5 février 2013

Du Bio, du bon, des Delesvaux !!!

Crédit photographique : La Pipette aux Quatre Vins
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Je cherchais désespérément depuis quelques jours un titre pour ce post, histoire sans doute d'en rajouter une couche à ce débat / querelle d'école maternelle nourrie et pourrie sur la blogosphère ces derniers temps (par exemple : ICI et ICI). Il eut été tellement facile de reprendre un titre déjà utilisé : "Se souvenir des belles choses".
Et voilà qu'après une grosse demi-journée passée à écrire des dizaines de candidatures spontanées, la lumière m'est (enfin !) apparue (comme quoi, le travail nourrit le cerveau). Un vague souvenir de l'enfant provincial que j'étais et qui, venant à Paris, découvrait dans les tunnels du Métro cette réclame pour un apéritif aujourd'hui presque disparu : Dubo - Dubon - Dubonnet pouvait-on lire fréquemment.
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Donc, voilà l'objet du délit : Du Bio, du beau, du bon et des Delesvaux.
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Après un lundi où j'ai arpenté les allées du Parc des Expositions de la Ville d'Angers, attiré par les effluves du Salon des Vins de Loire, il n'aurait sans doute pas été convenable de rentrer directement sur Paris, sans rendre visite à l'un de mes amis vignerons (et ce, d'autant plus que deux cartons m'y attendaient - bouteilles achetées en 2012 je précise pour quelque esprit chagrin qui tenterait de venir me titiller ...).
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Rendez-vous fût donc pris avec Philippe en ce mardi matin tellement pluvieux que nous n'avons pu effectuer le traditionnel mais non-moins instructif tour des vignes. Bref, place directement à la dégustation dans une ambiance aussi glaciale à l'extérieur que conviviale dans nos cœurs.
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En guise de préambule, voici le plan des différentes parcelles
et un aperçu de la variété géologique des terrains
à partir de quelques cailloux récoltés ça et là
Crédits photographiques : La Pipette aux Quatre Vins
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Anjou blanc, Feuille d'Or 2011 : un nez qui laisse une impression de tendresse aromatique, sur un miellé discret. La bouche est également tendre, cristalline, sur une amertume qui étire le vin et le rend traçant. La finale est à l'avenant, longue, légèrement glycérinée, salivante. Très Bien ++
Anjou blanc, Authentique 2010 (vignes franches de pied) : le nez est déjà plus complexe et plus développé, très floral et fruité (fruits blancs). En bouche, il possède un supplément de volume, sur une trame plus riche et légèrement confite. La tension, qui se découvre totalement en finale, tient le vin et lui apporte une belle partition. Ça claque sur la langue en finale. Excellent +
Coteaux du Layon Saint Aubin 2011 (100 % passerillé - 80 grammes/litre de sucres résiduels) : un nez très grillé et réglissé, fin et élégant. La bouche révèle une liqueur très douce, bien équilibrée par sa minéralité et sa composante acide.Une amertume modérée est perceptible , donnant à la finale fraîche et mentholée une impression de "grains en bouche". Très Bien +
Coteaux du Layon, Les Clos 2010 2011 (50 % passerillé et 50 % Botrytisé issus de deuxièmes tries - 100 grammes/litre de sucres résiduels) : un nez légèrement rôti, avec des notes abricotées légères. Deuxième nez sur un équilibre doux-amer très salivant, un peu à l'instar d'un caramel salé. La bouche est riche, fraîche et longue. On retrouve dans ce vin une composante carbonifère, cette minéralité charbonneuse qui me ravissait dans son Clos du Pavillon 1998. Le temps est assassin ... Excellent
Nous finissons la dégustation des millésimes jeunes par un SGN 2010 (100 % Botrytis évidemment - 230 grammes/litre de sucres résiduels) : nez de botrytis, rôti, amertume noble, tension minérale charbonnée. En bouche, une véritable crème de liqueur, avec une acidité sur le fil (qui pourrait être presque mordante) mais qui est juste dosée pour venir équilibrée la grosse charge de sucres. Miel, réglisse et amers nobles complètent la palette aromatique. C'est jeune bien sur, mais déjà bougrement bon et plein d'espoir plus les 20 ans qui viennent (après, mon Parkinson m'empêchera de bien tenir le verre). Excellent +
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Surprise, que dis-je ? Non tant l'homme est généreux, plutôt cerise sur le gâteau, nous avons eu le droit à une horizonto-verticale (c'est nouveau, ça vient de sortir) de la trilogie "Delesvaussienne" : SGN, Carbonifera et Anthologie, sur les millésimes 1995, 1996 et 1997, excusez du peu !
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Raisins et Botrytris, le gage d'un avenir plein de promesses
