La
région des lacs du Jura français se situe dans un triangle compris entre
Champagnole, Clairvaux-les-lacs et Saint-Laurent-en-Grandvaux. Elle se
caractérise par l’abondance des plans d'eau naturels, essentiellement d'origine
glaciaire. La micro-région située entre le Pic de l’Aigle et les cascades du
Hérisson (entre la Chaux de Dombief, Bonlieu et le Frasnois) est parfois
surnommée « petite Écosse ». Elle est limitée à l'ouest par le cours
supérieur de l’Ain, à l’est par le synclinal du Pic de l’Aigle, au nord par le
rebord du second plateau jurassien et au sud par le « Haut-Jura ».
Sur
un premier plateau situé à environ de 500 mètres d'altitude, on y trouve (du
nord vers le sud) les lacs de Chalain, du Val et de Chambly, alimentés par le Hérisson,
et de Clairvaux-les-lacs.
Sur un second plateau
situé vers 800 mètres d’altitude, on y rencontre (toujours du nord vers le sud)
les lacs des Maclu (petit et grand), d’Illay (ou de la Motte), de Narlay, du
Vernois et du Fioget. Un peu plus au sud se trouve le lac de Bonlieu qui
alimente le Hérisson.
On peut également
leur associer d’autres lacs naturels dont l’origine géologique glaciaire est
identique, mais situés sur le gradin supérieur que constitue le « Haut-Jura »,
comme par exemple les deux lacs d’Etival, le lac d’Antre et le lac de l’Abbaye (liste
non exhaustive).
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Géologie,
hydrologie et formation des lacs
La région présente deux caractéristiques essentielles
à la formation de lacs : des cuvettes glaciaires partiellement fermées par
des moraines périphériques d’une part, et des terrains imperméables constitués
de dépôts argileux compacts d’autre part. Lors du tardiglaciaire würmien - vers
10 000 / 12 000 BP - ces cuvettes, libérées par les glaciers, furent
comblées, donnant ainsi naissance aux lacs.
Situés au pied d'escarpements calcaires érodés par les
glaciers, les lacs occupent des dépressions synclinales - fermées par des moraines
- au fond desquelles se reposent des dépôts argileux. Ils sont généralement
associés à des prairies sèches ou marécageuses et des tourbières. Ils sont
alimentés par des résurgences karstiques caractéristiques de l’hydrogéologie
jurassienne : rareté des ruisseaux de surface compensée par une
circulation souterraine des eaux, avec de nombreuses résurgences en fond de
reculée (Chalain avec la réapparition de l’eau du lac de Narlay). Ce réseau est
associé à des formations géologiques comme les gouffres, les grottes (grotte
Lacuzon dans la vallée du Hérisson), les lapiaz (Loulle) ou les dolines.
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Histoire
La présence humaine est attestée dès le Néolithique
(avec les palafittes de Chalain et de Clairvaux), mais longtemps, le peuplement
se limita au Revermont et au premier plateau (époques gauloise et
gallo-romaine). Les plateaux ne furent explorés qu’au Moyen Age,
essentiellement à l’initiative des ordres monastiques actifs à partir du
XII°siècle : abbaye cistercienne de Balerne à Mont-sur-Monnet, prieuré
bénédictin de Saint Vincent de la Motte au lac d’Illay, chartreuse Notre-Dame
de Bonlieu et abbaye du Grandvaux au lac de l’Abbaye. Si les vestiges de ces
périodes sont rares, le tissus social persiste : naissance des villages et
activité industrielle (moulins, textile, forges, travail du bois) liée à
l'utilisation de la force hydraulique (par exemple les nombreux moulins de la
vallée du Hérisson).L’emprise monastiques perdurera avant que le système féodal
ne s’implante dans la région, au XIV° siècle avec le château du Pic de l’Aigle,
construit par Jean de Chalon, sire d’Arlay, et détruit sous Louis XIV. Les
ruines des châteaux de Chalain et de Chatelneuf sont les rares vestiges de ces
constructions seigneuriales. Pestes et guerres des rois de France au XVIIe
siècle imprimeront longtemps une région dépeuplée et affaiblie. Un renouveau
apparu au XVIII° siècle avec la naissance et/ou l’importation (de Suisse ou de
Savoie) d'un artisanat local lié au travail du bois (tournerie, boissellerie),
mais l'activité économique est essentiellement agricole (élevage et exploitation
forestière). L'implantation de coopératives fromagères est l’une des marques de
la société rurale jurassienne, ces « fruitières » qui contribuent à
une dynamique rurale toujours d’actualité. Un double exode rural aux XIX° et
XX° siècle - climat rude en hiver - ont achevé une restructuration économique,
avec le développement du tourisme, dans une nature toujours bien préservée,
fruit d’une politique bien équilibrée.
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Cerise sur le gâteau, de nombreux chemins de petite randonnée, extrêmement bien balisés, bordent ces différents lacs, permettant d'apprécier le calme de la nature, la flore, la faune aquatique et la fraîcheur des sous-bois, bien salvatrice en ce mois d'août.
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Bruno
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