Bilan 2020 plutôt court, largement entaché par les divers confinements et les tergiversations, pour ne pas dire l’incompétence crasse, de nos dirigeants. Annulations en tous genres (une quinzaine dans les Iles Frisonnes et en Moselle allemande, un week-end bourguignon d’octobre, …). Peu de salons, peu de visites vigneronnes et peu de sorties / restaurants !
Les restaurants
Un « au revoir » pour débuter, avec un dîner d’adieu au « Fil du Zinc » à Chablis. Bonne route à Fabien Espana que nous saluons et bienvenue au nouveau chef Mathieu Sagardoytho.
Valeur sûre avec le restaurant « Favre d’Anne » à Angers. Un grand merci à Mathilde Favre d’Anne pour ses accueils et sa gentillesse, avec cette année une association bœuf angus et anguille fumée anthologique et une découverte, les vins de Thierry Michon en appellation « Fiefs Vendéens ». Nous y reviendrons !
Deux soirées éminemment sympathiques au restaurant « Autour d’un Cep » à Angers, même si Anne-Laure n’est plus présente. Cuisine bistrotière de haut vol, belle carte des vins et prix doux. Bon courage et bonne chance aux nouveaux propriétaires, dans ce contexte très particulier.
Sommets de l’année : premier sommet « traditionnel » du côté de Beaune, à Levernois. Que dire ? L’accueil, le service, la décontraction et le sens du client. Une impression de revenir à la maison. Un esprit distillé par Suzanne et Jean-Louis Bottigliero avec bonheur et réussite. Special thank à Nicolas le Sommelier qui nous déniche des flacons de rêve à chacune de nos visites.
Très grand repas également au restaurant de l’abbaye de Fontevraud : l’empreinte cistercienne des lieux incite au recueillement qui n’es pas troublé par un service décontracté de bon aloi. Grand repas avec à la fois les plats signature (le Champignon de Paris à Fontevraud, digne d’un trois étoiles) et des nouveautés comme cette canette d’anthologie. Grande carte des vins à prix doux. En prime, la visite nocturne de l’abbaye. Une sorte de paradis sur terre.
Dernier sommet chez Régis et Jacques Marcon. L’humilité faite homme. Une cuisine magnifiant les produits du terroir et leur goût. Dommage toutefois qu’un sommelier incompétent et irascible ait perturbé le repas par un service non professionnel. La cuisine de Régis et Jacques Marcon mérite tellement mieux ! J’espère qu’il ne sera plus là le jour où nos pas nous mèneront de nouveau du côté de St Bonnet le Froid. Le nouvel hôtel, la Découverte, à prix doux et dont les prestations n’ont rien à envier à l’Hôtel de la Coulemelle, mérite largement le détour.
Les salons
Quelques belles rencontres viniques dans deux salons maintenant classiques : le salon « Papilles et Pupilles » et la trilogie salon St Jean, salon des Vins de Loire et la Levée de la Loire.
Pour les blancs : Pouilly Vinzelles, Les Quarts 2018, Jean-Philippe et Jean-Guillaume Bret : belle fraîcheur, de la précision, une bouche bien construite.
Sancerre, Chêne Marchand 2019, François Crochet : empreinte superlative, du grain, un toucher de bouche velouté et tendre, presque « tannique ». Sancerre, Chêne Marchand 2018, François Crochet : le Grand Cru de Bué (et je me répète). Tension, gras aromatique, de la soie en bouche, énergie et finale tonique, laissant une grande impression
Montlouis, Clos Mosny 2019, Jacky Blot : quelle structure superlative. Tout est déjà là (et dire que Jacky Blot estime que les vins présentés, issus de barrique sèche, ne représentent qu’un minimum de la qualité qui sera atteinte !). Vouvray, Clos de la Bretonnière 2019, Jacky Bloy : richesse, rondeur, tension suave et finale claquante. Grand vin de gastronomie. Vouvray, Clos de la Bretonnière 2018, Jacky Blot : supplément de tension, d’aromatique et d’énergie. Un cran au-dessus (et largement) du 2019 déjà bien né. Vouvray, Clos de Venise 2018, Jacky Blot : bouche serrée, sur une base de grande aromatique de chenin. Densité en bouche, et finale sur des amers sublimes.
Saumur, chenin du Puy 2016, Frédéric Mabileau : un « jus de fruit » au nez, un concentré de fruits blancs. Complexe en bouche, élégant, finale grasse et énergique, tendresse extrême.