Crédits photographiques : Catherine et Philippe Delesvaux
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SGN 1995 : un nez avec toujours cette impression d'amertume noble et salivante, un peu style peau d'amandes, complexifié par des notes miellées. A l'aération, fragrances de vieux rhum de noble origine. La bouche est complètement raccord, clairement sur le rhum, riche, ultra-longue, avec une finale typée caramel. Excellent ++
SGN 1996 : un nez sur un équilibre plus élégant et moins corpulent. C'est subtil et très aromatique. Encore cette amertume noble. La bouche est toujours très élégante. Elle démarre doucement, presque discrètement. Puis les arômes se développent, doucement mais sûrement. Finale magnifique, minérale, sur la tourbe à la manière d'un bel Islay. Excellent ++++
SGN 1997 : un nez un peu intermédiaire entre les deux précédents, en combinant cette évocation de la peau d'amandes, la liqueur de caramel et des notes aromatiques tourbées. En bouche, c'est puissant et charpenté sans sacrifier à l'élégance. Une pointe saline est présente. Finale typée grand malt, plus Jura qu'Islay. Peut-être un très (très très très) léger bémol, un peu moins de longueur que le 1996 (????). Excellent ++
Anthologie 2010 (360 grammes/litre de sucres résiduels) : un nez aromatique et assez explosif, qui m'évoque les jeunes rhums (hum hum). Une pointe d'acétaldéhyde (aldéhyde acétique ou éthanal pour les puristes). Cette sensation se retrouve en bouche, traduisant et trahissant la jeunesse du vin. Avec l'âge, ces volatils vont se combiner au vin et disparaître peu à peu. La bouche présente une acidité presque tannique, saline et corpulente. A attendre d'urgence pendant quelques années. Excellent
Carbonifera 1997 (380 grammes/litre de sucres résiduels) : un nez complexe, aromatique, profond et suave. Livrées pêle-mêle, voici les notes que j'ai reconnues : malt tourbé (typé Skye), agrumes confits et agrumes amers. Un deuxième nez (après aération) de charbon / tourbe. La bouche est énorme de complexité. Il serait vain de vouloir la décrire de manière exhaustive. Rôti fumé, légèrement paraffiné, agrumes confits. Finale particulièrement élégante. Excellent ++
Anthologie 1995 (400 grames/litre de sucres) : changement de registre avec ce super-SGN qui présente une première approche ayant un air de famille avec son cousin SGN 1995. Mais c'est quand même plus (beaucoup plus) développé. La sensation d'acidité est bien présente, mêlée à des notes d'agrumes (citron et orange confits). Encore plus d'équilibre que le SGN, sans aucune lourdeur ni impression saturante. Excellent ++++
Anthologie 1996 : un vin qui semble plus sur la retenue et l'élégance au premier abord. Toujours la présence de ces amers nobles et salivants (très salivants ici). En bouche, c'est aromatique, long, très long, tendu, avec une acidité au cordeau, finissant sur des amers sapides. Excellent ++++
Anthologie 1997 : le nez m'évoque un vieux malt, une sorte de Isle of Jura de 25 ans d'âge. Miel, rôti du champignon magique et amertume type peau d'amandes complètent les fragrances. Une liqueur en bouche, capiteuse et enveloppante, mais également minérale, saline et tourbée. C'est salivant au possible. Ultra-long. La finale est caractérisée par une complexité associant un miellé réglissé suave et une acidité qui claque sur la langue. Assurément un must. Excellent ++++(+)
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Si nous ressortons de cette verticale d'Anthologie abasourdis, force est de constater que nos papilles sont étonnamment presque vierges et notre esprit "frais et dispo", comme si les sucres présents étaient partiellement gommés par l'acidité et la netteté de l'équilibre des vins. Chapeau l'artiste, qui nous a - en parole - initié au pressurage des raisins botrytisés (on n'obtient pas du jus, mais une sorte de miel ...). Certainement pas une partie de plaisir, mais le jeu en vaut largement la chandelle lorsque le résultat est à cette hauteur.
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Encore une fois, mille mercis à Philippe pour cet accueil et cette disponibilité.
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A très bientôt.
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Bruno






Je tiens à remercier ici très cordialement Philippe R à qui j'ai emprunté quelques photos pour illustrer cet article. Je vous invite chaleureusement à consulter l'article qu'il a publié il y a maintenant deux ans sur son Blog "La Pipette aux Quatre Vins", qui constitue sans nul doute une véritable ode aux grands liquoreux de Loire, et à leur 'Pape', Philippe Delesvaux.

1 commentaire:

Bruno Bosselin a dit…

On me signale dans l'oreillette (Philippe Delesvaux) que le millésime du Coteaux du Layon Les Clos était 2011 et non 2010. Dont acte, je corrige immédiatement.

Bruno