23 août 2019

Avis de tempête vinique en Bretagne


Changement de programme en cette année 2019, avec une météo plutôt « hivernale » du côté de Kerlouan. Comme quoi, il ne faut pas confondre climat et météo J
Au niveau vins, ce fût une nouvelle fois de très haut niveau, dans l’ordre des dégustations …

Pernand-Vergelesses, premier cru Sous Fretille 2008, domaine Rapet père et fils : un nez plutôt floral sur un substrat marqué par une minéralité intense et fine. Légère impression de pointe semi-oxydative, en fait une évolution naturelle qui tonifie le vin. Puissance tellurique en bouche, avec une grande acidité parfaitement intégrée et complétée / complexifiée par un gras élégant. Du volume avec un grain presque « tannique ». Finale sur l’aromatique et les amers nobles, puis une dernière pointe minérale en retour. Excellent
Lirac, les Muses 2009, domaine du Joncier (Marine Roussel) : un nez sudiste, sur les fruits bien murs, avec des notes aromatiques sur l’olive. Pointe de fraîcheur et de fragrances de garrigue. Bouche à la fois puissante et élégante, superbe amertume du mourvèdre, grain tannique presque crémeux avec de fines aspérités épicées. Grande fraîcheur élégante en finale. Excellent
Puligny-Montrachet, les Enseignères 2010, Anne et Hervé Sigaut : un nez très sur le caillou, avec une pointe d’évolution modérée. Attaque en bouche plutôt grasse, mais la minéralité ressort rapidement. Léger manque de complexité avec une minéralité qui m’a semblée un peu trop linéaire. Amertume marquée et un peu dissociée, avec une aromatique un peu en retrait. A l’aération, reprise de gras. Les amers s’intègrent doucement à la trame. Très Bien
DOQ Priorat, Cims de Porrera 2005 : ce vin issu de 100 % de Carignan se caractérise par un nez d’une pureté sur les fruits mus, une pointe épicée et une sorte d’explosion de fragrances. En bouche, c’est d’une grande élégance tannique, sur la puissance qui sait rester fraîche. Complexité des tannins, entre crémeux et fins amers. Finale sudiste et corpulente. Puissance maîtrisée, une pointe / sensation presque « sucrée / veloutée » … qui laisse une empreinte superlative sur la longueur. Excellent +

Riesling, Grand Cru Sommerberg 2012, Paul Blanck : un nez assez exotique, sur les agrumes, la rose et une sorte de touche tendre. Les notes pétrolées sont très légères, presque florales. Bouche structurée autour d’une belle acidité, avec une complexité aromatique, une tendresse et un festival d’amers nobles. Finale étirée, sur l’élégance minérale quoique « riche ». Claquant en laissant une grande empreinte, une énergie tellurique folle. GRAND VIN. Exceptionnel
Côte Rôtie, la Brocarde 1999, François Villard : un nez sur les fruits bien murs, presque fondus, laissant apparaître avec l’aération des notes épicées plutôt douces. Bouche avec une forte acidité, des notes épicées (trop ?) marquées. Tannins de velours, équilibrés et complexes. Finale sur une fraîcheur allongée, avec un retour velouté finement épicé. Très Bien
Arbois Chardonnay, la Mailloche 2014, Jacques Tissot : un nez de chardonnay très floral, complété par une belle aromatique. Pointe jurassienne très modérée, presque vanillée, mentholée à l’aération. Bouche tendre, avec un vanillé bien intégré, laissant une longue rémanence fraîche. Amers réglissés complétés par une fine acidité qui présente du relief. L’empreinte du terroir jurassien est bien présente (peau d’amandes, léger enrobé sans notes jaunes). Finale plutôt explosive. Très Bien +