Saumur, clos David 2017, Arnaud Lambert : corpulence, fermeté sans rigidité, aromatique mentholée, tension et belle salinité vibrante. Saumur, clos de la Rue 2017, Arnaud Lambert : un peu au-dessous du clos David cette année, mais on chipote. Finale sur la tendresse sur un substrat minéral sérieux et profond. Saumur Brézé 2017, Arnaud Lambert : le parangon du Grand Chenin. Grand nez légèrement poudré, aromatique qui brèze, tension en bouche, puissance maîtrisée et finale tout en équilibre. Beau comme une abbaye romane !
Saumur, clos des Guichaux 2018, Romain Guiberteau : malgré la fermeture, impression au nez d’élégance et de fraîcheur, sur des notes à la fois légèrement grillées et franchement mentholées. Puissance vineuse en bouche, amers fumés salivants, proches du sublime. Saumur Brézé 2017, Romain Guiberteau : encore un nez de Grand Chenin. Arômes sur la poudre de menthe. Bouche sur un grillé élégant qui n’emporte pas tout. Tension minérale, gras enjôleur, finale interminable laissant une empreinte superlative. Deuxième abbaye romane !
Pour les rouges : Morgon, Côte du Py James 2017, Jean-Marc Burgaud : l’archétype du grand morgon, tannique, rocailleux mais élégant, qui dégage une impression de profondeur et de charpente, tout en laissant échapper quelques notes fraîches, sur le menthol. RDV dans 10 / 15 ans.
Vin de France, ICARUS 2017 (Mourvèdre), domaine du Joncier : un 100 % Mourvèdre de caractère et de grande garde. Tendresse poudrée au nez. Suavité et volupté en bouche. Impression de pureté et d’élégance, malgré la puissance. L’effet amphore est bien là.
St Nicolas de Bourgueil, Eclipses, 2015, Frédéric Mabileau : un vrai et grand Cabernet franc mur, droit et bien constitué. Maturité du raison, mâche minérale en bouche, grain tannique superlatif. Finale sur une grande fraîcheur vivifiante. St Nicolas de Bourgueil, Eclipses, 2014, Frédéric Mabileau : il ferait presque passer le vin précédent pour un « petit » vin ! Equilibre et profondeur sur le fruit, bouche précise, tonique, bien définie. Tannins superlatifs. Allonge et sensualité.
Chinon, cuvée Stanislas 2016, Pierre Sourdais : grand nez de Cabernet Franc révélant un élevage juste dosé, des notes de fruits noirs. Tannins de velours, bouche structurée et impression tellurique. Grand vin. Chinon, les Boulais 2015, Pierre Sourdais : profondeur et droiture du cépage, maturité, équilibre et élégance. Charge tannique de qualité, restant à polir. Promesse d’un grand vin. Chinon, cuvée Stanislas 2017, Pierre Sourdais : ça pinote ! Concentration au nez, fruité intense, bouche avec un gros potentiel et des tannins d’une classe exceptionnelle.
Saumur-Champigny, la Montée des Roches 2017, Arnaud Lambert : un supplément de corpulence, un jus avec de l’assise et de fins et francs tannins. Saumur-Champigny, Clos Moleton 2015, Arnaud Lambert : sensualité du Cabernet franc bien né, fraîcheur et allonge en bouche, tannins superlatifs. Quelle empreinte.
Saumur, les Chapaudaises 2018, Romaine Guiberteau : une corbeille de fruits noirs, complétée par une touche glycérinée. Acidité redoutable en bouche, accompagnant les tannins soyeux dans une sorte de synergie positive. Végétal noble, grain superlatif et fraîcheur en finale. Saumur, les Arboises 2017, Romain Guiberteau : encore un grand vin. Nez tendu et droit du Cabernet franc, sans aucune trace de sous-maturité. Pointe végétale noble. Elevage déjà bien intégré. Bouche construite sur le fil, et ça marche et match bien ! Potentiel de vieillissement et de plaisir 3 étoiles.
St Chinian, Sortilège 2017, domaine des Eminades (70 % Syrah – 30 % Grenaches) : nez complexe, sur les fruits noirs, les fleurs capiteuses et les épices. Fine amertume salivante. En bouche, le vin est tout en rondeur, apaisé, avec une amertume finale qui apporte un supplément de persistance et de longueur. Tannins soyeux, définissant un toucher de bouche de grande qualité. St Chinian, Vieilles Canailles 2017, domaine des Eminades : ce 100 % Carignan représente le sommet de la gamme. Un nez plutôt animal de toute beauté, sur les fruits murs, avec un supplément minéral « masculin ». Bouche vineuse et profonde, toujours du fruit, une longue amertume et une vibration finale ultime. Tannins en support, juste pour accompagner l’ensemble.
