12 août 2016

Une quinzaine en Aveyron

A l'occasion d'une quinzaine de vacances en Aveyron, quelques vins dégustés et bus en très bonne compagnie. Le principe, chacun propose à l'autre une série de vins afin qu'il choisisse 12 bouteilles. Le résultat des courses dans l'ordre chronologique.
Vouvray, clos de la Bretonnière 2012, domaine de la Taille aux Loups (Jacky Blot) : Dès le premier nez, on sent un vin superlatif. Minéralité et tension salivante sur un substrat floral élégant. Impression corroborée par une bouche complexe, d'une tension extrême enrobée par une floralité et un gras parfaitement intégrés. Longueur exceptionnelle, sur des notes mentholées et une sensation de « gras sec ». Excellent + malgré sa jeunesse.
Chiroubles, la Secrète 2009, Emile Cheysson (après 1/2 journée d'aération) : Nez très sérieux, qui pinote sur des notes de fruits rouges (cerise), avec un supplément de vivacité qui se retrouve en bouche. Pas d'effet millésime sur ce vin à la fois frais et vineux. Fruité intense sur un substrat gouleyant, presque perlant. Notes fumées du plus bel effet. Finale un peu plus typée « beaujolais ».  Très Bien +
Piémont, DOCG Barbaresco, Pajoré 2005, Azienda Agricola Sottimano : un joli rouge sudiste, sur un équilibre plutôt corpulent, mais sans sacrifier à l'élégance. Charge tannique abondante, un peu fermée toutefois. Belle aromaticité générale pour ce vin malheureusement encore (trop) jeune, dans lequel s'est décelé des touches d'élevage toujours présente sur une finale un peu plus serrée. Très Bien
Rivesaltes, domaine Sainte Croix, cuvée Marcel Girves 1947 : le parangon de l'accord parfait, tant avec le foie gras au sel d'Alban Laban qu'avec un Roquefort Carles (Aveyron oblige). Un nez d'une folle complexité, qui m'évoque les porto tawny's de chez Graham's, sur un équilibre oxydatif de bon aloi, des notes de pruneaux et de noix, quelques senteurs de vieux cognac (sans le côté alcool). Même impression en bouche, avec une structure plus fruitée et plus tannique que les tawny's, un joli grain schisteux aux allures de Roussillon ... et toujours ces arômes oxydatifs maîtrisés. Les sucres sont parfaitement intégrés à l'ensemble qui se prolonge en bouche. Magnifique
Mosel-Saar-Ruwer, Riesling Auslese***, Ürziger Würzgarten 2003, Karl Erbes : un auslese superlatif. Nez qui pétrole certes, mais d'une complexité rare sur les agrumes et le pamplemousse. Belle aromatique générale. En bouche, équilibre magistral entre les sucres et l'acidité complètement intégrée. Impression sur la fraîcheur du type « bonbon Menthos », complétée par une belle amertume. Assez corpulent et presque « capiteux » (on me souffle la violette ...) sur une finale superbe et magnifiquement étirée. Excellent + / Exceptionnel
Saint Aubin, premier cru la Chatenière 2008, domaine Marc Colin : encore un classique avec ce nez typique du chardonnay : amandes, réduction douce grillée et amertume sur la peau de pistache. C'est déjà très salivant. En bouche, l'équilibre est très minéral / cailloux, plus Puligny que St Aubin, puissant mais élégant. On retrouve ces notes d'amers nobles que j'affectionne particulièrement. Superbe finale serrée, tendue et fraîche, saline à vous faire saliver. Excellent (+)
Chassagne-Montrachet, premier cru Clos du château de la Maltroye 2003, château de la Maltroye (après une nuit d'ouverture) : Superbe nez de pinot, sur les fruits rouges et noirs (type cerises), traduisant une belle maturité de fruit, une amertume en trame de fond sur le cynorhodon et une richesse liée au millésime. Bouche structurée, tannins bien présents, fruité intense sur un substrat riche, mais sans le côté trop souvent compoté du 2003. Très belle finale allongée et « douce » pour un vin bâti sur un concept rustique mais élégant. Très Bien + / Excellent

