18 janvier 2014

Retour en Bourgogne (à part pour quelques sucres)

Deuxième week-end de 2014 et deuxième repas bien arrosé en ce samedi soir en très belle compagnie, histoire de se rappeler de bons souvenirs et d'évoquer de prochaines vacances en milieu hostile (la Bretagne pour un normand !).
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En apéritif, un Mosel-Saar-Ruwer, Riesling Spätlese, Graach Josephshöfer 2005 (Mosel), Reichsgraf von Kesseltstatt : séquence nostalgie de notre périple mosellan avec ce vin, un nez très typé riesling, vif, légèrement citronné et avec des notes (assez intenses) d'hydrocarbures, plutôt aromatiques. On est ici sur une impression d'équilibre, de fraîcheur et de demi-corps. Ce qui domine en bouche, c'est une grande complexité alliée à une belle aromaticité : gras et opulence, tout en sachant rester frais et tendu. Des notes de fruits exotiques sont bien présentes, équilibrées par l'acidité de structure et l'enrobage de sucres (sucres très mesurés). La finale est grillée, presque résinée / rôtie, avec, à l'aération, des notes de réglisse amer (zan) qui allongent le vin. Très Bien ++
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Avec une entrée de foie gras et noir de Bigorre, deux vins ont été servis et confrontés.
Bourgogne Chitry, cuvée Olympe 2008, Olivier Morin : un vin à l'abord tendu et longiligne, mais jamais strict. Une énorme minéralité qui m'évoque plus la poudre de silex et de schiste que le nez chablisien classique. La bouche est droite et légèrement citronnée, avec une sorte de faux gras qui vient un peu arrondir l'ensemble. Finale très claquante (presque salivante) sur la langue, d'une belle persistance, légèrement granuleuse (dans le bon sens du terme). Un vin assez simple mais très bien construit (je pense que le foie gras l'a un peu desservi). Bien +++
Bourgogne Côtes d'Auxerre, Gondonne 2008, Guilhem et Jean-Hugues Goisot : un vin qui possède un air de famille avec le précédent, mais plus profond, plus corpulent et plus vineux. Nez de chardonnay septentrional, sur le calcaire, les coquilles d’huîtres et les amandes amères. La bouche est pure, cristalline, très équilibrée et relativement complexe, entre onctuosité (beurré) et amertume qui se conjuguent parfaitement. Notes finales sur une amertume vivifiante, avec un côté salin presque perlant, très traçant. Un vin très vineux. Très Bien +
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Avec une pintade rôtie, pleurotes et purée de vitelottes, deux vins ont été également servis.
Pernand-Vergelesses, Premier cru Ile des Vergelesses 1990, domaine Rapet père et fils (ouvert et épaulé trois heures avant le service) : une robe éminemment jeune. Un nez sur des notes d'évolution mesurée (humus, cuir, feuilles de rose) ne cachant pas un fruit intense (fruits rouges / cerises / fraises) et des notes plus sudistes (olives). Une première impression terrienne, tellurique et terroiriste. En bouche, c'est étonnamment jeune, ample et tendu par l'acidité encore bien présente, avec une sorte de grain qui donne du relief au vin, une sorte de toucher de bouche soyeux). Belle finale sur la réserve d'acidité, qui prolonge le plaisir de ce breuvage encore en pleine jeunesse.  Excellent
Nuits Saint Georges, Premier cru les Saint Georges 1990, domaine Chicotot (ouvert et épaulé trois heures avant le service) : Encore une marche supplémentaire avec ce vin. Dès le premier nez, on ressent la profondeur d'un grand cru, c'est immédiatement suave et sensuel, profond, large, long et prégnant. Nez très nuiton, sur les fruits macérés, le cassis, la réglisse et les cerises noires. Notes complémentaires tertiaires, évoquant le cuir fin. En bouche, c'est proprement magnifique de précision et de définition. Tannins fondus, caractère polissé, de la mâche, du velours et une acidité encore bien présente qui me fait penser que quelques années de garde sont encore possible (las, il ne m'en reste qu'une bouteille). Un véritable grand cru, entre profondeur, intensité, soyeux et suavité.  LE GRAND VIN
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Pour finir avec la traditionnelle galette des rois, un non-moins traditionnel Cidre, le Sydre Argelette, Bordelet : que dire, une très belle façon de terminer la soirée, avec cet équilibre subtil entre la minéralité granitique et les sucres, un pétillant mesuré et une douceur générale qui s'associe à merveille avec la frangipane. Très Bien
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Encore une fois, une très belle série de bouteilles. Un grand merci à l'ensemble de ces producteurs qui nous apportent, à chaque dégustation, un plaisir jamais démenti.
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La suite au prochain épisode.
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Bruno