Pour les liquoreux : Anjou, Franc de Pied 2017, Catherine et Philippe Delesvaux : tension cristalline, pureté et puissance tellurique. On est branché sur le noyau de la terre. Coteaux du Layon, SGN 2015, Catherine et Philippe Delesvaux : un grand liquoreux tout simplement. Qualité et perfection,. Structure, acidité, charge de sucres, aromatique, … tout est là et déjà en place. Dur d’attendre le vieillissement.
Les visites chez les vignerons
Quelques visites mémorables chez nos amis vignerons qui nous ont aimablement reçus, avec une disponibilité toujours vérifiée, une sorte d’amitié s’est tissée chez quelques-uns. Des rencontres toujours humaines, avec un volet œnologique.
Chez Jacky Blot
Montlouis, Clos Michet 2012 : tonicité perlante au nez. J’adore l’aromatique prometteuse. Grande bouche, fumée à souhait, salivante, avec un grain minéral vibrant. Finale sur de magnifiques amers nobles, presque grillés. Vouvray, Clos de la Bretonnière 2012 : minéralité grasse, aromatique classe et de grande élégance au nez. Bouche de « grand cru », serrée, tendue, puissante sans sacrifier à l’élégance. Grandiose finale. Vouvray, Clos de Venise 2012 : senteurs florales évanescentes au nez, discrétion asiatique, zénitude élégante. Bouche alliant tous les classiques du chenin exceptionnel : tension, gras, grillé, acidité. Le vin dessine une longue route qui mène vers le nirvana. Longue longue empreinte. Vouvray, Clos de Venise 2000 : le feu d’artifice pour terminer cette série de blancs. Superbe nez tout en dentelle Bouche à l’avenant, sans creux et sans manque. A la fois sur la longueur et sur la largeur. Fine amertume en finale, acidité noble et folle. Un OVNI dans le verre. On approche de la lumière avec une tendresse superlative.
Bourgueil, Perrières 2018 : un nez encore sur le végétal noble, la ronce, le cynorhodon. Le fruité est présent, en soutien et en complément, sur un substrat clairement minéral, de caillou. Bouche détendue, puissante, avec une belle acidité et une charge tannique crémeuse, de caractère. Finale superbe, marquée par une fine amertume salivante. Bourgueil, les Perrières 2017 : nez, bouche et air de famille avec le 2018. Dans le détail, le vin apparaît plus ‘rond’ et moins tannique que son successeur. Mais on mégote un peu.
Chez Pascale, Georges et Clément Chicotot
Nuits Saint Georges, premier cru les Vaucrains 2019 : si le premier nez est un peu fermé, la bouche est déjà sublime. Tannins poudrés, pointe café, base fruits noirs intense et bien mure. Finale superbe sur un trio allonge / empreinte / rétro-olfaction. A laisser vieillir tranquillement pour un avenir radieux. Nuits Saint Georges, premier cru les Saint Georges 2018 : On aurait pu penser que, passer après ce Vaucrains eut été difficile. Que nenni, que nenni. A Saint Georges rien d’impossible ! Si le premier nez est plutôt fermé et un peu plus « sec », l’aération et la remontée de température dévoile un caractère aérien sur le menthol et une aromatique envoutante. Le parangon du Pinot Noir en quelque sorte. Bouche à l’avenant, sur un triptyque gras / grillé / torréfié. Elégance superlative associée à une puissante totalement maîtrisée. Des tannins avec un toucher de bouche exceptionnel, qui caressent les papilles. Allonge et impression finale qui viennent compléter avec profit cette description.
