Dégustation de prestige organisée ce week-end
au domaine
Rapet, avec pour thème « Evolution des grands terroirs à travers le temps ». Comparons l’évolution des grands terroirs de Pernand et alentours sur un même
millésime.
Le lieu : la cuverie sise près du cimetière
de Pernand, offrant de l’espace et une température de dégustation quasi-idéale,
à l’abri du soleil et des quelques averses toujours à craindre.
L’idée : 13 stands dédiés chacun à une
année, dont deux « mystères ».
Compte-tenu des conditions, mes notes seront
concises et je ne mettrai pas d’appréciation, sauf à quelques exceptions.
Fût
n°1 : 2022, le petit dernier, cueilli fin août. Grâce
aux pluies de juin puis à la canicule estivale, des Pinots tout en équilibre
sur la fraîcheur et les petits fruits rouges.
Chorey-les-Beaune Vieilles Vignes 2022 : un vin gourmand, sur le fruit / la cerise,
une belle mâche.
Aloxe-Corton 2022 :
vin structuré, avec une belle acidité, une charge tannique de belle construction.
Beaune premier cru les Cents Vignes 2022 : du caillou chaud, un grain expressif et une
acidité encore à fondre.
Fût
n°2 : la vigne fatiguée des grêles successives donne en
2015 une petite récolte d’une grande concentration, année solaire et sèche de
grande garde.
Pernand-Vergelesses premier cru Ile des Vergelesses 2015 : un nez de cerise fumé profond, à peine
évolué, un grand vin élégant, une bouche en dentelle. Grand potentiel.
Corton grand cru 2015 : vin
de terroir charpenté, de la terre, réglissé.
Fût
n°3 : millésime mystère … ces deux cuvées ont été
vendangées le 15 septembre, année de bise et de soleil … des vins purs et
structurés.
Aloxe-Corton : légère
évolution, vin terrien et structuré, pointe d’épices douces.
Pernand-Vergelesses premier cru Ile des Vergelesses : grand vin, depuis le nez, à peine évolué,
élégant, profond, jusqu’à la bouche complexe et structurée. Finale glycérinée
de bel effet.
ð Je décèle
un millésime plutôt chaud, finalement pas très vieux, mais en excluant bien sur
les 2005. Il s’agit de l’année 2005.
Fût n°4 :
1999, un grand millésime généreux et massif grâce au soleil de septembre.
Vendanges classiques les 19 et 20 septembre.
Aloxe-Corton 1999 : rondeur, épice et grain tannique pour un
vin encore jeune.
Pernand-Vergelesses
premier cru les Vergelesses 1999 : un
fruit fumé noble, une charge tannique équilibrée, une belle allonge.
Beaune premier cru
les Grèves 1999 : derrière
la structure toujours caillouteuse du Beaune, une douceur réglissée, une
acidité de bon aloi.
Fût n°5 :
vendangés fin septembre (les Iles le 27, le Corton le 25), les 1988 ont l’acidité
et la fraîcheur des grandes années de garde.
Pernand-Vergelesses
premier cru Ile des Vergelesses 1988 : une
essence de fruits, une infusion, avec toujours du fruit, une pointe fumée et
une empreinte superlative. ++
Corton grand cru 1988 : un vin sur un équilibre assez proche,
toutefois plus puissant et plus terrien, moins « infusé ».
Fût n°6 :
après de terribles gelées d’hiver, un mois de septembre idéal fait de 1985 un
grand millésime, profond et harmonieux. Le Beaune est récolté le 24, puis le
Pernand le 28 septembre.
Beaune premier cru
Clos du Roi 1985 : du
caillou, de la rondeur et un côté glycériné un peu appuyé.
Pernand-Vergelesses
premier cru Ile des Vergelesses 1985 : un
nez qui truffe, sur une corbeille de fruits noirs fumés, un côté « tendre »
et velouté, complexe, finement épicé. +++
Fût n°7 :
mythique 1978 ! Après une fleur longue et laborieuse entraînant du
millerandage, la maturité vient sur le tard et les vendanges débutent en
octobre (le 10 octobre pour le Vergelesses).
Aloxe-Corton 1978 : un bonbon de douceur, totalement fondu,
presque « sucré », toujours épicé et un fruit encore perceptible. +++
Pernand-Vergelesses
premier cru les Vergelesses 1978 : vin
encore bien droit, encore du fruit, pointe fumée, laissant une longue empreinte.
