variétal agréable au nez, une belle structure en bouche, des tannins sérieux
et civilisés, pour un vin qui a de la mâche. Très Bien ++
Fleurie, les
Moriers 2016 : 2 ans et le monde change ! Vin
fondu, fin, avec une grande et belle acidité. Salivant sur la finale. Excellent (+)
Fleurie, les
Cochoniers 2015 (élevage
exclusif en cuve ciment) : grande promesse dès le nez, très vineux. Dense en bouche, avec des
tannins crémés quoique de caractère. Pointe de « faux élevage » sur
la finale. Excellent +
Fleurie, les 10
coupées 2015 (élevage en
fût / vendanges entières) : puissance en bouche, structure sur l’amertume noble des rafles bien
mures, acidité de structure parfaitement dosée, charge tannique imposante à
dompter. Très longue garde à prévoir. Exceptionnel
Domaine
Billaud-Simon
Légère déception avec ce
domaine. Si les vins sont bien faits et sans défaut, il manque une touche de
magie pour basculer vers la lumière.
Chablis, 2018 : un
vin sur le fruit, avec des notes florales, une joli bouche plutôt ronde. Bien
Chablis, Tête
d’Or 2017 : structure
plus minérale et plus chablisienne. Vinosité sur belle acidité. Finale
salivante. Bien +
Chablis,
premier cru Vaillons 2017
(rive gauche du Serein) : finesse
et construction, pointe grillée. Bien +
Chablis,
premier cru Mont de Milieu 2017 (rive droite du Serein) : plus
frais, sur le menthol. Minéralité construite et complexe. Bel équilibre général.
Très Bien +
Chablis,
Grand Cru Preuses 2017 : puissance
et gras en bouche, grande longueur, finale suave. Excellent
Champagne Françoise
Bedel
Une gamme cohérente, des
élevages semi-oxydatifs bien mesurés. Belle découverte.
Champagne,
Origin’elle 2014 (Pinot Meunier / Chardonnay / Pinot noir : 70 / 20 / 10): nez
très (trop) sur l’oxydatif. Bouche par contre superbe, énergique, grasse,
tendue et fine. Très Bien +
Champagne, Dis
« Vin Secret » 2012 (Pinot Meunier 100 %) : un nez très légèrement sur
l’oxydatif, qui me plait beaucoup. Bouche sur une construction similaire, sans
doute plus vineuse. Rétro-olfaction de très bel effet, sur la peau d’amandes
amères. Excellent
Champagne, Entre
ciel et terre 2012 (Pinot Meunier / Chardonnay / Pinot noir : 30 / 35 / 35 %) : encore
plus de vinosité pour ce vin, sur une trame semi-oxydative et minérale bien
marquée. Grand vin de gastronomie Excellent
++
Champagne,
L’Ame de la terre 2006 (Pinot Meunier / Chardonnay / Pinot noir : 90 / 5 / 5 %) : un
supplément de tout par rapport au précédent. Peut-être un ‘petit’ défaut, une
rondeur un peu prononcée en finale. Excellent
+
Domaine
Elvio Cogno
Découverte (encore !)
d’une belle adresse piémontaise, depuis l’entrée de gamme jusqu’au roi Barolo.
Si nos pas nous mènent en Piémont, il faudra quelques semaines de visites …
Langhe
Nascetta DOC, Anas-Cëtta, 2018 : superbe
aromatique au nez, riche, fraîche (menthol), grillée, des notes végétales
nobles (fougères humides), une touche d’épice en complément. Bouche énergique,
ronde et grasse, plutôt suave. Notes d’herbes aromatiques méridionales. Douce
amertume en finale. Excellent
Langhe Nebbiolo
DOC, Montegrilli 2018 : de
la douceur, déjà dans les tannins presque féminins. Une acidité intégrée, une
rondeur avenante, des notes de fleurs, de fruits et d’épices avec une pointe de
douceur en finale. RDV dans 15 ans pour révéler tout le potentiel de ce vin. Excellent +
Barolo DOCG,
Ravera 2015 : on
pourrait presque dire uniquement : un grand nez de Barolo … même si jeune.
Une sorte de pinot noir légèrement et subtilement torréfié. Fraîcheur florale,
notes de tabac et d’épices. Bouche élégante et puissante, une aromatique
piémontaise, des tannins bien nés à laisser tranquillement se patiner.
