17 avril 2012

Le Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (30)

Le site du Pont du Gard, situé sur les rives du Gardon, était connu bien avant ... le Pont du Gard. En effet, sur la rive droite, juste en aval du Pont, se situe la grotte de la Salpétrière, site éponyme d'une culture matérielle paléolithique, le Salpétrien. Un peu d'histoire, enfin, de préhistoire.
.
La grotte de la Salpêtrière est un abri profond, situé à 200 mètres en aval du Pont du Gard, sur la commune de Remoulins. Elle constitue l'une des stratigraphies les plus complètes du Paléolithique supérieur du midi méditerranéen. Connue depuis le XIX° siècle, le remplissage, de plus de 6 mètres de puissance a presque été totalement vidé (et souvent mal fouillé). Les derniers sondages ont cependant permis de reconnaître des niveaux attribués à l'Aurignacien, au Gravettien, au Solutréen, au Salpétrien et au Magdalénien, représentant 20 millénaires d’histoire. La grotte de la Salpétrière est le site éponyme d'une culture matérielle paléolithique : le Salpétrien.
.

Le Solutréen : dans le sud-ouest de la France (Périgord, Quercy), dans l'Indre, le Bassin Parisien et le Maconnais, le Solutréen se caractérise par l'apparition et le développement d'une retouche plate dite retouche solutréenne, sur pointes à face plane et feuilles de laurier, avec ou sans pointes à cran, suivant une chronologie en deux phases démontrée et développée ICI.
.
Le Salpétrien : en Languedoc oriental et en Provence occidentale, la retouche solutréenne (plate) du Solutréen récent est rapidement remplacée par une retouche abrupte, c'est à dire à 90° par rapport à la face d'attaque) pour donner des pointes à cran dites "atypiques" caractéristiques d'un faciès nommé Salpétrien, et qui évoluera de façon autonome et parallèle par rapport au Solutréen classique (Voir Thèse ICI).
.
Faisons maintenant un bond dans le temps pour nous retrouver à l'époque romaine.
.
Le Pont du Gard : pont-aqueduc construit en 5 ans par les Romains (vers -50) pour alimenter en eau la cité romaine de « Nemausus » (Nîmes). Avec ses 49 mètres de hauteur, c’est le pont-aqueduc romain le plus haut du monde. Il est composé de 3 rangées d’arches superposées : 6 arches au premier niveau, 11 arches au second niveau et 47 arceaux à l'origine. Sur une pente moyenne très faible de 25 cm par kilomètre, l'ouvrage acheminait par gravité 30.000 à 40.000 m3 d'eau par jour depuis une source située à Uzès, sur une distance de 50 kilomètres. La canalisation (specus), de largeur constante, est recouverte d’une voûte protégée par un mortier de chaux. Elle est souterraine, en tranchées ou en tunnels à 90% de son parcours et soutenue par de nombreux ouvrages : ponts, ponceaux, ponts à arcades continues (certains éléments sont encore visibles entre Uzès à Nîmes, et 9 se trouvent sur le site du Pont du Gard). Les pierres proviennent de la carrière de l'Estel, à 600 mètres en aval, sur la rive gauche du Gardon. Les fouilles récentes et permettent de mieux comprendre les techniques d'extraction antiques. L'ouvrage est abandonné au début du VI° siècle, lors du partage de la région par les Francs et les Wisigoths.
.
Quelques éléments historiques.
 - Au XII° : prélèvement des douze premières arches du 3° étage. Condamnation du passage supérieur du pont, plus large mais plus dangereux.
 - Au XIV° : aménagement du site lié à l'augmentation du trafic : rampes d’accès, échancrure des piles du deuxième étage.
 - Au XV° : forte crue du Gardon et réparation ordonnée par le roi Charles VII.
 - Au XVII° : marques des compagnons du Tour de France (plus de 320). Restauration : encorbellements et colmatages des échancrures.
 - Au XVIII° : construction d'un pont routier accolé au pont-aqueduc (pont Pitot). Réactivation de la carrière de l’Estel.
 - Au XIX° : Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques, constate l'état de l'ouvrage : « Les grands arcs sont dans un état épouvantable, un certain nombre de claveaux sont détachés, et tous sont rongés de manière à donner de vives inquiétudes. Le rapporteur pense que c’est une affaire dont il faut s’occuper sans perdre de temps, car l’administration serait impardonnable s’il arrivait un accident » Inscription sur la première liste des monuments historiques, et restaurations successives.
.
Après cette introduction historico-culturelle, quelques clichés.
.
vues d'ensemble
.
jeux d'arches
.
le végétal, le minéral et l'eau
.
le quatrième élément, le soleil,
qui dessine des jeux d'ombres
et de lumières avec le pont
.
On a cherché, en vain, le cinquième élément ...
.
.
Bruno

Aucun commentaire: