20 décembre 2012

2012 à l'heure des bilans : les vins

Traditionnellement, décembre est le mois où l'on se prête au jeu du bilan et des perspectives, une sorte de best of de l'année. Je ne dérogerai pas à la règle en vous proposant aujourd'hui une sélection toute personnelle de mes coups de cœur viniques.
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C'est un difficile exercice que d'essayer de dégager une sélection réduite des vins qui m'ont le plus marqué au cours de l'année 2012. Difficile en effet parce qu'hétérogène par nature : comment pouvoir comparer les conditions de dégustation rencontrées dans un salon professionnel à l'ambiance plutôt feutrée (enfin, le matin) à celles du Salon des Vignerons Indépendants ? Comme appréhender une dégustation chez les producteurs, avec le même référentiel sur fûts et/ou en bouteilles ? Quel rapport entre un repas 'à la bonne franquette' entre amis à la maison et un déjeuner ou un diner au restaurant, avec tout le cérémonial qui l'accompagne. Bref, des conditions tellement variables qu'elles rendent vaine et inutile toute tentative de comparaison qui se voudrait scientifique.
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Toutefois, même si choisir c'est renoncer, je me risquerais de vous proposer ici mes coups de cœur, sur des vins 'finis', c'est à dire qui ne sont plus en cours d'élevage.
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Parmi les bulles
Clos du Mesnil 2000 de la Maison Krug : approché lors d'un voyage-dégustation sur Reims, un monstre de minéralité crayeuse, de finesse et de grains en bouche. Éminemment jeune mais quel potentiel. Coup de cœur.
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Parmi les blancs
Condrieu, les Chaillets de l'Enfer 2010, domaine Georges Vernay : l'élégance du Viognier, très loin au-dessus de la caricature qu'on nous impose de ce cépage. Puissance, élégance, finesse et floralité.
Corton-Charlemagne, 1997 et 2001, domaine Bonneau du Martray : une minéralité superlative, une jeunesse éclatante, un grain en bouche et ces amers nobles et salivants caractéristiques du chardonnay.
Meursault-Santenots 2009, domaine d'Angerville : bluffé complètement par l'équilibre de ce vin, entre une énorme puissance et une finesse mentholée rafraichissante et un grillé du plus bel effet.
Pouilly-Fumé, Silex 1989, Didier Dagueneau : l'exact opposé du sauvignon vulgaire que l'on rencontre (trop) souvent. Sérieuse vinosité, minéralité crayeuse et très longue persistance. Coup de cœur.
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Parmi les rouges
Sélectionner trois ou cinq vins parmi les rouges eut été comme le supplice de Tantale. Je vous proposerais donc une liste un peu plus étendue de 10 vins.
Chateauneuf du Pape, Boisrenard 2010, domaine de Beaurenard : fraîcheur, amers nobles sur une base sudiste élégante et saline.
Chateauneuf du Pape, Les Cailloux 2010, André Brunel : la corpulence sans sa caricature. C'est frais, élégant, minéral et fumé. Pas de lourdeur.
Corton Pougets Grand Cru 2010, domaine Rapet : tout y est déjà, équilibre, élégance, fraîcheur, structure tannique et profondeur. Laissons lui le temps maintenant !
Côte Rôtie, Maison Rouge 2009, domaine Georges Vernay : puissance et élégance, fruité  tellurique et tannins civilisés.
Gevrey-Chambertin, Premier Cru Lavaux St Jacques 1999, Denis Mortet : maturité du pinot, suavité, boisé intelligent, grain en bouche.
Nuits Saint Georges, Premier Cru En la Rue de Chaux 2004, domaine Chicotot : notes végétales nobles, suavité en bouche et maturité d'une belle justesse (je rigole quand je lis des commentaires 'suffisant' sur le millésime ...).
Pernand-Vergelesses, Premier Cru Ile des Vergelesses 1998, domaine Rapet : grand pinot fin, élégamment fumé et grillé, laissant une impression de suavité en finale.
Richebourg 1988, domaine Gros frère et soeur : un grand 'grand cru'. Suavité, velours en bouche, profondeur et finale salivante.
Saint Joseph, les Reflets 1999, François Villard : grande syrah bien mûre, évolution harmonieuse et grosse charge fruitée. 
Volnay, Premier Cru Mitans 1997, domaine De Montille : richesse, granulosité avenante, une belle mâche en bouche et des tannins de caractère.
Pas de coup de coeur parce que trop difficile de faire une sélection dans ce panthéon tout personnel.
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Parmi les sucres
Coteaux du Layon, SGN 1996, Philippe Delesvaux : dégusté à maintes reprises, toujours cette impression de minéralité charbonnée, d'équilibre entre sucres et acidité, une véritable liqueur qui dégage de la fraîcheur en bouche.
Pacherenc du Vic Bihl, Quintessence du Petit Manseng 2006, domaine Cauhapé : dégusté au SVI, un véritable "petit Yquem" tant son potentiel aromatique est complexe, profond et racé. A attendre impérativement.
Sauternes Premier Cru Classé Supérieur, Yquem 1983 : servi à l'aveugle lors de ce qui sera sans doute ma dernière soirée Gunthard, la classe supérieure, entre corpulence, structure, finesse et élégance rôtie. Coup de cœur.
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Parmi les "étrangers"
Porto Graham's, Coleihta 1969 : dégusté au Grand Tasting en conclusion d'une formidable verticale de Tawnies. Un équilibre semi-oxydatif élégant, une puissance maîtrisée et un fruit intense. Une liqueur maltée et épicée.
Porto Da Silva, Quinta do Noval, Vintage 1958, Nacional : la plus grande claque de l'année sans conteste. Un vin d'une élégance et d'une profondeur superlative. De la soie en bouche et un toucher tactile ! Offert par un grand malade - spécialiste es-Porto - vers qui vont mes pensées les plus affectueuses aujourd'hui. Coup de cœur 2012 toutes catégories.
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Une sélection finalement plutôt classique, largement dominée par la Bourgogne. Espérons que 2013 nous apporte un même lot d'émotion et de partage.
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Belles fêtes de fin d'année.
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Bruno

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