Rully, premier cru Cloux 2014, Paul et Marie Jacqueson : un nez direct, franc, d’un fruité gouleyant. Fruits rouges acidulés complétés par une pointe fumée du plus bel effet. Bouche à l’avenant, presque gouleyante. Joli fruit qui pinote tranquillement, sur une base légère : de demi-corps mais sérieuse et diablement bien faite. Finale fraîche et croquante, avec des notes sur les herbes aromatiques (menthe et sauge). L’archétype du vin de copains. Excellent
D.O. Malaga Dulce (Pedro Ximenez), Bodega Quintapenas : un nez complexe, rancio, sur les pruneaux et des amers type peau d’amandes. Sensation sucrée mesurée. Bouche dans un style Maury plutôt fraîche et digeste. Rancio sucré léger, charge en sucres mesurée, tannins qui équilibrent la bouche. Finale qui évoque un Tawny avec du sucre, sur un registre léger. Excellent +
Montlouis, Rémus Plus 2012, domaine de la Taille aux Loups (Jacky Blot) : nez cristallin, ciselé, mentholé, avec un retour / une deuxième vague sur un grillé léger et salivant. Du diamant ! Bouche avec une grande tension minérale, une acidité redoutable mais équilibrée, qui dégage une sensation d’énergie tellurique profonde. L’aromatique est toujours présente, elle vient enrober et habiller le vin avec un gras qui arrive en deuxième rideau. Finale qui reprend l’ensemble, finement ciselée, pointe saline, retour sur la menthe poivrée. Exceptionnel

Moscato d’Asti, 2017, Araldica : une sucrerie idéale pour l’apéritif, certes moins élaborée que le Moscato de Pelissero. Mais une belle entrée en matière. Bien +
Palette, château Simone 2008 : toujours cette fine aromatique originale au nez, floralité, touche d’encaustique, … mais avec une pointe d’amertume qui n’augure rien de bon. Bouche à l’avenant, forts amers dissociés, manque évident de volume. C’est court et raide. Problème de bouteille
Porto, Tawny 10 ans, Andresen : une robe rouge bordeaux profonde, sombre et intense. Un nez de tawny classique, sur l’oxydatif, les pruneaux et la noix. Pointe fumée présente et déjà une sensation tannique (que l’on ne rencontre pas chez Graham’s par exemple). Bouche avec du relief et de la puissance, terrienne, un grain tannique de noble origine. Equilibre entre le rancio et le fruité. Amers salivants sur la peau de noix et d’amandes, et une sensation de grain en bouche. Charge sucrée présente, mais parfaitement équilibrée et qui sait accompagner l’ensemble. Excellent
Chitry, Vau du Puy 2012, Olivier Morin : un nez léger et fin, sur de petits fruits rouges, croquant, une pointe fumée en supplément. Bouche acidulée, toujours sur les petits fruits rouges et légèrement fumée. Finale légère, sur une épice douce et des tannins de velours. Un vrai vin de copain à prix modique. Très Bien

Saumur, Chenin du Puy 2011, Frédéric Mabileau : superbe nez de chenin floral, frais, impression de gras et des fragrances aromatiques déjà salivantes (menthe / menthol). Ca « brèze » légèrement. En bouche, le substrat minéral et acide du terroir et du cépage est complété par un léger grillé salivant, une amertume noble et une fraîcheur vivifiante. La puissance est là, mais totalement maîtrisée. Finale qui enrobe le palais tout en restant fraîche, élégante et tendue. Empreinte superlative, avec un dernier retour sur une pointe fumée et un gras salivant. Exceptionnel
Rully, premier cru Grésigny 2014, Paul et Marie Jacqueson : une finesse cristalline au nez, complétée par des notes d’amandes amères et un grillé très élégant, déjà salivant. Bouche construite sur une minéralité intense, une finesse superlative et une sensation de caillou. Grande et belle acidité qui allonge l’ensemble … et se termine par un retour gras, aromatique et un grillé salivant. Allonge superbe sur une finale fine et laissant une grande empreinte. Excellent +
Mosel-Saar-Ruwer, Riesling auslese Brauneberger Juffer-Sonnenuhr 2008, Fritz Haag : un nez très exotique, sur le pamplemousse rose, complété par quelques notes pétrolées fines. Bouche sur une belle sucrosité, une minéralité de fond habillée par un beau volume. Fruits exotiques bien mûrs. Finale saline presque perlante, laissant une impression de douce liqueur. Excellent

