La vie réserve parfois de (très) belles surprises.
Lors du dernier « Davos du vin
» organisé à la Villa d’Este, l’ami Oliv rencontre Philippe Chambriard,
coutelier à Thiers. Connaissant ma passion (immodérée) pour les couteaux, la
conversation s’engage, des liens se tissent et un RDV informel est pris. Malgré les aléas de la vie
et les mois qui passent, un point d’entente est trouvé pour une visite sur
Thiers en ce samedi bien pluvieux de juin.
Un peu de tourisme pour commencer, avec une
balade dans les ruelles médiévales de la ville ponctuée par la visite - que je
recommande très fortement - du Musée
de coutellerie et ses espaces dédiés notamment à des démonstrations de
montage de couteaux : très enrichissant pour le béotien que je suis.
Puis retour au magasin / atelier de la
famille, au grand complet pour nous accueillir, et le terme n’est pas usurpé.
J’ai ainsi appris à reconnaître les signes d’un couteau artisanal, à
différencier un Damas industriel d’un artisanal, à comprendre les subtilités du
montage, du polissage et de l’affutage des lames (et quelques secrets des
hommes qui pilotent les machines), … Une véritable éducation à la mécanique
appliquée, laissant transpirer tout l’amour du travail bien fait : « derrière
le mot artisan, il y a le mot art » (© : Bobosse 2017).
Quelques beaux bijoux / couteaux plus tard,
dont un qui vient enrichir ma collection, nous voilà donc dans la maison de
Philippe et Brigitte pour un repas ... qui se révèlera être anthologique.
Un immense merci à toute la famille Chambriard qui
nous a reçu en toute amitié, comme si nous nous connaissions depuis toujours. C’est sans doute cela la substantifique moelle de l’esprit et de notre mode de vie, que nous chérissons plus que tout.
Passons maintenant aux choses sérieuses
(tous les vins ont été servis à l’aveugle complète).
En apéritif
Champagne, Brut Grand
Cru 2006, Egly-Ouriet : un champagne plutôt riche, gras, sur un équilibre
semi-oxydatif très élégant, avec une minéralité traçante. J’ai beaucoup aimé. Très Bien + (+)
Notez
sous la bouteille, un monument de magnificence avec ce couteau de Henri Viallon, (qui a notamment mis au point, pour les besoins de la télévision, le Sauveterre à partir d’un modèle de couteau aveyronnais du XIX° siècle) : manche en ivoire de mammouth, lame damas à motifs (dont une grappe de raisins). La photo n’est pas nette certes, mais quel beau travail !
Champagne, La Grande Année
2002, Bollinger : un nez étonnant, sur les fruits rouges pour moi.
Belle acidité et petite amertume fine sur la finale. Très Bien +
Chassagne-Montrachet,
premier cru Grandes Ruchottes 2002, Bernard Moreau : c’est gras,
grillé, très opulent. Pataud et manque de longueur. Problème de bouteille ?
Avec une tartine de pieds
de cochon grillés
Pessac-Léognan Grand Cru Classé de Graves, domaine de Chevalier 1989 : nez malté du plus bel effet. Belle acidité en
bouche, complexe, gras et gourmand tout en restant élégant. Finale fine, mentholée
et fraîche, peut-être un léger déficit de longueur. Très Bien + (+)
Bienvenues-Batard-Montrachet Grand Cru 2008, domaine Louis
Carillon : servi en duo avec le
Pessac, le vin montre une plus grande opulence au nez, sur des notes terpéniques
légères (Riesling ?!). Bouche traçante, finement poudrée, ultra-longue. Pointe
vanillée sur la finale bâtie sur l’élégance. Excellent
Côtes de Jura, Les Chalasses Vieilles Vignes 2013, Jean-François Ganevat : assez perlant au nez, sur des notes de pomme verte.
Grande acidité en bouche, une sensation un peu « décharnée ». Pointe
jurassienne très discrète. Clairement très jeune aujourd’hui, avec un
potentielle de vieillissement important. Non noté en l’état.