Le « Best-of des vins 2020 »
Volnay, premier cru Clos des Ducs 2006, domaine du Marquis d’Angerville : une infusion de pinot, une essence de fruits noirs. Une attaque faussement maigre, qui dégage rapidement de la puissance et de l’élégance. Toujours ce petit grain tannique du Marquis, parfaitement intégré à un fruité tertiaire encore bien vivant. Une pointe de réglissé et de floralité. Finale interminable, semblant fine mais avec une persistance ultime. Côtes du Roussillon villages, vieilles vignes 2005, domaine du Clos des Fées : fruité profond, intense et dense au nez. Une touche d’onctuosité en supplément, façon « Barolo ». A l’aération, les fruits noirs se développent encore plus. Bouche sur une puissance maîtrisée. Pointe épicée. Belle rondeur. Petits grains des tannins. Superbe empreinte sur la longueur. Finale fraîche et onctueuse. De la bel ouvrage ! Saint Nicolas de Bourgueil, Eclipse n° 11, 2014, Frédéric Mabileau : robe rubis carmin profonde, quelques reflets plus vifs. Grand nez de cabernet franc mur et noble. Un fruité typé griottes, une droiture sur la maturité (le côté « mur » du CF), une élégance qui pinote presque. Attaque en bouche presque discrète, avec des tannins d’une race exceptionnelle, fins et élégants. Bel équilibre général, avec une épice douce et racée. De la mâche, un vrai toucher de bouche suave. Finale tout en équilibre, en longueur et en rondeur. Persistance sensuelle dans une rétro-olfaction fraîche, une sorte de turbo à sensations ! Promesse d’un vieillissement serein pour les autres bouteilles.
Saumur, Chenin du Puy 2014, domaine Frédéric Mabileau : robe jaune assez intense, quelques reflets dorés. Premier nez très floral, plutôt fin. A l’aération, et avec une montée de la température, le côte gras et opulent du vin se développe. C’est tendu, très aromatique et une pointe semi-perlante propose une très agréable salivation. Attaque en bouche puissante, minérale et équilibrée. Rondeur « douce », aromatique sur le mentholé et amers salivant type zan complètent cette palette. Longue persistance en bouche, glycérinée et tendre, presque saline. Impression veloutée, avec un grain « noble » sur un registre toujours frais. La synthèse entre puissance, élégance et équilibre. Grand vin (déjà) et en devenir. Savennières Roche aux Moines, cuvée les Moines 2010, Tessa Laroche : nez montrant une fine évolution, associée à un grillé sapide. Grande bouche de chenin, construit sur la minéralité, le gras et une puissante parfaitement maîtrisée. Touches grillées et amers salivants s’allient pour définir une énergique et une gourmandise très sérieuse. Prise de volume et de gras à l’aération. Grande, longue et forte empreinte. Quel vin ! Pernand-Vergelesses, premier cru Clos du Village 2012, domaine Rapet père et fils : robe jaune pâle, sans trace d’évolution. Premier nez de grand chardonnay, complexe, mêlant amandes finement grillées, notes florales élégantes et touches de fruits blancs. Minéralité fine et aérienne, parfaitement intégrée. La bouche révèle une belle construction très tonique et énergique, sur un substrat minéral. Amers sapides, léger gras qui transcende la minéralité et l’acidité, pour dessiner une finale salivante et claquante. Longue empreinte sur les papilles. Un vin à son apogée, valant plus que son appellation officielle de « premier cru ». Corton Charlemagne Grand Cru, 2006, domaine Rapet père et fils : une puissance minérale calcaire tellurique tant au nez qu’en bouche, une rondeur allongée, une empreinte tannique. C’est énergique et très noble. Amers aristocratiques. Finale superbe voyant le retour d’un grillé sur les amandes et les pistaches. Saumur, clos David 2009, château de Brézé : grand nez de chenin très minéral, floralité avenante, un grain dès les premières senteurs. Empreinte volume exceptionnelle, sur de fins amers grillés et un côté « Brézé » classique. Puissance en bouche, rondeur, gras et opulence viennent jouer un concerto avec l’acidité et la minéralité. Acidité et longueur viennent s’équilibrer. Aromatique exceptionnelle, sur le mentholé. Finale qui présente une salinité du même acabit, avec un léger enrobage. Ca claque. Quelle empreinte ! Condrieu, Coteau de Vernon 2007, Georges Vernay : fraîcheur au nez, sur un côté floral, des fruits murs sur un registre élégant. Touche mentholée exceptionnelle. Bouche structurée, un viognier élégant et mur, laissant une impression d’amertume saline très avenante. Finale qui claque, sur le gras, la fraîcheur et l’onctuosité. Un vin équilibré. Puligny-Montrachet, premier cru les Folatières 2008, domaine Paul Pernot : la quintessence du grand chardonnay ! Robe étonnamment jaune fluo, sans traces aucune d’évolution. Magnifique nez de chardonnay, avec un superbe grillé fin (qui n’est pas une réduction puisque ne disparaissant pas à l’aération), des amers vibrants et des notes d’amandes presque douces. Bouche construite sur une belle acidité, tellurique, énergique, presque plutonique. C’est serré mais très expressif. Puissance salivante … qui se poursuit dans une finale sublime de persistance, dernier claquement de plaisir avant le repos. Palette, château Simone 2003 : belle robe dorée brillante, déjà bien évoluée. Le nez est superbe, sur une aromatique très prononcée, des nuances grasses et une pointe perlante salino-minérale. Bouche construite sur une grande énergie, équilibre sur le sec glycériné, notes poudrées de bel effet. Rondeur dans l’allonge. Avec l’aération, la remontée en température et le fromage citronné, apparition de notes fumée et grillées, dignes d’un grand chardonnay. Finale sur l’allonge, la douceur aromatique et une impression gras / sec salivant. Seule une évolution peut être un peu marquée et une longueur un peu courte empêche ce vin de tutoyer les sommets. Une occasion à 5 €, ça valait le coup (merci Stéphane 😉 : deux bouteilles, deux réussites).
