7 avril 2018

Une semaine de dégustation en Périgord

A  l’occasion d’une semaine de vacances en Périgord et dans les grottes, quelques vins dégustés et bus.

Montlouis, Remus Plus, 2012, domaine de la Taille aux Louos (Jacky Blot) : réduction très élégante au nez, évoquant des notes chaleureuses typées chardonnay. Puis, le chenin floral, profond et intense apparaît, sur une structure minérale tendue. En bouche, l’énergie dégagée est superlative. Tension noble, fumé salivant et claquant, une pointe de zan / d’amers nobles en sus. Finale claquante, et qui laisse une trace et une empreinte superlative. Excellent +
Saumur, Coulée de St Cyr, 2011, domaine de St Just (Arnaud Lambert) : grande puissance minérale, acidité florale et belle aromatique au nez. En bouche, c’est en plein accord. Puissance sur une acidité noble, grande persistance, aromatique sur la corpulence, avec un équilibre intégrant une pointe grasse juste dosée. Finale salivante, saline, presque perlante, associant là encore gras et aromes. Excellent +
Mosel-Saar-Ruwer, Riesling Spätlese, Josephshöfer, 2005, Reichsgraff von Kesselstatt : nez très expressif, sur les fruits jaunes, un léger rôti et une touche pouvant évoquer les blancs élevés sur un équilibre semi-oxydatif. Deuxième (et troisième) nez plus variétaux, sur le pétrole et les essences terpéniques. Bouche construite sur une liqueur douce, fraîche et tendre. Belle persistance sur une sorte de (faux) demi-corps, légèrement réglissé. Très Bien
Meursault, premier cru les Perrières, 2002, Pierre Morey : après une n-ième bouteille oxydée (voir les aventures de Pampo au pays du Meursault), voici une bouteille … qui n’a aucun nez, une bouche raide, sans volume, sans aromatique : « le plat pays qui est le mien ». Bof
Sancerre, la Jouline, 2010, domaine du Carrou (Dominique Roger) : un peu de fruits rouges et noirs au nez, une légère évolution sur la confiture douce. Un certain manque de définition en fin de compte. En bouche, c’est un peu acide, dissocié et mal équilibré. Un peu aigrelet sur la finale. Moyen
Meursault, premier cru Santenots, 2009, domaine du Marquis d’Angerville : très grand nez salin, profond, avec une amertume présentant une légère pointe perlante. Aromatique développée sur des notes de grillé et d’amandes douces. Bouche d’une belle compexité, minéralité saline, « douceur » mesurée, profondeur tellurique presque tannique, amertume serrée et persistance intense. Grande finale sec-tendre, réglissée, avec des amers nobles et salivant. Légère pointe vanillée en sus. Excellent (+)
Mosel-Saar-Ruwer, Riesling Auslese, Ürziger Würzgarten, 2005, Karl Erbes : nez sur une aromatique développée, sur des notes exotiques (ananas frais). Bouche ronde mais tendue, dégageant une impression de fraîcheur et de douceur. Mentholée doucement, sur une sensation saline / perlante salivante. Charge en sucre bien intégrée à l’acidité. Finale serrée et d’un grand potentiel. Très Bien +(+)
Gevrey-Chambertin, premier cru Lavaux St Jacques 2000, domaine Armand Rousseau : un nez qui pinote (un peu trop) tranquillement, sur des notes de fruits noirs, une pointe fumée et une légère évolution. Puissance fondue. Bouche sue une structure sérieuse, nuitonne, avec une vivacité bâtie sur un mélange alcool / acide, un grain tannique est présent, mais un peu rustique en l’état. Manque certain de fruité et d’élégance. Bien +