12 janvier 2014

La routine quoi !

Un week-end particulièrement riche avec trois repas consécutifs.
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En "before", pour fêter la fin de semaine, un Anjou rouge, 2010, domaine aux Moines : très beau cabernet franc mûr, donc sans verdeur malgré le caractère variétal qui pourrait paraître raide, une grosse charge tannique déjà civilisée, crémeux, profond, intense et persistant. Excellent
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Qui dit "pièce de boeuf de noble origine" dit vin rouge. Donc, un Saint Joseph, la Gloriette 2007, domaine Faury : un nez typique de la Syrah, sur la violette confite, intense, épicée à souhait, un soupçon d'enrobage en sus. La bouche est particulièrement suave, les tannins enrobés et lactés, une trame acide étirant le vin. C'est ample et élégant. Très Bien ++
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En apéritif : Riesling trocken, Tonschiefer 2012 : un nez d'une finesse superlative, très floral (notes de poires et de fleur de pêcher), frais, sur la menthe perlante (typé menthos) et la poudre de riz, avec une sensation minérale forte et fine. Hydrocarbures évanescents mais présents et apportant une complexité supplémentaire. Attaque en bouche vive, une pointe de rondeur en complément. C'est tendu, vibrant, floral, toujours sur le jus de poire. Légère sensation de sucres, parfaitement équilibrée. Belle puissance minérale fine, mentholée. Finale longue, poudrée, terriblement salivante. Excellent ++
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Avec une entrée de noix de St Jacques en deux présentations (snackées, carpaccio à l'huile de truffes) : Savennières, Roche aux Moines 1994 (carafé 3 heures) : un nez suave, assez miellé, profondément tellurique et très sérieux. En bouche, on retrouve une belle complexité, ronde et traçante, miellée, sur une grosse minéralité et une aromaticité affirmée. Finale qui a du grain, presque tannique". Alliance de la puissance et de l'élégance. Très Bien ++
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Avec une épaule d'agneau, gratin dauphinois et d'endives : deux vins ont été "testés", sur des registres totalement différents.
1/ Un Chateauneuf du Pape 2008, domaine Charvin (carafé 4 heures) : un nez très aromatique, fruité intense, assez poivré, une pointe de thym, de garrigue et de prune. La bouche est tendue, apparemment de demi-corps certes mais bien construite. Tannins présents, un peu crémeux, enrobés dans une acidité de structure mesurée et une épice intense évoquant la Syrah. Equilibre général sur une grande buvabilité. Même pour mon palais plus bourguignon, ce vin est Excellent
2/ Un Côte Rôtie 2004, J.P. et J.L. Jamet : plus de profondeur et plus de structure au nez, puissant, sur les fruits noirs, une touche fumée, des notes animales évanescentes et un côté végétal noble. La bouche est plus sphérique, épicée et suave, mais tenue et tendu par une grosse acidité. Les tannins sont fondus, avec un très beau fruité et une floralité intense (fleurs capiteuses). Notes de tabac. Très grande longueur en bouche. Deux vins, deux visions et le même plaisir de boire (dommage que l'accueil ne soit pas au niveau du vin : ICI). Excellent
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Avec une galette aux fruits confits : Riesling Auslese ***, Erdener Prälat 1994, Jos Christoffel : très beau nez léger, frais, complexe, sur des notes exotiques, le pamplemousse et une touche mentholée. Les touches pétrolées sont très légères. La bouche est construite sur un équilibre d'artiste, "énorme" acidité équilibrée par une sucrosité élégante, une charge minérale intense et une impression de richesse et d'opulence. Très grande gourmandise. Finale fraîche, intensément longue, une touche miellée et surtout des notes exotiques extrêmement persistantes. Excellent +
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Au final, une très grand soirée au cours de laquelle les vins se sont révélés sous leurs meilleurs auspices.
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Bruno

1 janvier 2014

C'est la reprise !