Côteaux du Layon, SGN 1996, domaine Delesvaux : nez carbonifère, sur le miel, les raisins de corinthe. Bouche exceptionnellement fraîche, structurée, équilibrée. Acidité redoutable du point de vue analytique, mais en phase / en synergie avec la charge de sucres. Buvabilité extrême. Coteaux du Layon, les Clos 2011, Catherine et Philippe Delesvaux : robe dorée intense, brillante et déjà salivante. Nez d’une grande complexité, digne d’un véritable SGN. Rôti du botrytis, notes de fruits jaunes gorgés de soleil (abricots), pointe d’amers salivant et notes charbonnées discrètes mais encore présentes. Bouche élégante, de demi-corps mais marquante. C’est frais, buvable et digeste. Une liqueur douce charbonnée et mentholée. Parfait équilibre entre la charge de sucres et l’acidité du chenin, sur un substrat minéral tellurique. Notes exotiques sur l’ananas, le zan, le miel et l’abricot rôti. Impression presque « tannique » et fumée. Finale laissant une sensation d’amers nobles, frais et mentholés. Une ode aux sucrettes et une pensée à feu le Clos du Pavillon 1998. Sauternes premier cru, château La Tour Blanche 1983 : un Sauternes encore dans sa prime jeunesse, avec une charge en sucres bien présente, des notes rôties de botrytis salivante. Bouche avec une jolie amertume bien en place, toujours très jeune. Finale qui claque, sur le sucre « candy » et le zan. Moser-Saar-Ruwer, Riesling Auslese, Kaseler Nies’chen « Alte Reben » 2010, Erben von Beulwitz : Par rapport à son ainé d’un an dégusté très récemment, on retrouve une construction assez similaire, marquée par un nez sur une aromatique superlative sur l’ananas et les fruits exotiques, une bouche élégante, équilibrée, une acidité (plus ressentie que le 2009) mais parfaitement en place et en phase avec le sucre. Quelques subtiles différences, qui, à terme, permettront à ce vin de s’exprimer de façon plus pleine encore. Quelques fragrances rôties au nez, associées à une trame déjà très allongée. En bouche, étonnamment, c’est à la fois plus tendue et plus liquoreux. La finale est plus cristalline, plus allongée … avec un retour sur le sucre candy claquant. Une friandise croquante et craquante aujourd’hui, une grande promesse pour l’avenir.
Tawny Port, 10 ans, Graham’s : un nez expressif, sur les pruneaux, une sorte de « rancio sucré » et des notes de peau de noix. Douceur liquoreuse perlante en bouche. Longue empreinte séveuse, fraîche, acide, presque saline. Pointe d’amertume et sucrosité douce. Epice dans une finale qui est interminable. Buvabilité record ! Maury, 1985, Mas Amiel : poursuite de l’excellence avec ce maury « oxydatif ». Une robe rouge évoluée, avec quelques notes orangées, encore profonde et concentrée. Nez de « tawny », sur le jus de pruneaux, dégageant une impression de confit … sans être confituré. Bouche puissance, tendue par une tension acide saline, une grande aromatique et un fondu presque doux. Une main de velours dans un gant de fer, ou le contraire ! Finale interminable, sur une aromatique décuplée, complexe, sur le pruneau et la noix notamment. Enrobage parfait des papilles. J’en frétille encore.
Je terminerai ce bilan en ayant une pensée émue pour deux personnes - que j’ai connues - disparues cette année, Roland Rapet de Pernand-Vergelesses et Frédéric Mabileau de Bourgueil. Toutes nos condoléances à Vincent Rapet, son fils, et à Nathalie Mabileau, son épouse. Nous garderons un souvenir intact de leur personnalité et de leur œuvre vinique.
Vivement 2021 !
Bruno
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