Avec une viande de bœuf d’anthologie, ses petits légumes et sa sauce aux champignons (de St Bonnet le Froid)
Châteauneuf du Pape, château Rayas 1998 : nez explosif de fruits bien murs et très aromatiques
(fraises écrasées / roses), avec une composante méridionale et une touche d’épices
douces. Superlatif en bouche, un véritable bonbon aromatique ! Excellent (+)
Gevrey-Chambertin, premier cru 2001, domaine Denis Mortet : un vrai pinot, plutôt viril mais bien équilibré.
Fruits noirs, grillé élégant, épices douces et réglisse. Se goute vraiment bien
(et est plus près que son grand frère bu récemment ICI).
Excellent
Volnay, premier cru les Caillerets 2001, domaine d’Angerville : le grain tannique des Caillerets, la douceur et la
subtilité du pinot, le fruité sur les fruits rouges, de la véritable soie en
bouche. Excellent +
Pessac-Léognan Grand Cru Classé, château Haut-Bailly 1978 : un nez fumé / smocké digne des grands malt, sur une
base encore clairement fruitée. En bouche, suavité extrême, une pointe de
kirsch, totalement fondu sans aucune mollesse. Le (premier) vin de la soirée. Exceptionnel (merci Oliv).
Avec les fromages locaux
St Estèphe, Grand Cru Classé, château Cos d’Estournel vs 1995 Pauillac Grand Cru
Classé, château Lafitte-Rothschild 1995: les deux « voisins » juste séparés par la Jalle du
Breuil ont été servis en battle.
Le premier présente un équilibre
typiquement cabernet « vieux », réglissé, épice élégante, notes tertiaires
associées à une belle structure acide encore vaillante. Peut-être (pour les
chichiteux) une très légère sous-concentration, mais je chipote ! Excellent
Le second est plus « rond », avec une
acidité magnifique, apportant fraîcheur et longueur sur un substrat secondaire.
Des notes de menthe poivrée apportent une classe supplémentaire. Finalement, c’est
plus fin, plus profond et plus complexe. Avec un peau d’aération (en fait, un
deuxième verre), la complexité est décuplée, sur les terpènes, le bois de cèdre
et la menthe fraîche (j’allais dire mouillée). Le (second) vin de la soirée. Exceptionnel (Merci Philippe).
St Joseph, la Gloriette 2013, Lionel Faury : pour le fun parce que passer après quelques monstres,
c’est toujours difficile. Une syrah jeune, franche et fraîche. Epices, violette
et quelques notes d’élevage. Très bien
Condrieu, Coteau de Vernon 2010, domaine Georges Vernay : nez complexe, notes grasses alliées à une tension acide
bien présente, aromaticité plus complexe que variétale, sur l’abricot
évidemment, mais pas que (!), une pointe vanillée. J’adore. Excellent
Avec le dessert : tarte
à la rhubarbe et fraises du jardin
Quart de Chaumes, château du Breuil 1990 : antinomie avec la description de ce nez que je
qualifie de « chimique magnifique », liqueur fraîche en bouche, douce, sur la
pâte de coings. Puissance et douceur, sucrosité mesurée. Excellent
Porto, vintage 2000, maison Fonseca : cerise sur le gâteau, nous revoilà dans l’une de mes
régions de prédilection avec un nez possédant un grain tellurique magique,
combinant puissance et élégance, fruité et sensation d’alcool juste. Bouche
traçante, sur une même élégance. Ultra-jeune certes, mais quelle promesse.
Viril, de la granulosité, une sucrosité tip-top, du fruit, tout y est. Exceptionnel en puissance
Voilà, en
conclusion, une soirée exceptionnelle à plus d’un titre : des hôtes charmants,
une cuisine au top (la cuisson du bœuf était une pure merveille), des fromages
régionaux à faire pâlir un cholestéroleux et une cave d’anthologie (j’en oublie sans doute).
Merci à toute la famille Chambriard pour votre accueil et votre sens de l’hospitalité (et les couteaux !). A très vite sans nul doute.
Merci à toute la famille Chambriard pour votre accueil et votre sens de l’hospitalité (et les couteaux !). A très vite sans nul doute.
Bruno
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