Condrieu, Coteau de Vernon 2005, Georges Vernay : nez peu expressif, bouche assez opulente marquée par une forte amertume, avec un grain tannique qui a du caractère. Finale sur une grande salinité et une touche veloutée. Après aération : le nez se développe sur une aromatique florale assez intense, sans être capiteuse. Notes d’abricot. Amers un peu appuyés. Bouche avec un beau volume et de la complexité. Seule l’amertume dissociée subsiste, et gâche un peu notre plaisir. Bien
Pommard 2008, château de Pommard : un nez de pinot noir typique, légèrement évolué, sur une trame complexe, fruitée, tannique et terrienne. Bouche soyeuse avec de fins tannins, qui ont toutefois du caractère. Belle acidité habillée par une sorte de gourmandise. Finale assez enjoleuse, sur les fruits « semi-confits », un retour sur le velours. Excellent +
Chablis, premier cru l’Homme Mort 2010, la Chablisienne : un nez minéral sur la coquille d’huitres et la poudre de calcaire. Des fragrances qui traduisent bien leur origine icaunaise, de fins amers salivants. Bouche qui dégage une grande énergie et une acidité redoutable, mais intégrée. Un gras discret enrobe l’ensemble, une structure acide / minérale allonge le vin. Petite pointe miellée fine. Finale dégageant une énergie tellurique intense et complexe. Excellent +

Battle sur une côte de bœuf au barbecue
DOC Douro, Roquette et Cazes 2014, Quinta do Crasto : un nez profond sur les fruits noirs, une intensité solaire fraîche et profonde. Pointe fumée et veloutée en complément. Bouche droite, éminemment jeune évidemment mais quel plaisir sur les papilles. Bouche séveuse, sérieuse, sur les fruits noirs, une grande maturité du raisin. Tannins déjà fondus et intégration des amers nobles. Finale vivifiante sur une charge tannique épicée, une énergie droite. UN GRAND VIN en devenir.
DOCG Barbaresco, Pajoré 2005, Sottimano : nez évolué sur les fruits confits, une impression tannique presque crémeuse, une pointe réglissée en complément. Bouche cistercienne sur l’élégance, complétée par une pointe d’astringence salivante bien venue. Tannins encore jeunes. Un vin qui a un côté « Barolo » sur la finesse. Grande empreinte en finale, avec une sensation d’élégance et d’allonge. UN GRAND VIN encore jeune.
Le lendemain, sur un carré d’agneau de compétition.
DOC Douro, Roquette et Cazes 2014, Quinta do Crasto : le nez a perdu son côté « primaire » et sur le fruit pour une plus grande profondeur suave. La sensation tannique est réglissée, évoquant les grands Cabernet Franc. Bouche sur une belle acidité, habillée par une aromatique noble et complexe. Grande évolution à l’aération, avec des tannins de velours. Douceur épicée en finale.
DOCG Barbaresco, Pajoré 2005, Sottimano : l’élégance reste, avec plus d’ouverture. Le côté cistercien s’estompe et se patine, avec des notes fraîches à l’aération. Le vin s’est « civilisé ». En bouche, c’est fondu, plus construit, avec une touche soyeuse, des tannins à petit grain, une aromatique sur le café et les épices. Fait ressortir l’agneau. Le côté anguleux a disparu, on est passé du Barolo au Barbaresco.
VERDICT : EGALITE DANS L’EXCEPTIONNEL

Pour se remettre, un Mosel-Saar-Ruwer, Riesling auslese *** Ürziger Würzgarten 1995, Karl Erbes : nez sur l’ananas confit dans un premier temps, puis, après aération, sur les agrumes. Fines touches pétrolées et pointe de sucre candy. Bouche tendue fraîche, laissant une sensation d’un vin ayant mangé une partie de ses sucres. De la mâche sur une trame acide appuyée. Fine aromaticité avec des notes salines de bel effet, jusque dans une finale claquante. Excellent +