Jura, les Grands Teppes vieilles vignes 2010 (chardonnay), Jean-François Ganevat : joli chardonnay du Jura, fin, frais, relativement gras, avec une belle acidité de structure et une amertume marquée sur la finale, mais qui s'intègre bien à l'ensemble. Salivant. Très Bien
Saint Joseph blanc, Mairlant  2012, François Villard : J'avoue être passé à côté de ce vin, construit sur une trame florale assez capiteuse et qui me semble en déficit d'acidité et d'élégance (et de peps). Et si finalement mon palais n'était pas adepte des vins sudistes ? Bien +
Chinon, coteau de Noiré 2006, Philippe Alliet : une relative déception avec ce vin plutôt « raide » (poivron ?), tant au nez qu'en bouche. Structure acide dissociée. C'est dommage car on sent une race des tannins plutôt de bon effet. Bien +
Barsac Premier Grand Cru Classé, Château Coutet 1988 : un liquoreux sur un équilibre proche des semi-secs. Le botrytis est présent, mais discret. Belles notes d'agrumes et de miel, avec une amertume parfaitement intégrée. Finale serrée, prégnante, sur le caramel amer (zan?), qui possède un grain de caractère (à l'instar du grain tannique de certains rouges). Rôti élégant qui claque sur la langue, avec une persistance exceptionnellement longue. Exceptionnel
Chassagne-Montrachet, premier cru Clos St Jean 2010, domaine Paul Pillot : un (très) jeune chardonnay, encore bien marqué par son élevage. Nez grillé, sur une réduction avenante, quelques notes d'amandes et une impression fraîche. En bouche, richesse, tension extrême et gras, sur une base miellée. Finale assez marquée par le bois, manquant un peu de finesse, même si l'ensemble présente un réel potentiel. Aujourd'hui Bien +, demain mieux encore
Pernand-Vergelesses, premier cru sous Frétille 2005, domaine Vincent Rapet : un chardonnay bourguignon de style évolué, avec une pointe semi-oxydative élégante, une belle puissance équilibrée par une rondeur miellée et une fraîcheur mentholée. Amertume noble sur la peau d'amandes et la noix tout au long de la dégustation. Finale qui s'étire sur le même registre. Excellent
Pernand-Vergelesses, premier cru Ile des Vergelesses 2006, domaine Vincent Rapet : superbe nez de pinot, fruité à souhait, complexe, à la fois velouté et fumé, une sorte de synthèse entre rusticité noble et élégance. Bouche parfaite, tendu par une acidité maîtrisée, un fruité sur la cerise et toujours ce côté fumé. Superbe grain tannique et allonge exceptionnelle, d'un soyeux digne d'un grand cru. Au moins Excellent + car on frise l'exceptionnel