Gewürztraminer, Vendanges Tardives, 2007, domaine Paul Ginglinger : robe dorée. Nez sur la rose, les épices douces, les fruits exotiques (rôtis) et l’ananas. Très complexe, frais et smectant ! En bouche, liqueur douce, épice saline, volume avec du caractère, un petit grain salin vient titiller nos papilles. Grande acidité noble qui allonge le vin sur la finale, qui laisse sur la langue une vibration à haute fréquence. Excellent
Côte Rôtie, Maison Rouge, 2005, Georges Vernay : un nez sur les fruits évolués et légèrement confits, mais ne laissant pas une empreinte marquée. En bouche, c’est plutôt monolithique, acide et manquant de volume. On réserve la bouteille pour le lendemain.
Fruits noirs au nez, avec une impression de maturité élégante, douceur floral intense qui se subsiste aux caciques des épices de la Syrah. Bouche plus affirmée et mieux définie, sur un équilibre acidité / fraîcheur / notes perlantes de bel effet. Belle persistance. Très Bien
Palette, château Simone, 2009 : je pourrais me contenter de dire : « Simone, c’est Simone » tant ce vin, parfois atypique est toujours au rendez-vous. Nez sur une aromatique spécifique, atypique, mais ô combien élégante et salivante, capiteuse et fraîche à la fois, sec-tendre, sur le menthol / bonbon menthos. Bouche complexe, presque « muscatée » (devrais-je dire « clairettée » ?). Tension sur l’aromatiqu, grande empreinte sur un anisé sec (fenouil), et finale qui reprend et amplifie les principes précédents. Harmoniques douces. Excellent (+)
Vouvray, le Mont première tri, 1996, domaine Huet : joli nez de chenin liquoreux qui a commencé à manger ses sucres. Rôti noble, pointe fumée minérale, amertume sur le réglissé. Bouche qui part sur un équilibre demi-sec, la belle acidité apportant un supplément de fraîcheur. Pointe saline. Sans doute la finale un peu courte et tombante empêche d’y reconnaître un grand vin. Très Bien
Cornas, la Geynale, 2004, Robert Michel : nez un peu mutique, ni typique ni expressif. Fruité « flou ». En bouche, les notes épicées sont présentes mais peu aimables. C’est puissant, on ressent une certaine élégance, mais un côté végétal ( !?) vient gâcher la perception. Finale muscatée, sur un équilibre sec-glycériné bizarroïde. Une réelle déception. Bien
Alsace Grand Cru (Riesling), Rangen de Thann, Clos St Urbain, 2007, domaine Zind-Humbrecht : j’avais lu dernièrement des louanges sur ce vin dans ce millésime. Je suis gravement retombé de ma chaise ! Le nez est très beau et très complexe. J’y retrouve notamment de belle notes terpéniques aromatiques, une sensation de profondeur tellurique intense presque tannique et un grain au nez qui titille les papilles. Par contre, la bouche est en retrait. Si l’attaque est douce sur une trame acide bien dessinée, l’aromatique reste (trop) simple en l’état. Fraîcheur sur les pierres à fusil, mais le vin se révèle cruellement court, avec un manque d’aromatique même après un réchauffement de quelques degrés. Le lendemain, rien n’y fait (de plus). L’acidité stridente est encore présente. Très Bien mais insuffisant compte tenu du prix d’achat (65 % en 2010)
DOC Ribera del Duero, Flor de Pingus, 2006 : un nez profond, intense, sur une aromatique tannique très développée mais qui reste fraîche. Attaque en bouche sur une amertume franche, puissante, mais qui se fond instantanément dans un substrat élégant, bâti sur une acidité équilibrée et une charge tannique réglissée et presque crémeuse. Un vin puissant. Belle finale étirée, avec une fine amertume, une fraîcheur vivifiante et un retour sur l’aromatique sudiste, à la fois fruitée, glycérinée et solaire. A mon goût Très Bien +, potentiellement  Excellent (+)
Meursault, premier cru les Perrières 2005, Pierre Morey : un nez sur la réduction intense … qui ne partira pas. En bouche, c’est un équilibre similaire, avec de beaux amers nobles, serrés et salivants. Impression finale un peu trop grasse, presque vanillée. Too much pour moi. Bien +
Nuits Saint Georges, premier cru les Rues de Chaux, 2005, domaine Chicotot : un nez qui pinote doucement, sur un registre à la fois terrien et « léger ». Sans doute un peu fermé à ce stade de l’évolution du vin. Légère pointe mentholée / fraîche à l’aération. Bouche construite sur l’élégance plus que sur la puissance. Belle acidité de structure, avec des tannins serrés et sérieux. Aucune note d’évolution n’est perceptible. Belle persistance fraîche sur une finale de belle longueur. C’est (trop) jeune aujourd’hui. RDV dans 5 (10 ?) ans minimum. Quant à mes St Georges, … Très Bien +(+)
Banyuls Grand Cru, cuvée Henri Vidal 1974, Cellier des Templiers : un premier nez qui pinote ! Ensuite l’aromatique sur un oxydatif du plus bel effet reprend ses droits. Notes kirschées, d’alcool de cerises, avec une pointe de farine de châtaignes très élégante. Bel équilibre général. En bouche, l’oxydatif est parfaitement dosé, élégant, frais et vif, un demi-sucre noble venant apporter un velouté élégant. Finale avec du relief, des notes de figues fraîches et de pruneaux. Une véritable gourmandise. Excellent +(+)

En conclusion, les valeurs sûres restent les valeurs sûres : Jacky Blot, Arnaud Lambert, Paul Ginglinger et château Simone.
Les déceptions restent aussi des déceptions, même si le prestige des étiquettes fait, dans les milieux autorisés comme disait Coluche, consensus ! Mais le vin n’est pas une science exacte au même titre que la physique ou la chimie, et c’est tout l’intérêt.

Bruno

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