22 août 2009

L'Aveyron, terres d'infinis

Infinis de l’Aubrac d’abord. Socle ancien composé de micaschistes, de gneiss et de granite (« de la Margeride »), soulevé et fracturé lors de la formation des Alpes, on ne se lasse jamais de ce plateau volcanique aux contours adoucis et variés : grands pâturages séparés par des murets de pierres sèches, à l’instar du bocage de ma Normandie natale, boraldes qui entaillent le versant sud du plateau, comme un appel vers le pays d'Olt (St Côme d'Olt et son clocher tort), lacs glaciaires, d'improbables cascades dans un paysage minéral fort, forêts et tourbières. C’est un pays de silence, emprunt de mystères et de croyances.
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Infinis spirituels à Conques ensuite. Fondé à la fin du VIII° siècle par l’ermite Didon afin de se retirer dans la solitude.
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Ce petit monastère bénédictin est devenu, grâce aux reliques de Sainte Foy, un centre de pèlerinage majeur sur le chemin de St Jacques de Compostelle. L’abbatiale de Conques (XI-XII° siècles) révèle aux visiteurs un tympan du Jugement Dernier véritable chef-d’œuvre de la sculpture romane.
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La visite des tribunes, vaste couloir de circulation établi à l’époque romane au-dessus des collatéraux et du déambulatoire, une triple émotion : émotion liée à la vision globale de l’édifice, mettant en valeur ses perspectives - émotion soulevée par approche directe avec les vitraux de Pierre Soulages, dont l’effet d’opalescence rend la lumière presque irréelle, j’allais dire « divine » ; en enfin émotion par la contemplation de la magnificience des chapiteaux romans de l’église.
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Infinis de variété des paysages où, au détour d’une petite route, apparaît le site de Bes-Bédène. Fondé au XI° siècle par St Gausbert, l’église Notre Dame, de style ogival, se situe sur un promontoir granitique dessiné dans un méandre de la Selves. Ce cirque remarquable, façonné au cours des siècles par la rivière, permet une randonnée pédestre courte (6 km) et difficile, mais réservant de magnifiques points de vue sur le prieuré.
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Les infinis des Causses, du Causse Comtal plus précisément. Cette vaste lande calcaire, installée entre les massifs primaires du Rouergue au Sud et de la Viadène au Nord, fait partie d’un ensemble de plateaux calcaires recouvrant le Quercy à l’Ouest (Causse de Martel et Causse de Gramat) et les grands Causses à l’Est (Causse de Séverac, Causse de Sauveterre et Causse Méjean). Située à une altitude moyenne de 550 mètres, elle est couverte de genévriers et de petits chênes verts tortueux. Au milieu, trône le « Trou de Bozouls », canyon en forme de fer à cheval, de près de 400 mètres de diamètre et de plus de 100 mètres de profondeur, creusé dans les calcaires secondaires par le Dourdou.
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Infinis des saveurs enfin, avec un déjeuner toujours aussi enchanteur chez Michel Bras, bercé par une vue sublime du plateau de l'Aubrac, sorte de camaïeu de verts et de bleus, seulement entrecoupé par la ronde des plats, la valse des saveurs et des odeurs. Le temps s'est surpendu un (trop court) instant. Mais j'anticipe. La suite au prochain épisode.

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Bruno

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