Après une très courte pause, retour aux affaires en ce 1er janvier au soir, pour un repas entre amis.
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Petits plats dans les grands, quelques belles bouteilles, il n'en fallait pas plus pour que la soirée soit inoubliable et se prolonge tard dans la nuit.
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Ambiance avec la table de fête
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Pour la mise en bouche, un plateau composé de noix de St Jacques juste snackées, d'un carpaccio de St Jacques à l'huile de truffe, de verrines de Saumon à la crème persillée et de tête de moine.
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Début des hostilités avec un Champagne, cuvée prestige Blanc de Blancs, Diebolt-Vallois : magnifique champagne élaboré sur un équilibre élégant, frais et traçant. Puissance minérale calcaire, typée poudre de craie qui apporte un grain en bouche. Finale intense, sur des amers nobles, profonds et élégants, enrobés juste comme il faut par un soupçon de gras. Equilibre sur le fil, mais quel fil. Superbe
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Avec un foie gras de la ferme de Beleslou accompagné de Noir de Bigorre, deux blancs. Un Chassagne-Montrachet premier cru La Romanée 2004 du château de la Maltroye intense, sur un équilibre de grillé élégant, de fraîcheur mentholée et de puissance florale. Bouche mûre et complexe, notes d'amandes, à la fois amères et grillées, qui s'étire dans une finale en queue de paon immense et tendrement saline. Excellent +++
A côté, le Chablis grand cru, les Clos 1997 de Vincent Dauvissat est apparu terme, muet et totalement fermé. A ce stade, aucune plaisir. J'ai la faiblesse de penser que 16 ans pour un Chablis grand cru n'est pas trop court pour apprécier à sa juste valeur le cru (consolation, il n'est pas oxydé). Encore une désillusion ! J'attends avec impatience l'avis de nos condisciples qui sont repartis avec le fond de bouteille. S'est-il ouvert ?
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Avec un rôti de biche, purée de panais et de vitelottes, sauce aux airelles, un duo d'Echezeaux grand cru.
L'Echezeaux grand cru 2004 du domaine des Perdrix est apparu, au-délà d'un premier nez dégageant des effluves de caoutchouc brûlé (!), construit sur la puissance, un fruité intense et profond, légèrement résiné / grillé. Bouche présentant des tannins fermes, avec une belle réserve d'acidité et une amertume assez marquée (mais pas désagréable), l'ensemble dégageant une concentration sans doute un peu faible (effet millésime ?). Quelques notes fumées et brûlées en finale, avec une pointe de ce caoutchouc. Bien +++
L'Echezeaux grand cru 1993 du domaine Jean Grivot offre un visage diamétralement différent, avec un premier nez assez évolué, puis des notes de fruits très élégante. La bouche est solide, mais plus élégante que la précédente. Tannins fondus, trame légèrement acidulée (cerises à l'eau de vie). Finale fine, longue et très persistante, magnifiquement évoluée. Excellent
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Avec une bûche pâtissière à la mousse de chocolat blanc et aux fruits rouges, un Maury Prestige, 15 ans d'âge, Mas Amiel : un classique VDN assez évolué avec ses notes de pruneaux, de figues, de cacao et de tabac blond légèrement cendré. La bouche est puissante, tendrement tannique, sur un registre méridional (figues, pruneaux, épices douces et agrumes confits). Étonnamment, le vin montre un accord presque magique avec le dessert. Excellent
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L'année débute par trop mal (sans compter une petite rasade de Marc du Clos de Tart pour terminer en douceur la soirée) !
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Bruno