22 septembre 2011

Bilan et ruptures d'un (premier ?) quinquennat


Il y a cinq ans, je découvrais l'internet du vin, tout d'abord par une simple lecture de quelques fora, puis rapidement en donnant mon point de vue - parfois hésitant ou approximatif - sous le pseudo que tout le monde me connaît aujourd'hui.
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J’ai ensuite franchi le Rubicon début 2007. Bénéficiant certainement d’une défection de dernière minute, me voilà inscrit en janvier à une (première) soirée ayant pour thème l'Alsace. Coïncidence, le « GO » du soir connaît le producteur de « mon » vin, ce qui a sans doute facilité mon intégration dans ce monde d'amateurs éclairés. Une sorte d'intuition masculine me pousse également dès mon arrivée vers deux participants aussi barbus que joviaux, et qui restent aujourd'hui des amis ...
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Rapidement, je deviens un « régulier » de ces soirées thématiques, dont le but est de se divertir tout en apprenant le vin. Au fil du temps, de nouvelles têtes arrivent, d'autres s'éloignent. Après une mémorable série de beaujolais, des liens que je croyais un peu plus privilégiés - sentiment renforcé par quelques avant-premières de foires aux vins ou sur la base de connaissances communes, d'affinités ressenties ou de convergences professionnelles - se distendent et prennent fin sans raison, de façon incompréhensive, j'allais presque dire brutale ! Méandres insondables de l'âme humaine. Quelques soubresauts perdurent quelques temps, mais la dynamique est grippée, si j'en juge de la rareté des compte-rendus de nos deux dernières soirées, sortes de « gamelles ». Une première rupture s'opère alors.
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2008 est donc par force une année charnière où beaucoup d'évènements se produisent tels que des soirées « off », la création de LPV2 Paris et l'avènement de soirées « caves ouvertes » initiées par quelques fous furieux, préfigurant un esprit Gunthard déjà en gestation.
Soirées « off » tout d'abord avec une première pleine de « fines bulles », aussitôt contrée par un anthologique « repas fromage ». La liste sera très longue, et reste encore à compléter ... car nous avons toujours une bonne mauvaise raison pour ouvrir quelques flacons en petit comité (comme ICI). A suivre et poursuivre impérativement ...
LPV2 Paris, initié par deux petits jeunes prometteurs, Flo et Thomas, a, pour ma part, duré l'espace d'une année. Je ne ferais pas son historique, d'autres l'ont fait beaucoup mieux (ICI). Un seul regret, quelques têtes aperçues lors de la première, et qui se font beaucoup trop rares aujourd'hui. La page est tournée.
Précédé par deux soirées « caves ouvertes » (ICI et LA), le Gunthard Club est né un samedi après-midi de décembre 2008, lors d'un voyage mouvementé vers Amiens. Après un aller dantesque qui vît naître la crampe du félin et du créneau du philosophe, puis une dégustation interlope sous les yeux ébahis de nos amis picards, le retour fût l'occasion de laisser place à nos délires, entre deux ronflements de celui qui allait devenir le Président. Point d'orgue, le fameux sketch fondateur ré-inventé et ré-écrit « on the fly » par le désormais fraîchement papa (tient, ça s'arrose ça !!!) émigré au pays à l'accent traîîîînant. Le Gunthard Club était né ... et perdure encore aujourd'hui, toujours sous le signe de la bonne humeur, de l'amitié, de la convivialité et de l'ouverture vers les autres.
A ce propos, je garderais toujours une pensée particulière pour les hommes des plaines du Nord qui ont su nous accueillir avec convivialité et bienveillance (ils ont le soleil dans le coeur comme dirait Enrico). Repas-dégustation orchestrés de main de maître par le prince du Chenin et du Cabernet Franc, une sorte d'ayatollah des liquoreux non chaptalisés (si si). Là encore, de belles pages écrites et qui vont jusqu'à se prolonger hors de nos régions de résidence.
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Il faut bien avouer que le bilan de ma participation aux fora du vin est quelque peu contrasté. J'en garde en effet de beaux souvenirs, mais également deux ruptures majeures dans ce parcours.
Historiquement, c'est sur un forum bourguignon que j'ai réalisé mes premiers pas. Quel contraste entre l'interface si attrayante et animée des années 2007-2008 et l'impression de « no man's land » qui s'en dégage aujourd'hui, conséquence et/ou (?) cause d'une sorte de raidissement éditorial ayant entraîné le départ de quelques piliers. Certains ont cessé d'y intervenir, d'autres ont émigré, j'en fais partie. Je pense qu'il y avait matière (et compétence) à réaliser de belles choses. Dommage de ne pas pouvoir / vouloir allier expertise quasi-encyclopédique des terroirs et convivialité dans le discours ! Humour, 'private joke' et sérieux dans l'analyse des vins ne sont pas forcément antinomiques ... Dont acte. Bye.
D’où mon transfert vers un second forum. Changement de registre avec une présentation moins immédiate, plus austère sans doute, mais surtout un climat de plus en plus délétère. Un regret : de (trop) nombreuses discussions aussi futiles que stériles - parfois même entretenues et attisées par ceux même dont le rôle devrait être la tempérance - noient inutilement quelques compte-rendus remarquables. A moins qu'il s'agisse d'un médiocre artifice digne de nos politiciens, cultivant de fausses oppositions de façade qui cachent la complicité d'une caste auto-proclamée de vrai-faux spécialistes. (et oui, la « lutte des classes » existe bien dans les deux sens). J'ai la faiblesse de penser que l'argent n'achète pas tout, la quantité ne rimant pas toujours avec qualité ... J'en ai fait l'amère expérience. Recentrons nous sur des choses moins futiles que des « ego » mal proportionnés (il doit bien exister juste milieu entre dirigisme forcené et ultra-laxisme ?). Nouvelle rupture. Clap de fin.
Pour être honnête, je dois quand même leur concéder deux apports majeurs : la formidable "base de données" que ces fora constituent, pour peu que l'on sache trier le bon grain de l'ivraie, et surtout la concrétisation d'amitiés réelles à partir de prémices purement télématiques.
Le premier point n'étant qu'une affaire d'étalonnage de gouts au grès de lectures de guide, de visites ou de dégustations chez le vigneron, je ne développerai pas plus ici. De nombreux exemples illustrent ce blog.
Le second point mérite quant à lui une explication. Très tôt dans mon parcours, j'ai tissé des liens particuliers, mais toujours virtuels, avec quelques membres. Avec le « grand », où, au hasard de mails privés, de ressentis similaires, une sorte de complicité virtuelle s’est tissée (parfois au dépend de quelques internautes). Naturellement, nous nous sommes rencontrés, puis nous avons mutuellement appris à mieux nous comprendre, et même à nous apprécier. Aujourd’hui, il existe - je crois - entre nous une véritable amitié qui aplanit largement quelques rares divergences. J’en veux pour preuve nos déjeuners réguliers dans la grisaille parisienne, en prémices à quelques virées bourguignonnes toujours attendues avec impatience. A quand la prochaine ?
Avec mon « camarade » sudiste : là encore, nous nous connaissions pratiquement sur le bout des doigts avant de nous rencontrer, sans doute grâce à une vision semblable de la société. Une seule rencontre, en « terrain ennemi », au pays du Grenache roi, mais quel souvenir. L’amitié pure et dure … accompagnée de quelques très belles bouteilles, ce qui ne gâche rien (même si nos gouts diffèrent assez souvent). Je garde un souvenir indélébile de cette parenthèse gardoise que personne, hormis les aléas de la vie, ne pourra m’enlever. Ne changez pas, vous êtes formidables.
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Dans ces deux cas, dans le cadre des soirées dégustations, lors de visite chez quelques-uns des vignerons que je fréquente depuis maintenant quelques années, et avec qui j'ai tissé des liens un peu plus serrés je crois, le vin est un prodigieux vecteur de bonheur, une ode à l’amitié, au partage et à la convivialité dans un monde de plus en plus individualiste, sans conditions d'origine ou de milieu. C'est sur cette note optimiste que je terminerais mon billet, sorte de modeste conclusion à un premier quinquennat. C'est décidé, je repars pour 5 ans.
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Bruno