Pommard, premier cru Clos des Epeneaux 2000, domaine du Comte Armand : un pinot velouté, sur des arômes secondaires mais présentant encore une très belle acidité. Impression de soyeux, toucher de bouche exceptionnel, complexité sur les fruits rouges, grain tannique sur le velours et amertume finale justement dosée. Très grande persistance élégante. Dans un style un peu « rustique » mais qui n'est pas sans me rappeler les Volnay du Marquis d'Angerville. Excellent +
Coteaux du Layon Saint Aubin, SGN 2004, Catherine et Philippe Delesvaux (servi sur un plateau de pâtes persillées de l'Aveyron) : superbe nez cristallin et complexe, dans lequel on décèle des notes de rôti (la « fameuse poudre de perlinpinpin » de Philippe), de réglisse, d'abricots et de caramel, sur un registre tendu et clair. Bouche magnifique, aérienne mais très riche (l'effet millésime 2004 que certains disaient). Complexité superlative, empreinte magistrale et d'une longueur phénoménale dans laquelle des saveurs fraîches envahissent la bouche. Finale tantôt sur le rôti, sur la réglisse, sur des notes de menthe, avec une minéralité semi-perlante et saline. Persistance fumée. Exceptionnel
En battle, Vin de France, les Nourrissons (2010), Stéphane Bernaudeau vs Saumur blanc, Clos David 2010, château de Brézé (Arnaud Lambert) : Le premier est assez fermé, avec des touches rappelant les Brézé du Clos Rougeard. C'est certes minéral mais (un peu trop) marqué par l'élevage. Finale sur des amers salins, un peu courte et sans doute moins fraîche que son . Très Bien. Le second se caractérise par un équilibre beaucoup plus minéral, une belle tension acide et une complexité alliant allonge et rondeur grasse. Quelques notes d'élevage subsistent, pour ce vin au potentiel de vieillissement d'au moins 5 ans. Très beaux amers sur la finale longue. Très Bien +

Meursault, premier cru les Perrières 2002, Pierre Morey) : structure sur l'oxydatif. J'allais dire « heureusement que la puissance et la minéralité sont là ». Bref, encore un raté. Jura ? Non, Bourgogne !
Saumur-Champigny, Clos Moleton 2008, domaine de Saint Just (Arnaud Lambert) : fruité mur au nez, avec ce caractère tendu du Cabernet franc de noble origine, une pointe fumé en sus (presque sur des notes de cendre !). La bouche est magnifique, avec un grain tannique qui a du caractère tout en restant frais et élégant. Sensation à la fois crémeuse, soyeuse et tendue. De la belle ouvrage. Excellent (+)
Mosel-Saar-Ruwer, Riesling Auslese, Erdener Treppchen 2007, Dr Loosen : L'un des vins du séjour avec un équilibre général sur l'aérien et la finesse. Bien sur, les notes variétales du Riesling sont présentes, mais elles sont complétées et complexifiées par des senteurs évoquant le chenin (fleurs blanches, chèvrefeuille, ...). La bouche est d'une fraîcheur superlative, qui dégage une force toute en finesse ! Equilibre magistral sur les agrumes et le « salin sucré » en final. Exceptionnel
Condrieu, la Berne 2007, domaine Philippe Faury : très joli condrieu sur des arômes évolués mais pas encore tertiaires. Un nez sur une aromatique forte, mêlant abricots et fruits jaunes (pêches) et quelques notes vanillées évanescentes. Bouche structurée sur un triplet gras / acidité / amertume. Belle évolution pour ce vin qui possède une réelle allonge, (très) loin de la caricature des viogniers abricotés. Finale sapide sur de beaux amers nobles, allongeant le gras du cépage. Excellent

Nuits Saint Georges, premier cru les Pruliers 2007, domaine Chicotot (carafé au moment du service) : un magnifique pinot sur un équilibre de finesse et de (demi)-évolution. Un nez frais, fin, sur de beaux fruits légèrement évolués (pruneau / réglissé léger). Une bouche presque totalement fondue, avec un grain tannique nuiton mais d'un soyeux élégant. Belle réserve d'acidité qui indique que le vin peut encore vieillir quelques années. Finale persistante avec des notes réglissées en rétro-olfaction. Excellent
Maury 1990, Mas Amiel : Un Grenache concentré, sur les fruits noirs, des notes fraîches (mentholées) et légèrement cacaotées. Toucher de bouche qui a du caractère et belle finale où les sucres se montrent complètement intégrés à l'ensemble. Excellent +
Vivement la prochaine session ...

Bruno

2 commentaires:

Oliv a dit…

Important de bien s'hydrater en été... :)

Bruno Bosselin a dit…

D'autant qu'il a fait très chaud ! ... et la suite est à venir !!