+++
Fût n°8 :
l’année de la sécheresse. Fait rare à l’époque, des vendanges début septembre (le
8 pour l’Aloxe et le 10 pour Ile), pour des vins murs aux tanins fermes.
Aloxe-Corton 1976 : réduit ? un peu fermé à mon avis.
Pernand-Vergelesses
premier cru Ile des Vergelesses 1976 : évolution
nette au nez, un fruit compoté encore frais, une bouche droite, toute en
dentelle. +
Fût n°9 :
1964, une grande année grâce à un été chaud et des pluies venues au bon moment ?
Vendangés les 18 (Corton) et 19 (Ile) septembre, les vins ont du corps, de l’opulence
et un fruit d’un rare intensité.
Pernand-Vergelesses
premier cru les Vergelesses 1964 : nez
infusé, frais, de méditation. Bouche grillée / fumée, fraîche, d’une persistance
superlative. Magnifique. ++++(+)
Corton grand cru
1964 : un Corton en pleine force de l’âge. La
structure est présente, les tannins sont fondus, le fruit encore éclatant. Le
vin de la dégustation (et pour une fois, j’ai trouvé Corton supérieur à Ile des
Vergelesses). +++++
Passage au stand pour un
rinçage à l’H2O (sans intérêt si ce n’est laver les verres J)
pour passe des terroirs ferrugineux aux marnes blanches de Pernand.
Fût n°10 :
2022, le petit dernier, cueilli tout début septembre. Grâce aux pluies de juin
puis à la canicule estivale, les Chardonnays sont ouverts avec une belle matière
en conservant une trame dynamique et fraîche.
Pernand-Vergelesses
Devant les Cloux 2022 : simple
mais sérieux, frais et élégant.
Beaune premier
cru Clos des Champs Pimonts 2022 : un
vin minéral, gras, tendu.
Pernand-Vergelesses
premier cru Clos du Village 2022 : fermé !
Fût n°11 :
millésime mystère ! De la fraîcheur, de la tension, de l’énergie … un
millésime de garde qui a encore de la réserve.
Pernand-Vergelesses
premier cru Sous Frétille 2014 : c’est
jeune mais complexe, avec une belle acidité, une finale charmeuse, grillée.
Corton-Charlemagne
grand cru 2014 : un
vrai grand cru, corpulent, charpenté, profondément minéral, un joli gras qui
vient le civiliser. Une rétro sur le grillé, presque intégrée. ++
ð Il s’agit
de l’année 2014.
Fût n°12 :
Août ensoleillé, septembre frais et sec … 1995 offre une belle maturité, un
superbe équilibre entre puissance, gras et minéralité. Les deux cuvées sont récoltées
les 25 et 28 septembre.
Pernand-Vergelesses
premier cru Sous Frétille 1995 : malgré
une température pas optimale (un peu chaud) et une quantité dans le verre
microscopique, j’ai décelé un vin vif quoique rond, avec une évolution très
intéressante virant vers la truffe.
Corton-Charlemagne
grand cru 1995 : la
température lui a joué sans doute un mauvais tour, car j’ai trouvé ce
Charlemagne … dilué !
Fût n°13 :
parfois timides dans leur jeunesse, les Charlemagne de Pernand (climat « En
Charlemagne ») s’ouvrent et se dévoilent après longueur de temps et patience.
Avec les années, se dévoilent l’amande grillée, le miel et la truffe blanche …
Corton-Charlemagne
grand cru 1985 : je
me retrouve assez dans la description proposée par Vincent Rapet. Un nez grillé
sur le sésame, dégageant une impression de fraîcheur. Bouche structurée
corpulente, évolution vers des notes de truffe, une aromatique superlative.
Grande allonge finale. ++++
Un moment de dégustation
exceptionnel au domaine, une organisation maîtrisée, une signalétique précise.
Merci aux équipes du domaine pour ce parcours bourguignon.
Au moins deux confirmations :
-
ma préférence de l’Ile des Vergelesses sur le
Corton, pour son supplément de finesse et d’élégance ;
-
la qualité des vins produits par le domaine, quel
que soit le cru, et leur potentiel de garde même sur les petites appellations ;
A quand la prochaine ?
Bruno