Puissance sur la finale, une finale. Exceptionnel
On
aurait aimé gouter d’autres italiens. Malheureusement, ni chez Pio Cesare qui
a joué à cache-cache pour ne pas nous servir ni chez Cavallotto, où le stand
est resté désespérément vide, cela a été possible. Pour une fois où
l’espace italien était aéré et pas concentrationnaire …
Beaulieu
Wineyards et Penfolds
Deux domaines, deux pays,
un seul stand de dégustation. Mais un accueil et une écoute qu’on aimerait
avoir plus souvent en France. Des vins de très haut niveau, même en Napa Valley
royaume du Cabernet et du Shiraz qui sont, ici, loin de la caricature bodybuildée
des vins Parker des années 1990 /2000.
Penfolds, Koonunga
Hill 2017 : un
assemblage Shiraz / Cabernet sur la puissance, mais bien maîtrisée. C’est
élégant et plutôt tendu et énergique. Toutes les qualités des deux cépages,
sans leurs défauts, sont présents ici. Quelle tannicité maîtrisée. Très Bien +
Penfolds, Bin 2
2017
(Shiraz + Mourvèdre) : c’est plus vineux, plus complexe et sans doute
moins « variétal ». Grande amertume noble. Excellent +
Penfolds, Bin 8
2017
(Shiraz + Cabernet Sauvignon) : un palier est franchi avec ce vin, plus
nerveux. L’énergie épicée qu’il dégage est subtile et intense. Noblesse des
tannins déjà crémeux. Bouche vibrante, allongée, énergique et signe d’un Grand
Cru. De la belle ouvrage. Excellent ++
Penfolds, Bin 28
2017 : petit
retour en arrière avec ce 100 % Shiraz. Si la construction évoque le précédent,
le vin m’a semble plus variétal, une touche de rondeur en complément. Mais on
reste à un niveau de qualité très élevé. Excellent
Napa Valley,
Reserve Tapestry 2015 : un
vin mûr, puissant, épicé mais qui sait rester frais et buvable. Ce
« deuxième » vin est déjà une promesse … Excellent
Napa Valley, Georges
de Latour 2015 : 90
% de Cabernet Sauvignon mais 100 % de plaisir. Le Premier Grand Cru Classé
qu’on attend en France, sans raideur, sans poivron. Si ce vin est
particulièrement puissant et gorgé de soleil, la maîtrise du vigneron se fait
sentir sur ce tout jeune bébé. La perfection presque atteinte. Exceptionnel
Graham’s
Traditionnellement notre
dernière visite avant de rentrer. Confirmation du plaisir de déguster une gamme
particulièrement aboutie de Porto Tawny’s. maîtrise de l’oxydation, science des
assemblages, patience des élevages et des vieillissements. Grande conclusion
Tawny Reserve :
un oxydatif léger immédiat, sur un plaisir simple mais réel. Finale douce,
pruneau et peaux de noix. Très Bien
Tawny 10 ans :
c’est frais au nez, sur le tabac blond et les épices. Bouche à l’avenant, avec
de l’énergie, une grande et belle acidité et un grain tannique épicé. Longue et
fraîche rétro-olfaction. Excellent +
Tawny 20 ans :
plus rond que le précédent, toujours avec cet équilibre acidité / épices. Sans
doute moins immédiat à ce stade. Excellent
Tawny 30 ans :
un alcool de méditation, entre pure malt de noble origine et notes de tabac,
boisées et épicées. Puissance en bouche, sur la rondeur et l’élégance. Tannins
superlatifs et longue empreinte. Excellent
++
Tawny 40 ans :
une liqueur fumée et confite, une épice saline, une bouche sphérique. Peut-être
un léger manque de longueur pour tutoyer les sommets. Excellent +
Voilà,
une courte sélection toute personnelle d’un plateau qui s’amenuise d’année en
année, mais un plaisir toujours présent.
Bruno
1 commentaire:
D'accord avec ton intro
Cela s'est ressenti en terme d'affluence, du moins ce vendredi, bcp - de monde que d'habitude, le bon cote des choses c'est que cela facilite les degustations.
Des vignerons , des vrais, fideles au salon, et au top niveau il y en a quand meme : Famille Blot, Famille Trapet, H. Bizeul, Deiss, Humbrecht
en exagerant je pourrais dire que j'ai vu plus vu de vrais vignerons dans les allees (en train de deguster) que dans les stands : Guffens, Richaud, Bizeul ...
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