25 avril 2012

C'est sans doute cela l'amitié

Il y avait longtemps que nous n'avions pas partagé un repas de midi 'sur le pouce', pour diverses raisons mais dont la principale est la course du temps contre laquelle nous ne pouvons rien. Certes, il y eut ce repas d'anthologie offert par nos miens amis nîmois Fiona et Laurent, mais bon, une petite heure pour débrancher des soucis du travail devait sans doute nous manquer mutuellement.
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Dont acte ce matin. Coup de fil :
 - "Es-tu libre vers 12h30 ?"
 - "Pas de problème, je t'attends. J'ai une bouteille pour toi."
 - "Moi aussi, j'amène une demi-bouteille."
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Donc, nous voilà attablés devant une magnifique pièce de boeuf, parfaitement cuite, accompagnée de frites et d'une béarnaise très salivante.
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Comble du sadisme le vin m'est servi à l'aveugle.
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Une robe rouge sombre pas très intense, avec des reflets violines.
Dès le premier nez, j'y retrouve la marque d'un grand pinot noir, légèrement fumé, une pointe d'épices nobles, un bouquet de pétales de roses fraîches, le tout enrobant un fruit très "nuiton" dans sa construction. C'est déjà presque salivant.
En bouche, l'impression est magnifique, sur un équilibre entre les tannins fins, un velouté admirable, une construction à la fois sphérique et tendue, sans doute grâce à une belle acidité. Je retrouve ces fruits rouges et noirs, cette floralité sur la rose, accompagnés d'une pointe de rusticité plutôt noble. C'est frissonnant. La finale est interminable, tendue, fruitée, croquante, de belle construction. Sans doute une légère réduction, à moins que ce ne soit l'élevage encore légèrement présent, mais cela va s'estomper rapidement avec l'aération.
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Au jeu des devinette, je pars sur un Bourgogne côte de Nuits. J'élimine Nuits plus terrien, Vosne plus suave et Chambolle plus en dentelle. Une légère hésitation entre Morey et Gevrey, mais la sensation finalement relativement faible des épices me fait pencher sur Gevrey. Bingo !
Après, je pense à un premier cru. Loupé ! On ne peut pas être bon à tous les coups. Alors, je me ravise vers un grand cru et j'ose un Charmes-Chambertin. Re-bingo
Pour le millésime, je trouve le vin encore dans sa jeunesse et d'une construction classique. J'élimine donc 2003, 2005 et 2009, puis après réflexion, 2004 et 2007 passent à la trappe. Donc, supplice de Tantale, je penche vers un 2008. Perdu ! C'était 2006.
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Un Charmes-Chambertin Grand Cru 2006 du domaine Armand Rousseau !
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Il n'y a pas de hasard, ce gars a une patte d'enfer et sa réputation n'est pas usurpée. Merci Monsieur de votre travail qui a su engendrer une telle oeuvre (d'ailleurs, ne dit-on pas 'main d'oeuvre' ?).
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Merci infiniment Olivier d'avoir partagé avec moi ce nectar. Une bouteille qui se place d'ores et déjà dans mon panthéon des grands rouges (au même titre qu'un Mont-Redon 1971 et qu'une Romanée Saint Vivant 2004 du DRC, bling-bling oblige !).
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Ce soir, je suis plus riche d'une bouteille qu'un ami a partagé avec moi et finalement, c'est bien cela qui compte (à charge de revanche).
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Bruno

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