Condrieu, les Chaillées de l’Enfer 2010, Georges Vernay : un joli nez complexe, assez cristallin sur une base florale assez intense. Impression de fraîcheur et de profondeur. Bouche « raisonnablement » opulente, grasse sur un substrat salin. Une belle mâche salivante, une impression de « faux sucre », pointe vanillée, douceur ronde … jusqu’à une finale fraîche, intense et bien marquée. Excellent +
Sainte Croix du Mont, château la Rame, cuvée Prestige 1989 : un nez botrytisé avec des fragrances d’encaustique élégantes, une sensation rôtie bien marquée. Belle bouche construite sur une amertume noble salivante. La sucrosité de cette liqueur est exactement mesurée. Finale complexe, sur la peau de noix, les amers nobles et un gras glycériné du plus bel effet. Empreinte superlative en retour, presque torréfiée. Exceptionnel
Chassagne-Montrachet, premier cru les Caillerets 2008, Marc Colin : nez discret et peu expressif, même après aération et remonté en température. Bouche construite sur une grande acidité avec quelques notes salines et épicées. Mais un manque évident de complexité et de profondeur. C’est un peu monolithique. Finale qui manque de caractère. Une déception. Assez Bien

Côtes du Jura, les Chalasses vieilles vignes 2012, Jean-François Ganevat : un premier nez très minéral, sur une expression intense du caillou. Une pointe d’amertume et quelques notes iodées en complément. Belle bouche sur une structure acide et minérale, mais profonde et avec du volume. Salinité toujours présente. Les notes iodés se développent et se combinent dans une sorte de « faux jaune ». Finale claquante, avec une persistance fine toujours sur un équilibre minéral. Dernière impression perlante vibrante. Excellent
Vouvray, clos de Venise 2012, domaine de la Taille aux Loups (Jacky Blot) : nez cristallin ciselé, une minéralité exacerbée sur des notes de fraîcheur intense. Aromatique sur le menthol et la verveine. Pointe perlante fine. Bouche énorme et impressionnante, presque grasse. Substrat tendu équilibré par le gras et l’aromatique. Belle acidité vive du chenin. Finale dégageant une énergie folle, une superbe empreinte sur la longueur. Confirmation de l’excellence du vin en ce moment. Exceptionnel
Pacherenc du Vic Bilh, cuvée Brumaire 2007, château Bouscassé : un grand, très grand nez sur la truffe blanche, des notes terpéniques très aromatiques. En bouche, c’est une grande liqueur élégante et puissante. Truffes, épices douces, touches salines se fondent dans un équilibre magistral. L’acidité et le sucre sont totalement intégrés. De la soie en finale, sur des notes de caramel puis de torréfaction. Amertume superlative en rétro-olfaction, en sus d’une liqueur douce sur l’ananas chaud. Panthéonique-2019

Pommard, premier cru clos des Epeneaux 1999, domaine des Comtes Armand : Un vrai pommard construit sur la puissance (mesurée !), une impression terrienne, des tannins sur de beaux amers et une énergie tellurique intense … le tout associé à un fruité bien présent, plutôt sur les fruits noirs, pointe fumée. Un vin d’une jeunesse folle si l’on en juge par sa réserve d’acidité. Belle maturité du fruit. Excellent +
Saumur, clos David 2010, château de Brézé : un chenin cristallin au nez, sur le caillou, complété par une fine aromatique élégance et des notes grasses mesurées. Bouche équilibrée entre un gras / une opulence et la trame minérale intense et puissante. Superbe acidité mentholée. Finale claquante, avec une salinité qui possède du volume et un petit train presque tannique. Excetionnel

Décidemment, Kerlouan (et la côte des légendes) est une région qui réussit bien aux vins …

Bruno

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