9 commentaires:

enzo d'aviolo a dit…

tu as tout dis dans ta conclusion Bruno et finalement je ne retiendrai que cela ;)
tu es le bienvenu quand tu veux, mais ça tu le sais déjà :)

FGsuperfred a dit…

le monde du vin virtuel (ou pas) ne déroge pas à la règle : il y a ceux qui savent et ceux qui croient savoir, l'égo des seconds est souvent bien plus développés que ceux des premiers, même si l'exception que nous connaissons confirme une certaine règle.
c'est vrai que il y a à boire et à manger, il faut sans cesse trier, se rappeler et ravaler sa salive pour que ça ne parte pas en couille, on appelle ça l'auto-modération, chose que certains ne connaissent..
il ne faut non plus oublier, à mon sens, que les lieux deviennent ce qu'on en fait, on a donc chacun une part de responsabilité, un abcès ça se crève aussi...
pour le quinquennat, je vote pour ton second, ce qui ne sera pas le cas pour un nabot... BIZZZZZZZZZ

NyGiants a dit…

Bobosse,

nous ne nous sommes jamais rencontrés via LPV, mais je trouve on ne plus juste ton texte dont j'approuve chaque ligne. Mon expérience sur LPV a été formidable car elle m'a permis de rencontrer des personnes que je considère commes des amies aujourd'hui. Je trouve aussi que LPV est malade de ses controverses inutiles. Je m'en détache progressivement, la lassitude se fait sentir. Il est d'ailleurs très drole de voir que certains qui critiquent ces controverses en sont parties actives également. Il parait que le chameau ne voir pas sa bosse...

Cheers de NY

Nicolas

François a dit…

On voit que certains, je ne cite personne, ont du temps pour écrire ...
Bon rétablissement mon Bruno.

G&F (A.A.Atchoum, snif)

Bruno Bosselin a dit…

Laurent : je sais ! Promis pour 2012 (cette fin d'année risque d'être compliquée).
Fred : "Les lieux deviennent se qu'on en fait " ... dans une certaine limite quand on n'est pas "chez soi". Au plaisir d'une prochaine fois.
Nicolas : ton message m'a beaucoup touché. Ravi que nous partagions cette vision. Si tu passes sur Paris un jour ...
François : J'en profite, le plus dur reste à venir (je ne parle pas de quelque RDV secret ...)

Bruno

Anonyme a dit…

Un petit mot entre deux cuves (eh oui...) pour vous dire bravo et vous adresser nos meilleurs voeux d'excellent rétablissement.
Bien amicalement
Pascale Chicotot

Bruno Bosselin a dit…

Madame Chicotot, bichonnez nous les futurs 2011 ...
Amicalement

Bruno

aquablue a dit…

Bruno,

J'ai lu avec grand plaisir ton billet, et réitère mon envie de te croiser autour de quelques flacons, dans le Sud ou à Paris...
Un jour j'en suis certain.

Arnaud S (Aquablue sur LPV)

aquablue a dit…

Bruno,

J'ai lu avec grand plaisir ton billet et réitère mon envie de te croiser autour de quelques flacons, à Paris ou dans le Sud.
Un jour j'en ssuis sur.

Arnaud (aquablue)